SOLENNITÉ DE L’ÉPIPHANIE

SOLENNITÉ DE L’ÉPIPHANIE

Il y a dix ans exactement le Pape Benoît XVI qui vient de nous quitter s’exprimait ainsi pour la fête de l’Épiphanie lors de l’Angélus ;

Chers frères et sœurs,

Nous célébrons surtout aujourd’hui l’Épiphanie du Seigneur, sa manifestation aux nations, alors que, selon le calendrier Julien, de nombreuses Églises orientales fêtent Noël. Cette légère différence, qui fait se superposer les deux moments, fait ressortir que cet Enfant, né dans l’humilité de la grotte de Bethléem, est la lumière du monde, qui oriente la route de tous les peuples.

C’est un rapprochement qui fait réfléchir aussi du point de vue de la foi : d’une part, à Noël, devant Jésus, nous voyons la foi de Marie, de Joseph et des bergers ; aujourd’hui, à l’Épiphanie, la foi des trois Mages, venus d’Orient, pour adorer le roi des juifs.

La Vierge Marie, et son époux, représentent la « souche » d’Israël, le « reste » annoncé par les prophètes, dont devait germer le Messie. Les Mages représentent en revanche les peuples et nous pouvons dire aussi les civilisations, les cultures, les religions qui sont pour ainsi dire en marche vers Dieu, à la recherche de son Royaume de paix, de justice, de vérité et de liberté.

Il y a tout d’abord un noyau, personnifié en particulier par Marie, la « Fille de Sion » : un noyau d’Israël, le peuple qui connaît et a foi en ce Dieu qui s’est révélé aux patriarches, et sur la route de l’histoire. Cette foi arrive à son achèvement dans Marie, à la plénitude des temps ; en elle, « bienheureuse parce qu’elle a cru », le Verbe s’est fait chair, Dieu est « apparu » dans le monde.

La foi de Marie devient les prémices et le modèle de la foi de l’Église, peuple de la Nouvelle alliance. Mais dès le début, ce peuple est universel, et nous le voyons aujourd’hui dans les figures des Mages qui arrivent à Bethléem en suivant la lumière d’une étoile et les indications des Saintes Écritures.

Saint Léon le Grand affirme : « Autrefois, une descendance innombrable qui aurait été engendrée non selon la chair mais selon la fécondité de la foi a été promise à Abraham » (Discours 3 pour l’Épiphanie, 1 : pl 54, 240).

La foi de Marie peut être rapprochée de la foi d’Abraham : c’est le commencement nouveau de la même promesse, du même immuable dessein de Dieu, qui trouve à présent son plein accomplissement en Jésus Christ.

Et la lumière du Christ est si limpide, et forte qu’elle rend intelligible aussi bien le langage du cosmos que celui des Écritures si bien que tous ceux qui, comme les Mages, sont ouverts à la vérité peuvent la reconnaître et arriver à contempler le Sauveur du monde.

Saint Léon dit encore : « Qu’elle entre, qu’elle entre donc dans la famille des patriarches la grande foule des nations (…). Que tous les peuples (…) adorent le Créateur de l’univers, et que Dieu soit connu non seulement en Judée, mais par toute la terre » (ibid.).

À l’issue de l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Je suis heureux de saluer les pèlerins francophones et particulièrement nos frères chrétiens d’Orient qui célèbrent le Saint Noël. L’Épiphanie manifeste que le salut apporté par le Christ est pour tous. En adorant cet Enfant, c’est-à-dire en croyant qu’il est Dieu, notre Sauveur et notre Roi, recevons la mission qu’il nous confie : le faire connaître à ceux qui nous entourent.

Soyons comme une étoile pour les personnes qui cherchent l’espérance et repartons de la crèche comblés de la joie de Noël ! Bonne fête à tous !

Je souhaite à tous une bonne fête, dans la lumière et dans la paix du Noël de Notre Seigneur Jésus Christ ! Merci ! Bonne fête et beaucoup de joie.

BENOÎT XVI ANGÉLUS Place Saint-Pierre Dimanche 6 janvier 2013

© Copyright 2013 – Libreria Editrice Vaticana

Servir et contempler avec Marie

Servir et contempler avec Marie

Christ dans la maison de ses parents huile sur toile - John Everett Millais 1829-1896
Christ dans la maison de ses parents huile sur toile – John Everett Millais 1829-1896

Le Christ Jésus fut entouré de l’unique amour de la bienheureuse Vierge Marie, soit qu’elle servît son humanité, soit qu’elle fût attentive à la contemplation de sa divinité. Un sage a appelé Marie «la philosophie des chrétiens», philosophie voulant dire «amour de la Sagesse».

En effet, d’une part les chrétiens aiment trouver la vraie sagesse en Marie ; d’autre part, dans le Christ, la sagesse même des chrétiens, Marie aime, mieux que tous les hommes, et servir son humanité, et contempler sa divinité. Marie sert le Christ en personne — Fils de Dieu et le sien — certes par des actions extérieures, mais surtout par sa propre substance, lui offrant l’hospitalité de son sein.

Dans la tendre enfance du Christ, elle aide la faiblesse de son humanité, le caressant, le lavant, le soignant ; avec Joseph, elle porte en Égypte celui qui fuit la persécution d’Hérode et elle le ramène ; enfin elle se tient près de lui alors qu’il meurt sur la croix ; elle assiste à son ensevelissement, et elle souffre alors tellement que, selon la prédiction de Siméon, son âme est transpercée du glaive aigu de la douleur.

Dans la contemplation aussi elle est supérieure à tous. En vérité, quelle contemplative doit être celle qui a porté en elle la divinité même, unie à sa chair en la personne du Fils de Dieu ! Ce Verbe qui était auprès de Dieu depuis le commencement, et qui est Dieu, c’est lui qu’elle porte, puis écoute, elle converse avec lui, se réjouit avec lui, le contemple. Le Christ est la puissance et la sagesse de Dieu (1 Corinthiens 1,24).

En étant en Marie ; en elle s’est trouvée dès lors toute la et la sagesse de Dieu . Dans le Christ sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance (Colossiens 2,3). Toute la plénitude de la divinité se trouve corporellement dans le Christ. Elle a résidé en Marie. Telle est Marie contemplative, elle qui, dans le Fils unique de Dieu qu’elle a engendré de sa chair, contemple la gloire de toute la Trinité ! ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

Naissance du Christ selon Rilke

Naissance du Christ

Naissance de Jésus vitrail cathédrale Notre-Dame de Chartres
Naissance de Jésus vitrail cathédrale  Notre-Dame de Chartres

N’était ta simplicité, comment te serait-il advenu
ce qui maintenant illumine la nuit?
Vois : ce Dieu qui grondait au-dessus des peuples
se fait doux et vient en toi au monde.

L’avais-tu imaginé plus grand?

Qu’est-ce que la grandeur? A travers toutes les masses
qu’il parcourt, il va sa droite destinée.
Même une étoile n’a semblable route.
Vois-tu, ces rois sont grands

et devant tes genoux ils traînent

les trésors qu’ils tiennent pour les plus grands,
et tu es étonnée peut-être de ce don –
mais vois dans les plis de ta robe
combien lui, déjà, surpasse toute chose.

Tout l’ambre que l’on embarque au loin,

les parures d’or et l’arôme
qui répand son trouble dans les sens,
tout cela a été de brève durée,
et finalement on n’en a eu que regret.

Mais Lui, tu verras, Il donne la joie.

Rainer Maria Rilke

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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