Saint Pascal Baylon, né et mort à Pâques rose

Saint Pascal Baylon, né et mort à « Pâques rose »,
c’est-à-dire la Pentecôte

«Il faut avoir pour Dieu un cœur de fils; pour le prochain un cœur de mère; pour soi-même un cœur de juge».

St Pascal Baylon
St Pascal Baylon

Pascal naît dans une famille pauvre en Aragon, Espagne, et depuis sa très tendre enfance, il est destiné à paître les brebis. Pour lui, qui aime tant Jésus, c’est pour lui, une condition idéale, car il peut s’isoler souvent, méditer et prier. Il apprend aussi à lire, en autodidacte, en se servant des livres de prières.

A 18 ans il tente d’entrer au couvent de Sainte Marie de Lorette des Franciscains Réformés, dits Alcantarins en référence de l’œuvre de saint Pierre d’Alcantara, mais il est refusé à cause de son jeune âge. Un riche seigneur pour lequel il travaille lui offre de l’adopter et d’en faire son héritier, mais il refuse; il sera franciscain, il en est convaincu. En effet, il fait une deuxième tentative en 1564, et devient novice.

Humble portier en voyage vers Paris

Pascal se fait aussitôt remarquer au couvent; il est doué d’une intelligence brillante, a une foi inébranlable et une dévotion indéfectible à la prière et à l’adoration du Très Saint Sacrement. Il restera, cependant, toute la vie un frère laïc, contre l’avis de ses supérieurs, car il s’estime indigne du ministère sacerdotal, de toucher avec ses mains Jésus Eucharistie.

Il refuse aussi toute autre charge importante, et effectue les tâches les plus humbles, spécialement celle de portier, aussi bien au couvent de Jativa que celui de Valence. Mais il y a une tâche qu’il ne peut pas refuser, celle que lui confie le ministre provincial en 1576, de porter des documents importants au père général qui réside à Paris.

Le «Séraphin de l’Eucharistie»

Le voyage vers Paris est long et périlleux, Pascal risque d’ être tué par les calvinistes. En effet, il est souvent frappé, moqué et insulté. A Orléans, il est quasiment lapidé par eux pour avoir engagé une controverse animée sur l’Eucharistie avec eux. Encore l’Eucharistie.

Désormais elle est au centre de la vie et de la spiritualité de Pascal qui, lorsqu’il revient de Paris, écrit un recueil de sentences pour démontrer la présence réelle de Jésus dans le Pain et le Vin et sur le pouvoir divin transmis au Pape. Ce petit écrit parvient à Rome entre les mains du pontife et lui vaut le surnom de «Séraphin de l’Eucharistie».

En effet, sa présence dans le monde est angélique: ses confrères le trouvent souvent en extase ou le voient s’élever durant les heures d’adoration devant Jésus Eucharistie, dont il parle continuellement aux fidèles, aux autres confrères, à tous, à tout instant et partout.

La Pentecôte et les dons de l’Esprit

C’est une curieuse coïncidence dans la vie de Pascal: il naît le 16 mai 1540, le jour de Pentecôte, et mourra, fatigué et épuisé par des jeûnes continues et par les privations corporelles, le 17 mai 1592, encore jour de Pentecôte. Entre autre, son nom Pascal, il le doit justement à ceci: en effet, la fête de la Pentecôte, en Espagne est appelée aussi «Pâques rose» ou «Pâque de la Pentecôte».

Dans la pauvreté matérielle qu’il a recherchée et qui l’a accompagné toute sa vie, a été cependant riche des dons de l’Esprit Saint, spécialement celui de la sagesse. En effet, malgré qu’il sache à peine lire et écrire, de nombreuses personnalités vont chez lui pour lui demander des conseils et parmi les franciscains il est de toutes façon considéré comme un théologien, en dehors du fait qu’il est un point de référence pour les fidèles.

Pourtant il ne sera jamais prêtre et jamais il n’aura la joie de donner Jésus Eucharistie aux fidèles. C’est l’une des nombreuses privations qu’il décide de s’imposer, car il ne se considère pas assez digne de cela.

