reconnaissance de 19 martyrs en Algérie

Ce vendredi 26 janvier, le Pape François a autorisé la Congrégation pour les Causes des Saints à promulguer les décrets de béatification des 19 martyrs d’Algérie, au cours d’une audience avec le cardinal Angelo Amato, préfet de cette Congrégation .

les 19 martyrs entourant le Christ en croix | DR
les 19 martyrs entourant le Christ en croix | DR

L’évêque d’Oran, Mgr Pierre Claverie, six religieuses et onze moines, dont les sept cisterciens de Tibhirine, voient donc leur martyre reconnu par l’Église catholique, 21 ans après leur assassinat. Leur cause de béatification avait, elle, été ouverte en 2006 à Alger.

Les deux premiers de ces martyrs sont donc le Frère mariste Henri Vergès et Sœur Paul-Hélène Saint-Raymond, des petites Sœurs de l’Assomption, assassinés le 8 mai 1994 à Alger. Six mois plus tard, le 23 octobre 1994, deux autres religieuses sont assassinées: les Espagnoles Sœur Esther Paniagua Alonso et Sœur Caridad Alvarez Martín, religieuses augustines missionnaires.

Le 27 décembre 1994, quatre Pères – trois Français et un belge – sont tués à Tizi Ouzou: Jean Chevillard, Alain Dieulangard, Christian Chessel et Charles Deckers. Ils sont suivis le 3 septembre 1995 par deux Sœurs missionnaires de Notre-Dame des Apôtres: Angèle-Marie Littlejohn et Bibiane Leclercq. Le 10 novembre, c’est au tour de Sœur Odette Prévost, des petites Sœurs du Sacré-Cœur, d’être tuée.

Les moines de Tibéhiirine, dont sept martyrs
Les moines de Tibéhiirine, dont sept martyrs

Le 21 mai 1996, ce sont les sept moines de Tibéhirine, enlevés en mars 1996 dans leur monastère de Notre-Dame de l’Atlas, qui sont assassinés: le prieur Frère Christian de Chergé, Frère Luc Dochier, Frère Christophe Lebreton, Frère Michel Fleury, Frère Bruno Lemarchand, Frère Célestin Ringeard et Frère Paul Favre-Miville.

Leur mort avait été annoncé plusieurs semaines plus tard, par un communiqué du Groupe islamique armé (GIA). Seules les têtes des moines avaient ensuite été retrouvées, le 30 mai 1996, au bord d’une route, non loin du monastère.

Quelques mois plus tard, le 1er août 1996, meurt le dernier de ces martyrs d’Algérie: Mgr Pierre Claverie, 58 ans, dominicain et évêque d’Oran depuis octobre 1981, dans l’explosion d’une bombe déposée devant son évêché. Sur ces 19 martyrs, 16 sont ainsi Français, deux Espagnoles et un Belge.

En septembre 2017, le Pape s’était déjà montré très sensible à la signification du sacrifice de l’ancien évêque d’Oran et des 18 autres martyrs. Mgr Paul Desfarges, archevêque d’Alger, accompagné de l’évêque d’Oran, Mgr Jean Paul Vesco et du père Thomas Georgeon, postulateur de la cause en béatification de ces martyrs, avaient été reçus par le Pape François.

face à l’individualisme, réaffirmer la transcendance de l’homme

Que les pasteurs n’abandonnent pas les hommes mais les aident, «avec vérité et miséricorde», à discerner la volonté de Dieu pour le monde !

«L’homme d’aujourd’hui ne sait plus qui il est, et a donc du mal à reconnaitre comment bien agir.» Dans ce contexte, la Congrégation pour la Doctrine de la foi doit rappeler «la vocation transcendante de l’homme et l’indissoluble connexion de sa raison avec la vérité et le bien, introduite par la foi en Jésus Christ».

Photo : le désert lieu d’appel à ma transcendance

Car rien ne peut plus aider l’homme à se connaitre soi-même, et à connaitre le projet de Dieu pour le monde, que «l’ouverture de la raison à la lumière qui vient de Dieu».

Le travail de la congrégation est pour «réaffirmer le sens de la rédemption» face à «un individualisme qui se fie à ses propres forces pour se sauver». Il faut trouver les implications éthiques d’une anthropologie basée sur l’homme, en tant que sujet «essentiellement relationnel et muni d’une raison ample et spécifique», notamment dans le champ économique et financier.

