Jésus chasse les marchands du temple de Jérusalem

Jésus chasse les marchands du Temple - vitrail du XIXe siècle -atelier LORIN - église Saint-Aignan Chartres
Jésus chasse les marchands du Temple – vitrail du XIXe siècle -atelier LORIN – église Saint-Aignan Chartres

L’Évangile d’aujourd’hui présente, dans la version de Jean, l’épisode dans lequel Jésus chasse les marchands du temple de Jérusalem (Jn 2, 13-25). Il fit ce geste en s’aidant d’un fouet avec des cordes, renversa les tables et dit: «Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce!» (V. 16).

Cette action décisive, menée dans la proximité de la Pâque, suscita une grande impression dans la foule et l’hostilité des autorités religieuses et de ceux qui se sentaient menacés dans leurs intérêts économiques. Mais comment devons-nous l’interpréter? Ce n’était certes pas une action violente, tant il est vrai qu’elle ne provoqua pas l’intervention des gardes de l’ordre public: de la police. Non!

Mais ce fut compris comme une action typique des prophètes, qui dénonçaient souvent abus et excès au nom de Dieu. La question qui était posée était celle de l’autorité. En effet, les Juifs demandait à Jésus: «Quel signe nous montres-tu pour faire cela ?» (V. 18), c’est-à-dire, quelle autorité as-tu pour le faire ? Comme pour demander la démonstration qu’il avait vraiment agi au nom de Dieu.

Pour interpréter le geste de Jésus de purifier la maison de Dieu, ses disciples ont utilisé un texte biblique du psaume 69 : «L’amour de ta maison fera mon tourment.» (verset 17); C’est ce que dit le psaume: «L’amour de ta maison fera mon tourment.» Ce psaume est une invocation d’aide dans une situation de danger extrême due à la haine des ennemis : la situation que Jésus vivra dans sa Passion.

Le zèle pour le Père et pour sa maison à la fin l’amèneront à la croix : c’est le zèle de l’amour qui mène au sacrifice de soi, et non le faux zèle qui prétend servir Dieu par la violence. En fait, le «signe» que Jésus donnera comme preuve de son autorité sera précisément sa mort et sa résurrection: «Détruisez ce temple – dit-il – et en trois jours je le relèverai» (verset 19).

Et l’évangéliste note: « Il parlait du temple de son corps » (verset 21). Avec la Pâque de Jésus commence le nouveau culte, dans le nouveau temple, le culte de l’amour, et le nouveau temple c’est Lui-même.

L’attitude de Jésus racontée dans le passage évangélique d’aujourd’hui nous pousse à vivre nos vies non pas à la recherche de nos avantages et de nos intérêts, mais pour la gloire de Dieu qui est amour. Nous sommes appelés à garder à l’esprit ces paroles fortes de Jésus: « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce » (verset 16).

C’est très mauvais quand l’Église glisse vers l’attitude de faire de la maison de Dieu une maison de commerce. Cette Parole nous aide à rejeter le danger de faire aussi de notre âme, qui est la demeure de Dieu, un lieu de commerce, vivant dans la recherche continuelle de notre retour plutôt que dans un amour généreux et solidaire.

Cet enseignement de Jésus est toujours actuel, non seulement pour les communautés ecclésiales, mais aussi pour les personnes individuelles, pour les communautés civiles et pour l’ensemble de la société. En fait, il est courant de tenter de profiter d’activités bonnes, parfois nécessaires, pour cultiver des intérêts privés, voire illicites.

C’est un danger sérieux, surtout quand cela exploite Dieu lui-même et le culte qui lui est dû, ou le service à l’homme, son image. C’est pourquoi Jésus a usé de la « manière forte » pour nous débarrasser de ce danger mortel.

Que la Vierge Marie nous soutienne dans notre engagement à faire du Carême une bonne occasion de reconnaître Dieu comme seul Seigneur de notre vie, en supprimant toute forme d’idolâtrie de notre cœur et de nos œuvres.

