EUCHARISTIE MÉDITÉE 20

EUCHARISTIE MÉDITÉE 20

L’Orage.

Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. Mt. 8, 25 ;  Mc 4, 38 ; Lc 8, 24

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

20e ACTION DE GRÂCES.

Environné de périls, qui me pressent de toutes parts, où fuir, où me réfugier, ô Jésus, si ce n’est vers vous qui êtes seul mon appui, mon protecteur et ma force? Ayez pitié de moi, Seigneur, selon toute l’étendue de votre grande, de votre infinie miséricorde. Voyez ma faiblesse, ô mon aimable Sauveur. Mon âme est votre bien, elle vous appartient, elle est le prix de votre sang, ne souffrez pas qu’ils vous la ravissent.

Sauvez-la, armez-vous pour sa défense, confondez ceux qui veulent sa perte et faites-leur sentir la force de votre bras. Ouvrez, ô Jésus, ouvrez à cette âme haletante et fatiguée de luttes et de combats, l’asile sacré de votre divin cœur ; laisse-la se reposer en lui, y reprendre des forces et du courage pour soutenir les assauts qui l’attendent encore.

Mais, Seigneur, peut-être n’ai-je pas résisté avec assez d’énergie et de courage, peut-être me suis-je laissé séduire par le charme de la tentation, et voyez-vous le cœur que j’ai osé unir au vôtre. Ah ! cette pensée  et remplit mon âme de tristesse et de crainte.

Vous le savez, ô Jésus, le seul nom de la communion indigne me pénètre d’une indicible horreur et je préférerais me servir du don de votre amour, du plus grand de vos bienfaits. Vous le savez, Seigneur, telle n’a jamais été, telle ne sera jamais ma volonté, et si mon âme ne vous offre pas toute la pureté requise pour la réception de cet auguste sacrement, si vous découvrez en elle quelque tache inconnue, pardonnez à mon ignorance, ô miséricordieux Sauveur.

Lavez dans votre sang adorable les fautes que je connais et celles que je ne connais pas, faites-le couler sur chacune des blessures de mon âme. Soyez pour elle le charitable samaritain qui pense et guérisse ses plaies; que ce sang divin versé pour elle avec tant de profusion et que vous lui donnez avec tant d’amour dans votre Eucharistie, la lave, la purifie, et lui rende à vos yeux sa première beauté.

C’est en vous, en vous seul que je me confie, ô Jésus, je connais ma faiblesse, je la redoute, et je sais que, livré à moi-même, à mes propres forces, je ne puis rien que vous offenser et vous trahir; mais je sais aussi qu’uni à vous, aidé, soutenu de votre grâce, je puis tout, et comme le grand apôtre je puis dire quand je vous sens vivre en moi par la sainte communion : Je puis tout en celui qui me fortifie. Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus-Christ qui vit en moi.

Aidé et soutenu par sa grâce, rien ne pourra me séparer de lui et arracher son amour de mon cœur. Que Satan redouble ses efforts, que le monde s’efforce de me séduire par ses menaces, que l’orage gronde autour et au-dedans de moi, Jésus est avec moi, il est le garant de ma fidélité, c’est dans son divin cœur que j’ai déposé mes promesses, c’est lui que j’ai constitué le protecteur de ma faiblesse, il saura bien m’en garantir, et il ne permettra pas que je sois infidèle.

Oui, c’est en vous seul que j’espère, ô Jésus, c’est en votre amour, en votre bonté que je me confie. C’est en vain que vous paraissez sourd à mes cris de détresse, à mes humbles et pressantes supplications, c’est en vain que vous semblez dormir au fond de cette frôle barque de mon âme, que la tempête ballotte et que les flots de la tentation sont prêts à submerger.

J’espérerai, s’il le faut, contre toute espérance, je redoublerai mes cris et mes prières, et mon espérance ne sera point confondue. Oui, quand le vent de l’orgueil semblera élever jusqu’au ciel mon frêle esquif, ou que le calme du découragement s’efforcera de le précipiter jusqu’au fond de l’abîme, vous serez mon humilité, ô Jésus, vous serez mon courage, vous me rappellerez que vous faites tout servir au bien de vos élus, et que la tentation repoussée courageusement n’est pas un mal, mais une source de mérites.

