Saint Ansèlme, archevêque de Canterbury et docteur de l’Église

Saint Anselme, archevêque de Canterbury et docteur de l’Église

1033-1109

saint Anselme de Canterbury
saint Anselme de Canterbury

Mémoire de Saint Anselme, Évêque et Docteur de l’Église. D’Aoste où il est né, devenu Moine puis Abbé du Bec en Normandie, il enseigna à ses Frères à avancer sur le chemin de la perfection et à chercher Dieu par l’intelligence de la Foi.
Promu ensuite au siège illustre de Cantorbéry, en Angleterre, il lutta fermement pour la liberté de l’Église et souffrit pour cela des temps d’exil. Il mourut enfin dans son Église, le Mercredi-Saint de l’année 1109.
Martyrologe romain

Quelle est la force d’un songe? En feuilletant les pages de la vie de saint Anselme, on serait tenté de dire à plusieurs reprises qu’il est encore gamin; en effet le petit Anselme a un songe la nuit, où Dieu l’invite à un des sommets des Alpes pour lui offrir à manger «un pain d’une blancheur éclatante». A partir de ce moment la vie du futur saint sera consacrée à «élever l’esprit vers la contemplation de Dieu».

Un objectif poursuivi absolument sans relâche malgré les adversités. Né en 1033 à Aoste de famille noble, Anselme souffre de fortes contrariétés avec son père, homme rude et adonné aux plaisirs de la vie, qui lui interdit par tous les moyens d’entrer dans l’Ordre bénédictin pour éviter la dispersion du patrimoine familial.

Anselme n’a que 15 ans et face au refus paternel il en tombe malade. Remis de sa maladie il décide de partir pour la France, où devenu sourd à l’appel de Dieu, il s’abandonne à la dissipation morale.

Un grand éducateur

Après trois ans, la rencontre providentielle avec Lanfranc de Pavie, prieur de l’Abbaye bénédictine du Bec, en Normandie, rallume en lui sa vocation. Finalement à 27 ans Anselme peut entrer dans l’Ordre monastique et être ordonné prêtre. En 1063 il devient lui-même prieur du monastère du Bec, en se révélant un éducateur doux, mais décidé.

Il n’aime pas les méthodes autoritaires, auxquelles il préfère le principe de la persuasion qui fait grandir consciemment les étudiants, en leur enseignant la valeur inviolable de la conscience et l’adhésion libre et responsable à la vérité et au bien.

Son génie éducatif s’exprime dans cette «via discretionis» qui unit compréhension, miséricorde et fermeté. Les jeunes, dit Anselme, sont de petites plantes qui fleurissent non à l’abri d’une serre, mais grâce à une «saine liberté».

La défense de la liberté de l’Eglise

Entre temps, Lanfranc de Pavie devient archevêque de Cantorbéry et demande de l’aide à son disciple pour réformer la communauté ecclésiale locale, dévastée par le passage des envahisseurs Normands. Anselme se transfère donc en Angleterre et se consacre avec une telle passion à sa nouvelle mission qu’à la mort de Lanfranc il lui succède au siège de Cantorbéry, en recevant l’ordination épiscopale en 1093.

Et c’est justement en cette période que le futur Saint s’engage sans relâche en faveur de la libertas Ecclesiae, la liberté de l’Église, en soutenant avec une énergie inépuisable et avec beaucoup de courage l’indépendance du pouvoir spirituel face au pouvoir temporel, dans la défense de l’Église contre les ingérences des autorités politiques.

Mais sa position lui coûte, bien à deux reprises, l’éloignement du siège de Cantorbéry. Anselme n’y revient définitivement qu’en 1106 pour consacrer les dernières jours de sa vie à la formation morale des prêtres et à la recherche théologique. Il meurt le 21 avril 1109 et sa dépouille est ensevelie dans la célèbre cathédrale de Cantorbéry.

«Docteur Magnifique»

En tant que fondateur de la théologie scolastique, la tradition lui décerne le titre de «Docteur Magnifique», justement , parce que chez Anselme est magnifique son désir d’approfondir les mystères divins à travers trois étapes: la foi, don gratuit de Dieu, l’expérience, ou l’incarnation de la Parole dans le quotidien, et la connaissance ou l’intuition contemplative.

