Assise, l’étreinte du Pape aux pauvres du monde

Assise, l’étreinte du Pape aux pauvres du monde :
rendons-leur leur voix et leur dignité

Le Pape François a passé la matinée du 12 novembre dans la ville du Poverello, où il a rencontré 500 hommes et femmes, jeunes et vieux, en état de pauvreté, d’Ombrie et d’Europe en vue de la Journée mondiale des pauvres. Trois heures marquées par des chants, des prières, des gestes symboliques, des témoignages.

L’appel du Pontife : « Revenons à nous scandaliser des enfants réduits en esclavage ou jetés dans les naufrages, que cessent les violences faites aux femmes ».

Des femmes traitées comme des monnaies d’échange, des enfants réduits en esclavage, affamés, ballottés dans des naufrages, des familles souffrant des inégalités sociales, des chômeurs, victimes de l’hypocrisie de ceux qui ne pensent qu’à s’enrichir.

Depuis la Porcioncule d’Assise où saint François a suivi le mandat du Christ de « réparer sa maison », le Pape François demande au monde d’agir pour « réparer » la vie de milliers de personnes qui, à une époque de division et de désespoir, se trouvent à lutter eux-mêmes contre diverses formes de pauvreté.

Physiquement distant, mais unis spirituellement

« Il est temps que les pauvres aient la parole, car leurs demandes sont restées trop longtemps sans suite ».
Le Pape, debout  sur une petite scène, sous les fresques du XVe siècle de « l’église » restaurée par le Poverello, prononce ces mots en regardant droit dans les yeux les 500 pauvres réunis à Sainte Marie des Anges.

Il y a des enfants et des personnes âgées, des hommes et des femmes, des Polonais et des Espagnols, des Français et des Italiens. Ils sont physiquement espacés, mais spirituellement proches. Ils ont des histoires différentes mais ils ont une matrice commune : la souffrance et l’espoir de rédemption. Ils suivent l’événement sur grand écran, lèvent leur smartphone et prennent des photos, mais s’arrêtent ensuite pour écouter.

La vraie fête a eu lieu à l’extérieur dans le cimetière. Dès 6 heures du matin, alors que le soleil ne s’était pas encore levé sur la ville ombrienne, plusieurs groupes s’étaient déjà rassemblés derrière les barrières : certains portant une image de la Vierge, certains déroulant le panneau avec le logo de leur association, certains chantant dans leur propre langue.

Des chants et des danses se sont succédé pendant toutes les heures qui ont précédé l’arrivée du Pape, qui est arrivé avec une demi-heure de retard pour avoir d’abord salué les Clarisses de la Basilique de Sainte Claire, à qui il a laissé une lettre dédicacée en témoignage. Les sœurs ont donné 500 chapelets pour les pauvres qu’il allait rencontrer.

Depuis la place, pendant ce temps, le groupe Fratello, le plus grand et le plus « bruyant », a entonné un Alleluja en français. Un jeune homme a accompagné la chanson à l’accordéon, tandis que les Espagnols ont répondu avec un choeur Risuscitò.

Pendant ce temps, les Polonais ont récité le Rosaire, tandis que les Italiens, accompagnés de la Caritas diocésaine, de Sant’Egidio et d’un groupe de Rome des Charités apostoliques, ont exprimé leur gratitude envers le Pape « qui nous a appris qu’il est beaucoup plus satisfaisant de servir autres qu’eux-mêmes », comme le dit Sergio, un ancien sans-abri.

Arrivé à 9h30 en voiture, le Pape François s’est arrêté longuement dans la partie avant du cimetière où derrière les barrières s’entassaient, d’un côté, des groupes d’enfants des écoles d’Assise ; de l’autre, les frères qui chantaient sans interruption mais presque à voix basse. Encouragés par le geste du Pape à continuer, ils ont augmenté le volume de leurs voix, amusant le Pontife.

À pied, le Pape s’est dirigé vers les autorités, puis a parcouru le long couloir devant la basilique. Il l’a fait en tenant le bâton de pèlerin en bois que lui a offert Abrhaley Tesfagergs Habte, un jeune réfugié érythréen aveugle depuis l’âge de 5 ans à cause d’une mine antipersonnelle.

