Accompagner la mort, sans l’éviter ni la provoquer

Accompagner la mort, sans l’éviter ni la provoquer

Après avoir dédié la catéchèse du mercredi 2 février à la communion des saints, le Pape François consacre celle du 9 février à la figure de Joseph, comme saint patron de la bonne mort. Dans sa méditation, il a insisté, entre autres, sur l’importance des soins palliatifs, et a très fermement dénoncé l’euthanasie et le suicide assisté.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 9 février 2022

_______________________________

Catéchèse sur saint Joseph – 11. Saint Joseph, patron de la bonne mort

Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Aujourd’hui, selon une belle et ancienne dévotion, nous approfondissons la figure de Joseph comme patron de la bonne mort. La culture contemporaine du bien-être semble vouloir évacuer la réalité de la mort et de notre finitude ; notre foi chrétienne ne nous dispense pas de la peur de la mort, mais elle nous aide à l’affronter. Et la vraie lumière qui éclaire le mystère de la mort, c’est la résurrection du Christ.

Grâce à la foi en la résurrection, notre vie tout entière prend un sens nouveau : puisque nous n’emporterons rien avec nous au dernier jour, préoccupons-nous uniquement ici-bas d’accumuler les choses vraiment importantes : la charité fraternelle et le sens des autres. Il est bon de mourir réconciliés, sans rancune et sans regrets.

Rappelons-nous aussi que nous ne pouvons pas éviter la mort, et qu’après avoir fait tout ce qui est humainement possible pour guérir un malade, il est immoral de pratiquer l’acharnement thérapeutique.

Ainsi, les soins palliatifs sont une aide précieuse qu’il faut encourager, mais sans qu’ils dérivent vers l’euthanasie. Nous devons accompagner la mort, mais pas la provoquer ni favoriser le suicide assisté. En effet, la vie est un droit, mais non la mort. Celle-ci doit être accueillie, et non administrée.

Que Saint Joseph nous aide donc à vivre le mystère de la mort de la meilleure manière possible, comme une expérience de la miséricorde de Dieu, qui est tout spécialement proche de nous dans les derniers moments de notre vie.

*

Catéchèse

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la dernière catéchèse, stimulée une fois encore par la figure de Saint Joseph, nous avons réfléchi sur le sens de la communion des saints. Et c’est précisément à partir de là que je voudrais aujourd’hui approfondir la dévotion particulière que le peuple chrétien a toujours eu pour Saint Joseph, comme patron de la bonne mort.

Une dévotion née de la pensée que Joseph soit mort avec l’assistance de la Vierge Marie et de Jésus, avant que ceux-ci ne quittent la maison de Nazareth. Il n’y a pas de données historiques, mais [sic] comme on ne voit plus Joseph dans la vie publique, on pense qu’il est mort là, à Nazareth, dans sa famille. Et pour l’accompagner dans la mort, Jésus et Marie étaient là.

Le pape Benoît XV, il y a un siècle, écrivait que « par Joseph, nous allons directement à Marie, et par Marie à l’origine de toute sainteté, qui est Jésus ». Aussi bien Joseph que Marie nous aident à aller à Jésus. Et encourageant les pratiques pieuses en l’honneur de saint Joseph, il en recommande une en particulier, et disait ceci :

« Puisqu’il est considéré à juste titre comme le protecteur le plus efficace des mourants, ayant expiré avec l’assistance de Jésus et de Marie, il sera du ressort des saints pasteurs d’inculquer et de favoriser […] les pieuses associations qui ont été instituées pour implorer Joseph en faveur des mourants, comme celles « de la Bonne Mort », du « Transit de Saint Joseph » et « pour les Agonisants » ». (Motu proprio Bonum sane, 25 juillet 1920) : c’étaient les associations de l’époque.

Chers frères et sœurs, peut-être certains pensent-ils que ce langage et ce thème ne sont qu’un héritage du passé, mais en réalité notre relation avec la mort ne concerne jamais le passé, mais c’est toujours le présent. Le pape Benoît disait il a quelques jours, en parlant de lui-même, qu’il « se tient devant la porte obscure de la mort ».