«Je ne cherche pas, Seigneur, à pénétrer ta profondeur, car je peux même pas de loin comparer avec elle mon intellect. Mais je désire comprendre, au moins jusqu’à un certain point, ta vérité, que mon cœur croit et aime. Je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre», affirme en effet Anselme.

L’amour de la vérité et l’honnêteté épiscopale

Ses principales œuvres sont: le Monologion (Soliloque) et le Proslogion (Colloque), consacrées à démontrer l’existence de Dieu respectivement a posteriori et a priori, et veulent réaffirmer qu’Il est «l’Être dont on ne peut concevoir un plus grand».

La nombreuse correspondance de saint Anselme révèle plutôt sa pensée politique, inspirée toujours de «l’amour de la vérité», de la rectitude et de l’honnêteté épiscopale, loin des influences temporelles et opportunistes.

«Je préfère être en désaccord avec les hommes qu’ en accord avec eux et en désaccord avec Dieu», écrit l’archevêque de Cantorbéry, en mettant en relief les traits du bon gouvernant qui respecte le bien commun, plutôt que l’intérêt personnel.

En 1163, le pape Alexandre III concède à Anselme «l’élévation du corps», acte qui, en ce moment-là, correspond à l a canonisation. Enfin, en 1720, Clément XI le proclame « Docteur de l’Église».


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Texte présente par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Audience sur Saint Anselme de Benoît XVI (page 2)

Honorer les plus âgés, un devoir et une ambition

Honorer les plus âgés, un devoir et une ambition

Lors de l’audience générale de ce mercredi 20 avril, le Saint-Père a repris ses catéchèses sur la vieillesse, en partant cette fois-ci du quatrième commandement: «Honore ton père et ta mère». Mais que signifie «honorer» ceux qui nous ont précédés, dans une société où l’indifférence prévaut ?

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 20 avril 2022

Catéchèse sur la vieillesse
– 6. « Honore ton père et ta mère » : l’amour pour la vie vécue

Résumé

Aujourd’hui, nous réfléchissons à une dimension essentielle de l’amour, celle qui consiste à honorer ceux qui nous précèdent. Cet honneur pour les personnes âgées, fait à la fois de tendresse et de respect, est un commandement du Seigneur : « Honore ton père et ta mère ». En réalité, il s’agit ici plus largement des générations précédentes, qui coexistent parfois durablement avec les autres âges de la vie.

Nous avons redécouvert comme expression de cet honneur dû aux anciens, le terme « dignité », qui indique bien l’importance de respecter et de prendre en charge la vie des plus fragiles.

L’honneur fait défaut lorsque la faiblesse et la précarité, qui sont au cœur de l’expérience du grand âge, sont blâmées, voire même punie comme une faute, et mènent parfois à des attitudes abusives, agressives et violentes. Cela peut se produire à la maison, dans les maisons de soins, ou même dans les rues. Ce mépris, qui déshonore les personnes âgées, nous déshonore en fait tous.

Nous devons tout faire pour soutenir et encourager cette mise à l’honneur de la vie vécue, notamment dans l’éducation des plus jeunes. Que la sagesse de l’Esprit de Dieu nous donne l’énergie nécessaire pour mettre en œuvre ce qui est l’une des formes décisives de la « civilisation de l’amour ».

Catéchèse :

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, avec l’aide de la Parole de Dieu que nous avons entendue, nous ouvrons un passage à travers la fragilité de la vieillesse, marquée de manière particulière par les expériences d’égarement et d’abattement, de perte et d’abandon, de désillusion et de doute.

Bien sûr, les expériences de notre fragilité, face aux situations dramatiques – parfois tragiques – de la vie, peuvent se produire à n’importe quel moment de l’existence. Cependant, dans la vieillesse, ils peuvent susciter moins d’impression et induire une sorte d’accoutumance, voire d’agacement, chez les autres.

Combien de fois avons-nous entendu ou pensé : « Les vieux sont ennuyeux » ; Nous l’avons dit, nous l’avons pensé… Les blessures les plus graves de l’enfance et de la jeunesse provoquent à juste titre un sentiment d’injustice et de rébellion, une force de réaction et de lutte.

Au lieu de cela, les blessures, même graves, de la vieillesse s’accompagnent inévitablement du sentiment que, de toute façon, la vie ne se contredit pas, car elle a déjà été vécue. Et donc les anciens sont aussi un peu éloignés de notre expérience : nous voulons les supprimer.