Celui-ci et la directrice de la Caritas d’Assise, Rossana Galiandro, se sont arrêtés plusieurs minutes au centre du couloir pour lire quelques messages au Pape. Celui-ci a écouté attentivement puis posé une main sur les épaules du garçon et lui amurmuré quelques mots. Parmi ceux-ci : «Continuez à prier pour moi».

À partir de ce moment, l’évêque de Rome s’est adonné au bain de foule habituel, s’arrêtant surtout pour bénir les enfants, surtout les petits en chaise roulante. Il a plaisanté avec les Espagnols de Tolède en leur demandant où étaient les castañuelas (castagnettes), puis il s’est retourné attiré par les cris d’une mère excitée – « Saint-Père, Saint-Père! » – et est allé saluer son fils qui lui a donné un dessin.

Silence dans la Basilique

L’atmosphère a vite changé dans la basilique, où certains invités ont rapporté leurs témoignages : histoires de drogue et de rejet, de violence et de démêlés avec la justice, de haine envers soi-même et envers les autres, de « saleté » externe et interne, de manque d’argent et parfois même du minimum pour guérir une maladie.

Pas même un murmure n’est entendu à Sainte Marie des Anges au cours de ces récits, seulement quelques commentaires murmurés : « J’ai des frissons », dit une femme en anglais. Le chœur entrecoupe les témoignages et contribue à créer une atmosphère de recueillement. Même les gendarmes et les journalistes s’arrêtent. Assis sur des bancs, les « pauvres » ferment les yeux, certains pleurent. « C’est une façon d’être Église », dit une dame noire de l’association Barka.

Le Pape prend la parole immédiatement après les deux derniers témoignages : « Merci pour l’invitation, mais j’ai été invité à la Journée mondiale des pauvres », commence-t-il en quittant un instant les yeux du texte préparé. « C’est une idée qui est née de vous et qui a grandi, et maintenant nous en sommes à la cinquième ».

« Je remercie Dieu pour cette idée du jour – dit-il encore à l’improviste -. C’est une idée un peu étrange née dans une sacristie : je devais célébrer la messe et l’un de vous, il s’appelle Étienne, vous le connaissez ? C’est un enfant terrible… Il m’a fait une suggestion : ‘Faisons une journée des pauvres’. Je suis sorti et j’ai senti par le Saint-Esprit devoir le faire. C’est ainsi que tout a commencé, par le courage de l’un d’entre vous. »

Merci au Cardinal Barbarin

« Merci », dit le Pape, à tous ceux qui ont œuvré pour cette journée. Et merci, ajoute-t-il, également au cardinal Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon, qui s’est retrouvé en jugement il y a quelques années pour des accusations de dissimulation de cas d’abus, puis définitivement acquitté.

Le cardinal est à Assise avec des pauvres de France. « Il est parmi les pauvres – dit le Pape en le regardant – Lui aussi a fait l’expérience de la pauvreté dans la dignité. Abandon, méfiance, et il s’est défendu par le silence et la prière. Merci Cardinal Barbarin, pour votre témoignage qui construit l’Église ».

Il est temps d’ouvrir les yeux

Après avoir rappelé la « leçon » du saint dont il tire son nom, et sa sainteté si puissante qu’elle en fait presque « frissonner », le pape François se tourna alors vers les pauvres, mais ne manqua pas l’ appel – vigoureux quoique prononcé avec un filet de voix – à ceux qui détiennent aujourd’hui des rôles de responsabilité, politique et sociale :

« Il est temps que nos yeux s’ouvrent pour voir l’état d’inégalité dans lequel vivent tant de familles. Il est temps de retrousser nos manches pour restaurer la dignité en créant des emplois. Il est temps de recommencer à se scandaliser de la réalité des enfants affamés, réduits en esclavage, ballottés par les eaux en proie au naufrage, victimes innocentes de toutes sortes de violences.

Il est temps que la violence à l’égard des femmes cesse et qu’elle soient respectées et non traitées comme une monnaie d’échange. Il est temps de briser le cercle de l’indifférence pour revenir découvrir la beauté de la rencontre et du dialogue ».

