Jésus, roi de l’univers, ne s’est jamais assis sur un trône

«Jésus, roi de l’univers, ne s’est jamais assis sur un trône»

En ce temps liturgique qui invite à réfléchir sur le mystère de Noël, le Pape François a, depuis la salle Paul VI au Vatican lors de la dernière audience de l’année 2022, mis en lumière les signes d’amour, d’humilité, de tendresse de Dieu à travers la naissance du Seigneur Jésus dans une crèche. Jésus, roi de l’univers se dépouillant de sa gloire, «nous attire par son amour».

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 28 décembre 2022

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Résumé

Chers frères et sœurs,

le temps liturgique nous invite à réfléchir sur le mystère de Noël. Nous pouvons le faire à la lumière de la pensée de saint François de Sales dont nous fêtons le 4ème centenaire de la mort. Une Lettre Apostolique, intitulée « Tout est à l’amour », est publiée aujourd’hui pour commémorer cet anniversaire.

Dans l’une de ses Lettres, saint François de Sales dit qu’il préfère voir cent fois le petit Enfant dans la mangeoire que tous les rois sur leurs trônes. En effet, Saint Luc dans son récit de la naissance de Jésus insiste sur la mangeoire. Elle est un élément symbolique qui aide à comprendre qui est Jésus.

Elle est aussi le signe que Dieu nous donne à Noël et nous révèle son style qui est proximité, compassion et tendresse. Dans une autre Lettre, il nous invite à nous laisser attirer par l’amour de cet Enfant céleste. Cette naissance nous apprend aussi le renoncement parfait à tous les biens du monde, car la pauvreté est un autre aspect qui ressort de la crèche.

Le grand enseignement, qui nous vient donc de l’Enfant Jésus à travers la sagesse de saint François de Sales, est de ne rien désirer ni rejeter de tout ce que Dieu nous envoie, mais de l’accepter par amour, parce qu’il nous aime et ne veut que notre bien.

Catéchèse : Noël avec saint François de Sales

Chers frères et sœurs, bonjour et joyeux Noël encore!

Ce temps liturgique nous invite à faire une pause et à réfléchir sur le mystère de Noël. Et puisque c’est aujourd’hui le quatrième centenaire de la mort de saint François de Sales, évêque et docteur de l’Église, nous pouvons nous inspirer de certaines de ses réflexions. Il a beaucoup écrit sur Noël.

À cet égard, j’ai le plaisir de vous annoncer que la Lettre apostolique commémorant cet anniversaire est publiée aujourd’hui. Le titre est « Tout appartient à l’amour », reprenant une expression caractéristique de saint François de Sales.

En effet, ainsi écrit-il dans le Traité sur l’amour de Dieu : « Dans la Sainte Église tout appartient à l’amour, vit dans l’amour, se fait pour l’amour et vient de l’amour » (Ed. Paoline, Milan 1989, p. 80) . Et peut-être pourrions-nous tous emprunter ce chemin de l’amour, si beau.

Essayons maintenant d’approfondir un peu le mystère de la naissance de Jésus, « en compagnie » de saint François de Sales, afin de combiner les deux commémorations.

Saint François de Sales, dans une des nombreuses lettres adressées à Sainte Jeanne-Françoise de Chantal, écrit ainsi : « Il me semble voir Salomon sur le grand trône d’ivoire, doré et sculpté, qui n’avait d’égal dans aucun royaume, comme L’Écriture dit ( 1 Rois 10,18-20); voir, en bref, ce roi qui n’avait pas d’égal en gloire et en magnificence (voir 1 Rois 10:23).

Mais j’aime mieux voir le cher petit Enfant dans la crèche que tous les rois sur leurs trônes » [1] : ce qu’il a dit est beau. Jésus, le Roi de l’univers, ne s’est jamais assis sur un trône, jamais : il est né dans une étable – on le voit ainsi représenté -, enveloppé de langes et couché dans une mangeoire ; et à la fin il mourut sur une croix et, enveloppé dans un drap, fut mis au tombeau.

