Les souffrances du monde…

… au cœur du Chemin de Croix romain

02-04-2015 source : Radio Vatican

Comme tous les ans, le Vendredi Saint, le Pape François a présidé la célébration de la Passion du Seigneur à partir de 17h, en la basilique Saint-Pierre. Ce rite austère se compose de la Liturgie de la Parole et de l’Adoration de la Croix suivies de la communion. Comme c’est la tradition, l’homélie a été prononcée par le prédicateur de la Maison Pontificale, le père Raniero Cantalamessa.

A 21h15, le Saint-Père s’est rendu au Colisée pour la traditionnel Chemin de Croix, un des temps forts de la Semaine Sainte à Rome, qui attire chaque année des dizaines de milliers de fidèles et de touristes. La tribune du Pape a été installée sous un dais, sur une terrasse du Palatin qui domine le célèbre amphithéâtre, alors que les lumignons des fidèles éclaraient la nuit romaine.

Cette année, le long du parcours, la croix a été portée, entre autres, par trois familles italiennes, par des religieuses dominicaines irakiennes, par des franciscains de la Custodie de Terre Sainte et par des fidèles venus de Syrie, du Nigéria, d’Égypte et de Chine. A la fin du rite, le Pape a adressé une brève allocution aux fidèles avant de donner sa bénédiction apostolique.

Cette année, les méditations ont été confiées à un prélat italien, Mgr Renato Corti, évêque émérite de Novare. Il y a dix ans, Mgr Corti avait été chargé de prêcher la retraite de Carême du Pape Jean-Paul II et de la Curie romaine. Il est connu entre autres pour l’attention qu’il accorde à la formation spirituelle du clergé et des laïcs. Le texte qu’il a préparé accorde une large place aux souffrances du monde, à la peine de mort, aux mauvais traitements infligés aux enfants et à la persécution des croyants.

« La croix est le sommet lumineux de l’amour de Dieu qui nous protège. Nous sommes nous aussi appelés à être gardiens par amour ». C’est le titre que Mgr Corti a voulu donner à ses méditations. L’amour de Dieu est le fil conducteur de ce texte ; un don qui engage les hommes et les femmes à être à leur tour les gardiens de la création et de leur prochain.

Des questions lancinantes

Au fil de quatorze stations, c’est Jésus lui-même qui livre ses sentiments et ses réflexions face aux persécutions religieuses, aux injustices, aux défis auxquels les familles sont confrontées. Les principaux protagonistes de ce texte sont les persécutés, les personnes abandonnées, les mineurs profanés et blessés dans leur intimité.

La montée au Calvaire laisse entrevoir les croyants emprisonnés, condamnés, massacrés à cause de leur foi ou de leur engagement en faveur de la justice et de la paix ; l’angoisse du Christ dévoile les âmes blessées par la solitude, l’abandon, l’indifférence, la maladie ; le mal infligé par la haine et par le mensonge. Lorsque Jésus est dépouillé de ses vêtements et humilié, le texte établit un rapprochement avec le trafic des êtres humains, les enfants soldats, l’esclavage.

Les questions sont lancinantes : pourquoi continue-t-on de torturer, de condamner à mort, d’exercer la violence ? Et c’est à Marie qu’est confié le prochain Synode sur la famille contemporaine tandis qu’une place est également réservée à la présence des femmes dans l’Eglise. Les méditations ont été enrichies par le testament spirituel de Shahbaz Bhatti, ministre pakistanais de confession catholique, défenseur infatigable de la liberté de religion, assassiné en mars 2011. Le texte cite également des écrits des pères de l’Eglise, de Paul VI et du cardinal Martini.

A la fin du Chemin de Croix, les paroles que l’auteur attribue à Jésus déchirent le silence de la peur devant la mort : mon corps est bloqué mais mon cœur est libre ; libre parce qu’il est habité par l’amour. Ce texte invite les fidèles à saisir ce que Jésus a pu ressentir au cœur des dernières heures de sa vie terrestre, à s’interroger sur les scandales du monde contemporain, comme la peine de mort encore pratiquée dans une soixantaine d’États, à demander pardon pour les enfants soldats, à s’inquiéter pour le sort des chrétiens d’Orient. Il propose une prière pour le droit fondamental à la liberté religieuse.

Jésus nous aime tous, sans limite

02-04-2015  source : Radio Vatican

L’Église est en chemin vers Pâques. À Rome, comme dans le reste du monde, les chrétiens se préparent à commémorer la mort et la résurrection du Christ. En ce Jeudi saint, le Triduum Pascal s’est ouvert. La messe de la Cène du Seigneur, présidée par le Pape François, a été célébrée dans la prison romaine de Rebbibia, dans l’Est de la capitale italienne.

Avant d’entrer dans la chapelle du pénitencier, le Souverain Pontife a longuement salué les membres du personnel du centre de détention et les détenus. Beaucoup l’ont embrassé, visiblement émus de le rencontrer.

Les prisonniers ont offert au Pape plusieurs cadeaux : un livre sur le Chemin de Croix, un crucifix, une icône en papier et un maillot flanqué d’un dessin représentant les barreaux d’une prison. Ils étaient ensuite 300 à assister à la messe in Coena Domini : 150 femmes, dont 15 mères avec leurs enfants, détenues dans la prison voisine, et 150 hommes. À l’extérieur de l’église se trouvaient plus de 300 autres prisonniers, le personnel pénitentiaire et administratif et des bénévoles, accompagnés des membres de leur famille. Des écrans géants avaient été installés à l’intérieur du pénitencier.