Et c’est justement cette rencontre, de lieux et de réalités différentes, dans une expérience commune mais dans une ville hors du commun comme Assise, la chose la plus importante : « Se rencontrer… c’est aller l’un vers l’autre avec le cœur ouvert et la main tendue. Nous savons que chacun de nous a besoin de l’autre, et même la faiblesse, si elle est vécue ensemble, peut devenir une force qui améliore le monde. »

Souvent, la présence des pauvres est considérée avec agacement et subie. Une insulte de plus… On entend parfois dire que les responsables de la pauvreté sont les pauvres ! Afin de ne pas procéder à un examen de conscience sérieux sur ses propres actes, sur l’injustice de certaines lois et mesures économiques, sur l’hypocrisie de ceux qui veulent s’enrichir à outrance,qui jettent la faute sur les épaules des plus faibles.

Crier vers Dieu et accueillir, même avec le sourire

Nous devons prier, exhorte le Pape.Comme saint François l’a fait il y a des siècles dans ce lieu sacré, « nous aussi, nous voulons demander au Seigneur d’entendre notre cri et de venir à notre aide ». Car « la première marginalisation dont souffrent les pauvres est la marginalisation spirituelle ».

Le Pape François loue la générosité de tant de jeunes qui trouvent le temps d’aider les pauvres et de leur apporter de la nourriture et des boissons chaudes, mais il dit se réjouir avant tout « quand j’entends que ces bénévoles s’arrêtent un moment pour parler aux gens, et parfois ils prient ensemble. » Ce sont des gestes d’accueil, l’expression la plus évangélique que nous sommes appelés à faire nôtre ». Parfois, un « sourire » suffit, souligne le Pape, citant Mère Teresa.

Là où il y a un vrai sens de la fraternité, il y a aussi l’expérience sincère de l’accueil. Là où au contraire il y a la peur de l’autre, le mépris de sa vie, alors le rejet surgit.

Le rejet se termine par l’égoïsme

« L’accueil génère un sentiment de communauté ; au contraire, le refus se referme sur son propre égoïsme », affirme le Pape. Et il rappelle les témoignages entendus un peu plus tôt, d’où se dégage un « grand sentiment d’espérance ».

La vie n’a pas toujours été indulgente avec vous, au contraire, elle vous a souvent montré un visage cruel. La marginalisation, la souffrance de la maladie et de la solitude, le manque de beaucoup de moyens nécessaires ne vous ont pas empêché de regarder avec des yeux pleins de gratitude les petites choses qui vous ont permis de résister.

Résister, malgré tout

« Résister », dit le Pape François, « c’est avoir la force de continuer malgré tout ». « Ce n’est pas une action passive », au contraire cela signifie « trouver des raisons de ne pas baisser les bras face aux difficultés, sachant que nous ne les vivons pas seuls mais ensemble, et que ce n’est qu’ensemble que nous pouvons les surmonter ». Il n’y a donc pas de place pour la « tentation de lâcher prise », ni pour la solitude et la tristesse. Nous devons demander à Dieu de nous aider à « faire de notre faiblesse une force » et à « transformer la pauvreté en richesse à partager, et ainsi améliorer le monde ».

De là encore merci à toutes les personnes présentes et spécialement à Étienne : « Vous avez été dociles à l’Esprit Saint, merci pour l’entêtement d’amener le Pape à Assise ». Enfin la promesse : « Je vous porte dans mon cœur. N’oubliez pas de prier pour moi, car moi aussi j’ai mes misères, et beaucoup ».

Cadeaux et pause café

Des applaudissements prolongés concluent la cérémonie. Le Pape salue certaines personnes et distribue des cadeaux. Cinq cents sacs à dos du projet + trois avec pulls, écharpes, chapeaux, vestes d’hiver et masques sont remis aux personnes présentes, ainsi que des couvertures par les Franciscains de la Portioncule.

L’acte final est à nouveau dans le cimetière avec une pause-café sous le belvédère, avec des collations, des jus de fruits, des boissons chaudes. Tous les participants de la rencontre déjeunent avec l’archevêque d’Assise, Mgr Domenico Sorrentino, et le président des évêques de l’Ombrie, Renato Boccardo.