En effet, l’évangéliste Luc, racontant la naissance de Jésus, insiste beaucoup sur le détail de la crèche. Est-ce à dire qu’il est très important non seulement en tant que détail logistique, mais en tant qu’élément symbolique pour comprendre quoi ? comprendre quel genre de Messie est celui qui est né à Bethléem, quel genre de Roi : qui est Jésus.

En regardant la crèche, en regardant la croix, en regardant sa vie de simplicité, nous pouvons comprendre qui est Jésus. Jésus est le Fils de Dieu qui nous sauve en se faisant homme, comme nous, se dépouillant de sa gloire et s’humiliant (cf. Ph 2,7-8). Nous voyons ce mystère concrètement dans le foyer de la crèche, c’est-à-dire dans l’Enfant couché dans une mangeoire.

C’est le « signe » que Dieu nous donne à Noël : c’était alors pour les bergers de Bethléem (cf. Lc 2, 12), c’est aujourd’hui et ce sera toujours. Lorsque les anges annoncent la naissance de Jésus : « Allez le trouver » ; et le signe est : vous trouverez un enfant dans une crèche. C’est le signal. Le trône de Jésus, c’est la crèche ou le chemin, durant sa vie quand il a prêché, ou la croix à la fin de sa vie : c’est le trône de notre Roi.

Ce signe nous montre le « style » de Dieu, et quel est le style de Dieu ? Ne l’oubliez jamais : le style de Dieu est proximité, compassion et tendresse. Notre Dieu est proche, compatissant et tendre.

En Jésus, nous voyons ce style de Dieu, avec ce style qui est le sien, Dieu nous attire à lui. Il ne nous prend pas de force, il ne nous impose pas sa vérité et sa justice, il ne nous fait pas de prosélytisme, non : il veut nous attirer avec amour, avec tendresse, avec compassion. Dans une autre lettre, saint François de Sales écrit : « Un aimant attire le fer et l’ambre attire la paille et le foin.

Eh bien, que nous soyons de fer par notre dureté, ou de paille par notre faiblesse, il faut se laisser entraîner vers ce petit Enfant céleste» [2]. Nos forces, nos faiblesses, ne se résolvent que devant la crèche, devant Jésus, ou devant la croix : Jésus dépouillé, pauvre Jésus ; mais toujours avec son style de proximité, de compassion et de tendresse.

Dieu a trouvé un moyen de nous attirer comme nous sommes : avec amour. Pas un amour possessif et égoïste, comme l’est malheureusement si souvent l’amour humain. Son amour est pur don, pure grâce, il est tout et seulement pour nous, pour notre bien.

Alors il nous attire, avec cet amour désarmant et même désarmant, parce que quand on voit cette simplicité de Jésus, on se débarrasse nous aussi des armes de l’orgueil et on va là, humbles, demander le salut, demander pardon, demander lumière pour nos vies, pour pouvoir avancer. N’oubliez pas le trône de Jésus : la crèche et la croix, c’est le trône de Jésus.

Un autre aspect qui ressort de la crèche est la pauvreté – il y a bien là pauvreté – entendue comme le renoncement à toute vanité mondaine. Quand nous voyons l’argent dépensé pour la vanité : beaucoup d’argent pour la vanité mondaine ; tant d’efforts, tant de recherches de vanité ; tandis que Jésus nous montre l’humilité.

Saint François de Sales écrit : « Mon Dieu ! combien de saintes affections cette naissance suscite-t-elle dans nos cœurs ! Mais surtout, elle nous enseigne le renoncement parfait à tous les biens, à toutes les pompes […] de ce monde. Je ne sais pas, mais je ne trouve pas d’autre mystère où la tendresse et l’austérité, l’amour et la rigueur, la douceur et la dureté se mêlent si doucement » [3] : on voit tout cela à la crèche.

Oui, veillons à ne pas glisser dans la caricature mondaine de Noël. Et c’est un problème, parce que c’est Noël. Mais aujourd’hui on voit qu’il y a aussi « un autre Noël », entre guillemets, c’est la caricature mondaine de Noël, qui réduit Noël à une fête sucrée et consumériste. On veut faire la fête, on en a besoin, mais ce n’est pas Noël, Noël c’est autre chose.

