« C’est bien vrai! Le Christ est ressuscité, alléluia! Il est apparu à Simon Pierre. » L’exclamation qui accueille les disciples d’Emmaüs revenus à Jérusalem pour témoigner que le Seigneur s’était manifesté à eux, l’Église en fait un refrain pour le temps pascal tout entier.
C’est d’abord que jamais l’on n’assurera suffisamment l’historicité d’un événement qui fonde notre croyance et notre assurance que nous sommes sauvés : « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés… et nous sommes nous-mêmes de faux témoins, poursuit saint Paul, puisque nous avons attesté contre Dieu et la vérité qu’il a ressuscité le Christ. » (1 Co., 15, 14-15 et 17).
H est bien vrai que les apôtres engagent tout leur crédit en cette affirmation. Non seulement ils ont fixé, dans les Évangiles qu’on nous lit cette semaine, le souvenir des apparitions du Ressuscité, mais ils voient dans ce témoignage même l’essentiel de leur mission (cf. Ac. 1, 22).
Ils ne se lasseront pas de le répéter dans leur prédication, dont les Épîtres de ces jours-ci gardent quelques exemples : Le Christ est mort, puis ressuscité. Il est apparu à quelques-uns (plus de 500, d’après I Co., 15, 5-6), précisément pour qu’ils puissent l’attester à tous les autres et leur annoncer « que quiconque croit en lui reçoit par lui rémission de ses péchés ».
Donc il faut croire, c’est-à-dire sans avoir vu nous-même. Et croire au Christ ressuscité, c’est-à-dire toujours vivant.
Dom C. Jean Nesmy
Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse
Le Christ apparaît aux apôtres Pierre et Paul Giovanni Baptista Crespi. Musée d’histoire Vienne 1628
Cette semaine est comme un long dimanche se prolongeant sur huit jours, où chaque jour est Jour de Pâques. Ainsi du dimanche de Pâques au dimanche de la Miséricorde (ainsi nommé par Jean-Paul II) – traditionnellement, Dimanche in albis – c’est l’Octave de Pâques pendant laquelle les nouveaux baptisés de la nuit pascale portent leur vêtement blanc.
L´Octave de Pâques est constitué par les huit jours qui suivent le dimanche de Pâques. La pratique de l´Octave religieuse se retrouve déjà dans l´Ancien Testament avec la fête des Tabernacles (Lv 23-26). C´est Constantin au début du IVe siècle qui l’a introduite dans la liturgie catholique.
Durant l´Octave, on célèbre tous les jours la messe, avec les prières du jour de Pâques ; la Préface, notamment, et des passages de la Prière eucharistique. Une semaine où reviennent les mêmes prières, les mêmes chants.
Un temps pour échapper à la roue affolée des heures qui nous asservit tous. Redire et acclamer, encore et encore, pour raviver l´événement du dimanche de Pâques. Rappeler que la Résurrection se prolonge par-delà la fête pascale.
Ainsi peut-on lire avec quelle vigueur et quel faste on vivait ce temps au IVe siècle à Jérusalem : « Pendant l´Octave, toute cette pompe et cette décoration se déploient dans tous les lieux saints. (…) Les moines de l´endroit, au complet, continuent à veiller jusqu´au jour en disant des hymnes et des antiennes. (…) Des foules innombrables se rassemblent de partout, des moines, mais aussi des laïques, hommes et femmes. » (Extrait du journal d’Égérie).
Prendre du temps pour puiser à l´Essentiel d´un quotidien qui se répète. Huit jours durant. Nourriture intérieure, forces pour demain. Échapper à l´atrophie du stress, de l´inédit et du sensationnel. Sacré défi – défi sacré – que ce temps de l´Octave de Pâques !
Avant de réciter la prière du Regina Caeli à la foule de pèlerins rassemblée place Saint-Pierre, en ce lundi 10 avril dans l’Octave de Pâques, le Pape François a offert une méditation sur l’importance de ne pas se décourager, de sortir de ses peurs et de ses angoisses, telles les femmes qui ont trouvé le tombeau vide en allant honorer le corps de Jésus, puis qui ont rencontré le Seigneur en l’annonçant.
Pape François Regina Caeli lundi de Pâques 2023 Vatican Media |DR
LE PAPE FRANÇOIS
REGINA COELI
Place Saint-Pierre
Lundi de Pâques 10 avril 2023
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Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui, l’Évangile nous fait revivre la rencontre des femmes avec Jésus ressuscité le matin de Pâques. Ainsi, il nous rappelle que ce sont elles, les disciples féminines, qui ont été les premières à le voir et à le rencontrer. On pourrait se demander : pourquoi eux ? Pour une raison très simple : parce qu’elles sont les premières à se rendre au tombeau.
Comme tous les disciples, eux aussi ont souffert de la manière dont l’histoire de Jésus semblait s’être terminée ; mais, contrairement aux autres, elles ne restent pas chez elles paralysés par la tristesse et la peur : tôt le matin, au lever du soleil, zlles vont honorer le corps de Jésus en apportant des onguents aromatiques. Le tombeau avait été scellé et elles se demandent qui aurait pu enlever cette pierre, si lourde (cf. Mc 16, 1-3).
