Chaque chrétien devrait consacrer un jour à la «mémoire» pour relire son histoire personnelle en l’insérant dans l’histoire d’un peuple : «Je ne suis pas seul, je suis un peuple», un «peuple rêvé par Dieu». C’est l’invitation faite par le Pape François au cours de la Messe célébrée à Sainte-Marthe le jeudi 6 avril.

En partant de la liturgie de la parole, qui présente la figure d’Abraham, père dans la foi, le Pape a observé qu’en temps de Carême, le croyant est souvent encouragé «à s’arrêter un peu et à penser». Les deux passages de l’Écriture de la liturgie du jour (Genèse 17, 3-9 et Jean 8, 51-59) disent : «Arrête-toi. Arrête-toi un peu. Pense à ton père.» Et au centre de l’attention il y a Abraham.
Quels sont alors les aspects fondamentaux de l’histoire d’Abraham dont il est important de faire mémoire ? Avant tout, il «obéit quand il fut appelé pour s’en aller, et s’en aller dans une autre terre qu’il devait recevoir en héritage.» C’est-à-dire qu’Abraham «se fia. Il obéit. Et il s’en alla sans savoir où il allait.» Ce fut donc un «homme de foi, un homme d’espérance.»
«Mis à l’épreuve, après avoir eu son enfant», ensuite, quand le garçon devint adolescent, «il lui fut demandé de l’offrir en sacrifice : il obéit et alla de l’avant contre toute espérance.» Voilà qui est «notre père Abraham» : quelqu’un « qui va de l’avant, de l’avant, de l’avant.»
La grandeur du patriarche a été fondée sur un « pacte» avec Dieu. «De la part d’Abraham», il y a eu «l’obéissance : il obéit toujours.» De la part de Dieu, une promesse : «tu ne t’appelleras plus Abram mais Abraham, parce que père d’une multitude de nations.» Et Abraham a cru.
Beauté et grandeur de la promesse de Dieu qui dit à Abraham, qui «avait cent ans sans enfants, avec une femme stérile» : ‘Je te rendrai très, très fécond. Je ferai de toi des nations et de toi sortiront des rois.’ Puis, dans un autre dialogue : ‘Écoute, regarde, regarde le ciel : es-tu capable de compter les étoiles ?’ – ‘oh non, c’est impossible…’ – ‘C’est ainsi que sera ta descendance. Regarde la plage de la mer : es-tu capable de compter chaque grain de ce sable ?’ – ‘Mais c’est impossible !’ – « ‘C’est ainsi que sera ta descendance’.»
« Aujourd’hui, en obéissance à l’invitation de l’Église, nous nous arrêtons et nous pouvons dire, en vérité : ‘Je suis l’une de ces étoiles. Je suis un grain de sable’.»
«Nous sommes fils d’Abraham mais avant Abraham, il y a un autre Père et avant nous, il y a un autre Fils. Et avant nous il y a un autre Fils. Et dans notre histoire, entre notre père Abraham et nous, il y a l’autre histoire, la grande, l’histoire du Père des cieux et de Jésus ».
Chaque chrétien est donc invité à « regarder l’histoire » et à se rendre compte : « Je ne suis pas seul, je suis un peuple ». A partir de cette conscience, « nous pouvons regarder le Père, rendre grâce ; regarder Jésus, rendre grâce ; et regarder Abraham et nous, qui faisons partie du chemin.»
«Faisons d’aujourd’hui un jour de mémoire » pour comprendre que « dans cette grande histoire, dans le cadre de Dieu et de Jésus, il y a la petite histoire de chacun de nous.»
C’est pourquoi, « je vous invite à prendre aujourd’hui cinq, dix minutes, assis, sans radio, sans télévision ; assis et penser à votre histoire : les bénédictions et les soucis, tout. Les grâces et les péchés : tout.» Chacun, dans cette mémoire, pourra rencontrer «la fidélité de ce Dieu qui est resté fidèle à son alliance, est resté fidèle à la promesse qu’il avait faite à Abraham, est resté fidèle au salut qu’il avait promis dans son Fils Jésus.»
«Je suis certain qu’au milieu des choses sans doute laides, nous découvrirons la beauté de l’amour de Dieu, la beauté de sa miséricorde, la beauté de l’espérance. Et je suis certain que nous serons tous emplis de joie.»
06-04-2017 source : L’Osservatore Romano