Si c’est par le courant de plaisirs malsains que mon âme est prête à se laisser entraîner,  je me réfugierai au pied de votre croix, ô mon Sauveur, je m’y attacherai par toutes les puissances de mon âme, et le souvenir de vos souffrances, de votre mort et de votre sang versé pour moi avec tant d’amour, amortira en moi l’attrait du plaisir et m’obtiendra la grâce de la victoire.

Oui, ô Jésus, j’en ai la confiance, votre sommeil n’est qu’apparent, votre cœur veille sur moi, et vos délais à me secourir ne sont qu’une nouvelle épreuve à laquelle vous soumettez ma foi et ma fidélité; mais bientôt vous ferez cesser cette épreuve, vous vous éveillerez, vous vous lèverez, vous commanderez avec autorité aux vents et à la mer, et vous rendrez à cette âme qui espère en vous et qui vous aime, le calme et la paix.

Ne permettez pas, Seigneur, que me confiant en vous, je me confie aussi en mes propres forces, et que par une imprudente et téméraire présomption, je m’expose volontairement au péril. Ce serait alors courir à ma perte, car vous n’avez pas promis le secours de votre grâce à celui qui cherche le danger et qui l’aime.

Ah ! pénétrez profondément mon âme du sentiment de sa faiblesse, ô Jésus, ne permettez pas qu’elle oublie jamais sa misère, le triste penchant qui l’incline si fortement au mal. Que le souvenir du passé, de tant de circonstances où elle a fait la triste expérience de l’inconstance et de la faiblesse de sa volonté, la rende prudente pour l’avenir et lui inspire une sage défiance d’elle-même.

Faites, ô Jésus, que je sois aussi vigilant à veiller, je dois et je veux veiller sur mes sens qui sont comme les portes par lesquelles la mort peut s’insinuer dans mon âme. Je veux surtout veiller sur mon cœur, sur ce cœur si insensible pour vous, ô mon Dieu, mais  si facile à se laisser séduire par les charmes trompeurs.

Mais je le sens, ô Jésus, quelle que soit ma vigilance, elle sera vaine, si vous ne veillez avec moi, pour moi et sur moi. Ah ! vous êtes entré dans mon âme, ô vigilant pasteur, elle vous appartient, elle est votre bien, votre héritage, votre conquête, vous l’avez acquise au prix de votre sang, rachetée  par vos souffrances et votre mort sur la croix, à tous les titres elle est à vous, mais elle est encore à vous par sa propre volonté.

Ne s’est-elle pas mille fois donnée à vous, ô Jésus, entièrement, volontairement et pour toujours? Veillez donc sur elle, comme sur votre héritage, veillez sur mes sens, et s’il faut la souffrance pour les assujettir à votre loi, je la bénirai et l’accepterai avec joie.

Veillez sur ce cœur dont vous voulez l’entière possession, cachez-le dans le vôtre, échauffez-le, embrasez-le au contact de ce cœur adorable. Concentrez en vous seul toute sa puissance d’aimer, et ne permettez pas qu’il vous dérobe la moindre de ses affections.

O Marie, vierge immaculée, Reine, protectrice et modèle des vierges, vous qui êtes terrible au démon comme une armée rangée en bataille, vous qui ayez foulé de votre pied vainqueur la tête de l’ennemi du genre humain, et dont le nom seul met en fuite et fait trembler les puissances infernales, étendez sur moi votre main maternelle, couvrez-moi de votre toute-puissante protection, et qu’elle soit pour moi un bouclier contre lequel viennent s’émousser et se briser tous les traits de mes ennemis.

C’est à votre cœur que je fais appel, ô Marie ; ce cœur est un cœur de mère, et le cri d’angoisse de votre enfant ne saurait le laisser insensible. Souvenez-vous, ô Vierge sainte, que c’est sur le Calvaire que vous êtes devenue ma mère, que j’ai reçu ce titre de votre enfant qui m’assure à jamais votre protection et votre amour.