*

Dans l’expérience humaine commune, l’amour – comme on dit – est descendant : il ne revient pas à la vie qui est derrière nous avec la même force avec laquelle il se déverse dans la vie qui est encore devant nous. La gratuité de l’amour y apparaît aussi : les parents l’ont toujours su, les vieux l’apprennent vite.

Malgré cela, la révélation ouvre la voie à une autre restitution de l’amour : c’est la manière d’honorer ceux qui nous ont précédés. La manière d’honorer les personnes qui nous ont précédés commence ici : honorer les personnes âgées.

Cet amour particulier qui s’ouvre sous forme d’honneur – c’est-à-dire de tendresse et de respect à la fois – destiné à la vieillesse est scellé par le commandement de Dieu : « Honore ton père et ta mère » est un engagement solennel, le premier de la « deuxième table » des dix commandements.

Il ne s’agit pas seulement de son père et de sa mère. Il s’agit de la génération et des générations qui précèdent, dont le départ peut aussi être lent et prolongé, créant un temps et un espace de coexistence durable avec les autres âges de la vie. En d’autres termes, il s’agit de la vieillesse de la vie.

Honneur est un bon mot pour encadrer ce domaine de la restitution de l’amour qui concerne les personnes âgées. C’est-à-dire que nous avons reçu l’amour des parents, des grands-parents et maintenant nous leur rendons cet amour, aux personnes âgées, aux grands-parents.

Aujourd’hui, nous avons redécouvert le terme « dignité » pour indiquer la valeur de respecter et de prendre soin de la vie de chacun. La dignité, ici, équivaut essentiellement à l’honneur : honorer père et mère, honorer les personnes âgées, c’est reconnaître leur dignité.

*

Réfléchissons bien à cette belle déclinaison d’amour qu’est l’honneur. Le soin même des malades, le soutien de ceux qui ne se suffisent pas à eux-mêmes, la garantie de subsistance, peuvent manquer d’honneur. L’honneur fait défaut lorsque l’excès de confiance, au lieu de se décliner en délicatesse et affection, tendresse et respect, se transforme en rudesse et prévarication.

Quand la faiblesse est reprochée, et même punie, comme si c’était une faute. Quand l’égarement et la confusion deviennent une ouverture à la moquerie et à l’agressivité. Cela peut même se produire à la maison, dans les maisons de retraite, ainsi que dans les bureaux ou dans les espaces ouverts de la ville.

Encourager chez les jeunes, même indirectement, une attitude de suffisance – et même de mépris – envers la vieillesse, ses faiblesses et sa précarité, produit des choses horribles. Elle ouvre la voie à des excès inimaginables.

Les garçons qui mettent le feu à la couverture d’un « clochard » – nous l’avons vu -, parce qu’ils y voient un déchet humain, ne sont que la pointe de l’iceberg, c’est-à-dire le mépris d’une vie qui, loin des attraits et pulsions de jeunesse, apparaît déjà comme une vie de gâchis. Souvent, nous pensons que les vieux sont des déchets ou nous les jetons ; les anciens sont méprisés et écartés de la vie, les mettant de côté.

Ce mépris, qui déshonore les personnes âgées, nous déshonore tous en réalité. Si je déshonore les personnes âgées, je me déshonore moi-même. Le passage du Livre du Siracide, entendu au début, est à juste titre dur contre ce déshonneur qui crie vengeance devant Dieu.

Il y a un passage dans l’histoire de Noé qui est très expressif à cet égard. Le vieux Noé, héros du déluge et toujours travailleur acharné, est allongé après avoir bu quelques verres de trop. Il est déjà vieux, mais il a trop bu. Les enfants, pour ne pas le réveiller dans la gêne, le couvrent délicatement, les yeux baissés, avec beaucoup de respect.

Ce texte est très beau et en dit long sur l’honneur dû aux personnes âgées ; couvrir les faiblesses des personnes âgées, pour ne pas lui faire honte, est un texte qui nous aide beaucoup.

*

Malgré toutes les providences matérielles que les sociétés les plus riches et les plus organisées mettent à la disposition de la vieillesse – dont nous pouvons certainement être fiers – la lutte pour le retour de cette forme particulière d’amour qu’est l’honneur me semble encore fragile et pas mûre.

