Soyez sans peur et soyez prêts

Soyez sans peur et soyez prêts

Le dimanche 6 août à midi, le Saint-Père François s’est présenté à la fenêtre du bureau du Palais apostolique du Vatican pour réciter l’Angélus avec les pèlerins et les fidèles réunis sur la place Saint-Pierre. Voici les paroles du Pape en introduisant la prière mariale :

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche, 7 août 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans l’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui, Jésus parle aux disciples pour les rassurer de toute crainte et les inviter à la vigilance. Il leur adresse deux exhortations fondamentales: la première est «sois sans peur, petit troupeau» (Lc 12, 32); la seconde est «soyez prêts» (v. 35). «Soyez sans peur» et «soyez prêts».

Ce sont deux mots-clés pour vaincre les peurs qui nous paralysent parfois et pour surmonter la tentation d’une vie passive, endormie. «Soyez sans peur» et -«soyez prêts». Arrêtons-nous sur ces deux invitations.

Soyez sans peur. Tout d’abord, Jésus encourage les disciples. Il vient de leur parler de l’attention affectueuse et de la sollicitude du Père, qui se préoccupe des lys des champs et des oiseaux du ciel, et donc à plus forte raison de ses enfants. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter et de se tourmenter: notre histoire est fermement entre les mains de Dieu.

Cette invitation de Jésus à ne pas avoir peur nous réconforte. Parfois, en effet, nous nous sentons emprisonnés dans un sentiment de méfiance et d’angoisse: c’est la peur de ne pas réussir, de ne pas être reconnus et aimés, la peur de ne pas réussir à réaliser nos projets, de ne jamais être heureux, et ainsi de suite.

Nous nous efforçons donc de trouver des solutions, de trouver un espace dans lequel émerger, d’accumuler des biens et des richesses, pour obtenir la sécurité; et comment finissons-nous? Nous finissons par vivre dans une anxiété et une préoccupation constantes. Jésus, au contraire, nous rassure: n’ayez pas peur! Faites confiance au Père, qui désire vous donner tout ce dont vous avez réellement besoin.

Il vous a déjà donné son Fils, son Royaume, et il vous accompagne toujours de sa providence, en prenant soin de vous chaque jour. Soyez sans peur: telle est la certitude à laquelle il faut attacher son cœur! Soyez sans crainte: un cœur attaché sur cette certitude. Soyez sans peur.

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Mais savoir que le Seigneur veille avec amour sur nous ne nous autorise pas à dormir, à nous laisser aller à la paresse! Au contraire, nous devons être éveillés, vigilants. Aimer signifie en effet être attentifs à l’autre, se rendre compte de ses besoins, être disponibles à écouter et à accueillir, être prêts.

Le deuxième mot: «Soyez prêts».  C’est la deuxième invitation d’aujourd’hui. C’est la sagesse chrétienne. Jésus répète cette invitation à plusieurs reprises, et aujourd’hui il le fait à travers trois brèves paraboles, centrées sur un maître de maison qui, dans la première, revient soudainement des noces, dans la deuxième ne veut pas se laisser surprendre par des voleurs, et dans la troisième revient d’un long voyage.

Dans tous les cas, le message est le suivant: il faut être éveillés, ne pas s’endormir, c’est-à-dire ne pas se laisser distraire, ne pas céder à la paresse intérieure, car, même dans les situations où nous ne nous y attendons pas, le Seigneur vient. Avoir cette attention à l’égard du Seigneur, ne pas être endormis. Il faut être éveillés.

Et à la fin de notre vie, il nous demandera de rendre compte des biens qu’il nous a confiés; par conséquent, être vigilant signifie aussi être responsables, c’est-à-dire garder et administrer fidèlement ces biens. Nous avons reçu beaucoup de choses: la vie, la foi, la famille, les relations, le travail, mais aussi les lieux où nous vivons, notre ville, la création.

Nous avons reçu tant de choses. Essayons de nous demander: prenons-nous soin de ce patrimoine que le Seigneur nous a laissé? Sommes-nous les gardiens de cette beauté ou l’utilisons-nous uniquement pour nous et pour nos commodités du moment?  Nous devons réfléchir un peu à cela: sommes-nous les gardiens de ce qui nous a été donné?