C’est bien de remercier le Pape qui a cette lucidité, à 95 ans, pour nous dire ceci : « Je suis devant l’obscurité de la mort, la porte obscure de la mort ». Un bon conseil qu’il nous a donné, n’est-ce pas ? La soi-disant culture « du bien-être  » tente d’évacuer la réalité de la mort, mais de manière spectaculaire la pandémie de coronavirus l’a remise en évidence.

Cela a été terrible : la mort était partout, et tant de frères et de sœurs ont perdu des êtres chers sans pouvoir être près d’eux, ce qui a rendu la mort encore plus difficile à accepter et à traiter.

Une infirmière me racontait qu’elle se trouvait devant une grand-mère en train de mourir de Covid, et qu’elle lui a dit : « Je voudrais dire au revoir aux miens avant de m’en aller ». Et l’infirmière, assez courageuse, a sorti son téléphone portable et l’a connectée avec les siens. La tendresse de cet adieu…

Malgré cela, l’on cherche par tous les moyens d’écarter la pensée de notre finitude, s’illusionnant ainsi d’ôter à la mort son pouvoir et chasser la peur. Mais la foi chrétienne n’est pas une façon d’exorciser la peur de la mort, elle nous aide plutôt à l’affronter. Tôt ou tard, tous nous passerons par cette porte…

La vraie lumière qui éclaire le mystère de la mort vient de la résurrection du Christ. Voici la lumière. Et saint Paul écrit : « Nous proclamons que le Christ est ressuscité d’entre les morts ; alors, comment certains d’entre vous peuvent-ils affirmer qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité.

Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu » (1 Co 15, 12-14). C’est une certitude : Christ est ressuscité, Christ est ressuscité, le Christ est vivant parmi nous. Et c’est la lumière qui nous attend derrière cette porte obscure de la mort.

Chers frères et sœurs, ce n’est que par la foi en la résurrection que nous pouvons regarder l’abîme de la mort sans être submergés par la peur. Non seulement cela, mais nous pouvons redonner un rôle positif à la mort. En effet, la réflexion sur la mort, éclairée par le mystère du Christ, nous aide à regarder d’un œil nouveau toute la vie.

Je n’ai jamais vu un camion de déménagement derrière un corbillard ! Derrière un corbillard : jamais vu. Nous irons seuls, sans rien dans les poches du linceul : rien. Parce que le linceul n’a pas de poches. Cette solitude de la mort : c’est vrai, je n’ai jamais vu un camion de déménagement derrière un corbillard.  Il ne sert à rien d’accumuler si un jour nous mourrons.

Ce que nous devons accumuler, c’est la charité, la capacité de partager, la capacité de ne pas rester indifférent aux besoins des autres. Ou encore, à quoi bon se disputer avec un frère, ou avec une sœur, un ami, un membre de la famille ou un frère ou une sœur dans la foi si ensuite un jour nous mourrons ?

Quel est l’intérêt de se mettre en colère, de se mettre en colère contre les autres ? Face à la mort, tant de questions sont redimensionnées. C’est bon de mourir réconcilié, sans rancune et sans regret ! Je voudrais dire une vérité : tous nous cheminons vers cette porte, tous.

L’Évangile nous dit que la mort arrive comme un voleur, comme le dit Jésus : elle arrive comme un voleur, et même si nous essayons de maîtriser son arrivée, peut-être en planifiant notre propre mort, elle reste un événement avec lequel nous devons compter et devant lequel nous devons aussi faire des choix.

Deux considérations s’imposent à nous, chrétiens. La première est que nous ne pouvons pas éviter la mort, et c’est précisément pour cette raison que, après avoir fait tout ce qui est humainement possible pour guérir la personne malade, il est immoral de s’engager dans l’acharnement thérapeutique (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2278).

Cette phrase du peuple fidèle de Dieu, des gens simples : « Laisse-le mourir en paix », « aide-le à mourir en paix » : quelle sagesse ! La deuxième considération concerne la qualité de la mort elle-même, la qualité de la douleur, de la souffrance.

En effet, nous devons être reconnaissants pour toute l’aide que la médecine s’efforce d’apporter, afin que, grâce aux « soins palliatifs », toute personne qui s’apprête à vivre la dernière partie de sa vie puisse le faire de la manière la plus humaine possible. Cependant, il faut se garder de confondre cette aide avec des dérives inacceptables qui portent à tuer.