Il faut tout faire, la soutenir et l’encourager, en offrant un meilleur accompagnement social et culturel à ceux qui sont sensibles à cette forme décisive de « civilisation de l’amour ». Et là-dessus, je me permets de conseiller aux parents : s’il vous plaît, rapprochez les enfants, les enfants, les jeunes enfants des personnes âgées, rapprochez-les toujours.

Et quand le vieillard est malade, un peu fou, approchez-vous toujours d’eux : faites-leur savoir que c’est notre chair, que c’est ce qui nous a fait rester ici maintenant. S’il vous plaît, ne repoussez pas les anciens. Et s’il n’y a pas d’autre solution que de les envoyer en maison de retraite, n’hésitez pas à aller les voir et à emmener les enfants leur rendre visite : c’est l’honneur de notre civilisation, les anciens qui nous ont ouvert les portes.

Souvent, les enfants oublient cela. Je vous dis quelque chose de personnel : à Buenos Aires, j’aimais visiter les maisons de retraite. J’y suis allé souvent et j’ai rendu visite à tout le monde. Je me souviens qu’une fois j’ai demandé à une dame : « Combien d’enfants avez-vous ? » – « J’en ai quatre, tous mariés, avec des petits-enfants ». Et elle a commencé à me parler de la famille. « Et ils viennent ? – « Oui, ils viennent toujours ! »

Quand j’ai quitté la chambre, l’infirmière, qui avait entendu, m’a dit : « Père, tu as dit un mensonge pour couvrir les enfants. Personne n’est venu depuis six mois ! ». C’est jeter l’ancien, c’est penser que l’ancien est un déchet. S’il vous plaît : c’est un péché grave. C’est le premier grand commandement, et le seul qui dit le prix : « Honore ton père et ta mère et tu auras une longue vie sur terre ».

Ce commandement d’honorer l’ancien nous donne une bénédiction, qui se manifeste de cette manière : « Tu auras une longue vie. » S’il vous plaît, chérissez les anciens. Et s’ils perdent la tête, gardez-les quand même car ils sont la présence de l’histoire, la présence de ma famille, et grâce à eux je suis là, nous pouvons tous dire : grâce à vous, grand-père et grand-mère, je suis en vie. S’il vous plaît, ne les laissez pas seuls.

Et ça, soigner les vieux, ce n’est pas une question d’esthétique et de chirurgie esthétique : non. C’est plutôt une question d’honneur qui doit transformer l’éducation des jeunes à la vie et à ses phases. L’amour de l’humain qui nous est commun, y compris l’honneur de la vie vécue, n’est pas l’affaire des personnes âgées.

C’est plutôt une ambition qui illuminera la jeunesse qui hérite de ses meilleures qualités. Que la sagesse de l’Esprit de Dieu nous permette d’ouvrir l’horizon de cette véritable révolution culturelle avec l’énergie nécessaire.

Salutations

Je salue cordialement les personnes de langue française présentes aujourd’hui, particulièrement les jeunes du diocèse de Fréjus-Toulon, les lycéens de Paris et les pèlerins de Monaco, accompagnés de leur évêque, Mgr David.

En ces jours de l’Octave, marqués par la joie de Pâques, prions particulièrement pour les personnes âgées afin que, grâce au soutien de leurs familles et des communautés chrétiennes, elles collaborent par leur sagesse et par leur expérience à la transmission de la foi et à l’éducation des nouvelles générations. Que le Christ ressuscité vous bénisse !

Je salue les pèlerins et visiteurs anglophones qui participent à l’Audience d’aujourd’hui, en particulier ceux d’Angleterre, du Myanmar et des États-Unis d’Amérique. Dans la joie du Christ ressuscité, j’invoque sur vous et sur vos familles la miséricorde aimante de Dieu notre Père. Que le Seigneur vous bénisse tous !

Je salue cordialement les fidèles germanophones. Je vous souhaite, à vous et à vos familles, un bon temps pascal, plein de la grâce du Ressuscité. Prions, en même temps, pour la paix et pour le confort de toutes les familles souffrant des guerres dans le monde.

Je salue cordialement les pèlerins hispanophones. En ces jours de Pâques, demandons au Christ ressuscité de nous accorder la délicatesse et la patience pour traiter les personnes qui nous entourent, en particulier celles qui traversent l’étape de la vieillesse. Joyeuses Pâques! Que Dieu vous bénisse. Merci beaucoup.