« Jésus nous aime, mais sans limite »

Dans son homélie, François s’est concentré sur une phrase, « centrale » selon lui, de l’Évangile du jour : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1-15). « Jésus nous aime, mais sans limite, toujours, jusqu’à la fin. Son amour pour nous n’a pas de limites. Il ne se fatigue pas d’aimer. Il nous aime tous, au point de donner Sa vie pour chacun d’entre nous. Son amour est ainsi, il est personnel. Son amour ne déçoit jamais, car Il ne se fatigue pas d’aimer, comme Il ne se fatigue pas de pardonner, de nous embrasser. »

Le Souverain Pontife explique ensuite ce geste « que les disciples ne comprenaient pas ». Laver les pieds, « c’était une habitude à cette époque, car quand les gens arrivaient dans une maison, elles avaient les pieds sales à cause de la poussière. Il n’y avait pas de pavés ! » plaisante alors François. Mais il ajouté : « ce n’était pas le maître de maison qui s’en chargeait, mais les esclaves. L’amour de Jésus est tel qu’il s’est fait esclave pour nous servir, pour nous guérir, pour nous nettoyer. » Un geste, précise le Saint-Père, que les disciples seraient amener à ne comprendre que plus tard.

« Il faut avoir la certitude que quand le Seigneur nous lave les pieds, Il nous purifie. Il nous fait sentir une nouvelle fois Son amour. » Puis s’adressant aux douze détenus à qui il lavera ensuite les pieds, il explique s’adresser à toutes les personnes présentes. Ajoutant qu’il a lui aussi besoin d’être laver par le Seigneur. « C’est pour cela que vous priez pendant cette messe, pour que je devienne plus esclave que vous, plus esclave dans le service envers les personnes, comme l’a été Jésus ».

Le Saint-Père a ainsi lavé les pieds de six prisonnières – deux Nigérianes, une Congolaise, une Équatorienne et deux Italiennes – et de six prisonniers, dont un Brésilien et un Nigérian.

hommage aux martyrs chrétiens

2015-04-01 Radio Vatican

(L’audience générale du Pape a été consacrée ce mercredi au Triduum Pascal, mystère central de la foi chrétienne qui commence dans la soirée du Jeudi Saint par la messe de la Cène du Seigneur et s’achève le dimanche de Pâques. C’est le sommet de l’année liturgique.

Le Pape François a voulu saisir cette occasion pour rendre hommage aux martyrs chrétiens de notre temps. Il a tenu en particulier à évoquer le souvenir d’un prêtre italien du diocèse de Rome et missionnaire en Turquie : le père Andrea Santoro, tué en février 2006 à Trabzon alors qu’il priait dans son église après la messe dominicale.

Un jeune turc a été condamné, mais des zones d’ombres subsistent et la justice turque pourrait rouvrir le dossier. Le Saint-Père a parlé du père Santoro comme d’un témoin héroïque de notre temps. Quelques jours avant sa mort, il écrivait : « Je suis ici pour habiter au milieu de ces gens et permettre à Jésus de le faire en lui prêtant ma chair. On ne devient capable de salut qu’en offrant sa propre chair. Le mal du monde doit être porté et la douleur doit être partagée en l’absorbant jusqu’au bout dans sa chair comme l’a fait Jésus. »

Le Souverain Pontife a souhaité que son exemple et celui de tant d’autres nous aide à offrir notre vie comme un don d’amour pour nos frères, en imitant Jésus. Au cours des siècles, des hommes et des femmes ont rayonné par le témoignage de leur existence, l’amour parfait, pur, total. Aujourd’hui encore, il y a des martyrs qui offrent leur vie avec Jésus, uniquement en raison de leur foi. C’est un service, le service du témoignage chrétien jusqu’au sang.

Pour le Pape, il serait beau que chacun de nous, à la fin de sa vie, avec ses erreurs et ses péchés, avec ses bonnes œuvres et son amour du prochain, puisse dire au Père, comme Jésus bien que sans sa perfection : Seigneur, j’ai fait ce que j’ai pu. Tout est accompli.

À l’approche du Triduum Pascal

Commentant le sens du Triduum Pascal, François a mis en garde les fidèles contre la résignation et les regrets. Quand l’obscurité de la nuit semble envahir notre âme, quand nous avons le sentiment qu’il n’y a plus rien à faire et notre cœur n’a plus la force d’aimer, le Christ vient allumer le feu de l’amour de Dieu, une lueur qui brise les ténèbres et annonce quelques chose de nouveau. La pierre de la douleur est renversée laissant la place à l’espérance. C’est le grand mystère de la Pâques, du Christ qui a triomphé de la mort.

Le Pape François est revenu sur les temps fort du Triduum Pascal qui évoquent la passion, la mort et la résurrection de Jésus. Lors de la dernière Cène, Jésus a offert son Corps et son Sang en nourriture à ses Apôtres. La célébration du Jeudi Saint fait mémoire du Lavement des pieds, qui a la même signification que l’Eucharistie : Jésus est venu pour se faire serviteur et offrir sa vie. Dans la liturgie du Vendredi Saint, nous méditons le mystère de la mort du Christ et nous adorons la Croix, sur laquelle l’œuvre du salut est accomplie. Suite à ce combat victorieux, l’Église contemple le Christ au tombeau, dans le « repos » du Samedi Saint. Elle est comme Marie, parfaite croyante qui conserva la foi et qui espéra contre toute espérance en la résurrection de Jésus. Après la longue veille dans l’obscurité de la Vigile pascale, l’Alléluia de la résurrection retentit de nouveau. Le feu de l’amour de Dieu illumine la nuit : le Christ a vaincu la mort, et nous avec lui.

Le Saint-Père a invité les fidèles à entrer de tout leur cœur dans la célébration des mystères que la liturgie de l’Église nous offre ces prochains jours et à partager les sentiments et les attitudes que Jésus a connu aux jours de sa passion.

Résumé de l’Audience –>

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