La mort et le culte

Éprouvé par les mortifications corporelles, Pascal meurt au couvent de Villa Real, en 1592, après avoir communié. Durant ses funérailles, on raconte qu’au moment de l’élévation, il ouvre les yeux pour adorer Jésus encore une dernière fois. Il est canonisé par Alexandre VIII presqu’un siècle après, tandis qu’en 1897 Léon XIII le proclame patron de Œuvres et des Congrès Eucharistiques.


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

canonisation de dix bienheureux, dont Charles de Foucauld

canonisation de dix bienheureux, dont Charles de Foucauld

Charles de Foucauld canonisation

Le Pape François a célébré ce dimanche 15 mai la messe pour la canonisation de dix bienheureux. Devant près de 50 000 fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre et aux alentours, il a exhorté à se laisser aimer par le Christ et à aimer comme lui, non par des actions héroïques, mais dans le service et le don de soi-même. Les nouveaux saints en témoignent et invitent chaque baptisé à le vivre, selon sa vocation propre.

MESSE ET CANONISATION DES BIENHEUREUX :
Titus Brandsma – Lazzaro, detto Devasahayam – César de Bus – Luigi Maria Palazzolo – Giustino Maria Russolillo – Charles de Foucauld – Maria Rivier – Maria Francesca di Gesù Rubatto – Maria di Gesù Santocanale – Maria Domenica Mantovani

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre
Dimanche 15 mai 2022

Nous avons entendu ces paroles que Jésus confie à ses disciples, avant de passer de ce monde au Père, des paroles qui nous disent ce que signifie être chrétiens : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres » » (Jn 13, 34). C’est le testament que le Christ nous a laissé, le critère fondamental pour discerner si nous sommes vraiment ses disciples ou non : le commandement de l’amour.

Arrêtons-nous sur les deux éléments essentiels de ce commandement : l’amour de Jésus pour nous – comme je vous ai aimés – et l’amour qu’il nous demande de vivre – aimez-vous les uns les autres.

Notre identité: «aimés de Dieu»

 

Tout d’abord, comme je vous ai aimés. Comment Jésus nous a-t-il aimés ? Jusqu’au bout, jusqu’au don total de lui-même. Il est frappant de constater qu’il prononce ces paroles par une nuit sombre, alors que l’atmosphère du Cénacle est pleine d’émotion et d’inquiétude : émotion parce que le Maître est sur le point de dire adieu à ses disciples, inquiétude parce qu’il annonce que l’un d’entre eux va le trahir.

Nous pouvons imaginer quelle douleur Jésus portait dans son âme, quelles ténèbres s’amoncelaient dans le cœur des apôtres, et quelle amertume en voyant Judas quitter la pièce pour entrer dans la nuit de la trahison, après avoir reçu la bouchée trempée pour lui par le Maître. Et c’est précisément à l’heure même de la trahison que Jésus confirme son amour pour les siens. Car, dans l’obscurité et les tempêtes de la vie, c’est cela l’essentiel : Dieu nous aime.

Cette annonce, frères, sœurs, doit être au centre de la profession et des expressions de notre foi : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés » (1Jn 4, 10). N’oublions jamais cela. Au centre, il n’y a pas notre capacité, nos mérites, mais l’amour inconditionnel et gratuit de Dieu, que nous n’avons pas mérité.

Au début de notre être chrétien, il n’y a pas de doctrines ni d’œuvres, mais l’émerveillement de nous découvrir aimés, avant toute réponse de notre part. Alors que le monde veut souvent nous convaincre que nous n’avons de valeur que dans la mesure où nous produisons des résultats, l’Évangile nous rappelle la vérité de la vie : nous sommes aimés. Et c’est notre valeur : nous sommes aimés.

*Un maître spirituel de notre époque a écrit : « Avant même qu’un être humain puisse nous voir, nous étions vus par les yeux aimants de Dieu. Avant même que quelqu’un nous entende pleurer ou rire, nous étions entendus par notre Dieu qui est toute écoute pour nous. Avant même que quelqu’un en ce monde nous parle, la voix de l’amour éternel nous parlait déjà » (H. Nouwen, Sentirsi amati, Brescia 1997, p. 50).