Nous devons accompagner les personnes jusqu’à la mort, mais ne pas la provoquer ni favoriser aucune forme de suicide. Je rappelle que le droit aux soins et aux traitements pour tous doit toujours être prioritaire, afin que les plus faibles, notamment les personnes âgées et les malades, ne soient jamais écartés. En effet, La vie est un droit, non la mort, celle-ci doit être accueillie, non administrée.

Et ce principe éthique concerne tout le monde, pas seulement les chrétiens ou les croyants. Mais je voudrais souligner ici un problème social mais réel. Cette « planification » – je ne sais pas si c’est le mot qui convient – mais l’accélération de la mort des personnes âgées.

Nous constatons souvent, dans une certaine classe sociale, que les personnes âgées, parce qu’elles n’ont pas les moyens, reçoivent moins de médicaments par rapport à ce dont ils auraient besoin, et c’est inhumain : cela ce n’est pas les aider, cela c’est les pousser plus rapidement vers la mort. Et cela n’est ni humain ni chrétien.

Il faut prendre soin des personnes âgées comme d’un trésor de l’humanité : elles sont notre sagesse. Et si elles ne parlent pas, et si elles sont dénuées de sens, mais elles sont le symbole de la sagesse humaine. Ce sont ceux qui nous ont précédés et qui nous ont laissé tant de belles choses, tant de souvenirs, tant de sagesse.

S’il vous plaît, n’isolez pas les personnes âgées, ne précipitez pas la mort des personnes âgées. Caresser une personne âgée c’est la même espérance que caresser un enfant, car le début de la vie et la fin sont toujours un mystère, un mystère qu’il faut respecter, accompagner, soigner. Aimer.

Que Saint Joseph nous aide à vivre le mystère de la mort de la meilleure manière possible. Pour un chrétien, la bonne mort est une expérience de la miséricorde de Dieu, qui est proche de nous aussi dans ce dernier moment de notre vie. Également dans la prière de l’Ave Maria, nous demandons à la Vierge d’être près de nous « à l’heure de notre mort ».

C’est précisément pour cette raison que je voudrais terminer cette catéchèse en priant tous ensemble la Vierge, un Ave Maria pour les mourants, pour ceux qui passent par cette porte obscure, et pour tant de familles qui sont en train de vivre le deuil. Prions ensemble : Ave Maria…


Salutations

Je salue cordialement les personnes de langue française présentes aujourd’hui, en particulier les jeunes venus de France, le groupe de pèlerins du Sacré Cœur de Marseille, et le groupe de l’Arche de Reims. Ce matin, nous prions en particulier pour les mourants et pour ceux qui sont en deuil. Que la tendresse de Dieu les rejoigne dans leur souffrance, et leur donne l’espérance de la résurrection.

Que Dieu vous bénisse !


APPELS

Je tiens à remercier toutes les personnes et communautés qui se sont jointes à la prière pour la paix en Ukraine le 26 janvier. Continuons à implorer le Dieu de la paix pour que les tensions et les menaces de guerre soient surmontées à travers un dialogue sérieux, et que les pourparlers du « format Normandie » puissent également contribuer à cette fin. N’oublions pas : la guerre est une folie !

Après-demain, 11 février, c’est la Journée mondiale des malades. Je souhaite me souvenir de nos chers malades, afin qu’à tous soient assurés les soins sanitaires et l’accompagnement spirituel. Prions pour nos frères et sœurs, pour leurs familles, pour les agents de santé et les agents pastoraux, et pour tous ceux qui s’occupent d’eux.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Face à l’insuccès, le Pape invite à la confiance

Face à l’insuccès, le Pape invite à la confiance

Lorsque nous sommes dans la nuit obscure de notre vie et faisons face à l’insuccès, à l’incapacité et à la déception ; c’est alors que Jésus vient dans le vide de notre barque et nous montre une autre direction à prendre. Laissons-nous guider par lui et prenons le large qu’il nous indique, a dit le Pape François avant l’Angélus de ce dimanche 6 février 2022.

 

LE PAPE FRANÇOIS

ANGELUS

Place Saint-Pierre
dimanche 6 février 2022

_________________________

Chers frères et sœurs, bonjour !