Frères et sœurs, marchons sans peur, dans la certitude que le Seigneur nous accompagne toujours. Et restons éveillés, afin qu’il ne nous arrive pas de nous endormir tandis que le Seigneur passe. Saint Augustin disait: «J’ai peur que le Seigneur passe et que je ne m’en aperçoive pas»; d’être endormi et de ne pas m’apercevoir que le Seigneur passe. Soyez éveillés!

Que la Vierge Marie nous aide, elle qui a accueilli la visite du Seigneur et qui, avec empressement et générosité, a dit son «me voici».

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A l’issue de l’Angélus

Chers frères et sœurs, je désire saluer avec satisfaction le départ des premiers navires chargés de céréales des ports de l’Ukraine. Cette étape montre qu’il est possible de dialoguer et d’atteindre des résultats concrets, au bénéfice de tous.

C’est pourquoi cet événement se présente également comme un signe d’espérance, et je souhaite de tout cœur que, en suivant cette voie, on puisse mettre fin aux combats et parvenir à une paix juste et durable.

J’ai appris avec douleur la nouvelle de l’accident de bus survenu hier matin en Croatie: des pèlerins polonais allant à Medjugorie ont perdu la vie et d’autres ont été blessés. Que la Vierge intercède pour tous et pour leurs familles.

C’est aujourd’hui la journée culminante du pèlerinage européen des jeunes à Saint-Jacques de Compostelle, reporté l’an dernier qui était l’année de Compostelle. Je bénis avec joie chacun des jeunes qui y a participé et je bénis également ceux qui ont travaillé pour organiser et accompagner cet événement.

Que notre vie soit toujours un chemin: un chemin avec Jésus Christ, un chemin vers Dieu et vers nos frères, un chemin dans le service et dans  la joie!

Je vous salue tous à présent, romains et pèlerins de divers pays. Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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Audience générale: voyage au Canada

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 3 août 2022

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Le Voyage Apostolique au Canada 

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je voudrais partager avec vous quelques réflexions sur le voyage apostolique que j’ai effectué au Canada ces derniers jours. C’était un voyage différent des autres. En fait, la motivation principale était de rencontrer les peuples autochtones pour leur exprimer ma proximité et ma douleur, et pour leur demander pardon – pour demander pardon – pour le mal qui leur a été fait par les chrétiens, dont de nombreux catholiques, qui ont collaboré dans le passé aux politiques d’assimilation et d’émancipation forcées des gouvernements de l’époque.

Dans ce sens, au Canada un parcours a été entrepris pour écrire une nouvelle page, une nouvelle page importante, du chemin que l’Église est en train de faire ensemble avec les peuples autochtones depuis un certain temps. En effet, la devise du voyage « Marcher ensemble », explique un peu cela. Un parcours de réconciliation et de guérison, qui présuppose la connaissance historique, l’écoute des survivants, la prise de conscience et surtout la conversion, le changement de mentalité. Cette étude approfondie montre que, d’une part, certains hommes et femmes d’Église ont été parmi les défenseurs les plus résolus et les plus courageux de la dignité des peuples autochtones, en prenant leur défense et en contribuant à la connaissance de leurs langues et de leurs cultures ; mais, d’autre part, malheureusement, il y a eu des chrétiens, c’est-à-dire des prêtres, des religieux et religieuses, des laïcs qui ont participé à des programmes que nous concevons aujourd’hui comme inacceptables et même contraires à l’Évangile. Et c’est pour cela, je suis allé demander pardon au nom de l’Église.

C’était donc un pèlerinage pénitentiel. Nombreux ont été les moments de joie, mais le sens et le ton de l’ensemble portaient sur la réflexion, le repentir et la réconciliation. Il y a quatre mois, j’avais reçu au Vatican, en groupes distincts, des représentants des peuples autochtones : il y a eu au total six réunions, pour préparer un peu cette réunion du Canada ; mais mon désir, comme le leur, était de pouvoir se rencontrer là-bas, sur les terres où ont vécu leurs ancêtres. Et le Seigneur a permis que cela se réalise : à Lui d’abord va notre gratitude.