Il nous a aimés le premier, il nous a attendus. Il nous aime, il continue de nous aimer. Et c’est notre identité : aimés de Dieu. C’est notre force : aimés de Dieu.

Qu’est-ce que la sainteté?

Cette vérité nous demande de nous convertir sur l’idée que nous nous faisons souvent de la sainteté. Parfois, en insistant trop sur les efforts pour accomplir de bonnes œuvres, nous avons généré un idéal de sainteté trop fondé sur nous-mêmes, sur l’héroïsme personnel, sur la capacité de renonciation, sur le sacrifice de soi pour gagner une récompense.

C’est une vision parfois trop pélagienne de la vie, de la sainteté. Nous avons ainsi fait de la sainteté un objectif inaccessible, nous l’avons séparée de la vie quotidienne au lieu de la rechercher et de l’embrasser dans le quotidien, dans la poussière de la rue, dans les efforts de la vie concrète et, comme le disait Thérèse d’Avila à ses sœurs, « parmi les casseroles de la cuisine ».

Être disciples de Jésus et marcher sur le chemin de la sainteté, c’est avant tout se laisser transfigurer par la puissance de l’amour de Dieu. N’oublions pas la primauté de Dieu sur le moi, de l’Esprit sur la chair, de la grâce sur les œuvres. Parfois on donne plus de poids, plus d’importance au moi, à la chair et aux œuvres. Non : le primat de Dieu sur le moi, le primat de l’Esprit sur la chair, le primat de la grâce sur les œuvres.

Une force qui transfigure

L’amour que nous recevons du Seigneur est la force qui transforme notre vie : il dilate notre cœur et nous prédispose à aimer. C’est pourquoi Jésus dit – et c’est le deuxième aspect – « comme je vous ai aimés, vous devez aussi vous aimer les uns les autres« .

Ce comme n’est pas seulement une invitation à imiter l’amour de Jésus ; il signifie que nous ne pouvons aimer que parce qu’il nous a aimés, parce qu’il donne son Esprit à nos cœurs, l’Esprit de sainteté, l’amour qui nous guérit et nous transforme. C’est pourquoi nous pouvons faire des choix et accomplir des gestes d’amour dans chaque situation et avec chaque frère et sœur que nous rencontrons, parce que nous sommes aimés et que nous avons la force d’aimer.

De même que je suis aimé, je peux aimer. Toujours, l’amour que je réalise est uni à celui de Jésus pour moi : “comme ceci”. Tout comme il m’a aimé, ainsi je peux aimer. La vie chrétienne est si simple, elle est si simple ! Nous la rendons plus compliquée, avec tant de choses, mais elle est si simple.

*

Et, concrètement, qu’est-ce que cela signifie de vivre cet amour ? Avant de nous laisser ce commandement, Jésus a lavé les pieds à ses disciples ; après l’avoir annoncé, il s’est livré sur le bois de la croix. Aimer signifie ceci : servir et donner sa vie.

Servir, c’est-à-dire ne pas faire passer ses propres intérêts en premier ; se désintoxiquer des poisons de la cupidité et de la concurrence ; combattre le cancer de l’indifférence et le ver de l’autoréférentialité ; partager les charismes et les dons que Dieu nous a donnés.

Se demander concrètement : « qu’est-ce que je fais pour les autres ? » C’est aimer, et vivre le quotidien dans un esprit de service, avec amour et sans clameur, sans rien revendiquer.

Et puis donner sa vie, ce qui ne se réduit pas à offrir quelque chose, comme une partie de ses biens, aux autres, mais se donner soi-même. J’aime demander aux gens qui me demandent des conseils : “Dis-moi, tu fais l’aumône ?” – “Oui, Père, je fais l’aumône aux pauvres” – “Et quand tu fais l’aumône, est-ce que tu touches la main de la personne, ou jettes-tu l’aumône et tu le fais ainsi pour te nettoyer ?”

Et ils rougissent : “Non, je ne touche pas”. “Lorsque tu fais l’aumône, regardes-tu la personne que tu aides dans les yeux ou regardes-tu ailleurs ?” – “Je ne regarde pas”. Toucher et regarder, toucher et regarder la chair du Christ qui souffre dans nos frères et sœurs. C’est très important. C’est cela, donner la vie. La sainteté n’est pas faite de quelques gestes héroïques, mais de beaucoup d’amour quotidien.

