Une porte ouverte : le pardon

pardon et guérison de l'aveugle vitrail allemand du 19e siècle
pardon et guérison de l’aveugle vitrail allemand du 19e siècle

« Demander pardon n’est pas simplement présenter ses excuses ». Ce n’est pas facile, de même qu’il «n’est pas facile de recevoir le pardon de Dieu : non pas parce qu’il ne veut pas nous le donner, mais parce que nous fermons la porte en ne pardonnant pas» les autres.

Un élément supplémentaire a été ajouté à la réflexion sur le chemin pénitentiel qui caractérise le carême : le thème du pardon. La réflexion est partie du passage de la première lecture, tirée du Livre du prophète Daniel (3, 25.34-43), dans lequel on lit que le prophète Azaria «était dans l’épreuve et rappela l’épreuve de son peuple, qui était esclave».

Mais le peuple «n’était pas esclave par hasard : il était esclave parce qu’il avait abandonné la loi du Seigneur, parce qu’il avait péché». Azaria ne dit pas au Seigneur : «Excuse-moi, nous nous sommes trompés». En effet, «demander pardon est une autre chose, c’est autre chose que de présenter ses excuses.»

Il s’agit de deux attitudes différentes : la première se limite à la présentation d’excuses, la deuxième implique de reconnaître avoir péché. Le péché, en effet, «n’est pas une simple erreur. Le péché est idolâtrie», c’est adorer les «nombreuses idoles que nous avons» : l’orgueil, la vanité, l’argent, le «moi-même», le bien-être.

Voilà pourquoi Azaria ne présente pas simplement ses excuses, mais «demande pardon». Le passage liturgique de l’Évangile de Matthieu (18, 21-35) a donc conduit à affronter l’autre face du pardon: du pardon demandé à Dieu au pardon donné à nos frères. Dans tous les cas, «rares sont les moments où l’on demande pardon.»

Mais dans le passage proposé par la liturgie, Pierre demande au Seigneur quelle doit être la mesure de notre pardon : «Sept fois, seulement?» À l’apôtre «Jésus répond par un jeu de mots qui signifie “toujours” : soixante-dix fois sept, c’est-à-dire, tu dois pardonner toujours.»

Ici, on parle de «pardonner», pas simplement de s’excuser pour une erreur commise : pardonner «à celui qui m’a offensé, qui m’a fait du mal, à celui qui par sa malveillance a blessé ma vie, mon cœur.» Voilà alors ma question pour chacun de nous : «Quelle est la mesure de mon pardon?»

«Si je ne suis pas capable de pardonner, je ne suis pas capable de demander pardon.» C’est pourquoi «Jésus nous enseigne à prier ainsi, le Père : ‘Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés’». Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

On peut imaginer le dialogue suivant avec un pénitent : «Mais, père, je me confesse, je vais me confesser… — Et que fais-tu avant de te confesser ? Eh bien, je pense aux mauvaises choses que j’ai faites — C’est bien — Puis je demande pardon au Seigneur et je promets de ne plus en faire…. — Bien. Et après, tu vas voir le prêtre?»

Mais avant «il te manque une chose: tu as pardonné à ceux qui t’ont fait du mal?» Si la prière qui nous a été suggérée est «Pardonne-nous nos offenses comme nous les pardonnons aux autres», nous savons que «le pardon que Dieu te donnera» exige «le pardon que tu donnes aux autres».

En conclusion, avant tout, «demander pardon n’est pas simplement présenter ses excuses », mais «c’est être conscients du péché, de l’idolâtrie que j’ai faite, des nombreuses idolâtries» ; dans un deuxième temps, «Dieu pardonne toujours, toujours», mais demande aussi que je le pardonne, parce que «si je ne pardonne pas», dans un certain sens, c’est comme si je fermais «la porte au pardon de Dieu».

Une porte que nous devons en revanche maintenir ouverte: laissons entrer le pardon de Dieu afin que nous puissions pardonner les autres.

PAPE FRANÇOIS – MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA  MAISON SAINTE-MARTHE
Mardi 10 mars 2015

© Copyright – Libreria Editrice Vaticana