Sang vivant des martyrs

Saints martyrs de l'Ouganda
Saints martyrs de l’Ouganda

Les messes quotidiennes du Pape à Sainte Marthe ont repris ce jeudi 12 avril 2018. Dans l’homélie de ce jour, François s’est attardé sur ce qui caractérise la joie pascale: l’obéissance, le témoignage et le sens du concret.  Il a rappelé qu’il y a plus de chrétiens persécutés aujourd’hui que dans les premiers siècles: en prison, égorgés et frappés en raison de leur foi en Jésus.

La joie pascale

Les cinquante jours  qui ont suivi la résurrection du Christ ont été pour les apôtres un «temps de joie». Une joie véritable, mais encore empreinte de doute, de peur, d’incertitude, et qui devient finalement «courageuse», après la venue de l’Esprit Saint, le jour de la Pentecôte. Avant, «les apôtres comprenaient pourquoi ils voyaient le Seigneur, ils étaient heureux mais ils ne comprenaient pas tout» ; «c’est l’Esprit Saint qui leur fait tout comprendre.»

L’obéissance, c’est de faire la volonté de Dieu

Il était défendu aux apôtres de prêcher, ni même d’annoncer le nom de Jésus. Comme le raconte la Première lecture tirée du Livre des Actes des apôtres, Pierre et Jean sont donc traduits devant le Sanhédrin, où le Grand Prêtre leur avait exprimé cette interdiction formelle. Mais la réponse de Pierre est tout aussi formelle: «Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.»

La parole «obéissance» revient également dans l’Évangile du jour (Jn  3, 31-36), et le Pape la relève, en affirmant que c’est précisément une «vie d’obéissance» qui caractérise les apôtres qui ont reçu l’Esprit Saint. Obéissance pour suivre le chemin de Jésus, lui-même «obéissant jusqu’à la mort». Obéissance qui consiste faire la volonté de Dieu. L’obéissance est la voie que le Fils nous a ouverte, insiste François, et le chrétien est donc celui qui «obéit à Dieu».

Les chrétiens persécutés

La seconde caractéristique des apôtres est le témoignage. Le témoignage chrétien gêne car il ne brade pas la vérité, comme peuvent en témoigner les nombreux chrétiens tués et persécutés, comme en Afrique et au Moyen-Orient. « Il y en a plus aujourd’hui que dans les premiers siècles, en prison, égorgés et frappés, parce qu’ils confessent Jésus.» Le témoignage chrétien ne doit pas s’embarrasser de compromissions.

Se souvenir de la première rencontre avec le Christ.

Enfin, les apôtres parlent de choses concrètes: ils ont vu et touché. «Tant de fois, les péchés, la peur et les compromissions nous ont fait oublier la première rencontre avec Jésus, celle qui a changé notre vie. Tout cela fabrique des chrétiens ‘à l’eau de rose’, superficiels.» Demandons deux grâces: celle de toujours nous souvenir de cette rencontre fondatrice avec Jésus, et celle de la joie pascale.

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Rappel :

Pape François – Extraits de l’ homélie lors de la messe  du 7 avril 2016, maison Sainte Marthe au Vatican

L’Église « a besoin de témoins »

L’Église « a besoin de témoins », de martyrs, de chrétiens « cohérents » qui « vivent leur vie sérieusement ». La sève vitale de l’Église, ce « sang vivant » la fait avancer jour après jour:  le témoignage. Dans la liturgie du jour, en particulier de la première lecture, tirée des Actes des apôtres (5, 27-33), est présenté « un extrait de cette longue histoire » qui débute lorsque Jean et Pierre guérissent « l’estropié qui était à la belle porte du temple ».

Tous « avaient vu cette guérison », et personne ne pouvait nier le caractère exceptionnel du fait, car « tous connaissaient cet homme qui avait quarante ans ». Pourtant, les chefs, les prêtres, en colère, interdirent aux apôtres « d’enseigner, de prêcher au nom de Jésus ». Face à eux, « fort dans son témoignage », se trouvait Pierre. Rappelons, en comparaison, l’attitude différente de l’apôtre à l’occasion du reniement du Christ : « Pensons à Pierre, le lâche, cette nuit du Jeudi saint, lorsque, rempli de crainte, il renie trois fois le Seigneur.»

Obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes

Au contraire, en cette circonstance, l’apôtre affirme : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Dieu de nos Pères a ressuscité Jésus, que vous avez tué, en le pendant à une croix. Dieu l’a élevé à sa droite comme chef et sauveur et nous sommes témoins de ces faits, de même que l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent ». Il nous vient l’envie de dire : « Quel courage ! »

« Ce Pierre n’a rien à voir avec ce Pierre du Jeudi, rien ! Un Pierre plein de force qui rend témoignage. En entendant ces choses, ils — les chefs, les grands prêtres — furent pris de fureur et voulurent le mettre à mort. Pourquoi Pierre devint-il si fort dans son témoignage ? »

Après avoir guéri l’impotent, l’apôtre avait dit : « Nous ne pouvons taire ce que nous avons vu et écouté ». C’est-à-dire, que « la cohérence entre la vie et ce que nous avons vu et écouté est précisément le début du témoignage ».

Sans l’Esprit Saint, pas de témoignage chrétien

 Mais le témoignage chrétien a une autre caractéristique, « il n’appartient pas seulement à celui qui le donne : le témoignage chrétien se fait toujours à deux ». C’est ce qu’explique saint Pierre lui-même : « Nous sommes témoins de ces faits, de même que l’Esprit Saint ».

Par conséquent, « sans l’Esprit Saint, il n’y a pas de témoignage chrétien ». Cette compréhension provient également de l’Évangile. C’est, du reste, le témoignage même de Jésus : « Il atteste de ce qu’il a vu et entendu avec l’Esprit qui donne à ses disciples ».

Le courage des chrétiens martyrs

Et cela « est le courage chrétien, tel est le témoignage ». Un témoignage que nous retrouvons chez « nos martyrs d’aujourd’hui, nombre d’entre eux étant chassés de leur terre, déplacés, égorgés, persécutés ». Ceux-ci « ont ce courage de confesser Jésus jusqu’au moment de la mort, précisément ».

Combien de fois, « dans des moments difficiles de l’histoire », l’on a entendu dire : « Aujourd’hui, la patrie a besoin de héros.» L’on peut se demander de la même manière : « De quoi l’Église a-t-elle besoin aujourd’hui ? ». La réponse est immédiate: «de témoins, de martyrs », à savoir « des saints de tous les jours, ceux de la vie ordinaire » conduite « avec cohérence » mais aussi de ceux qui ont le courage d’être « des témoins jusqu’au bout, jusqu’à la mort ».

Tous « sont le sang vivant de l’Église  ». Ce sont eux « qui font avancer l’Église, les témoins : ceux qui attestent que Jésus est ressuscité, que Jésus est vivant, et ils l’attestent avec cohérence de vie et avec l’Esprit Saint qu’ils ont reçu en don ».

le Baptême, fondement de toute la vie chrétienne

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 11 avril 2018


Frères et sœurs, le Temps liturgique de Pâques nous rappelle que nous sommes chrétiens dans la mesure où nous laissons Jésus-Christ vivre en nous. Dans la joie de cette saison pascale, nous entamons un nouveau cycle de catéchèses sur le sacrement du Baptême, par lequel nous recevons le pardon du péché et renaissons à la vie nouvelle et éternelle en Christ.

Ainsi, le Baptême, « fondement de toute la vie chrétienne », est cette porte qui permet au Christ Seigneur d’habiter en nous, en nous plongeant, par le don de l’Esprit Saint, dans sa mort et sa résurrection, pour être recréés en Lui. L’eau du Baptême est, en effet, celle sur laquelle est invoqué l’Esprit Saint qui « donne la vie ».