Déjeuner avec les Clarisses à Spello

Au lieu de cela, le Pape, avant de retourner au Vatican, a voulu rendre visite aux Clarisses de Spello et s’est arrêté pour déjeuner avec la communauté, quittant le monastère vers 14h30.

réveiller le Christ dans notre cœur

réveiller le Christ dans notre cœur

La catéchèse de ce mercredi 10 novembre a porté sur  la fin du commentaire de la lettre aux Galates (Gal 6, 9-10.18). Le Pape François a commenté la manière dont Saint Paul annonçait l’Évangile, et ce que son témoignage peut susciter en nous: l’enthousiasme et la conscience de nos limites, ce qui rend nécessaire le soutien du Seigneur.
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PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 10 novembre 2021

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Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Chers frères et sœurs,

nous sommes parvenus à la fin de la catéchèse sur la Lettre aux Galates. Dans cette Lettre, l’Apôtre Paul nous a parlé en évangélisateur, en théologien et en pasteur qui a su contempler le mystère du Christ et l’a transmis par son intelligence créative. Il a aussi défendu la liberté apportée par le Christ et a fait comprendre aux Galates qu’ils y étaient aussi appelés.

En effet, cette liberté les affranchissait de toute forme d’esclavage et les rendait héritiers de la promesse et fils de Dieu en Christ. Elle n’équivaut pas au libertinage et ne conduit pas à des formes d’autosuffisance présomptueuse. A l’ombre de l’amour, cette liberté s’exerce dans le service de la charité.

De cet itinéraire catéchétique, deux attitudes peuvent naître en nous. D’une part l’enthousiasme à suivre immédiatement le chemin de la liberté et à “marcher selon l’Esprit”. D’autre part, la conscience de nos limites qui peut freiner l’enthousiasme.

Dans une telle situation, Saint Augustin nous suggère de réveiller le Christ dans notre cœur et de contempler les choses avec son regard. Nous ne devons pas non plus nous lasser de faire le bien, en invoquant souvent le secours du Saint Esprit.


Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 15. Ne nous laissons pas prendre par la fatigue

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous sommes parvenus à la fin de la catéchèse sur la Lettre aux Galates. Tant d’autres éléments contenus dans ce texte de Saint Paul auraient pu faire l’objet d’une réflexion ! La parole de Dieu est une source inépuisable. Dans cette Lettre, l’Apôtre Paul nous a parlé en évangélisateur, en théologien et en pasteur.

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Le saint évêque Ignace d’Antioche a une belle expression lorsqu’il écrit : « Il y a un seul maître lequel parla et ce qu’il dit fut réalisé ; mais les choses qu’il a faites en silence sont dignes du Père. Qui possède la parole de Jésus peut aussi entendre son silence » (Ad Ephesios, 15, 1-2). Nous pouvons dire que l’apôtre Paul a su donner voix à ce silence de Dieu.

Ses intuitions les plus originales nous aident à découvrir la nouveauté bouleversante dont recèle la révélation de Jésus-Christ. Il a été un véritable théologien, qui a contemplé le mystère du Christ et l’a transmis par son intelligence créatrice. Et il a aussi été capable d’exercer sa mission pastorale auprès d’une communauté perdue et désorientée.

Il l’a fait avec différentes méthodes : il a utilisé de temps en temps l’ironie, la rigueur, la douceur… Il a affirmé son autorité d’apôtre, mais en même temps il n’a pas caché les faiblesses de son caractère. La puissance de l’Esprit a vraiment creusé son cœur : la rencontre avec le Christ ressuscité a conquis et transformé toute sa vie, qu’il a entièrement consacrée au service de l’Évangile.

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Paul n’a jamais pensé à un christianisme aux traits iréniques, manquant de mordant et d’énergie, au contraire. Il a défendu la liberté apportée par le Christ avec une passion qui nous touche encore aujourd’hui, surtout si l’on pense aux souffrances et à la solitude qu’il a dû endurer.