J’adresse un salut cordial aux fidèles de langue portugaise, souhaitant à tous des jours saints de Pâques ! Face aux douloureuses défaites de la vie, le Christ, vainqueur du péché, de la peur et de la mort, nous exhorte à ne pas céder au mal et à la violence. Laissons-nous vaincre par la paix du Christ ! En son Nom, je vous bénis ainsi que vos proches !

Je salue les fidèles arabophones. Le commandement « Honore ton père et ta mère » est le quatrième des dix commandements de Dieu. Il ne s’agit pas seulement d’honorer nos parents, mais aussi tous les anciens et ceux qui nous ont précédés dans la demeure éternelle. Quiconque honore son père et sa mère, que Dieu prolonge ses jours (cf. Ex 20, 12). Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal !

Je salue cordialement tous les Polonais. Dimanche, nous célébrerons la fête de la Miséricorde Divine. Le Christ nous enseigne que non seulement l’homme fait l’expérience de la miséricorde de Dieu, mais qu’il est aussi appelé à la manifester à son prochain.

Je vous suis particulièrement reconnaissant pour votre miséricorde envers tant de réfugiés d’Ukraine, qui ont trouvé des portes ouvertes et des cœurs généreux en Pologne. Que Dieu vous récompense pour votre bonté. Prions aussi avec confiance le Christ Miséricordieux pour les personnes âgées, les malades et les affligés. Que le Christ ressuscité ravive en nous l’espérance et l’esprit de foi. Je vous bénis de tout mon cœur.

Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins de langue italienne. En particulier, je salue les prêtres du diocèse de Milan qui commémorent le 40e anniversaire de leur ordination, les diacres du Collège international de Jésus, les Sœurs Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matarà, les novices et juniors de diverses religions Congrégations : ces jeunes bougent…

Je vous assure de ma prière à chacun afin que le Seigneur accompagne et soutienne votre cheminement de fidélité et de consécration à Lui. Avec une affection particulière, je salue les préadolescents du diocèse de Milan : chers enfants, regardez Jésus ressuscité pour trouver en lui le modèle et la force pour vivre pleinement les richesses de votre âge.

* * *

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés. Que le message qui découle du mystère de la Résurrection soit un engagement pour tous à reconnaître qu’en l’événement du Christ, la vérité la plus profonde sur l’homme est proclamée et son destin tracé.

Ma bénédiction à vous tous !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

L’apparition du Ressuscité à sa Sainte Mère

L’apparition à sa Sainte Mère,
condition des autres apparitions du Ressuscité

“L’apparition à Notre Dame” est la première apparition du Ressuscité, selon une longue tradition chrétienne. L’apparition du Christ ressuscité à sa Mère n’est pas dans les évangiles, mais ceux-ci  en donnent des indices, comme l’a rappelé saint Jean-Paul II dans une catéchèse du 21 mai 1997.

Mais celui qui en a le plus diffusé la tradition, c’est probablement saint Ignace de Loyola dans les Exercices Spirituels, en apparaissant à la Vierge Marie, le Christ ressuscité a fondé son Église.

pourquoi le silence

Apparition du Christ à sa Mère - Rogier Van Der Weyden (1400-1464, Belgique)
Apparition du Christ à sa Mère – Rogier Van Der Weyden (1400-1464, Belgique)

Pour Jean-Paul II, si les évangiles rapportent plusieurs apparitions du Ressuscité, sans mentionner de rencontre de Jésus et de sa Mère, il ne faut pas déduire de ce « silence » que le Christ ressuscité n’est pas apparu à Marie. Il invite à réfléchir aux pourquoi de ce silence.

le récit de cette apparition n’était pas forcément nécessaire à « notre salut ». Pour les évangiles,  le Ressuscité est apparu d’abord à quelques femmes qui ont reçu cette mission de témoigner : « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent partir pour la Galilée, et là ils me verront » (Mt 28, 10). Le pape François a voulu que la fête de sainte Marie-Madeleine (cf. l’apparition de Jn 20, 17-18), « apôtre des apôtres », ait désormais le même «rang» que la fête des apôtres.

Et la foi dans le Ressuscité s’appuie justement sur le témoignage de ceux auxquels les saintes femmes ont été envoyées et que « Dieu a choisis » (Ac 10, 41), celui des Apôtres, qui « avec beaucoup de force » ont rendu témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus (cf. Ac 4, 33).