PAPE FRANÇOIS –  ANGÉLUS – Place Saint Pierre à Rome – IIIe Dimanche de Carême 4 mars 2018


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« Marie Mère de l’Église », célébrée le lundi après la Pentecôte

« Marie Mère de l’Église », célébrée le lundi après la Pentecôte

Selon la volonté du Pape, l’Église de rite romain célèbre maintenant, chaque année, la mémoire de « la bienheureuse Vierge Marie Mère de l’Église » le lundi après la Pentecôte. Sa mémoire  apparait dans tous les calendriers et les livres liturgiques pour la célébration de la messe et de la liturgie des heures.

Valoriser le mystère de la maternité spirituelle de Marie

Commentant le décret signé à l’occasion du cent-soixantième anniversaire de la première apparition de la Vierge à Lourdes, le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, explique l’intention du Pape.

Celui-ci a pris la décision de célébrer Marie Mère de l’Église, «en considérant l’importance du mystère de la maternité spirituelle de Marie qui, dans l’attente de l’Esprit Saint à la Pentecôte (cf. Ac 1, 14), n’a jamais cessé de prendre soin maternellement de l’Église pèlerine dans le temps».

Il estime que «la promotion de cette dévotion peur favoriser, chez les pasteurs, les religieux et les fidèles, la croissance du sens maternel de l’Église et de la vraie piété mariale».

Le vœu est que cette célébration rappelle à tous les disciples du Christ que, si nous voulons grandir et être remplis de l’amour de Dieu, il faut planter notre vie sur trois grandes réalités – la Croix, l’hostie, et la Vierge – «trois mystères que Dieu a donnés au monde pour structurer, féconder et sanctifier notre vie intérieure, et nous conduire vers Jésus» (Cardinal Sarah).

Le fruit d’un progrès

Le Pape François n’est pas le premier à accorder de l’importance à Marie Mère de l’Église. Le décret souligne les progrès réalisés dans la vénération liturgique réservée à la Vierge Marie.

La Mère du Christ est aussi Mère de l’Église, comme l’indique les «paroles prémonitoires» de saint Augustin et de saint Léon le Grand. L’un dit que Marie est «la mère des membres du Christ», parce qu’elle a coopéré à la renaissance des fidèles dans l’Église. L’autre écrit qu’elle est mère des membres du Corps mystique du Christ, c’est-à-dire de son Église.

«Ils s’appuient tout deux sur la maternité de Marie et de son union intime avec l’œuvre du Rédempteur». En accueillant le disciple bien aimé, Marie a accueilli tous les hommes comme des enfants appelés à renaitre à la vie divine. Dans le disciple bien aimé, le Christ choisit à son tour tous les disciples comme vicaires de son amour envers la Mère.

Et au cours des siècles, la piété chrétienne a honoré Marie avec les titres de Mère des disciples, des fidèles et des croyants. Tel est le fondement sur lequel s’est appuyé le saint Pape Paul VI lorsqu’il a reconnu solennellement à Marie le titre de Mère de l’Église le 21 novembre 1964 en concluant la troisième session du Concile Vatican II.

Depuis, le Saint-Siège a proposé à l’occasion de l’Année Sainte de la Réconciliation en 1975, une messe votive en l’honneur de la bienheureuse Marie Mère de l’Église, insérée par la suite dans le Missel Romain ; il a aussi accordé la faculté d’ajouter l’invocation de ce titre dans les Litanies Laurétanes en 1980 et publié d’autres formules dans le recueil des messes de la bienheureuse Vierge Marie en 1986.

Cas exceptionnels

Le Saint-Siège a également concédé, pour certaines nations, diocèses et familles religieuses qui en ont fait la demande, d’ajouter cette célébration dans leur Calendrier particulier. Parmi ces nations, la Pologne ou l’Argentine.

Dans ces cas particuliers, rien ne change. «Là où la célébration de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, est déjà célébrée selon les normes du droit particulier approuvé, à un jour différent avec un degré liturgique supérieur, même dans le futur, elle peut être célébrée de la même manière.»

la parabole des vignerons meurtriers

les vignerons homicides - Matthieu 21, 33-46
les vignerons homicides – Matthieu 21, 33-46

La liturgie de ce jour nous propose la parabole des vignerons auxquels le propriétaire confie la vigne qu’il a plantée et puis il s’en va (cf. Mt 21, 33-43). Ainsi, la loyauté de ces vignerons est mise à l’épreuve: la vigne leur est confiée, ils doivent la garder, la faire fructifier et remettre la récolte au propriétaire.