« Es-tu une consacrée ou un consacré ? – ils sont nombreux, aujourd’hui, ici – Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ou mariée ? Sois saint et sainte en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ou une femme qui travaille ?

*

Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères, et en luttant pour la justice de tes compagnons, pour qu’ils ne restent pas au chômage, pour qu’ils aient toujours le juste salaire. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus.

Dis-moi, as-tu de l’autorité ? – et ici il y a tant de gens qui ont de l’autorité – Je vous demande : as-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels » (cf. Exhortation apostolique Gaudete et Exsultate, n. 14). C’est le chemin de la sainteté, si simple ! Regarder toujours Jésus dans les autres.

La voie est ouverte

Servir l’Évangile et les frères, offrir sa vie sans retour – c’est le secret : offrir sans retour –, sans chercher la gloire mondaine : nous sommes, nous aussi, appelés à cela.

Nos compagnons de route, canonisés aujourd’hui, ont vécu la sainteté de cette manière : en embrassant leur vocation avec enthousiasme – comme prêtres, certains, comme personnes consacrées, d’autres, comme laïcs – ils se sont dépensés pour l’Évangile, ils ont découvert une joie sans comparaison et ils sont devenus des reflets lumineux du Seigneur dans l’histoire.

C’est un saint ou une sainte : un reflet lumineux du Seigneur dans l’histoire. Faisons-le aussi : le chemin de la sainteté n’est pas fermé, il est universel, c’est un appel pour nous tous, il commence par le Baptême, il n’est pas fermé. Faisons-le aussi, parce que chacun de nous est appelé à la sainteté, à une sainteté unique et non reproductible.

La sainteté est toujours originale, comme le disait le bienheureux Carlo Acutis : la photocopie de la sainteté n’existe pas, la sainteté est originale, elle est la mienne, la tienne, celle de chacun de nous. Elle est unique et non reproductible. Oui, le Seigneur a un plan d’amour pour chacun de nous, il a un rêve pour ta vie, pour ma vie, pour la vie de chacun de nous. Que voulez-vous que je vous dise ? Et faites-le avancer avec joie. Merci.

Regina Cœli: que les nouveaux saints suscitent la paix

Chers frères et sœurs,

Avant de conclure cette célébration eucharistique, je souhaite vous saluer et vous remercier tous : les cardinaux, les évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses, en particulier ceux qui appartiennent aux familles spirituelles des nouveaux saints, et vous tous les fidèles, fidèles peuple de Dieu. , réunis ici de nombreuses parties du monde.

Je salue les délégations officielles de divers pays, en particulier le Président de la République italienne. Il est beau de constater que, par leur témoignage évangélique, ces saints ont favorisé la croissance spirituelle et sociale de leurs nations respectives et aussi de toute la famille humaine.

Alors que malheureusement les distances grandissent dans le monde et que les tensions et les guerres augmentent, les nouveaux saints inspirent des solutions d’ensemble, des voies de dialogue, en particulier dans le cœur et l’esprit de ceux qui occupent des postes de grande responsabilité et sont appelés à être des protagonistes de la paix et non . de la guerre.

Je vous salue tous, chers pèlerins, ainsi que ceux qui ont suivi cette messe à travers les médias.

Et maintenant nous nous tournons vers la Vierge Marie pour nous aider à imiter joyeusement l’exemple des nouveaux saints.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

profiter de la retraite pour tisser des liens entre générations

profiter de la retraite pour tisser des liens entre générations

Le Pape François a continué ce mercredi 11 mai son cycle de catéchèses sur le thème de la vieillesse à partir de la figure biblique de Judith. Il a parlé de la retraite, une période opportune pour tisser et repenser les liens entre les générations.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 11 mai 2022

_____________________________

Catéchèse sur la vieillesse – 9. Judith.
Une jeunesse admirable, une vieillesse généreuse

Résumé de la catéchèse

Chers frères et sœurs,

L’héroïne du jour est Judith, qui, après la grande aventure dont elle fut la protagoniste, retourna dans sa ville de Betulia qu’elle avait sauvée d’un général Assyrien, grâce à sa foi, sa beauté, son astuce et son courage. Elle y vécue plus de Cent ans et témoigna dans sa vieillesse d’une grande générosité. De nos jours il n’est pas rare d’avoir à vivre encore de longues années après avoir pris sa retraite.