Ah ! si mon âme est le prix du sang de votre bien-aimé Jésus, elle est aussi celui de vos larmes, de vos douleurs au pied de sa croix, ne la laissez donc pas périr ; défendez-la. Après Jésus, vous êtes, ô Marie, mon unique espérance. Oui, j’espère en votre bonté, en votre maternel amour, et mon espérance, j’en ai la douce confiance, ne sera pas confondue. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut

Comme étranger et voyageur sur la terre

Comme étranger et voyageur sur la terre

3* SEMAINE APRÈS PÂQUES : VENDREDI

Telle est donc la condition chrétienne et sa joie. Les disciples du Christ restent solidaires de tous les hommes, dont ils partagent intégralement la pénible condition : travail, souffrances, mort. Saint Pierre nous demande de ne pas nous soustraire à nos tâches politiques ou sociales.

Seulement, nous avons sur les autres hommes l’avantage de savoir que si, de toute manière, nous passons, c’est pour aller à une plénitude plus totale et définitive. Homo viator. Être homme, c’est passer, « comme étranger et voyageur » sur la terre. Mais si l’on a un but, le vagabondage se change en pèlerinage.

Ainsi aiderons-nous mieux nos frères. A construire la cité terrestre tous les hommes peuvent contribuer- Nous y devons travailler comme les autres, plus que les autres, car il n’y aura jamais trop de bonnes volontés.

Mais nous devons surtout leur apporter ce bienfait incomparable et qui ne leur viendra normalement que de nous : que « notre belle conduite les éclaire », de façon qu’ils soient eux-mêmes gagnés à cette douce lumière pascale, et puissent « glorifier Dieu au jour de sa visite » (1 P. 2,12).

EUCHARISTIE MÉDITÉE 19

EUCHARISTIE MÉDITÉE 19

Les Brouillards.

Seigneur, faites que je voie. Mc 10, 51

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

19e ACTION DE GRÂCES.

Je vous ai près de moi, ô adorable Sauveur, et cependant la foi seule me révèle votre divine présence ; des ténèbres me cachent la lumière de votre visage, mon esprit est troublé, mon cœur sans sentiment, sans force, sans énergie, et mon âme, pleine de tristesses et d’angoisses, lutte avec peine contre le découragement et se sent prête à défaillir.

Où êtes-vous, Seigneur? Où vous cachez-vous donc? Où faut-il vous chercher, si je ne vous trouve plus là où si souvent vous vous êtes révélé à mon âme avide de vous avoir, où tant de fois vous l’avez enivrée des joies de votre amour et de l’abondance de vos divines consolations? Hélas ! je vous cherche, je vous appelle en vain, vous paraissez sourd à la voix de mon humble prière comme au cri de ma douleur.

M’avez-vous donc abandonnée, ô Jésus, avez-vous rejeté pour toujours cette âme qui n’aspire qu’à vous, qui ne veut que vous et qui ne trouve qu’en vous sa joie, sa force, son bonheur et sa vie! Oh! vous le voyez, Seigneur, malgré vos rigueurs, malgré cette soustraction de votre présence qui fait couler ses larmes, sa volonté est toujours à vous, et si elle ne peut plus sentir votre amour, elle veut toujours vous aimer.

Mais ce sont mes infidélités, ô Jésus, et mon ingratitude qui vous ont forcé à vous éloigner de moi. J’ai abusé de vos grâces, j’ai blessé votre cœur par ma lâcheté à me vaincre, et à vous offrir les légers sacrifices que votre amour semblait me demander. Peut-être même n’ai-je pas reculé devant des fautes volontaires, parce qu’elles me semblaient légères.

J’ai blessé ainsi la délicatesse de votre amour, j’ai abreuvé votre divin cœur d’amertume et de douleur, et je le reconnais en gémissant, c’est ma seule malice qui a élevé entre vous et moi le nuage qui me cache la splendeur de votre face.

Pardonnez-moi, ô adorable Sauveur. Vous avez promis de ne pas repousser le cœur contrit et humilié, ne repoussez donc pas le mien ; voyez la sincérité de son repentir, l’amertume de sa douleur et sa ferme résolution de vous servir désormais avec plus de fidélité et de générosité.