L’Évangile de la Liturgie d’aujourd’hui nous emmène sur les rives du lac de Galilée. Les foules se pressent autour de Jésus tandis que des pêcheurs déçus, dont Simon Pierre, lavent leurs filets après une mauvaise nuit de pêche. Et faites écho au fait que Jésus monte directement dans la barque de Simon; puis il l’invite à plonger dans l’abîme et à jeter à nouveau les filets (cf. Lc 5, 1-4).

Arrêtons-nous sur ces deux actions de Jésus : d’abord il monte dans la barque et ensuite, la seconde, il nous invite à descendre dans l’abîme. Ce fut une mauvaise nuit, sans poisson, mais Pierre fait confiance et s’envole.

*

Tout d’abord, Jésus monte dans la barque de Simon. Pour faire quoi? Enseigner. Il demande précisément ce bateau, qui n’est pas plein de poissons mais est revenu à terre vide, après une nuit de labeur et de déception. C’est une belle image pour nous aussi.

Chaque jour, le bateau de notre vie quitte les rives de la maison pour entrer dans la mer des activités quotidiennes ; chaque jour nous essayons de « pêcher au large », de cultiver des rêves, de réaliser des projets, de vivre l’amour dans nos relations.

Mais souvent, comme Pierre, nous vivons la « nuit des filets vides » – la nuit des filets vides -, la déception de travailler dur et de ne pas voir les résultats escomptés : « Nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre » (v. 5), dit Simone. Combien de fois nous aussi nous retrouvons avec un sentiment de défaite, alors que la déception et l’amertume naissent dans nos cœurs. Deux vers à bois très dangereux.

*

Que fait alors le Seigneur ? Il choisit de monter sur notre bateau. De là, il veut annoncer l’Évangile. C’est précisément cette barque vide, symbole de notre incapacité, qui devient la « chaise » de Jésus, la chaire d’où il proclame la Parole.

Et c’est ce que le Seigneur aime faire – le Seigneur est le Seigneur des surprises, des miracles dans les surprises – : monter sur le bateau de notre vie quand nous n’avons rien à lui offrir ; entrez dans nos vides et remplissez-les de sa présence; profitons de notre pauvreté pour annoncer sa richesse, de nos misères pour proclamer sa miséricorde.

Rappelons-nous ceci : Dieu ne veut pas de bateau de croisière, un pauvre bateau « délabré » lui suffit, pourvu qu’on l’accueille. Ce oui, accueillez-le; peu importe sur quel bateau, pour l’accueillir. Mais nous – je me demande – allons-nous le faire monter sur le bateau de notre vie ? Mettons-nous à sa disposition le peu que nous avons ? Parfois, nous nous sentons indignes de lui parce que nous sommes des pécheurs.

Mais c’est une excuse que le Seigneur n’aime pas, parce qu’elle nous l’éloigne ! Il est le Dieu de la proximité, de la compassion, de la tendresse, et ne recherche pas le perfectionnisme : il recherche l’acceptation. Il te dit aussi : « Laisse-moi monter dans la barque de ta vie » – « Mais, Seigneur, regarde… » – « Alors, laisse-moi monter, tel quel ». Réfléchissons-y.

*

Ainsi, le Seigneur restaure la confiance de Pierre. Étant monté dans sa barque, après avoir prêché, il lui dit : « Avance dans l’abîme » (v. 4). Ce n’était pas le bon moment pour pêcher, il faisait grand jour, mais Pierre a confiance en Jésus. Il ne s’appuie pas sur les stratégies des pêcheurs, qu’il connaissait bien, mais sur la nouveauté de Jésus.

Cet émerveillement qui l’a poussé à faites ce que Jésus lui a dit. Il en est de même pour nous : si nous accueillons le Seigneur sur notre bateau, nous pouvons prendre la mer. Avec Jésus nous naviguons dans la mer de la vie sans peur, sans céder à la déception quand rien n’est pris et sans céder au « il n’y a plus rien à faire ».

Toujours, dans la vie personnelle comme dans celle de l’Église et de la société, il y a quelque chose de beau et de courageux à faire, toujours. On peut toujours recommencer, le Seigneur nous invite toujours à reprendre le jeu car Il ouvre de nouvelles possibilités.