Opposition à l’euthanasie et l’avortement

Enfin, les concepts «d’autodétermination et d’autonomie», ont porté à l’accroissement des demandes d’euthanasie «comme affirmation idéologique de la volonté de puissance de l’homme sur la vie». Il faut S’opposer aussi à la revendication de l’avortement comme «choix de société», le Pape encourage la réflexion mené durant la session plénière sur ces questions.

«Il est clair que là où la vie ne vaut pas pour sa dignité, mais pour son rendement et sa productivité, tout cela devient possible.» La dignité  de la vie humaine  est «intangible», de sa conception à sa fin naturelle.

«Prendre l’homme par la main»

«La douleur, la souffrance, le sens de la vie et de la mort sont des réalités que la mentalité contemporaine a du mal à affronter avec un regard plein d’espérance». C’est cette espérance que l’Église, et plus particulièrement la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, doivent porter au monde.

Il revient donc aux pasteurs de ne pas abandonner les hommes mais de les aider, «avec vérité et miséricorde», à retrouver leur destin authentique au bien. «Toute action visant à prendre l’homme par la main, quand il a perdu le sens de sa dignité et de son destin, pour le conduire avec confiance à reconnaitre la paternité aimante de Dieu, son bon destin et les routes pour construire un monde plus humain.»

Extraits du discours du Pape adressé en salle Clémentine aux membres de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, réunis en assemblée plénière, ce vendredi 26 janvier 2018

La foi se transmet avec le courage de la vérité

être sur terre le coeur de Dieu album Images du Sacré Coeur de Jésus
être sur terre le cœur de Dieu album Images du Sacré Cœur de Jésus

Trois mots à  identifier, selon le Pape, qui indiquent comment transmettre la foi: «folie», «témoignage» et «mère».

Dans la seconde lettre de saint Paul à Timothée (2 Tm 1,1-8), où l’apôtre évoque la «foi sans détours» de son disciple,  soulignons la «folie» de la prédication de Paul, qui lui permet de convertir Timothée. Certes, cette conversion ne se fait pas sans douleur, en témoignent les «larmes» de Timothée. Mais c’est justement parce que «Paul n’adoucit pas sa prédication de semi-vérités», qu’il devient le père de Timothée.

La bonne «folie» de la prédication

«La prédication donne une “gifle”.  C’est une gifle, une gifle qui t’émeut et te fait aller de l’avant. Et Paul, lui-même, parle de “la folie de la prédication.”»

Dire que Dieu s’est fait homme, a été crucifié, et est ressuscité, «c’est une folie». Notons le scepticisme auquel a pu faire face saint Paul à Athènes lorsqu’il annonçait la Bonne nouvelle. Ce «grain de folie» de la prédication contraste avec la «médiocrité» de la tentation et du faux bon sens, caractéristiques d’une foi «tiède».

Témoigner, ne pas calomnier

Deuxième mot-clé : le témoignage, qui donne force aux paroles. «Mais comme ils s’aiment», disait la foule en parlant des premiers disciples, reconnaissant dans cet amour leur appartenance chrétienne. Aujourd’hui, au contraire, un visiteur d’une quelconque paroisse s’exclamerait, «comme ils s’écorchent».

«La langue est un couteau pour écorcher l’autre! Et comment peux-tu transmettre la foi avec un air aussi pollué de potins, de calomnies?» À l’inverse, le témoignage dans les pas de Jésus –ne pas dire du mal des autres, faire des œuvres de charité, visiter des malades– interpelle. «C’est là que se transmet la foi», dans cette interrogation sur les origines des bonnes actions.

Le rôles des femmes

Enfin, la foi se transmet dans le giron maternel «parce que l’Église est mère», et que sa maternité se prolonge dans celle de toutes les mamans, des femmes.

Pour illustrer cette transmission, le Pape raconte l’histoire d’une sœur albanaise qu’il a connue. En prison durant la dictature, elle profitait de ses rares sorties pour marcher le long d’un fleuve. Dans l’eau de ce fleuve, elle baptisait alors, à l’insu de ses gardes, les enfants que lui portaient en secret les femmes des alentours. «Un bel exemple.»

En conclusion le Pape François s’interroge sur l’actualité de cette transmission de la foi par les mères et les grand-mères, comme ce fut le cas pour Timothée dans le passé. Il fait part de sa «tristesse» de voir des enfants ne pas savoir faire le signe de croix, faute d’une mère ou d’une grand-mère pour leur apprendre.

Le Saint-Père interroge également la préparation au mariage, se demandant si l’on informe les futurs mariées qu’elles devront transmettre la foi à leurs enfants.

De l’homélie du Pape, ce vendredi 26 janvier 2018, lors de la messe à la maison Sainte-Marthe

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