L’amour de Dieu n’est pas mielleux, la crèche de Jésus nous le prouve, l’amour de Dieu n’est pas un bienfaiteur hypocrite qui cache la recherche des plaisirs et du confort. Nos aînés qui avaient connu la guerre et même la faim le savaient bien : Noël est joie et fête, certes, mais dans la simplicité et l’austérité.

Et nous terminons par une pensée de saint François de Sales que j’ai également reprise dans la Lettre apostolique. Il l’a dicté aux Sœurs Visitandines – pensez donc ! – deux jours avant sa mort. Et Il dit: «Vois-tu l’Enfant Jésus dans la crèche? Il reçoit tous les ravages du temps, du froid et tout ce que le Père permet qu’il lui arrive.

Il ne refuse pas les petites consolations que sa mère lui donne, et il n’est pas écrit qu’il tende jamais les mains pour avoir les seins de sa mère, mais il laisse tout à ses soins et à sa prévoyance ; il ne faut donc rien désirer ni rien refuser, endurant tout ce que Dieu nous enverra, le froid et les ravages du temps» [4].

Et là, chers frères et sœurs, il y a un grand enseignement qui nous vient de l’Enfant Jésus à travers la sagesse de saint François de Sales : ne rien désirer et ne rien refuser, accepter tout ce que Dieu nous envoie. Mais méfiez-vous! Toujours et seulement par amour, parce que Dieu nous aime et veut toujours et seulement notre bien.

Regardons la crèche, qui est le trône de Jésus, regardons Jésus dans les rues de Judée, de Galilée, prêchant le message du Père et regardons Jésus sur l’autre trône, sur la croix. C’est ce que Jésus nous propose : le chemin, mais c’est le chemin du bonheur.

A vous tous et à vos familles, joyeux Noël et bon début d’année !

[1] A la Mère Chantal, Annecy, 25 décembre 1613, in Tutte le lettere, vol. II (1619-1622), a cura di L. Rolfo , Paoline, Roma 1967, 402-403 ( Œuvres de Saint François de Sales, édition complète, Annecy, Tome XVI, 120-121).

[2] A une religieuse, Paris verso il 6 janvier 1619, in Tutte le lettere, vol. III (1619-1622), a cura di L. Rolfo , Paoline, Roma 1967, 10 ( Œuvres de Saint François de Sales, édition complète, Annecy, Tome XVIII, 334-335).

[3] A une religieuse de l’abbaye sainte Catherine, Annecy, 25 o 26 décembre 1621, in Tutte le lettere, vol. III (1619-1622), a cura di L. Rolfo , Paoline, Roma 1967, 615 ( Œuvres de Saint François de Sales, édition complète, Annecy, Tome XX, 212).

[4] F. De Sales, Entretiens spirituels, Œuvres. Textes présentés et annotés par A. Ravier avec la collaboration de R. Devos, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris 1969, 1319).

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Je salue cordialement les personnes de langue française en particulier les jeunes du Séminaire Saint-Paul VI accompagnés par Mgr Luc Crépy.

Frères et sœurs, en ces jours où nous contemplons le mystère du Dieu fait homme, demandons la grâce de savoir nous priver de quelque chose pour l’offrir au prochain dans le besoin, afin chacun puisse vivre la joie de Noël. Que Dieu vous bénisse !

Je salue ensuite les adolescents du Mouvement des Focolari de différents pays et je les encourage à se confier avec confiance à Jésus, l’ami fidèle qui ne trahit jamais.

Je voudrais vous demander à tous une prière spéciale, pour le pape émérite Benoît, qui soutient silencieusement l’Église. Souvenez-vous de lui – il est très malade – demandant au Seigneur de le consoler et de le soutenir jusqu’au bout dans ce témoignage d’amour pour l’Église.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Que l’Enfant de Bethléem vous donne sa lumière et son réconfort. Qu’il accorde à l’Ukraine tourmentée, opprimée par la brutalité de la guerre, le don tant attendu de la paix.