Il était convaincu d’avoir reçu un appel auquel lui seul pouvait répondre ; et il a voulu expliquer aux Galates qu’eux aussi étaient appelés à cette liberté, qui les affranchissait de toute forme d’esclavage, parce qu’elle les rendait héritiers de l’ancienne promesse et enfants de Dieu dans le Christ. Et conscient des risques que comportait cette conception de la liberté, il n’en a jamais minimisé les conséquences.

Il était conscient des risques que comporte la liberté chrétienne, mais il n’en a pas minimisé les conséquences. Il a expliqué avec parrhésie, c’est-à-dire avec courage, aux croyants que la liberté n’équivaut pas en fait au libertinage et ne conduit pas à des formes d’autosuffisance présomptueuse. Au contraire, Paul a placé la liberté à l’ombre de l’amour et a établi son exercice cohérent dans le service de la charité.

Toute cette vision s’inscrit dans l’horizon de la vie selon l’Esprit Saint, qui porte à son accomplissement la Loi donnée par Dieu à Israël et empêche de retomber sous l’esclavage du péché. La tentation est toujours de retourner en arrière. Une définition des chrétiens, qui se trouve dans les Écritures, dit que nous, les chrétiens, ne sommes pas des gens qui vont en arrière, qui retournent en arrière.

Une belle définition. Et la tentation est d’aller en arrière pour être plus sûr ; de revenir uniquement à la Loi, en négligeant la vie nouvelle de l’Esprit. C’est ce que Paul nous enseigne : la vraie Loi a sa plénitude dans cette vie de l’Esprit que Jésus nous a donné. Et cette vie de l’Esprit peut être vécue seulement dans la liberté, la liberté chrétienne. Et c’est l’une des choses plus belles.

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Au terme de cet itinéraire catéchétique, il me semble que deux attitudes peuvent naître en nous. D’une part, l’enseignement de l’Apôtre suscite en nous enthousiasme ; nous nous sentons poussés à suivre immédiatement le chemin de la liberté, à « marcher selon l’Esprit ». Toujours marcher selon l’Esprit : ça nous rend libres.

D’autre part, nous sommes conscients de nos limites, car nous faisons l’expérience chaque jour de la difficulté d’être docile à l’Esprit, de répondre à son action bénéfique. Alors peut s’installer la fatigue qui freine l’enthousiasme. Nous nous sentons découragés, faibles, parfois marginalisés par rapport au style de vie de la mentalité mondaine.

Saint Augustin nous suggère comment réagir dans cette situation, en se référant à l’épisode évangélique de la tempête sur le lac. Il dit ainsi :

« La foi du Christ dans ton cœur est comme le Christ dans la barque. Tu entends des insultes, tu te fatigues, tu es contrarié, et Christ dors. Réveille le Christ, secoue ta foi ! Même dans la tourmente, tu es capable de faire quelque chose. Secoue ta foi. Le Christ se lève et te parle… Réveille donc le Christ… Croie ce qui a été dit, et il y aura un grand calme dans ton cœur » (Sermons 163/B 6).

Dans les moments de difficulté, nous sommes comme – dit ici saint Augustin – dans la barque au moment de la tempête. Et qu’ont-ils fait les Apôtres ? Ils ont réveillé le Christ qui dormait dans la tempête, mais Lui était présent. L’unique chose que nous pouvons faire dans les mauvais moments est de « réveiller » le Christ qui est en nous, mais « endormi » comme dans la barque.

C’est vraiment ainsi. Nous devons réveiller le Christ dans notre cœur et alors seulement nous pourrons contempler les choses avec son regard, car il voit au-delà de la tempête. À travers son regard serein, nous pouvons voir un panorama qui, par nous-mêmes, n’est même pas concevable.