Le silence est vraisemblablement dû au fait qu’une apparition du Fils à sa Mère et le témoignage de celle-ci auraient pu être considérés comme n’étant pas « digne de foi » par « ceux qui niaient la Résurrection du Seigneur. »

Des apparitions passées sous silence

Mais n’y-a-t-il pas d’autres apparitions, pendant ces quarante jours passés par le Christ parmi les siens, que les évangiles auraient aussi passé sous silence ? Jean-Paul II qui cite l’apparition mentionnée par saint Paul (1 Co 15, 6) « à plus de cinq cents frères à la fois ». Ainsi, d’autres apparitions, notoires, du Ressuscité n’ont donc pas été rapportées.

Un indice aussi que le Christ est apparu à sa Mère : lorsque les saintes femmes se rendent au tombeau à l’aube, Marie, jusqu’ici inséparables d’elles, est absente, elle ne les accompagne pas (cf. Mc 16, 1 ; Mt 28, 1). Pourquoi ? Ne semble-t-il pas évident qu’elle l’a déjà rencontré, vivant ?

L’union au calvaire et à la résurrection

De fait, les premiers témoins de la Résurrection ont été les saintes femmes, au pied de la Croix, avec Marie, fermes « dans la foi ». Et, avant elles, Jésus se montre « tout d’abord à sa Mère, celle qui a conservé sa foi intacte dans l’épreuve. »

Enfin, « le caractère unique et spécial de la présence de la Vierge au Calvaire et son union parfaite à son Fils dans la souffrance de la Croix, semblent suggérer une participation très particulière au mystère de sa résurrection. »

Pour Sedulius, le Christ « s’est tout d’abord révélé à sa Mère dans la splendeur de la vie ressuscitée ». Et il met en relation l’Annonciation et la Résurrection : « Celle qui lors de l’Annonciation, avait été la voie de son entrée dans le monde, était appelée à diffuser la merveilleuse nouvelle de la Résurrection, pour être l’annonciatrice de sa glorieuse venue ».

Et c’est l’anticipation ce que l’Église est appelée à vivre : « Ainsi inondée par la gloire du Ressuscité, Elle anticipe le « resplendissement » de l’Église » (cf. Sedulius, Carmen Paschale, 5, 357-364, CSEL 10, 140s).

Avec Jean-Paul II notons aussi le lien entre Marie à l’Annonciation et Marie à la Résurrection dans la prière mariale du temps de Pâques « Regina Caeli » : « Au cours du temps pascal, la communauté chrétienne, s’adressant à la Mère du Seigneur, l’invite à se réjouir : « Regina Cæli, lætare. Alléluia ! », « Reine du ciel, réjouis-toi. Alléluia ! ».

Ainsi est rappelée la joie de Marie pour la Résurrection de Jésus, en prolongeant dans le temps le « réjouis-toi » que lui avait adressé l’Ange lors de l’Annonciation, afin qu’elle devienne « une cause de joie » pour toute l’humanité. »

Anticipation de l’humanité

Marie est « image et modèle de l’Église qui attend le Ressuscité » et qui, dans le groupe des disciples, « le rencontre au cours des apparitions pascales ». « il semble vraisemblable de penser que Marie a eu un contact personnel avec son Fils ressuscité, pour jouir elle aussi de la plénitude de la joie pascale ».

Est- mis en lumière le lien entre la présence de Marie « au Calvaire le Vendredi Saint » (cf. Jn 19, 25) et « au Cénacle à la Pentecôte » (cf. Ac 1, 14), pour en déduire aussi sa présence comme « témoin privilégié de la résurrection du Christ ». Elle a ainsi « complété » sa « participation à tous les moments essentiels du Mystère pascal ».

« En accueillant Jésus ressuscité, Marie est en outre signe et anticipation de l’humanité, qui espère le rejoindre, à travers la résurrection des morts.»

L’apparition à Marie, condition de toutes les autres

« les actes du Ressuscité » sont des « actes fondateurs et constitutifs de l’Église. »

Pour saint Ignace, le Christ apparaît à Marie « en corps et en âme » et « apparaître », pour le Christ, ne doit pas « être compris dans un sens étroit », mais que cela signifie aussi «communication» – et «réception» – «du salut et de sa joie».