Je vous bénis de tout cœur.


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Comme saint Étienne, unir la charité et l’annonce de la Parole

Comme saint Étienne, unir la charité et l’annonce de la Parole

En ce 26 décembre, l’Église universelle commémore saint Étienne, premier martyr chrétien. Avant la prière de l’angélus, le Pape François a parlé aux fidèles réunis Place Saint-Pierre de cette figure qui nous invite à témoigner par «la charité, la parole [et] le pardon».

 

FÊTE DE SAINT ÉTIENNE PROTOMARTYR

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
lundi 26 décembre 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour, Joyeuses Fêtes!

Hier nous avons célébré le Noël du Seigneur et la liturgie, pour nous aider à mieux l’accueillir, prolonge la durée de la fête jusqu’au 1er janvier : pendant huit jours. Étonnamment cependant, ces mêmes jours, certaines figures dramatiques de saints martyrs sont rappelées.

Aujourd’hui, par exemple, saint Étienne, le premier martyr chrétien ; après-demain les Saints Innocents, les enfants tués par le roi Hérode de peur que Jésus ne leur enlève leur trône (voir Mt 2, 1-18). Bref, la liturgie semble vraiment vouloir nous éloigner du monde des lumières, des déjeuners et des cadeaux dans lequel nous pourrions quelque peu nous installer ces temps-ci. Pourquoi?

Car Noël n’est pas le conte de fées de la naissance d’un roi, mais c’est la venue du Sauveur, qui nous libère du mal en prenant sur lui notre mal : l’égoïsme, le péché, la mort. C’est notre mal : l’égoïsme que nous portons en nous, le péché, parce que nous sommes tous pécheurs, et la mort. Et les martyrs sont les plus proches de Jésus.

En fait, le mot martyr signifie témoin : les martyrs sont des témoins, c’est-à-dire des frères et sœurs qui, à travers leur vie, nous montrent Jésus, qui a vaincu le mal avec miséricorde. Et même de nos jours les martyrs sont nombreux, plus qu’aux premiers temps.

Aujourd’hui, nous prions pour ces frères et sœurs martyrs persécutés qui témoignent du Christ. Mais cela nous fera du bien de nous demander : est-ce que je rends témoignage au Christ ? Et comment pouvons-nous nous améliorer en cela, pour mieux témoigner du Christ ? La figure de Saint Étienne peut nous aider.

Tout d’abord, les Actes des Apôtres nous disent qu’il était l’un des sept diacres que la communauté de Jérusalem avait consacrés pour le service des tables, c’est-à-dire pour la charité (cf. 6, 1-6). Cela signifie que son premier témoignage n’a pas été donné en paroles, mais à travers l’amour avec lequel il a servi les plus nécessiteux.

Mais Étienne ne s’est pas limité à ce travail d’assistance. A ceux qu’il rencontrait, il parlait de Jésus : il partageait sa foi à la lumière de la Parole de Dieu et de l’enseignement des Apôtres (cf. Ac 7,1-53,56). C’est la deuxième dimension de son témoignage : accueillir la Parole et communiquer sa beauté, raconter comment la rencontre avec Jésus change la vie.

Cela était si important pour Étienne qu’il ne se laissa pas intimider même par les menaces de ses persécuteurs, pas même lorsqu’il vit que les choses allaient mal pour lui (cf. v. 54). Charité et annonce, c’était Étienne. Cependant, son plus grand témoignage est encore un autre : celui qui a su unir charité et annonce. Il nous l’a laissé sur le point de mourir, quand, à l’exemple de Jésus, il a pardonné à ses assassins (cf. v. 60; Lc 23, 34).

Voici donc notre réponse à la question : nous pouvons améliorer notre témoignage par la charité envers nos frères, la fidélité à la Parole de Dieu et le pardon. Charité, Parole, pardon.

