
Un discours de 70 ans aujourd’hui et qui nous touche encore :
… L’une après l’autre, chaque année entre dans l’histoire, transmettant à la suivante un héritage dont elle porte la responsabilité… Vos annales familiales remarqueront les dates les plus brillantes, comme autant de balises lumineuses pour éclairer la voie qui s’ouvre devant vos enfants et petits-enfants.
Mais ces annales seront-elles presque un livre scellé? ou contiendront-elles uniquement les souvenirs d’un passé mort? Non: elles doivent, au contraire, être le message des générations disparues à l’avenir…
Le souffle impétueux d’un temps nouveau enveloppe les traditions du passé de ses tourbillons. Mais il révèle d’autant plus ce qui, comme une feuille morte, est vouée à tomber, et ce qui, au contraire, tend avec une véritable force vitale à se maintenir et à se consolider.
Aujourd’hui plus que jamais, vous êtes appelé à être une élite non seulement de sang et de lignage, mais aussi plus que jamais des œuvres et des sacrifices, des réalisations créatives au service de toute la communauté sociale.
Et ce n’est pas seulement un devoir de l’homme et du citoyen, auquel nul ne peut échapper impunément. C’est aussi un commandement sacré de la foi, que vous avez hérité de vos pères et que vous devez, après eux, laisser intact et inchangé à vos descendants.
Par conséquent bannissez de vos rangs tout abattement et toute pusillanimité: tout abattement, face à une évolution des temps, qui emporte beaucoup de choses que d’autres époques avaient construites; toute pusillanimité, au vu des événements graves qui accompagnent l’actualité de nos jours.
Être chrétien: cela signifie faire face aux douleurs et aux épreuves, aux devoirs et aux besoins du temps, avec ce courage, avec cette force et cette sérénité d’esprit, qui puise à la source des espérances éternelles l’antidote contre toute consternation humaine.
Humainement grand est le fier dicton d’Horace: Si fractus illabatur orbis, impavidum ferient ruinae – Si le monde s’écroulait brisé, ses ruines le frapperaient sans l’effrayer (Od. 3, 3).
Mais combien plus beau, plus confiant et béatifiant est le cri victorieux, qui jaillit des lèvres chrétiennes et des cœurs débordant de foi: In te , Domine, speravi; non confundar in aeternum! – En toi, Seigneur, j’ai mis mon espérance: jamais je ne serai confondu ! (Te Deum).
En implorant pour vous l’Auteur de toute bonne force intrépide et du don divin d’une espérance inébranlable fondée sur la foi, nous vous communiquons de tout cœur à vous, fils et filles bien-aimés, à vos familles et à tous vos proches, proches et lointains, en bonne santé et malades , à vos saintes aspirations, à vos entreprises, notre Bénédiction apostolique.
Discours du Pape Pie XII aux patriciens et à la noblesse romaine – 11 janvier 1951
Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse