contemplons la tombe vide, n’ayons pas peur, allons à la lumière du Christ

contemplons la tombe vide, n’ayons pas peur, allons à la lumière du Christ

Le Pape François a présidé ce samedi soir la veillée pascale dans la basilique Saint-Pierre. Dans son homélie le Saint-Père a parlé du sens du silence dans lequel nous sommes plongés après la mort de Jésus sur la Croix. Il fait écho à nos silences devant les nombreuses injustices.

Comprendre le tombeau vide est comme un encouragement à croire en la résurrection. La résurrection dont l’annonce soutient notre espérance et la transforme en gestes concrets de charité.

La veillée a commencé dans l’atrium, à l’extérieur de la basilique Saint-Pierre. Le Pape François a allumé le cierge pascal avant d’entrer dans la basilique, d’en remonter la nef dans l’obscurité. A la troisième invocation « Lumen Christi« , la basilique s’est alors éclairée. Puis le diacre a entonné l' »exultet », qui annonce la joie de la lumière de la résurrection qui se répand sur le monde.

Ont ensuite été lues les quatre lectures de la nuit pascale, tirées de la Genèse, de l’Exode et de Saint-Paul aux Romains. L’Évangile, chanté en latin était tiré de Saint-Marc et relate la découverte du tombeau vide par les femmes de Jérusalem.

«Nous sentons le poids du silence devant la mort du Seigneur, un silence dans lequel chacun de nous peut se reconnaître.» Devant la mort du Christ, le disciple reste sans parole, il est sans voix devant la douleur engendrée par la mort de Jésus. Ce silence est celui de qui prend conscience de ses propres réactions durant les heures cruciales de la vie du Seigneur : l’injustice qui l’a condamné ou les calomnies et le faux témoignage qu’il a subis.

«Durant les heures difficiles et douloureuses de la Passion, les disciples ont fait l’expérience de manière dramatique de leur incapacité à prendre un risque et à parler en faveur du Maître». Ainsi, dans cette nuit du silence, le disciple se trouve transi et paralysé, sans savoir où aller face à tant de situations douloureuses qui l’oppriment et l’entourent.

Ce disciple, c’est celui d’aujourd’hui, sans voix devant une réalité qui s’impose à lui, lui faisant sentir et, ce qui est pire, croire qu’on ne peut rien faire pour vaincre tant d’injustices que nombre de nos frères vivent dans leur chair.

Ce disciple est nous-même, il est «immergé dans une routine accablante qui le prive de la mémoire, qui fait taire l’espérance et l’habitue au « on a toujours fait ainsi ». Et malgré nos silences, «quand nous nous taisons de manière si accablante, alors les pierres commencent à crier»,  retentit la plus grande annonce que l’histoire ait jamais pu contenir dans son sein : « Il n’est pas ici, car il est ressuscité ».

La pierre du tombeau a crié 

La pierre du tombeau vide a crié et par son cri, elle a annoncé à tous un nouveau chemin, cette pierre fut à sa manière, «la première à entonner un chant de louange et d’enthousiasme, de joie et d’espérance auquel nous sommes tous invités à prendre part.»

Aujourd’hui, c’est avec les femmes, les premières venues au tombeau, que nous sommes appelés à contempler la tombe vide et à écouter les paroles de l’ange : « Vous, soyez sans crainte ! […] Il est ressuscité ». Ces paroles qui «veulent atteindre nos convictions et nos certitudes les plus profondes, nos manières de juger et d’affronter les événements quotidiens ; spécialement notre manière d’entrer en relation avec les autres.» 

Le tombeau vide veut défier, secouer, interroger, mais surtout il veut nous encourager à croire et à avoir confiance que Dieu “vient” dans toute situation, dans toute personne, et que sa lumière peut arriver dans les coins les plus imprévisibles et les plus fermés de l’existence.

Le Christ est ressuscité du lieu dont personne n’attendait rien et il nous attend – comme il attendait les femmes – pour nous rendre participants de son œuvre de salut.

Voilà le fondement et la force que nous avons comme chrétiens pour répandre notre vie et notre énergie, notre intelligence, nos affections et notre volonté dans la recherche et spécialement dans le fait de produire des chemins de dignité. L’annonce de la résurrection  «soutient notre espérance et la transforme en gestes concrets de charité

Le Pape a aussi souligné combien nous avions besoin de faire en sorte que notre fragilité soit marquée par cette expérience de la résurrection : par elle,  notre foi doit être renouvelée,  « nos horizons myopes » remis en question. «Il est ressuscité et avec Lui ressuscite notre espérance créative pour affronter les problèmes actuels, parce que nous savons que nous ne sommes pas seuls.» a dit le Souverain Pontife.

Dieu ne cesse de faire irruption dans nos histoires

Célébrer Pâques signifie croire de nouveau que Dieu fait irruption et ne cesse de faire irruption dans nos histoires, a enfin rappelé François, cela signifie «faire en sorte que Jésus soit vainqueur de cette attitude lâche qui tant de fois, nous assiège et cherche à ensevelir tout type d’espérance.»

En cette veillée, l’invitation est adressée encore une fois à vous et à moi : «invitation à rompre avec les habitudes répétitives, à renouveler notre vie, nos choix et notre existence. Voulons-nous participer à cette annonce de vie ou resterons-nous muets devant les événements ?»

Cette veillée pascale a comme le veut la tradition été marquée par la liturgie du baptême : le Pape a baptisé huit adultes, âgés de 28 à 52 ans. Quatre Italiens, un Américain, une Péruvienne, un Albanais et un Nigérian. Des néophytes qui ont également reçu le sacrement de la confirmation.

le mystère de la création

1. « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance» (Gn 1, 26).

«Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme» (Gn 1, 27).

Michel-Ange-Buonarroti-La-Creation-De-L-Homme
Michel-Ange Buonarroti-La Creation de l ‘Homme (détail) Chapelle Sixtine

En cette Veillée pascale, la liturgie proclame le premier chapitre du Livre de la Genèse, qui évoque le mystère de la création et, en particulier, de la création de l’homme. Une fois encore notre attention se concentre sur le mystère de l’homme, qui se manifeste pleinement dans le Christ et par le Christ.

«Fiat lux», «faciamus hominem» [Que la lumière soit – Faisons l’homme] : ces paroles de la Genèse trouvent toute leur vérité, quand elles sont passées au creuset de la Pâque du Verbe (cf. Ps. 11 [12], 7). Pendant le calme du Samedi saint, dans le silence de la Parole, elles arrivent à la plénitude de leur signification : cette «lumière» est une lumière nouvelle, qui ne connaît pas de déclin; cet «homme» est «l’homme nouveau, créé saint et juste dans la vérité, à l’image de Dieu» (Ep 4, 24).

La nouvelle création se réalise dans la Pâque. Dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ tout est sauvé, et tout redevient parfaitement bon, selon le dessein originel de Dieu. Avant tout, l’homme, fils prodigue qui a dilapidé dans le péché le bien précieux de sa liberté, recouvre sa dignité perdue.

« Faciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostram » [Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance]. Comme ces paroles résonnent vraies et profondes dans la nuit de Pâques ! Et quelle ineffable actualité elles revêtent pour l’homme de notre temps, si conscient de sa capacité à dominer l’univers, mais souvent si désorienté par rapport au sens authentique de son existence, dans laquelle il ne sait plus reconnaître les traces du Créateur ! …

4. « O vere beata nox ! » [Ô nuit de vrai bonheur !], chante l’Église dans la Louange pascale, se souvenant des grandes œuvres de Dieu accomplies dans l’Ancienne Alliance, durant l’exode des Israélites sortis d’Égypte. C’est l’annonce prophétique de l’exode du genre humain de l’esclavage de la mort à la vie nouvelle par la Pâque du Christ.

O vere beata nox ! [Ô nuit de vrai bonheur !], voulons-nous répéter avec l’hymne pascale, en contemplant le mystère universel de l’homme à la lumière de la résurrection du Christ. Au commencement Dieu l’a créé à son image et à sa ressemblance.

Par l’œuvre du Christ crucifié et ressuscité, cette ressemblance avec Dieu, ternie par le péché, a été restaurée et portée à son sommet. Et nous pouvons dire à la suite d’un auteur ancien : Homme, regarde-toi ! Reconnais ta dignité et ta vocation ! Le Christ, vainqueur de la mort en cette nuit très sainte, ouvre devant toi les portes de la vie et de l’immortalité.

Faisant écho à la proclamation du diacre dans le chant de l’annonce pascale, je redis avec joie : Annuntio vobis gaudium magnum : surrexit Dominus vere ! Surrexit hodie ! [Je vous annonce une grande joie : le Seigneur est vraiment ressuscité ! Aujourd’hui il est ressuscité !] Amen !

EXTRAITS DE L’HOMÉLIE DE SAINT- JEAN-PAUL II POUR LA VEILLÉE PASCALE du 11 AVRIL 1998

© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Les sept douleurs de Marie

Pieta de Michel-Ange - Basilique du Vatican
Pieta de Michel-Ange – Basilique du Vatican

En ces heures de la Passion, cette dévotion ancienne appelle à se tourner vers la Vierge Marie, unie à la souffrance de son Fils. Vendredi ou Samedi saint, des fidèles se réunissent dans leur église pour «tenir compagnie» à la Vierge Marie, restée seule après la mort de Jésus, pour contempler la Pietà, qui serre son Fils mort sur sa poi­trine et qui selon la tradition réunit en sa personne toute l’Église.

La prophétie de Siméon {Le 2,34-35)

«Je compatis, ô Mère affligée, à la douleur que vous causa le premier glaive qui vous a transpercée, quand Siméon, dans le Temple, vous représenta les tourments que les hommes devaient faire endurer à votre bien-aimé Jésus, et que vous connaissiez déjà par les divines Écritures, jusqu’à Le faire mourir sous vos yeux. » Saint Alphonse-Marie de Liguori

La fuite en Égypte (Mt 2,13)

«Par tant de peines que vous, Vierge délicate, avez endurées, avec votre petit Enfant exilé, dans ce long et pénible voyage, et dans votre séjour en Egypte, où étant inconnus et étrangers, vous avez vécu durant toutes ces années dans la pauvreté et le mépris, je vous prie ma bien-aimée Souveraine, de m’obtenir la grâce de souffrir avec patience dans votre compagnie, jusqu’à la mort, toutes les peines de cette misérable vie.» Saint Alphonse-Marie de Liguori

La disparition de Jésus au Temple (Le 2,41-51)

« Ô Mère affligée, priez pour nous, ô Mère délaissée, priez pour nous, ô Mère désolée, priez pour nous, ô Mère privée de votre Fils, priez pour nous…  » Litanies de Notre-Dame-des-Douleurs

Marie voit son fils chargé de la croix (Le 23,27-31)

« Vos yeux se rencontrèrent alors avec les siens, et vos regards mutuels devinrent autant de traits dont vous blessâtes réci­proquement vos cœurs amoureux. Je vous prie donc par cette grande douleur, de m’obtenir la grâce de vivre entièrement résigné à la volonté de mon Dieu, portant ma croix avec joie dans la compagnie de Jésus jusqu’au dernier soupir de ma vie. » Saint Alphonse-Marie de Liguori

Marie debout au pied de la croix (Jn 19,25-27)

« Elle était debout, la Mère, malgré sa douleur, en larmes, près de la croix, où son Fils était suspendu. Son âme gémissante, contristée et dolente, un glaive la transperça. Qu’elle était triste, anéantie, la femme entre toutes bénie, la Mère du Fils de Dieu I » Extrait du Stabat Mater, attribué au franciscain Jacopone da Todi.

La descente de la croix (Mt 27,57-59)

« Ô Vierge sacrée, votre peine a été la plus grande qu’une pure créature ait jamais endurée. Car toutes les cruautés que nous lisons que l’on a fait subir aux martyrs, ont été légères et comme rien en compa­raison de votre douleur. Elle a été si grande et si immense, qu’elle a crucifié toutes vos entrailles et a pénétré jusque dans les plus secrets replis de votre Cœur. » Saint Anselme de Canterbury

Jésus mis au tombeau (Jn 19,40-42)

« Vous vîtes entre vos bras votre Fils mort, non plus dans l’éclat de sa beauté, comme vous L’aviez autrefois reçu dans l’étable de Bethléem, mais ensanglanté, livide et tout déchiré des blessures qui avaient mis ses os à découvert. Vous écriant alors: mon Fils, en quel état l’amour T’a réduit! Et lorsqu’on Le porta au sépulcre, vous avez voulu encore L’accompagner, et L’y arranger de vos propres mains, jusqu’à ce qu’enfin, Lui disant le dernier adieu, vous y laissâtes votre cœur brûlant d’amour enseveli avec votre Fils. » Saint Alphonse-Marie de Liguori

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