Certes, la gloire du ressuscité vient du Père : « Ressusciter, pour le Christ, c’est recevoir du Père la gloire qu’Il possède auprès de Lui de toute éternité et la gloire qu’Il a méritée par son œuvre rédemptrice ; c’est encore de pouvoir communiquer ce salut mérité. Sa gloire, le Christ la reçoit donc en premier lieu du Père. »

Cependant, pour saint Ignace, « l’humanité peut accroître la gloire de Dieu ». Ainsi, « le Ressuscité reçoit également sa gloire de l’humanité qu’Il a sauvée, lorsque celle-ci, accueille dans la foi, l’espérance et l’amour, la Vie que son Sauveur lui communique. »

C’est pour quoi « l’apparition du Christ ressuscité à Marie est la condition de possibilité de toutes les autres». Il s’agit, comme à l’Annonciation, d’un don et de sa réception.

La disponibilité totale de la Vierge Marie à accueillir la réalité de la résurrection est importante. « Marie n’est pas à l’origine de l’acte de ressusciter du Christ, mais le Ressuscité n’apparaîtra jamais à personne s’Il n’a trouvé d’abord un espace totalement virginal où son apparaître peut pleinement se déployer, où sa gloire et sa joie peuvent en totalité se communiquer et se constituer.

En ce sens, l’accueil du Ressuscité par Marie est non seulement la condition de possibilité de toutes les autres apparitions, il est vraiment constitutif pour sa part de la gloire et de la joie du Ressuscité lui-même. De même qu’il n’a pu entrer dans le monde par son incarnation que par la médiation du fiat de Marie, Il ne peut apparaître dans toute sa gloire de Rédempteur que par l’accueil virginal de Notre Dame.

D’une part, « en apparaissant à Marie, le Christ ressuscité l’agrège, d’une manière définitive déjà, à son corps de gloire, à son corps mystique ». Et d’autre part, « dans l’apparition dont elle est la bénéficiaire, Marie consent à la Résurrection » – alors que les évangiles rapportent les résistances de tel ou tel apôtre -, elle «accepte de faire partie définitivement du Corps du Ressuscité».

La figure de l’humanité croyante

Pour saint Ignace, « c’est au nom de toute l’humanité » que Marie « a consenti et coopéré à l’Incarnation rédemptrice » et, « en tant que telle, elle est, devant le Christ et auprès du Christ, la figure de l’humanité croyante, espérante et aimante » : « en d’autres termes, elle est la figure de l’Église .

«Ainsi, pour l’auteur des Exercices Spirituels, « le Christ ressuscité apparaît à Marie en tant qu’elle représente et récapitule en elle-même toute l’Église » : « Elle lui offre (…) un espace virginal et immaculé où son apparaître peut se déployer sans obstacle.»

«Il trouve en elle son Corps de gloire. Il peut lui communiquer la totalité du salut et de la grâce, de telle sorte qu’associée à son œuvre de salut depuis l’Incarnation, elle puisse devenir, après avoir participé de la manière la plus étroite à Sa Passion, sa parfaite collaboratrice dans la diffusion même des fruits de la rédemption.»

«En d’autres mots, le Christ la constitue figure personnelle de l’Église-médiatrice de toute grâce. Le Seigneur, en effet, ne veut rien faire sans l’aide, sans la médiation, de son Épouse, l’Église. Celle-ci intervient dans la dispensation de toute grâce.»

« Ne fallait-il pas que le Christ apparaisse à celle qui est toute l’Église avant d’apparaître à d’autres personnes ? » «Cette apparition est, aux yeux d’Ignace, l’acte de fondation par excellence de l’Église.»

Selon saint Ignace, « Jésus ressuscité apparut premièrement à la Vierge Marie. Quoique l’Écriture n’en fasse pas mention, elle nous le donne assez à entendre, en disant qu’il apparut à tant d’autres. Elle suppose que nous avons l’intelligence, et que nous ne voulons pas mériter le reproche que le Sauveur fit un jour à ses Apôtres : « Êtes-vous encore sans intelligence? » »(cf. n. 299 « De la Résurrection de Jésus-Christ, notre Seigneur, et de sa première apparition» ).

Extraits inspirés de l’article du P. Jean-Marie Hennaux, jésuite belge :  «En apparaissant à la Vierge Marie, le Christ ressuscité a fondé son Église» ( Nouvelle Revue Théologique, 2004/1, tome 126, pp. 33 à 48).

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