Le premier des Sacrements est donc un signe efficace de renaissance qui nous appelle à mener une vie nouvelle. Le verbe grec « baptiser » signifie plonger. Le bain à l’eau symbolise dans plusieurs croyances le passage d’une condition à l’autre, c’est un signe de purification pour un nouveau départ.

Pour nous chrétiens, le baptême fait mourir en nous le vieil homme, dominé par le péché et naître le nouvel homme, qui participe à la vie de la Sainte Trinité. Par le Baptême en effet nous sommes donc plongés dans la vie même de la Trinité.

Le baptême est le bain de la régénération et du renouveau du Saint-Esprit. Celui-ci nous insère comme membres du Corps du Christ, qui est l’Église, pour collaborer, chacun selon sa vocation propre, à sa mission dans le monde,  afin que le monde puisse croire et se transformer.

Ainsi, le Baptême, reçu une seule fois, illumine toute notre vie, en guidant nos pas vers la Jérusalem céleste. Il est un don gratuit fait à tous, adultes et nouveau-nés, un don porté par la foi et appelé à s’enraciner et à fructifier dans la foi. Aussi est-il nécessaire de raviver chaque jour les promesses de notre Baptême pour permettre au Christ de vivre en nous et de faire de chacun de nous un autre Christ.

Le baptême est la porte vers les autres sacrements, par lesquels nous grandissons dans la vie de grâce jusqu’à ce que nous arrivions enfin à notre véritable patrie céleste. Notre vie chrétienne, en tant que chemin de foi et d’union avec le Seigneur, est soutenue par la prière et par nos efforts quotidiens pour grandir dans l’imitation du Christ.

Pendant cette saison de Pâques, puissions-nous apprécier de plus en plus pleinement le don imméritée que nous avons reçu le jour de notre baptême, et prendre la résolution de vivre fidèlement la nouvelle vie que nous avons reçue en Christ !

Que le renouvellement des promesses de notre Baptême nous aide à vivre toujours plus unis à Jésus-Christ pour mener une vie nouvelle et collaborer dans l’Église à la transformation du monde. Que Dieu vous bénisse !


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Le mystère de la Croix, révélation définitive de Dieu

ENVERS DE LA MÉDAILLE MIRACULEUSE
ENVERS DE LA MÉDAILLE MIRACULEUSE

Mystère de la Croix du Seigneur ! L’entretien de Jésus avec Nicodème que nous trouvons dans l’Évangile de ce jour nous oriente vers ce mystère. Jésus a devant lui un scribe, versé dans les Saintes Écritures, un membre du Sanhédrin et, en même temps, un homme de bonne volonté. C’est pourquoi il décide de l’initier au mystère de la Croix.

Il lui rappelle donc, pour commencer, que durant la marche de 40 années qui mena le peuple d’Israël de l’Égypte à la Terre Promise, Moïse éleva le serpent d’airain au désert. Or, si l’un des serpents du désert mordait un homme et que celui-ci regardait vers le serpent d’airain, il vivait ! (Nombres, 21, 6-9).

Le signe qu’était le serpent d’airain annonçait une autre élévation : « Ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme — dit Jésus qui parle ici de son érection sur la Croix — afin que tout homme qui croit ait par lui la vie éternelle » (Jn 3, 14-15). La Croix : non plus le signe annonciateur, mais la réalité même du salut!

Et voilà que Jésus explique à fond le sens de la Croix à son interlocuteur, stupéfait mais en même temps prêt à écouter et à poursuivre l’entretien : « Oui, dit Jésus, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).

La Croix est une nouvelle révélation de Dieu. C’est la révélation définitive. Sur le chemin de la pensée humaine vers Dieu, sur la voie de la compréhension de Dieu s’opère un renversement radical. Nicodème, l’homme honnête et noble, en même temps disciple et connaisseur de l’ancien Testament, dut éprouver une grande secousse intérieure.

Pour Israël, Dieu était surtout Majesté et Justice. Il voyait en lui un juge qui récompense et punit. Le Dieu dont parle Jésus est un Dieu qui n’a pas envoyé son Fils « pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3, 17). Il est un Dieu de l’Amour, le Père qui ne recule pas devant le sacrifice de son Fils pour sauver l’homme ».