Les grandes étapes du pèlerinage sont au nombre de trois : la première, à Edmonton, dans l’ouest du pays. La seconde, à Québec, dans l’est. Et la troisième dans le nord, à Iqaluit à 300 km pratiquement du cercle polaire [arctique]. La première rencontre a eu lieu à Masqwacis qui signifie « colline de l’ours », où de tout le pays sont venus des dirigeants et des membres des principaux groupes autochtones : Premières nations, Métis et Inuits. Ensemble, nous avons fait mémoire : la mémoire bonne de l’histoire millénaire de ces peuples, en harmonie avec leur terre : c’est l’une des plus belles choses des peuples autochtones, l’harmonie avec la terre. Ils ne maltraitent jamais la création, jamais. En harmonie avec la terre. Et nous avons aussi relevé la mémoire douloureuse des abus qu’ils ont subis, même dans les pensionnats, à cause des politiques d’assimilation culturelle. Accompagnés par le son des tambours, nous avons laissé place au silence et à la prière, afin que de la mémoire puisse recommencer un nouveau chemin, sans plus de dominateurs et de sujets, mais seulement des frères et des sœurs.

Après la mémoire, la seconde étape de notre chemin a été celle de la réconciliation. Non pas un compromis entre nous – ce serait une illusion, une mise en scène – mais le fait de nous laisser réconcilier par le Christ, qui est notre paix (cf. Eph 2,14). Nous l’avons fait en prenant comme référence la figure de l’arbre, réalité centrale dans la vie et la symbolique des peuples indigènes ; l’arbre dont la signification nouvelle et pleine se révèle dans la Croix du Christ, par laquelle Dieu a réconcilié toutes choses (cf. Col 1,20). Sur l’arbre de la croix, la douleur se transforme en amour, la mort en vie, la désillusion en espérance, l’abandon en communion, la distance en unité. Les communautés autochtones qui ont accepté et assimilé l’Évangile nous aident à retrouver la dimension cosmique du mystère chrétien, en particulier de la Croix et de l’Eucharistie. Autour de ce centre se forme la communauté, l’Église, appelée à être une tente ouverte, spacieuse et accueillante, la tente de la réconciliation et de la paix.

Mémoire, réconciliation, et donc guérison. Nous avons franchi cette troisième étape du voyage sur les rives du lac Sainte-Anne, précisément au jour de la fête des saints Joachim et Anne. Pour Jésus, le lac était un environnement familier : il a vécu une grande partie de sa vie publique sur le lac de Galilée, avec ses premiers disciples, tous pêcheurs ; il y a prêché et guéri de nombreux malades (cf. Mc 3,7-12). Nous pouvons tous puiser dans le Christ, source d’eau vive, la Grâce qui guérit nos blessures : à Lui qui s’incarne et là, en Jésus, nous avons vu la proximité, la compassion et la tendresse du Père qui nous donne la guérison des blessures et aussi le pardon des péchés, nous avons apporté les traumatismes et les violences subis par les peuples autochtones du Canada et du monde entier ; nous avons apporté les blessures de tous les pauvres et les exclus de nos sociétés ; et aussi les blessures des communautés chrétiennes, qui, toujours ont besoin de se laisser guérir par le Seigneur.

De ce voyage de mémoire, de réconciliation et de guérison jaillit l’espérance pour l’Église, au Canada et partout ailleurs. Et là, la figure des disciples d’Emmaüs, qui après avoir marché avec Jésus Ressuscité ; avec Lui et grâce à Lui, passèrent de l’échec à l’espérance (cf. Lc 24,13-35). Combien de fois dans l’histoire les disciples du Christ ont-ils reparcouru cette route d’Emmaüs ! Combien de fois, après avoir vécu le scandale de la croix, à cause de leurs propres péchés, les chrétiens ont-ils retrouvé l’espérance grâce à la fidélité du Seigneur ! Lui ne nous abandonne jamais, Il se tient toujours à côté de nos pas fatigués et tristes, nous réconforte par sa Parole et se donne Lui-même à nous, Pain de vie nouvelle et éternelle.