Comment mettre à profit cette période de repos mérité ? Il y certes la joie de s’occuper des petits-enfants, mais les enfants sont de moins en moins nombreux et les parents moins enclins à laisser aux grands-parents un rôle de soutien dans l’éducation des petits. Ceux-ci apprennent pourtant tellement à leur contact, y compris la tendresse et la force de la fragilité qui permettent de rendre humain le futur.

Le Seigneur ne confie pas ses talents seulement aux jeunes et aux forts, la vie de nos communautés doit savoir profiter des talents des anciens, enseignements, conseils, écoute : une vraie richesse à mettre en valeur. Certes, dans la vieillesse on perd un peu la vue, mais le regard intérieur se fait plus pénétrant.

Catéchèse

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, nous parlerons de Judith, une héroïne biblique. La conclusion du livre qui porte son nom – nous en avons entendu un extrait – résume la dernière partie de la vie de cette femme, qui défendit Israël contre ses ennemis.

Judith est une jeune et vertueuse veuve juive qui, grâce à sa foi, sa beauté et son astuce, sauve la ville de Béthulie et le peuple de Judée du siège d’Holopherne, général de Nabuchodonosor, roi d’Assyrie, un ennemi puissant et dédaigneux de Dieu. Ainsi, grâce à sa manière rusée d’agir, elle est capable de trancher la gorge du dictateur qui s’en prend au pays. Elle était courageuse, cette femme, mais elle avait la foi…

Après la grande aventure dont elle est protagoniste, Judith retourne vivre dans sa ville, Béthulie, où elle vit une belle vieillesse jusqu’à cent cinq ans. Comme c’est le cas pour de nombreuses personnes : parfois après une vie de travail intense, parfois après une existence aventureuse, ou une existence de grand dévouement.

L’héroïsme n’est pas seulement celui des grands événements qui tombent sous les feux des projecteurs, par exemple le meurtre du dictateur par Judith : mais souvent on trouve l’héroïsme dans la ténacité de l’amour vécu dans une famille difficile et en faveur d’une communauté menacée.

Judith a vécu plus de 100 ans, une bénédiction particulière. Mais il n’est pas rare aujourd’hui qu’il reste tant d’années à vivre après le moment de la retraite.

Comment interpréter, comment tirer le meilleur parti de ce temps dont nous disposons ? Je prends ma retraite aujourd’hui, et cela fera de nombreuses années, et que puis-je faire pendant ces années ? Comment puis-je grandir – en âge, cela va sans dire, mais comment puis-je grandir en autorité, en sainteté, en sagesse?

La perspective de la retraite coïncide pour beaucoup, avec celui d’un repos mérité et désiré après des activités exigeantes et fatigantes. Mais il arrive aussi que la fin du travail soit une source d’inquiétude et soit attendue avec une certaine appréhension. « Que vais-je faire maintenant que ma vie va être vidée de tout ce qui l’a remplie pendant si longtemps ? » : c’est la question.

Le travail quotidien, c’est aussi un ensemble de relations, la satisfaction de gagner sa vie, l’expérience d’avoir un rôle, une considération méritée, un emploi à temps plein qui dépasse le simple horaire de travail.

Bien sûr, il y a l’engagement, à la fois joyeux et fatigant, de s’occuper des petits-enfants, et aujourd’hui, les grands-parents ont un rôle très important au sein de la famille pour aider à élever les petits-enfants ; mais nous savons qu’aujourd’hui il y a de moins en moins d’enfants qui naissent, et que les parents sont souvent plus éloignés, plus sujets aux déplacements, avec des situations de travail et d’habitation non favorables.