Saint Paul, le regard fixé sur la même révélation de Dieu, répète par deux fois dans son épitre aux Éphésiens « C’est par grâce que vous êtes sauvés » (Ep 2, 5) et « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi » (Ep 2, 8). Et Paul était bien, jusqu’au moment de sa conversion, l’homme de la Loi Antique, tout comme Nicodème.

Jésus se révéla à lui sur le chemin de Damas et dès ce moment il comprit ce qu’il nous dit aujourd’hui de Dieu: « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont II nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ — c’est par grâce que vous êtes sauvés » (Ep 2, 4-5).

Qu’est-ce que la grâce ? « C’est un don de Dieu ». Le don qui s’explique par son Amour. Le don est là où est l’Amour. Et l’Amour se révèle moyennant la Croix. C’est ce que Jésus a dit à Nicodème. L’Amour qui se révèle moyennant la Croix, voilà ce qu’est réellement la grâce. En elle est révélée la figure la plus profonde de Dieu.

Il n’est pas seulement le juge. Il est un Dieu d’infinie majesté et d’extrême justice. Il est un Père qui veut que le monde soit sauvé, qu’il comprenne la signification de la Croix. Son éloquence transcende la signification de la Loi et de la peine. Elle est la parole qui parle de manière différente à la conscience humaine.

Elle est la parole qui oblige d’une autre manière que les paroles de la Loi et que la menace du châtiment. Pour comprendre cette parole il faut devenir un homme transformé. L’homme de la Grâce et de la Vérité. La grâce est un don qui engage ! Le don du Dieu Vivant qui engage l’homme pour la vie nouvelle !

C’est proprement en cela que consiste le jugement dont Jésus a encore parlé à Nicodème : La Croix sauve et, en même temps, elle juge. Elle juge autrement. Elle juge plus profondément. « En effet quiconque fait le mal, hait la lumière » … c’est-à-dire précisément cette extraordinaire lumière qui émane de la Croix ! « Mais celui qui agit dans la vérité vient à la lumière » (Jn 3, 20-21) vient à la Croix. Il se soumet aux exigences de la grâce.

Il veut être engagé par cet indicible don de Dieu. Que ce don façonne toute sa vie. Dans la Croix cet homme entend vraiment la voix de Dieu qui adresse la parole aux fils de notre terre, de la même manière qu’autrefois, il a parlé aux exilés d’Israël par la voix de Cyrus, roi de Perse, dans son invocation d’espérance. La Croix est une invocation d’espérance.

Nous devons nous poser ces questions fondamentales, qui de la Croix, affluent vers nous : Qu’avons-nous fait et que faisons nous pour mieux connaître Dieu ? Ce Dieu que le Christ nous a révélé, qui est-il pour nous ? Quelle place occupe-t-il dans notre conscience, dans notre vie ? Demandons-nous, de cet endroit-ci, pourquoi de si nombreux facteurs, de si nombreuses circonstances ont enlevé à Dieu cette place en nous.

Dieu serait-il déjà devenu pour nous un être marginal ? Son nom n’a-t-il pas été enseveli en notre âme sous un amas d’autres paroles ? N’a-t-il pas été foulé aux pieds comme cette semence tombée « le long du chemin » (Mc 4, 4) ? N’avons-nous pas renoncé intérieurement à la rédemption moyennant la Croix du Christ, en mettant à sa place d’autres programmes temporels, partiels, superficiels ?

SAINT JEAN-PAUL II EXTRAIT DE SON HOMÉLIE LORS DE SA VISITE À LA PAROISSE ROMAINE SAINTE-CROIX-DE-JÉRUSALEM DU 25 MARS 1979

En regardant la Sainte Croix, contenue sur sa face cachée de notre Médaille Miraculeuse, nous sommes invités à faire ces demandes fondamentales, pour former avec les autres chrétiens une communauté ranimée par la Croix du Christ, auprès de notre Sainte Mère, pleine de grâce, à qui il nous à confiés.

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