devenir comme des enfants

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 18 mars 2015

condensé


 

Chers frères et sœurs, je parlerai aujourd’hui des enfants. Ils nous rappellent qu’au début de notre vie, nous avons tous été totalement dépendants des autres. Et le Fils de Dieu lui-même a voulu passer par là ! Dans l’Évangile, nous trouvons des paroles fortes de Jésus sur ces « petits », qui désignent toutes les personnes qui dépendent des autres, et en particulier les enfants. Ils sont une richesse pour l’humanité et pour l’Église, parce qu’ils sont un rappel constant à ne pas nous considérer autosuffisants, mais comme ayant besoin d’aide, d’amour, de pardon, condition nécessaire pour entrer dans le Royaume de Dieu. Nous ne sommes pas les maîtres de notre existence. Nous sommes radicalement dépendants. Les enfants regardent la réalité avec un regard confiant et pur ; ils ont la capacité de recevoir et de donner de la tendresse. Ils savent sourire et pleurer, ce que les adultes ont besoin d’apprendre à nouveau. Ils apportent la vie, la joie, l’espérance, mais aussi des préoccupations; cependant il vaut mieux une société qui connait ces préoccupations, qu’une société triste qui reste sans enfants.

J’accueille avec plaisir les pèlerins francophones, en particulier les jeunes venus nombreux, et le groupe du Secours catholique de Marseille.

Le temps du Carême est un temps favorable pour « devenir comme des enfants », parce que « le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent ». Que Dieu vous y aide et vous bénisse !


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Ne fermez pas cette porte

17-03-2015 source : L’Osservatore Romano

Christ Healing the Paralytic at the Pool of BethesdaLe Carême est un temps propice pour demander au Seigneur, « pour chacun de nous et pour toute l’Église », la « conversion à la miséricorde de Jésus ». Trop souvent en effet, les chrétiens « se font une spécialité de fermer la porte au nez des personnes» qui, usées par la vie et par leurs erreurs, seraient en revanche disposées à recommencer, « des personnes dont l’Esprit Saint bouge le cœur pour les faire aller de l’avant ».

La loi de l’amour est au centre de la réflexion que le Pape François a menée, lors de la Messe de mardi 17 mars à Sainte-Marthe, à partir de la liturgie du jour. Une parole de Dieu qui part d’une image : « les eaux qui deviennent saines » (Ez 47, 1-9.12).

L’eau revient dans l’Évangile de Jean (5, 1-16) où l’on fait le récit d’une piscine caractérisée par « cinq portiques, sous lesquels gisaient une multitude d’infirmes, aveugles, boiteux, impotents. » En ce lieu en effet, « il existait une tradition » selon laquelle « par moments un ange descendait du ciel » pour agiter les eaux et les infirmes « qui s’y jetaient » à ce moment-là « étaient assainis. »

C’est pour cela, a expliqué le Souverain Pontife, « qu’il y avait beaucoup de gens ». Et c’est pour cela que s’y trouvait également « un homme qui depuis trente-huit ans était malade ». Il était là à attendre, et Jésus lui demanda : « Veux-tu guérir ? ». Le malade répondit : « Mais, Seigneur je n’ai personne pour me jeter dans la piscine, quand l’eau vient à être agitée ; et, le temps que j’y aille, un autre descend avant moi ». Il était malade, mais « pas seulement paralytique » : il souffrait en effet d’ « une autre maladie très grave », l’acédie.

« C’est l’acédie qui le rendait triste, paresseux », a-t-il remarqué. Une autre personne aurait en effet « chercher un moyen d’y arriver à temps, comme cet aveugle à Jéricho qui criait, criait, et plus on voulait le faire taire plus il criait : il a trouvé le moyen ». Mais lui, prostré par la maladie depuis trente-huit ans, « n’avait pas envie de guérir », il n’avait pas de « force ». Dans le même temps, il avait de l’amertume dans l’âme : « Mais l’autre arrive avant moi et je suis laissé de côté » ». Et il avait « aussi un peu de ressentiment ». C’était « vraiment une âme triste, vaincue, vaincue par la vie. »

« Jésus prend pitié » de cet homme et l’invite : « Lève-toi, finissons-en avec cette histoire ; prends ton grabat et marche ». C’est alors qu’entrent en jeu d’autres personnages : « C’était le sabbat et qui rencontre cet homme ? Les docteurs de la loi », qui lui demandent : « Pourquoi portes-tu cela ? C’est le sabbat. Il ne t’est pas permis de porter ton grabat ». Et l’homme de répondre : « Mais tu sais, j’ai été guéri ! ». Et d’ajouter : « Et celui qui m’a guéri m’a dit : « Prends ton grabat et marche ». »