Acceptons donc l’invitation : chassons le pessimisme et la méfiance et embarquons avec Jésus ! Même notre petit bateau vide sera témoin d’une pêche miraculeuse.

*

Prions Marie, qui a accueilli le Seigneur dans la barque de la vie comme personne d’autre : qu’elle nous encourage et intercède pour nous.

____________________________________

Après l’angélus

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui est la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines. Ce sont environ trois millions de filles qui, chaque année, subissent cette chirurgie, souvent dans des conditions très dangereuses pour leur santé. Cette pratique, malheureusement répandue dans diverses régions du monde, humilie la dignité de la femme et porte gravement atteinte à son intégrité physique.

Et mardi prochain, la commémoration liturgique de sainte Giuseppina Bakhita, la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des personnes sera célébrée. C’est une blessure profonde, infligée par la recherche honteuse d’intérêts économiques sans aucun respect pour la personne humaine.

Beaucoup de filles – on les voit dans la rue – qui ne sont pas libres, elles sont esclaves des trafiquants, qui les envoient travailler et, si elles n’apportent pas l’argent, elles les battent. Aujourd’hui, cela se produit dans nos villes. Réfléchissons-y sérieusement.

Face à ces fléaux de l’humanité, j’exprime ma douleur et exhorte ceux qui en sont responsables à agir de manière décisive, pour prévenir à la fois l’exploitation et les pratiques humiliantes qui affligent particulièrement les femmes et les filles.

*

Aujourd’hui, en Italie, la Journée pour la vie est également célébrée, sur le thème « Garder toute vie ». Cet appel est valable pour tous, en particulier pour les catégories les plus faibles : les personnes âgées, les malades, et même les enfants empêchés de naître.

Je me joins aux évêques italiens pour promouvoir la culture de la vie comme réponse à la logique du gaspillage et du déclin démographique. Chaque vie doit être gardée, toujours !

Nous avons l’habitude de voir, de lire dans les médias tant de mauvaises choses, de mauvaises nouvelles, d’accidents, de meurtres… tant de choses. Mais aujourd’hui, je voudrais mentionner deux belles choses. Un, au Maroc, comme tout un peuple s’est accroché pour sauver Rayan. C’était tout le monde là-bas, travaillant pour sauver un enfant ! Ils ont tout donné. Malheureusement, il n’y est pas parvenu.

Mais cet exemple – aujourd’hui je lisais dans le Messenger -, ces photographies d’un peuple, là, attendant pour sauver un enfant… Merci à ce peuple pour ce témoignage !

*

Et un autre, qui s’est passé ici en Italie, et qui n’apparaîtra pas dans le journal. À Monferrato: John, un migrant du Ghana de 25 ans, qui pour arriver ici a subi tout ce que beaucoup de migrants souffrent, et s’est finalement installé à Monferrato, il a commencé à travailler, pour faire son avenir, dans une cave. Et puis il est tombé malade d’un terrible cancer, il est en train de mourir.

Et quand ils lui ont dit la vérité, ce qu’il voulait faire, [il a répondu :] « Rentrez chez vous pour embrasser mon père avant qu’il ne meure. » Mourant, il pensa à son père. Et dans ce village de Monferrato ils l’ont immédiatement recueilli et, bourré de morphine, l’ont mis dans l’avion, lui et un compagnon, et l’ont envoyé pour qu’il puisse mourir dans les bras de son père.

Cela nous montre qu’aujourd’hui, au milieu de tant de mauvaises nouvelles, il y a de bonnes choses, il y a des « saints à côté ». Merci pour ces deux témoignages qui nous font du bien.

*

Je vous salue tous, Romains et pèlerins ! En particulier, ceux d’Allemagne, de Pologne et de Valence (Espagne) ; ainsi que les étudiants universitaires de Madrid – ils sont bruyants, ces Espagnols ! – et les fidèles de la paroisse Saint François d’Assise à Rome.

Un salut particulier aux religieuses du groupe Talitha Kum, engagé contre la traite. Merci! Merci pour ce que vous faites, pour votre courage. Merci. Je vous encourage dans votre travail et je bénis la statue de sainte Giuseppina Bakhita.