Mais leur volonté de faire ce geste d’amour l’emporte sur tout. elles ne se découragent pas, elles sortent de leurs peurs et de leurs angoisses. Voici le chemin pour retrouver le Ressuscité : sortir de nos peurs, de nos angoisses.
Retraçons la scène décrite dans l’Évangile : les femmes arrivent, voient le tombeau vide et, « avec crainte et grande joie », elles courent – dit le texte – « pour annoncer à ses disciples » (Mt 28, 8). Maintenant, juste au moment où elles vont faire cette annonce, Jésus vient à leur rencontre.
Remarquons bien ceci : Jésus les rencontre alors qu’elles vont l’annoncer. C’est beau : Jésus les rencontre alors qu’elles vont l’annoncer. Lorsque nous proclamons le Seigneur, le Seigneur vient à nous.
Parfois nous pensons que la manière de rester près de Dieu est de le garder près de nous ; parce qu’alors, si on s’expose et qu’on se met à en parler, des jugements, des critiques arrivent, peut-être qu’on ne sait pas répondre à certaines questions ou provocations, alors mieux vaut ne pas en parler et se taire : non, ce n’est pas bien!
Au lieu de cela, le Seigneur vient pendant qu’il est annoncé. Vous trouvez toujours le Seigneur sur le chemin de la proclamation. Annoncez le Seigneur et vous le rencontrerez. Cherchez le Seigneur et vous le rencontrerez. Toujours en mouvement, c’est ce que nous enseignent les femmes : Jésus se rencontre en le témoignant. Mettons ceci dans notre cœur : Jésus se rencontre en le témoignant.
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Prenons un exemple. Parfois, nous avons reçu de merveilleuses nouvelles, comme la naissance d’un enfant. Alors, une des premières choses que nous faisons est de partager cette heureuse annonce avec des amis : « Tu sais, j’ai eu un fils… c’est beau ».
Et, en le racontant, nous nous le répétons aussi et en quelque sorte le faisons revivre en nous. Si cela arrive pour une bonne nouvelle, de tous les jours ou de quelques jours importants, cela arrive infiniment plus pour Jésus, qui n’est pas seulement une bonne nouvelle, ni même la meilleure nouvelle de la vie, non, mais Il est la vie même, Il est « le la résurrection et la vie » (Jn 11, 25).
Chaque fois que nous l’annonçons, pas en faisant de la propagande ou du prosélytisme – ce n’est pas ça : proclamer est une chose, faire de la propagande et du prosélytisme en est une autre.
Le chrétien annonce, ceux qui ont d’autres buts font du prosélytisme et ce n’est pas bien – chaque fois que nous l’annonçons, le Seigneur vient à notre rencontre. Il vient avec respect et amour, comme le plus beau des cadeaux à partager. Jésus habite davantage en nous chaque fois que nous l’annonçons.
On pense encore aux femmes de l’Évangile : il y avait la pierre scellée et pourtant elles vont au tombeau ; il y avait une ville entière qui avait vu Jésus sur la croix et pourtant elles entrent dans la ville pour le proclamer vivant.
Chers frères et sœurs, lorsque nous rencontrons Jésus, aucun obstacle ne peut nous empêcher de l’annoncer. Si, au contraire, nous gardons sa joie pour nous, c’est peut-être parce que nous ne l’avons pas encore vraiment rencontré.
Frères, sœurs, face à l’expérience des femmes, nous nous demandons : dis-moi, quand as-tu été témoin de Jésus pour la dernière fois ? À quand remonte la dernière fois que j’ai témoigné au sujet de Jésus? Que dois-je faire aujourd’hui pour que les personnes que je rencontre reçoivent la joie de ton annonce ?
Et encore, quelqu’un peut-il dire : cette personne est sereine, heureuse, bonne parce qu’elle a rencontré Jésus ? Cela peut-il être dit de chacun de nous ? Demandons à Notre-Dame de nous aider à être de joyeux hérauts de l’Évangile.
Aujourd’hui marque le 25e anniversaire du soi-disant « Vendredi saint ou accord de Belfast », qui a mis fin à la violence qui sévissait depuis des décennies en Irlande du Nord. Dans un esprit reconnaissant, je prie le Dieu de la paix pour que ce qui a été réalisé dans ce passage historique puisse être consolidé au profit de tous les hommes et femmes de l’île d’Irlande.
Encore une fois, je vous souhaite à tous de Joyeuses Pâques, Romains et pèlerins de divers pays : « Le Christ est ressuscité ; il est vraiment ressuscité. » Je remercie tous ceux qui m’ont envoyé ces jours-ci leurs bons vœux. Je suis particulièrement reconnaissant pour les prières, par l’intercession de la Vierge Marie, que Dieu récompense chacun de ses dons !
Et je souhaite à tous de passer ces jours de l’octave pascale dans la joie de la foi, dans laquelle se prolonge la célébration de la résurrection du Christ. Persévérons à invoquer le don de la paix pour le monde entier, en particulier pour la chère et tourmentée Ukraine.
Bon lundi de Pâques ! S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.