En poursuivant dans la lecture de l’Évangile, l’on rencontre Jésus qui « trouve cet homme une nouvelle fois et lui dit : « Te voilà guéri, mais ne revient pas en arrière – c’est-à-dire ne pèche plus – de peur qu’il ne t’arrive pire encore. Va de l’avant, continue à aller de l’avant » ». Et cet homme va voir les docteurs de la loi pour leur dire : « La personne, l’homme qui m’a guéri s’appelle Jésus. C’est lui ». Et on lit : « C’est pourquoi les Juifs persécutaient Jésus : parce qu’il faisait ces choses-là le jour du sabbat. Parce qu’il faisait le bien même le jour du sabbat, et cela ne pouvait se faire. »

Cette histoire « se produit tant de fois dans la vie : un homme – une femme – qui se sent malade dans son âme, triste, qui a commis tant d’erreurs dans sa vie, à un certain moment sent les eaux s’agiter, c’est l’Esprit Saint qui fait bouger quelque chose ; ou entend une parole ». Puis il réagit : « Je voudrais tant y aller ! ». C’est ainsi qu’il « prend courage et qu’il y va ». Mais cet homme, « combien de fois aujourd’hui dans les communautés chrétiennes, trouve-t-il les portes fermées ». Sans doute s’entend-il dire : « Toi tu ne peux pas, non, tu ne peux pas ; tu as commis une erreur ici et tu ne peux pas. Si tu veux venir, viens à la Messe dimanche, mais restes-en là, n’en fais pas davantage ». C’est ainsi que « ce que fait l’Esprit Saint dans le cœur des personnes, les chrétiens à la psychologie de docteurs de la loi le détruisent ».

Aujourd’hui aussi il existe des chrétiens qui se comportent comme les docteurs de la loi et « font la même chose que ce qu’ils faisaient avec Jésus », en objectant : Mais celui-là, celui-là profère une hérésie, cela ne peut se faire, cela va à l’encontre de la discipline de l’Église, cela va à l’encontre de la loi ». Et c’est ainsi qu’ils ferment les portes à tant de personnes. C’est pour cela que « nous demandons aujourd’hui au Seigneur » la « conversion à la miséricorde de Jésus » : c’est seulement ainsi que « la loi sera pleinement accomplie, parce que la loi est d’aimer Dieu et son prochain comme nous-mêmes ».

Dieu est plein d’amour pour nous…

… et a des rêves d’amour pour nous

16-03-2015 Radio Vatican

Dans son homélie quotidienne prononcée lors de la messe à la Chapelle Sainte-Marthe, le Pape est parti ce lundi de la première lettre du prophète Isaïe, quand le Seigneur dit qu’il créera « de nouveaux cieux et une nouvelle terre ». Cette seconde Création de Dieu est encore plus « merveilleuse » que la première, car « quand le Seigneur « refait » le monde ruiné par le péché, il le « refait » en Jésus-Christ ». C’est dans cet acte qu’il exprime son immense joie : « le Seigneur rêve. Il a ses propres rêves à propos de nous ».

Le Seigneur pense à la joie partagée avec son peuple et il s’en réjouit à l’avance, comme quand un fiancé rêve de ce qu’il fera avec sa fiancée, quand ils se marieront. « Dieu pense à chacun de nous et nous veut du bien, il « rêve » de nous. Il rêve de cette joie qu’il pourra partager avec nous. C’est pour cela que le Seigneur veut nous « re-créer », refaire notre cœur, « re-créer » notre cœur pour faire triompher la joie. » Ces rêves de Dieu sont les rêves d’un amoureux, et le Seigneur « est amoureux de son peuple. » Cet amour se manifeste quand Il dit à son peuple : « je ne t’ai pas choisi parce que tu es le plus fort, le plus grand, le plus puissant. Je t’ai choisi car tu es le plus petit de tous. Tu pourrais même dire le plus miséreux de tous. Mais je t’ai choisi ainsi. »

Recevoir l’amour de Dieu, sans l’expliquer

Cet amour envers nous de Dieu est « inexplicable, c’est quelque chose qu’aucun théologien ne peut expliquer. On peut seulement le penser, le ressentir et pleurer. De joie. » Le Seigneur peut nous changer et pour cela, nous devons seulement croire, « croire que le Seigneur peut me changer, qu’Il est puissant ». L’Évangile du jour pour le démontrer parle de la guérison du fils de l’officier royal : « cet homme qui a un fils malade dit à Dieu : « Seigneur, descends, avant que mon fils ne meure« . Et le Seigneur lui répond « va, ton fils est vivant ! » Cet homme croit aux paroles de Jésus et s’est mis en chemin. Croyez. Croyez que Jésus avait le pouvoir de changer son fils, la santé de son fils. Et Il a vaincu. La foi consiste à créer un espace pour cet amour de Dieu, à sa puissance, au pouvoir de Dieu. Mais il ne s’agit pas d’un pouvoir de quelqu’un qui est très puissant, c’est le pouvoir de quelqu’un qui m’aime, qui est amoureux de moi et qui veut partager la joie avec moi. C’est cela la foi, croire : faire de la place au Seigneur pour qu’Il vienne et me change. »

site officiel en France