Voici, en ce mois du Sacré Coeur un autre texte d’un chartreux du début du XVIème siècle :
Jésus, pour mieux nous montrer son infinie charité a voulu nous ouvrir son Coeur. C’est afin de nous faire comprendre que tout ce qu’il a enduré pour nous, il l’a précisément enduré à cause de l’amour qui remplissait son coeur. Après nous avoir montré les douleurs qu’il ressentit dans son corps, Jésus veut, de plus, nous faire voir l’amour de son coeur très miséricordieux, très fidèle, très aimant qui lui inspira le désir et le besoin de souffrir pour nous.
Il a voulu encore nous ouvrir son coeur pour nous donner un refuge dans la tentation, une consolation dans la tristesse, une protection dans les tribulations, une sécurité dans l’adversité, une lumière dans le doute, enfin, à tous ceux qui entrent dans cette très profitable plaie de son Coeur, les suavités de la sainte dilection, le salut et l’éternelle félicité.
Cette blessure du Coeur Sacré de Jésus nous apprend à demander, sans cesse, que nos coeurs soient percés par la lance de la charité qui fera toujours couler dans nos âmes les larmes de la pénitence et celles, plus douces, de l’amour de Dieu. La plaie du côté, qui est la plaie du Coeur, nous fait donc connaître la charité si affectueuse de Jésus-Christ, charité qui donne un lustre ineffable à toutes ses actions, à toutes ses paroles, à toutes ses souffrances et les remplit d’une indicible suavité.
Ô très doux Jésus ! dans le ciel, je puiserai la douceur dans votre très doux Coeur. Qu’elle est grande, incommensurable, inexplicable, incompréhensible, la ]oie du coeur des élus qui lisent, dans le livre si parfait de votre Coeur, l’amour infini que vous leur portez ; ils comprennent l’étendue de votre charité, charité qui ne cessera jamais, que rien ne viendra jamais affaiblir, que rien ne pourra jamais détruire ! Oh ! qu’elle est heureuse, qu’elle est bienheureuse l’intelligence à laquelle vous révélez si clairement, avec tant d’abandon, les secrets de votre très doux Coeur !
Je veux m’endormir dans le Coeur de Jésus, source de la souveraine et véritable paix, source d’où jaillira et coulera pour mon âme l’éternelle tranquillité qui doit à jamais me délivrer des épreuves et des tribulations de cette vie. Et puisque je dois sortir sitôt de ce monde, je veux placer en Jésus mes désirs, mes pensées et mes affections en entrant dans son tendre et amoureux Coeur où je me cacherai comme dans un sépulcre, et où je reposerai dans un doux sommeil. Au moment de rendre le dernier soupir, je veux placer mon coeur dans son Côté entrouvert et confier mon coeur à son Coeur.
Lansperge, chartreux de Cologne
Né en 1489, mort en 1539