Parfois, ils sont aussi plus réticents à confier aux grands-parents des espaces pour l’éducation, ne leur accordant que ceux strictement lié au besoin d’assistance. Mais quelqu’un me disait, en souriant un peu ironiquement : « Aujourd’hui, les grands-parents, dans cette situation socio-économique, sont devenus plus importants, parce qu’ils ont une pension ».

Eh, ils le pensent. Il y a de nouvelles exigences, même au niveau des relations éducatives et parentales, qui nous obligent à remodeler l’alliance traditionnelle entre les générations.

Mais, demandons-nous : faisons-nous cet effort de « remodèlement » ? Ou subissons-nous simplement l’inertie des conditions matérielles et économiques ? La présence ensemble des générations s’allonge en effet. Cherchons-nous, tous ensemble, de la rendre plus humaines, plus affectueuse, plus juste, dans les nouvelles conditions des sociétés modernes ?

Pour les grands-parents, une part importante de leur vocation est de soutenir leurs enfants dans l’éducation de leurs petits-enfants. Les petits-enfants apprennent la force de la tendresse et le respect de la fragilité : des leçons irremplaçables, qui sont plus faciles à transmettre et à recevoir avec les grands-parents.

Les grands-parents, quant à eux, apprennent que la tendresse et la fragilité ne sont pas seulement des signes de déclin : pour les jeunes, ce sont des étapes qui rendent l’avenir humain.

Judith est veuve très tôt et n’a pas d’enfants, mais en tant que femme âgée, elle a pu vivre une saison de plénitude et de sérénité, sachant qu’elle avait vécu pleinement la mission que le Seigneur lui avait confiée. Pour elle, c’est le temps de laisser le bon héritage de la sagesse, de la tendresse, de dons pour la famille et la communauté : un héritage du bien et pas seulement de biens.

Lorsque nous pensons à l’héritage, nous pensons parfois aux biens, et non au bien qui a été fait dans la vieillesse et qui a été semé, ce bien qui est le meilleur héritage que nous pouvons laisser.

Précisément dans sa vieillesse, Judith « affranchit sa servante préférée ». C’est le signe d’un regard attentif et humain envers ceux qui l’ont côtoyée. Cette servante l’avait accompagnée dans cette aventure pour vaincre le dictateur et lui trancher la gorge. En vieillissant, on perd un peu la vue mais le regard intérieur devient plus pénétrant : on voit avec le cœur.

On devient capable de voir des choses qui nous échappaient auparavant. Les personnes âgées savent regarder et savent voir… C’est ainsi : le Seigneur ne confie pas seulement ses talents aux jeunes et aux forts : il a des talents pour tous, faits sur mesure pour chacun, également pour les vieux.

La vie de nos communautés doit savoir profiter des talents et des charismes de tant de personnes âgées, déjà retraitées, mais qui sont une richesse à valoriser. Cela exige, de la part des personnes âgées elles-mêmes, une attention créative et une attention nouvelle, une disponibilité généreuse.

Les anciennes compétences de la vie active perdent leur part de contrainte et deviennent des ressources de don : enseigner, conseiller, construire, soigner, écouter… De préférence au profit des plus démunis, qui n’ont pas les moyens d’apprendre ou qui sont abandonnés à leur solitude.

Judith a libéré sa servante et a couvert tout le monde d’attentions. Jeune fille, elle avait gagné l’estime de la communauté par son courage. Dans sa vieillesse, elle l’a mérité pour la tendresse avec laquelle elle a enrichi leur liberté et leurs affections. Judith n’est pas une retraitée qui vit son vide de façon mélancolique : c’est une femme âgée passionnée qui remplit de dons le temps que Dieu lui offre.

Je vous recommande : prenez, un de ces jours, la Bible et prenez le livre de Judith : il est minuscule, on le lit… il y a 10 pages, pas plus. Lisez cette histoire d’une femme courageuse qui s’accomplit ainsi, avec tendresse, avec générosité, une femme à la hauteur.

Et je voudrais que toutes nos grands-mères soient ainsi, comme ça : courageuses, sages et qu’elles nous laissent en héritage non pas de l’argent, mais l’héritage de la sagesse, semée dans leurs petits-enfants. Merci.


Salutations

Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, en particulier les pèlerins venus de France et de Côte d’Ivoire.