Une fois arrivé le temps de la vendange, le propriétaire envoie ses serviteurs recueillir les fruits. Mais les vignerons adoptent une attitude possessive: ils ne se considèrent pas comme de simples gérants, mais comme des propriétaires et ils refusent de remettre la récolte. Ils maltraitent les serviteurs au point de les tuer.

Le propriétaire se montre patient envers eux: il envoie d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, mais le résultat est le même. A la fin, avec sa patience, il décide d’envoyer son propre fils, mais ces vignerons, prisonniers de leur comportement possessif, tuent également le fils, en pensant qu’ainsi, ils auraient eu l’héritage.

Ce récit illustre de façon allégorique les reproches que les prophètes avaient faits à propos de l’histoire d’Israël. C’est une histoire qui nous appartient: on y parle de l’alliance que Dieu a voulu établir avec l’humanité et à laquelle il nous a appelés nous aussi à participer.

Mais cette histoire d’alliance, comme toute histoire d’amour, connaît ses moments positifs, mais elle est marquée également par des trahisons et des refus. Pour faire comprendre comment Dieu le Père répond aux refus opposés à son amour et à sa proposition d’alliance, le passage évangélique place sur les lèvres du propriétaire de la vigne une question: «Lors donc que viendra le maître de la vigne, que fera-t-il à ces vignerons-là?» (v. 40).

Cette question souligne que la déception de Dieu face au mauvais comportement des hommes n’est pas le dernier mot! Telle est la grande nouveauté du christianisme: un Dieu qui, même déçu par nos erreurs et par nos péchés, ne manque pas à sa parole, ne se ferme pas, et surtout ne se venge pas!

Dieu ne se venge pas! Dieu aime, il ne se venge pas, il nous attend pour nous pardonner, nous embrasser. A travers les «pierres rejetées» — et le Christ est la première pierre que les constructeurs ont rejetée —, à travers des situations de faiblesse et de péché, Dieu continue à mettre en circulation «le vin nouveau» de sa vigne, c’est-à-dire la miséricorde; voilà le vin nouveau de la vigne du Seigneur: la miséricorde.

Il n’y a qu’un obstacle face à la volonté tenace et tendre de Dieu: notre arrogance et notre présomption, qui devient parfois également de la violence! Face à ces attitudes et là où l’on ne porte pas de fruit, la Parole de Dieu conserve toute sa force de reproche et d’avertissement: «Le Royaume de Dieu vous sera retiré pour être confié à un peuple qui lui fera produire ses fruits» (v. 43).

L’urgence de répondre avec des fruits de bien à l’appel du Seigneur, qui nous appelle à devenir sa vigne, nous aide à comprendre ce qu’il y a de nouveau et d’original dans la foi chrétienne. Elle n’est pas tant une somme de préceptes et de normes morales, mais elle est avant tout une proposition d’amour que Dieu, à travers Jésus, a faite et continue de faire à l’humanité.

C’est une invitation à entrer dans cette histoire d’amour, en devenant une vigne vivace et ouverte, riche de fruits et d’espérance pour tous. Une vigne fermée peut devenir sauvage et produire des raisins sauvages.

Nous sommes appelés à sortir de la vigne pour nous mettre au service de nos frères qui ne sont pas avec nous, pour nous secouer mutuellement et nous encourager, pour nous rappeler que nous devons être la vigne du Seigneur dans tous les milieux, même les plus éloignés et les plus défavorisés.

Chers frères et sœurs, invoquons l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie afin qu’elle nous aide à être partout, spécialement dans les périphéries de la société, la vigne que le Seigneur a plantée pour le bien de tous et à apporter le vin nouveau de la miséricorde du Seigneur.

PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS – Place Saint-Pierre à Rome – dimanche 8 octobre 2017


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