Comme je le disait au début, le voyage avec les peuples autochtones a été la colonne vertébrale de ce voyage apostolique. S’y sont greffées les deux rencontres avec l’Église locale et avec les Autorités du pays, auxquelles autorités je tiens à renouveler ma sincère gratitude pour leur grande disponibilité et l’accueil cordial qu’elles m’ont réservé ainsi qu’à mes collaborateurs. Et aux évêques, également. Devant les Gouvernants, les Chefs indigènes et le Corps diplomatique, j’ai réaffirmé la volonté active du Saint-Siège et des Communautés catholiques locales de promouvoir les cultures autochtones, avec des parcours spirituels appropriés et avec l’attention aux coutumes et aux langues des peuples. En même temps, j’ai constaté combien la mentalité colonisatrice est présente aujourd’hui sous diverses formes de colonisation idéologique, menaçant les traditions, l’histoire et les liens religieux des peuples, aplatissant les différences, se concentrant uniquement sur le présent et oubliant souvent les devoirs envers les plus faibles et les plus fragiles. Il s’agit donc de retrouver un sain équilibre, de retrouver l’harmonie, qui est plus qu’un équilibre, c’est autre chose ; retrouver l’harmonie entre la modernité et les cultures ancestrales, entre la sécularisation et les valeurs spirituelles. Et cela interpelle directement la mission de l’Église, envoyée dans le monde entier pour témoigner et pour « semer » une fraternité universelle qui respecte et promeuve la dimension locale avec ses multiples richesses (cf. Enc. Fratelli tutti, 142-153). Je l’ai déjà dit, mais je voudrais réitérer mes remerciements aux autorités civiles, à Madame la Gouverneure générale, au Premier ministre, aux autorités compétentes des lieux où je me suis rendu : je vous remercie infiniment pour la manière dont vous avez favorisé la réalisation de ce projet. Et merci aux évêques, merci surtout [pour] l’unité de l’épiscopat : cela a été possible, de notre part, parce que les évêques étaient unis, et là où il y a l’unité on peut aller de l’avant. C’est pourquoi je tiens à le souligner et à remercier les évêques du Canada [pour] cette unité. « En réalité, une ouverture saine ne porte jamais atteinte à l’identité. […] Le monde croît et se remplit d’une beauté nouvelle grâce à des synthèses successives qui se créent entre des cultures ouvertes, en dehors de toute imposition culturelle » (ibid., 148). Dans ce sens, j’ai encouragé les pasteurs, les personnes consacrées et les laïcs de l’Église au Canada à suivre les traces de Saint François de Laval, le premier évêque de Québec : servir l’Évangile et les pauvres, être des bâtisseurs d’espérance.

Et sous le signe de l’espérance, s’est ténue la dernière rencontre, au pays des Inuits, avec des jeunes et des vieux. Et je vous assure que lors de ces réunions, surtout la dernière, j’ai dû ressentir comme des gifles la douleur de ces personnes, comment elles ont perdu… les personnes âgées qui ont perdu leurs enfants et qui ne savaient pas où ils se retrouvaient, à cause de cette politique d’assimilation. C’était un moment très douloureux, mais il fallait y faire face : nous devons faire face à nos erreurs, à nos péchés. Même au Canada, il s’agit d’un binôme-clé jeunes et vieux, c’est un signe des temps : jeunes et vieux en dialogue pour marcher ensemble dans l’histoire entre mémoire et prophétie qui sont en tension. Que la force d’âme et l’action pacifique des peuples autochtones du Canada soient un exemple pour tous les peuples autochtones pour ne pas se renfermer sur eux-mêmes, mais offrir leur contribution indispensable pour une humanité plus fraternelle, qui sache aimer la création et le Créateur, en harmonie avec la création, en harmonie entre vous tous. Merci.

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Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier le groupe de l’aumônerie de Saint Jean-Baptiste de Solliès-Pont. Comme à Emmaüs, le Seigneur nous accompagne lorsque nous traversons l’épreuve Il chemine avec nous pour nous rendre l’espérance. Avec lui des chemins nouveaux s’ouvrent devant nous. Demandons-lui la grâce de nous laisser réconcilier, avec lui et avec nos frères afin de bâtir un monde plus fraternel et plus humain.