C’est le pardon qui nous dit si nous pratiquons vraiment la charité envers les autres et si nous vivons la Parole de Jésus.Le par-don est en effet, comme le mot lui-même l’indique, un don plus grand, un don que nous faisons aux autres parce que nous Je suis Jésus, sois pardonné par Lui. Je pardonne parce que j’ai été pardonné : ne l’oublions pas…

Réfléchissons, chacun de nous réfléchissons à sa propre capacité de pardonner : quelle est ma capacité de pardonner, en ces jours où nous pouvons rencontrer, parmi tant d’autres, des personnes avec qui nous ne nous entendions pas, qui nous ont fait du mal, avec qui nous n’avons jamais réparé nos relations.

Demandons à Jésus nouveau-né la nouveauté d’un cœur capable de pardonner : nous avons tous besoin d’un cœur qui pardonne ! Demandons au Seigneur cette grâce : Seigneur, que j’apprenne à pardonner. Nous demandons la force de prier pour ceux qui nous ont blessés, de prier pour les personnes qui nous ont blessés et de prendre des mesures d’ouverture et de réconciliation.

Que le Seigneur nous donne cette grâce aujourd’hui.

Et que Marie, Reine des martyrs, aide-nous à grandir dans la charité, dans l’amour de la Parole et dans le pardon.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Dans l’atmosphère spirituelle de joie et de sérénité du Saint Noël, je vous salue ici avec affection et tous ceux qui nous suivent par les moyens de communication sociale.

Je renouvelle mon vœu de paix : paix dans les familles, paix dans les communautés paroissiales et religieuses, paix dans les mouvements et associations, paix pour ces populations tourmentées par la guerre, paix pour la chère et tourmentée Ukraine. Il y a tellement de drapeaux ukrainiens ici ! Nous demandons la paix pour ce peuple martyr !

Ces dernières semaines, j’ai reçu de nombreux messages de bons vœux. Ne pouvant répondre à tout le monde, j’exprime ma gratitude à tous, en particulier pour le don de la prière.

Je vous souhaite à tous un joyeux lendemain de Noël et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir ! »


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Urbi et orbi: qui écoute la voix de l’Enfant ?

Urbi et orbi: qui écoute la voix de l’Enfant ?

Dans son message de Noël lu avant de donner sa bénédiction à la Ville et au monde, le Pape François a dénoncé une nouvelle fois la guerre en Ukraine et rappelé les nombreux conflits militaires ou politiques et sociaux qui sont en cours sur la planète. Il a exhorté les fidèles à ne pas rejeter les pauvres et les étrangers.

 

MESSAGE URBI ET ORBI
DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS

NOËL 2022

Loggia centrale de la basilique Saint-Pierre
dimanche 25 décembre 2022

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Chers frères et sœurs de Rome et du monde entier, Joyeux Noël !

Que le Seigneur Jésus, né de la Vierge Marie, vous apporte à tous l’amour de Dieu, source de confiance et d’espérance ; et rassemblent le don de la paix, que les anges ont annoncé aux bergers de Bethléem : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre parmi les hommes qu’il aime » (Lc 2, 14).

En ce jour de fête, nous tournons notre regard vers Bethléem. Le Seigneur vient au monde dans une grotte et est déposé dans une mangeoire pour les animaux, car ses parents n’ont pas pu trouver de logement, malgré le fait que le moment était maintenant venu pour Marie d’accoucher.

Il vient parmi nous dans le silence et les ténèbres de la nuit, car la Parole de Dieu n’a pas besoin de projecteurs ni de la clameur des voix humaines. Lui-même est le Verbe qui donne sens à l’existence, Il est la lumière qui éclaire le chemin. « La vraie lumière venait dans le monde – dit l’Évangile -, la lumière qui éclaire tout homme » (Jn 1,9).

Jésus est né parmi nous, il est Dieu-avec-nous. Il vient accompagner notre quotidien, tout partager avec nous, joies et peines, espoirs et angoisses. Il vient comme un enfant sans défense. Il est né dans le froid, pauvre parmi les pauvres. Ayant besoin de tout, il frappe à la porte de notre cœur pour trouver chaleur et abri.