La figure de Judith dans sa vieillesse, veuve et sans enfants, n’apparaît pas repliée sur elle-même, c’est une passionnée qui remplit de bienfaits le temps que Dieu lui donne de vivre encore. À nous de donner aux personnes âgées la possibilité de nous offrir leur expérience et leur sagesse acquises par les joies et les épreuves d’une longue vie bien remplie. Dieu vous bénisse !

Je salue les pèlerins et visiteurs anglophones qui participent à l’Audience d’aujourd’hui, en particulier ceux du Royaume-Uni, de Suède et des États-Unis d’Amérique. Dans la joie du Christ ressuscité, j’invoque sur vous et sur vos familles la miséricorde aimante de Dieu notre Père. Que Dieu vous bénisse!

Chers pèlerins de langue allemande, je vous salue cordialement. Une fois de plus, je vous invite à prier le Rosaire pour la paix dans le monde. Que le Seigneur nous accorde de faire l’expérience de sa proximité dans les joies et les difficultés de notre temps.

Je salue cordialement les pèlerins hispanophones. C’est plein de Mexicains. Je vous encourage à vivre avec générosité le temps que Dieu nous donne, en le consacrant à son service dans le dévouement aux autres, en particulier aux personnes les plus fragiles et vulnérables. Demandons cette grâce au Seigneur par l’intercession de Marie, Mère de l’Espérance. Que Dieu vous bénisse. Merci beaucoup.

Mes salutations de bienvenue aux pèlerins de langue portugaise. En vous souhaitant la bienvenue, mes pensées se tournent également vers ceux qui se rendent ces jours-ci au Sanctuaire de Fatima, apportant les joies et les soucis de leur cœur à Notre-Dame. Avec ces frères qui sont les nôtres, nous confions nous aussi l’ardent désir de paix dans le monde à la Vierge Marie, qu’elle enveloppe tous de son regard maternel. Que la bénédiction du Seigneur vous accompagne partout !

Je salue les fidèles arabophones. Quand on est vieux, on perd un peu la vue mais le regard intérieur devient plus pénétrant et on devient capable de voir des choses qui échappaient auparavant. Cette image est le symbole de ce que fait le Seigneur : Il ne confie pas des talents seulement aux jeunes et aux forts, mais les donne à tous selon les capacités de chacun. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal !

Je salue cordialement les pèlerins polonais. Lundi, vous avez célébré la solennité de saint Stanislas, évêque et martyr, patron de votre pays. Puisse cet ardent défenseur de l’ordre moral divin, spécialement en cette semaine de prière pour les vocations, obtenir pour tous les jeunes le don d’un sage discernement du chemin de vie, de la confiance au Christ et de la fidélité aux valeurs évangéliques. Je vous bénis de tout mon cœur.

* * *

J’adresse une pensée particulière au peuple sri-lankais, en particulier aux jeunes qui ces derniers temps ont fait entendre leur cri face aux défis et problèmes sociaux et économiques du pays. Je me joins à ces autorités religieuses pour exhorter toutes les parties concernées à maintenir une attitude pacifique, sans céder à la violence. J’appelle tous ceux qui ont la responsabilité d’écouter les aspirations du peuple garantissant le plein respect des droits de l’homme et des libertés civiles.

Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins de langue italienne. En particulier, je salue les membres du Chapitre des Filles de Saint François de Sales et des Sœurs Maristes, les nouveaux prêtres des Légionnaires du Christ avec leurs familles, les Recteurs des Grands Séminaires des territoires de mission, l’Association Père Eusebio Chini .

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés. En ce mois dédié de manière particulière à Notre-Dame, je vous invite à suivre l’exemple de Marie, confiants en son intercession maternelle, abandonnés avec confiance entre les mains du Seigneur, soutenus par Celle qui est restée fidèle sous la Croix du Calvaire.

Et je voudrais m’excuser car aujourd’hui je ne pourrai pas venir vous saluer à cause de mon genou : il est toujours malade. Vous devrez vous éloigner un peu de moi, mais c’est pareil et je vous reçois le cœur dans la main. Merci à vous.

Et ma bénédiction à tous.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

site officiel en France