Que Dieu vous bénisse.

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APPEL

Demain, c’est le deuxième anniversaire de l’explosion dans le port de Beyrouth. Mes pensées vont aux familles des victimes de ce désastreux événement et au cher peuple libanais : je prie pour que chacun soit consolé par la foi et réconforté par la justice et la vérité, qui ne peuvent jamais être cachées.

Je souhaite que le Liban, avec l’aide de la Communauté internationale, continue sur la voie de la « renaissance », en restant fidèle à sa propre vocation d’être une terre de paix et de pluralisme, où les communautés de différentes religions puissent vivre dans la fraternité.

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Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Chers frères et sœurs,

voici quelques jours je suis allé au Canada pour accomplir un pèlerinage pénitentiel auprès des populations autochtones. Nous avions le désir de « marcher ensemble » et d’écrire une nouvelle page de l’histoire de l’Eglise locale. Se rencontrer en vérité suppose toujours la mémoire du passé, la prise de conscience et la conversion. Nous avons fait mémoire – première étape – du passé millénaire de ces peuples ainsi que des souffrances vécues dans ces écoles où un certain nombre de chrétiens ont soutenu des politiques d’assimilation forcée contraire à l’Evangile. La mémoire nous a conduit– deuxième étape – à nous laisser réconcilier par le Christ au pied de l’arbre de la Croix qui seul change la mort en vie, et donne l’espérance, ouvrant un chemin nouveau entre frères et sœurs. Nous avons enfin – troisième étape – vécu un processus de guérison, sur les rives du Lac Sainte-Anne qui nous a rappelé que la source vive guérissons nos blessures, et à laquelle nous pouvons sans cesse puiser, jaillit sans cesse du Christ. A l’issue de ce parcours jaillit l’espérance pour l’Eglise au Canada.

Aujourd’hui, l’Eglise veut promouvoir les cultures autochtones face aux colonisations idéologiques qui menacent les traditions, les coutumes et de liens religieux des peuples avec leurs richesses. Nivelant les différences, se concentrant seulement sur le présent. Déracinant et négligeant les plus pauvres. Soyons des bâtisseurs d’espérance qui tiennent ensemble la mémoire des anciens et la force prophétique de la jeunesse.

soyons riches en compassion et miséricorde

soyons riches en compassion et miséricorde

Lors de l’angélus place Saint-Pierre, le Pape François a rappelé que l’on ne peut pas servir deux maîtres : Dieu et l’argent. Il a exhorté à s’enrichir selon Dieu et à ne pas succomber au contraire à l’avidité, une maladie dangereuse pour la société.

 

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 31 juillet 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans l’Évangile de la Liturgie d’aujourd’hui, un homme adresse cette demande à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi l’héritage » (Lc 12, 13). C’est une situation très courante, des problèmes similaires sont toujours à l’ordre du jour : combien de frères et sœurs, combien de membres d’une même famille, malheureusement, se disputent, et peut-être ne se parlent plus, à cause de l’héritage !

Jésus, répondant à cet homme, n’entre pas dans les détails, mais va à la racine des divisions causées par la possession des choses, et dit clairement : « Tenez-vous loin de toute convoitise » (v. 15). Qu’est-ce que la cupidité ? C’est l’avidité effrénée pour les biens, le désir constant de s’enrichir. C’est une maladie qui détruit les gens, car la soif de possession crée une dépendance.

Surtout, ceux qui ont beaucoup ne sont jamais satisfaits : ils en veulent toujours plus, et uniquement pour eux-mêmes. Mais ainsi il n’est plus libre : il est attaqué, esclave de ce qui paradoxalement a dû lui servir pour vivre libre et serein. Au lieu d’utiliser l’argent, il devient un serviteur de l’argent.

Mais la cupidité est une maladie dangereuse aussi pour la société : à cause d’elle, nous en sommes arrivés aujourd’hui à d’autres paradoxes, à une injustice comme jamais auparavant dans l’histoire, où peu ont beaucoup et beaucoup ont peu ou rien.