Se dépouiller de nos fardeaux

Comme les bergers de Bethléem, laissons-nous envelopper de lumière et allons voir le signe que Dieu nous a donné. On surmonte la torpeur du sommeil spirituel et les fausses images de la fête qui nous font oublier qui est le petit dont o, fait l »anniversaire. Quittons le bruit qui anesthésie le cœur et nous pousse à préparer des décorations et des cadeaux plutôt qu’à contempler l’Événement : le Fils de Dieu né pour nous.

Frères, sœurs, tournons-nous vers Bethléem, là où retentit le premier cri du Prince de la Paix. Oui, parce que lui-même, Jésus, il est notre paix : cette paix que le monde ne peut donner et que Dieu le Père a donnée à l’humanité en envoyant son Fils dans le monde.

Saint Léon le Grand a une expression qui, dans la concision de la langue latine, résume le message de ce jour : « Natalis Domini, Natalis est pacis », « le Noël du Seigneur est le Noël de la paix » (Sermon 26 : 5).

Jésus-Christ est aussi le chemin de la paix. Par son incarnation, sa passion, sa mort et sa résurrection, il a ouvert le passage d’un monde clos, opprimé par les ténèbres de l’inimitié et de la guerre, à un monde ouvert, libre de vivre en fraternité et en paix.

Frères et sœurs, allons par ici ! Mais pour ce faire, pour pouvoir marcher après Jésus, nous devons nous dépouiller des poids qui nous gênent et nous maintiennent bloqués.

Et quels sont ces poids ? Quel est ce « ballast » ? Ce sont les mêmes passions négatives qui ont empêché le roi Hérode et sa cour de reconnaître et d’accueillir la naissance de Jésus : c’est-à-dire l’attachement au pouvoir et à l’argent, l’orgueil, l’hypocrisie, le mensonge.

Ces fardeaux empêchent d’aller à Bethléem, les excluent de la grâce de Noël et ferment l’accès au chemin de la paix. Et en effet, force est de constater avec tristesse que, tandis que le Prince de la Paix nous est donné, les vents de la guerre continuent de souffler glacial sur l’humanité.

Et nous voulons que ce soit Noël, le Noël de Jésus et de la paix, regardons vers Bethléem et fixons notre regard sur le visage de l’Enfant qui est né pour nous ! Et dans ce petit visage innocent, on reconnaît celui des enfants qui aspirent à la paix partout dans le monde.

Ukraine : une guerre insensée

Notre regard se remplit des visages des frères et sœurs ukrainiens qui vivent ce Noël dans le noir, dans le froid ou loin de chez eux, à cause des destructions causées par dix mois de guerre.

Que le Seigneur nous prépare à des gestes concrets de solidarité pour venir en aide à ceux qui souffrent, et éclairer l’esprit de ceux qui ont le pouvoir de faire taire les armes et de mettre un terme immédiat à cette guerre insensée ! Malheureusement, nous préférons écouter d’autres raisons, dictées par la logique du monde. Mais la voix de l’Enfant, qui l’entend ?

Pays en souffrance

Notre époque connaît aussi un grave manque de paix dans d’autres régions, sur d’autres théâtres de cette troisième guerre mondiale. Pensons à la Syrie, encore tourmentée par un conflit passé au second plan mais qui n’est pas terminé ; et pensons à la Terre Sainte, où la violence et les affrontements se sont multipliés ces derniers mois, avec des morts et des blessés.

Implorons le Seigneur que là-bas, sur la terre qui l’a vu naître, le dialogue et la recherche de la confiance mutuelle entre Palestiniens et Israéliens reprennent.

Que l’Enfant Jésus soutienne les communautés chrétiennes qui vivent dans tout le Moyen-Orient, afin que dans chacun de ces pays nous puissions vivre la beauté de la coexistence fraternelle entre des personnes appartenant à des religions différentes.

Aidez le Liban en particulier, pour qu’il puisse enfin se relever, avec le soutien de la communauté internationale et avec la force de la fraternité et de la solidarité. Que la lumière du Christ illumine la région du Sahel, où la coexistence pacifique entre les peuples et les traditions est perturbée par les affrontements et la violence.