Rien ne vous est caché, Seigneur, votre œil pénètre les replis les plus secrets de notre conscience et de notre cœur, et vous voyez que ce qui fait couler mes larmes, ce qui remplit mon âme d’une douleur si vive et si profonde, c’est bien plus le regret de vous avoir déplu, qu’un châtiment que vous m’imposeriez.

Ô bien-aimé Sauveur, mes misères sont grandes, mais votre miséricorde est plus grande encore, et jusque dans les rigueurs de votre justice, j’entrevois la tendresse de votre miséricordieux amour.

Oui, Seigneur, je crois à votre amour, j’espère en lui, malgré mon indignité ; vous avez trop fait pour mon âme pour l’abandonner et pour la perdre, et vos miséricordes passées me sont un gage de vos miséricordes à venir. C’est vous que j’ai offensé, ô mon Sauveur, c’est à vous que j’ai eu le malheur de déplaire, et cependant c’est en vous seul que j’espère, c’est à vous seul que j’ai recours au jour de mon affliction.

Si j’avais blessé le cœur d’un ami, d’un frère, d’un père, d’une mère même, je pourrais craindre de ne pas obtenir mon pardon, mais votre amour, je le sais, est plus grand, plus indulgent, plus généreux que ne le sont tous les amours de la terre, et quelque coupable que je sois, je sais que vous êtes plus miséricordieux encore que je ne suis coupable, et que votre bonté surpasse ma malice.

Aussi, ô Jésus, j’espère en vous, je veux espérer, s’il le faut, contre toute espérance, et dussiez-vous me  montrer toujours un visage sévère ou irrité, ma confiance n’en serait pas altéré; et rempli de la sainte audace qu’elle inspire, j’irais me cacher jusque dans les profondeurs de votre divin cœur.

Ah! laissez-moi, Seigneur, laissez-moi dès cet instant, chercher un refuge dans ce cœur adorable. N’est-il pas l’asile que vous avez ouvert et que vous offrez à tous, aux pécheurs comme aux justes? Je viens y chercher un refuge, y abriter mon âme triste et désolée ; laissez-moi m’abîmer dans cet océan d’amour et de miséricorde.

En vous donnant tout à moi, ô Jésus, vous me donnez tout ce que vous êtes, tout ce que vous possédez. Vous me donnez vos mérites, votre sang adorable, non pas seulement un peu de ce sang qui a payé la rançon de mon âme et celle de tous les pécheurs, mais vous me le donnez tout entier.

Je puis dire avec vérité en ce moment où je vous possède par la sainte communion : Il est pour moi le sang divin de Jésus, qui a jailli des plaies de son corps adorable, déchiré de verges dans le prétoire ; il est pour moi le sang qu’ont fait couler les épines de sa douloureuse couronne. Ils sont pour moi les ruisseaux de sang qui ont jailli de son divin cœur percé par la lance d’un soldat romain.

Ah ! puisque votre amour dans son infinie libéralité m’a mis en possession d’un trésor dont la valeur est plus que suffisante pour racheter le monde, souffrez que je l’offre à votre Père et que je lui dise en lui offrant ce trésor inestimable : De moi-même, ô mon Dieu, je suis insolvable, mais votre divin Fils m’a rendu riche,  que cette divine offrande attire votre miséricorde sur moi, sur le monde entier, et en particulier sur les âmes  que j’ai confiées à la tendre sollicitude du cœur de Jésus.

O Marie, ma sainte Mère, vous la plus pure et cependant la plus affligée des créatures, par la douleur dont fut percé votre cœur maternel lorsque vous avez perdu Jésus, par vos larmes et vos angoisses pendant les trois jours où vous l’avez cherché, je vous conjure maintenant d’avoir pitié de ma peine, de me venir en aide, de m’initier à vos sentiments d’humilité, de patience, de rendre ma volonté entièrement conforme à celle de Jésus. Ainsi soit-il.

D’après Léonie Guillebaut

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