On pense aussi aux guerres et aux conflits : le désir de ressources et de richesses est presque toujours en cause. Combien d’intérêts derrière une guerre ! L’un d’entre eux est certainement le commerce des armes. Ce commerce est un scandale auquel nous ne devons et ne pouvons nous résigner.

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Aujourd’hui, Jésus nous enseigne qu’au cœur de tout cela, il n’y a pas que des systèmes économiques puissants ou certains : au centre se trouve la cupidité qui est dans le cœur de chacun. Alors essayons de nous demander : comment est mon détachement des biens, des richesses ? Est-ce que je me plains de ce qui me manque ou puis-je être satisfait de ce que j’ai ?

Suis-je tenté, au nom de l’argent et des opportunités, de sacrifier des relations et de sacrifier du temps pour les autres ? Et encore une fois, est-ce que je sacrifie la légalité et l’honnêteté sur l’autel de la cupidité ? J’ai dit « autel », autel de la cupidité, mais pourquoi ai-je dit autel ? Car les biens matériels, l’argent, la richesse peuvent devenir un culte, une véritable idolâtrie.

C’est pourquoi Jésus nous avertit par des paroles fortes. Il dit qu’on ne peut servir deux maîtres et – soyons prudents – il ne dit pas Dieu et le diable, non, ni le bien et le mal, mais Dieu et les richesses (cf. Lc 16, 13). On s’attendrait à ce qu’il dise : Vous ne pouvez pas servir deux maîtres, Dieu et le diable. Au lieu de cela, il dit : Dieu et les richesses. Faire usage des richesses oui; servir la richesse non : c’est de l’idolâtrie, c’est offenser Dieu.

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Alors – pourrait-on penser – ne peut-on pas souhaiter être riche ? Bien sûr que vous le pouvez, en effet, c’est bien de le vouloir, c’est bien de devenir riche, mais riche selon Dieu ! Dieu est le plus riche de tous : il est riche en compassion, en miséricorde. Sa richesse n’appauvrit personne, elle ne crée pas de querelles et de divisions. C’est une richesse qui aime donner, distribuer, partager.

Frères, sœurs, accumuler des biens matériels ne suffit pas pour bien vivre, car – dit encore Jésus – la vie ne dépend pas de ce que l’on possède (cf. Lc 12, 15). Au lieu de cela, cela dépend de bonnes relations : avec Dieu, avec les autres et même avec ceux qui ont moins. Alors, on se demande : comment est-ce que je veux devenir riche ? Est-ce que je veux devenir riche selon Dieu ou selon ma cupidité ?

Et revenant au sujet de l’héritage, quel héritage est-ce que je veux laisser ? De l’argent à la banque, des choses matérielles ou des gens heureux autour de moi, de bonnes œuvres qui ne sont jamais oubliées, des gens que j’ai aidés à grandir et à mûrir ?

Que Notre-Dame nous aide à comprendre quels sont les vrais biens de la vie, ceux qui restent pour toujours.

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Après l’angélus

Chers frères et sœurs !

Hier matin, je suis rentré à Rome après un voyage apostolique de six jours au Canada. J’ai l’intention d’en parler en audience générale mercredi prochain, mais je veux maintenant remercier tous ceux qui ont rendu possible ce pèlerinage pénitentiel, à commencer par les autorités civiles, les leaders des peuples autochtones et les évêques canadiens. Je remercie sincèrement tous ceux qui m’ont accompagné de leurs prières. Merci à tous!

Même pendant le voyage, je n’ai jamais cessé de prier pour le peuple ukrainien, qui a été attaqué et torturé, demandant à Dieu de le libérer du fléau de la guerre. Si nous regardions objectivement la réalité, considérant les dégâts que chaque jour de guerre apporte à cette population mais aussi au monde entier, la seule chose raisonnable à faire serait de s’arrêter et de négocier. Que la sagesse inspire des pas concrets de paix.

Je vous adresse mon salut, Romains et pèlerins. En la fête de saint Ignace de Loyola, j’adresse un salut affectueux à mes frères jésuites. Continuez à marcher avec zèle, joyeusement au service du Seigneur. Soyez courageux!

Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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