Et je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte traduit et présenté par l’ Association de la Médaille Miraculeuse

Marie, la Mère du Sauveur

Marie, la Mère du Sauveur

Mère-de-Dieu-et-Christ-Sauveur
Mère-de-Dieu-et-Christ-Sauveur

Dans la doctrine révélée sur la Vierge Marie, les deux grandes vérités qui dominent et d’où dérivent toutes les autres sont la maternité divine et la plénitude de grâce, affirmées l’une et l’autre dans l’Évangile et les Conciles.

l’Évangile rapporte que Jésus, passant au milieu du peuple. une femme dit (Luc, xr, 27) : «Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! » : et Jésus répondit : « Heureux surtout ceux qui écoulent la Parole de Dieu et la conservent dans leur cœur. »

D’après cette réponse du Sauveur, la plénitude de grâce et de charité, principe des actes surnaturels et méritoires sont mis en évidence par Jésus. Et Marie par excellence les possède.

Cette femme du peuple cependant ne parlait pas précisément de la maternité divine; elle ne considérait pas encore Jésus comme Dieu, mais plutôt comme un prophète écouté, admiré et acclamé, et elle parlait surtout de la maternité corporelle selon la chair et le sang : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! »

Elle ne pensait pas à ce que la maternité divine comporte spirituellement comme consentement surnaturel et méritoire au mystère de l’Incarnation rédemptrice. D’où la réponse de Jésus : « Heureux surtout ceux qui écoulent la parole de Dieu et la conservent dans leur cœur. »

Mais précisément Marie est devenue Mère du Sauveur en écoutant la Parole de Dieu, en y croyant, en disant généreusement avec une parfaite conformité de volonté au bon plaisir de Dieu et à tout ce qu’il entraînerait : « Voici la servante du Seigneur qu’il me soit fait selon ta parole »,et elle n’a pas cessé de conserver les paroles divines en son cœur, depuis le jour béni de l’Annonciation.

Si bien que sainte Élisabeth lui dit (Luc, r, 45) : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.  » Tandis que Zacharie est devenu muet pour n’avoir pas cru aux paroles de L’Ange Gabriel. « Mais voici que tu seras réduit au silence et, jusqu’au jour où cela se réalisera, tu ne pourras plus parler, parce que tu n’as pas cru à mes paroles » (Luc, I, 20).

Pour préciser encore la question, il faut insister sur ce point que la maternité chez une créature raisonnable
n’est pas seulement la maternité selon la chair et le sang. Car elle demande de soi le consentement libre donné à la lumière de la raison à un acte dont l’exercice relève de soi de la liberté et des lois morales. Autrement ce serait une faute.

De plus pour la maternité divine, il fut demandé à Marie un consentement non seulement libre, mais surnaturel et méritoire. sans lequel, d ‘après le plan de la Providence, le mystère de l’incarnation rédemptrice ne se fut pas accompli : elle le donna au nom de l’humanité.

Il ne s’agit donc pas seulement d »une maternité matérielle selon la chair et le sang, mais d’une maternité qui par sa nature même demandait le consentement surnaturel à la réalisation du mystère de l’Incarnation rédemptrice, tel qu’il devait être réalisé hic et nunc. et à tout ce qu’il entrainait de souffrances selon les prophéties messianiques, particulièrement selon celles d’Isaïe, bien connues de Marie.

Dès lors, il ne peut être question de maternité divine pour Marie, sans qu’elle soit, selon le plan de la Providence, la digne Mère du Rédempteur avec une parfaite conformité de volonté à celle de son Fils.

Aussi la Tradition dit-elle qu’elle a doublement conçu son Fils, de corps et d’esprit ; de corps : il est la chair de sa chair, le flambeau de la vie humaine du Christ s’est allumé dans le sein de la Vierge par l’opération du Saint-Esprit dans la plus parfaite pureté ; d’esprit : car il a fallu le consentement exprès de la Vierge, pour que le Verbe s’unisse en elle à notre nature.

Selon la Tradition, si la maternité divine, proclamée au Concile d’Éphèse, est unie à la plénitude de grâce et de charité, le plus grand litre de gloire de Marie est celui de Mère de Dieu.

d’après le P. Garrigou-Lagrange +

site officiel en France