Qu’elle conduise vers une trêve durable au Yémen et vers la réconciliation au Myanmar et en Iran, afin que cesse toute effusion de sang. Puisse-t-elle inspirer les autorités politiques et toutes les personnes de bonne volonté du continent américain à œuvrer à l’apaisement des tensions politiques et sociales affectant divers pays ; Je pense en particulier à la population haïtienne qui souffre depuis si longtemps.

L’arme de la faim

En ce jour où il fait beau de se rassembler autour de la table chargée, ne quittons pas des yeux Bethléem, qui signifie « maison du pain », et pensons aux personnes qui souffrent de la faim, en particulier les enfants, alors que chaque jour de grandes quantités de nourriture sont gaspillées et les ressources sont dépensées en armes.

La guerre en Ukraine a encore aggravé la situation, exposant des populations entières au risque de famine, notamment en Afghanistan et dans les pays de la Corne de l’Afrique. Chaque guerre – nous le savons – provoque la faim et exploite la nourriture elle-même comme une arme, empêchant sa distribution à des populations déjà souffrantes.

En ce jour, à la suite du Prince de la Paix, engageons-nous tous, en premier lieu les responsables politiques, pour que l’alimentation ne soit qu’un instrument de paix. Alors que nous savourons la joie d’être réunis avec les nôtres, pensons aux familles les plus blessées par la vie, et à ceux qui, en cette période de crise économique, luttent à cause du chômage et manquent des nécessités de base de la vie.

*

Chers frères et sœurs, aujourd’hui comme alors, Jésus, la vraie lumière, vient dans un monde malade d’indifférence – une mauvaise maladie ! – qui ne l’accueille pas (cf. Jn 1, 11), lr rejette plutôt, comme il arrive à beaucoup d’étrangers, ou l’ignore, comme nous le faisons trop souvent avec les pauvres.

N’oublions pas aujourd’hui les nombreux réfugiés et déplacés qui frappent à nos portes en quête de réconfort, de chaleur et de nourriture. N’oublions pas les marginalisés, les solitaires, les orphelins et les personnes âgées – la sagesse d’un peuple – qui risquent de finir rejetés, les prisonniers que nous ne regardons que pour leurs erreurs et non comme des êtres humains.

Frères et sœurs, Bethléem nous montre la simplicité de Dieu, qui ne se révèle pas aux sages et aux savants, mais aux petits, à ceux qui ont un cœur pur et ouvert (cf. Mt 11, 25).

Comme les bergers, allons nous aussi sans tarder et laissons-nous émerveiller par l’événement impensable de Dieu qui se fait homme pour notre salut. Celui qui est la source de tout bien se fait pauvre [1] et mendie notre pauvre humanité. Laissons-nous toucher par l’amour de Dieu et suivons Jésus qui s’est dépouillé de sa gloire pour nous faire partager sa plénitude [2]. Joyeux Noël à tous!

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[1] Cf. Saint Grégoire de Nazianze, Discours 45.

[2] idem.

Bénédiction « URBI ET ORBI » :

Que les saints Apôtres Pierre et Paul, en la puissance et l’autorité desquels nous avons confiance, intercèdent pour nous auprès du Seigneur.
Amen.

Par les prières et les mérites de la bienheureuse Marie toujours Vierge, de saint Michel Archange, de saint Jean-Baptiste, des saints apôtres Pierre et Paul et de tous les saints, que Dieu tout-puissant ait pitié de vous et vous pardonne tous vos péchés, et que Jésus-Christ vous amène à la vie éternelle.
Amen.

Que le Seigneur tout-puissant et miséricordieux vous accorde l’indulgence, l’absolution et la rémission de tous vos péchés, une saison de pénitence vraie et féconde, un cœur bien disposé, l’amendement de la vie, la grâce et le réconfort de l’Esprit Saint et la persévérance finale dans le bien.
Amen.

Et que la bénédiction de Dieu Tout-Puissant, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, descende sur vous et demeure avec vous pour toujours.
Amen. »


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Texte traduit par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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