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Dans ce parcours difficile mais fascinant, l’Apôtre nous rappelle que nous ne devons pas non plus nous lasser de faire le bien. Ne vous lassez pas de faire le bien. Nous devons avoir confiance que l’Esprit vient toujours au secours de notre faiblesse et nous accorde le soutien dont nous avons besoin. Apprenons donc à invoquer plus souvent l’Esprit Saint ! Quelqu’un pourrait dire :

« Et comment invoque-t-on le Saint-Esprit ? Parce que je sais comment prier le Père, avec le Notre Père ; je sais comment prier la Vierge avec l’Ave Maria ; je sais comment prier Jésus avec la Prière des Plaies, mais qu’en est-il de l’Esprit ? Quelle est la prière du Saint-Esprit ? »

La prière à l’Esprit Saint est spontanée : elle doit venir de ton cœur. Tu dois dire dans les moments de difficulté :  » Saint Esprit, viens ». Le mot clé est celui-ci : « viens ». Mais tu dois le dire avec ton langage, avec tes mots. Viens, parce que je suis en difficulté, viens parce que je suis dans l’obscurité, dans les ténèbres ; viens parce que je ne sais pas quoi faire ; viens parce que je risque de tomber. Viens. Viens.

C’est la parole de l’Esprit pour invoquer l’Esprit. Apprenons à invoquer plus souvent l’Esprit Saint. Nous pouvons le faire avec des mots simples, à différents moments de la journée. Et nous pouvons emporter avec nous, peut-être bien dans notre Évangile de poche, la belle prière que l’Église récite à la Pentecôte :

 » Viens, Esprit Saint, / envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. / Viens, Père des pauvres, / viens, dispensateur des dons, /viens, lumière de nos cœurs. / Consolateur souverain, / hôte très doux de nos âmes, / adoucissante fraîcheur… ».

Viens. Et ainsi de suite, c’est une prière très belle. Le cœur de la prière est « viens », c’est ainsi que la Vierge et les Apôtres priaient après que Jésus soit monté au Ciel ; ils étaient seuls au Cénacle et invoquaient l’Esprit. Cela nous fera du bien de prier souvent : Viens, Esprit Saint.

Et avec la présence de l’Esprit, nous sauvegardons la liberté. Nous serons libres, des chrétiens libres, non attachés au passé au sens négatif du terme, non liés à des pratiques, mais libres de la liberté chrétienne, celle qui nous fait mûrir. Cette prière nous aidera à marcher dans l’Esprit, dans la liberté et dans la joie, car quand vient l’Esprit Saint, vient la joie, la vraie joie. Que le Seigneur vous bénisse !


Salutations

Je salue cordialement les personnes de langue française, particulièrement les jeunes de “l’École des Francs Bourgeois-La-Salle, de Paris”. Frères et sœurs, à l’exemple de Saint Paul, demandons la grâce d’une vraie rencontre avec le Christ afin qu’il nous libère des liens qui nous entravent en ce monde et qu’il nous aide à mettre toute notre vie au service de l’Évangile et du prochain. Que Dieu vous bénisse !

Je salue les pèlerins et les visiteurs anglophones qui participent à l’audience d’aujourd’hui, en particulier les groupes d’Angleterre et des États-Unis d’Amérique. En ce mois de novembre, prions pour nos proches décédés, et pour tous ceux qui sont morts, que le Seigneur dans sa miséricorde les accueille dans le Royaume des cieux. Sur vous tous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Christ. Que Dieu vous bénisse!

Je souhaite une cordiale bienvenue aux frères et sœurs germanophones. Essayons de marcher dans le Saint-Esprit, d’être proches de ceux qui sont dans le besoin et de louer le Seigneur dans toutes nos affaires. Dieu miséricordieux vous bénisse ainsi que vos familles.

Je salue cordialement les fidèles de langue espagnole. Je vous encourage à demander avec confiance à l’Esprit Saint d’aider notre faiblesse, nous pouvons le faire avec la prière que nous propose la liturgie le jour de la Pentecôte et qui commence ainsi : « Viens Esprit divin, envoie ta lumière du ciel. Père bien-aimé des pauvres, offre tes magnifiques dons. Lumière qui pénètre les âmes, source de la plus grande consolation ». Cela nous fera du bien de le réciter fréquemment, cela nous aidera à marcher dans la joie et la liberté. Que le Seigneur vous bénisse. Merci beaucoup.

Chers fidèles de langue portugaise, le mois de novembre nous rappelle le destin éternel qui nous attend ; et il le fait de plusieurs manières, dont l’une est le souvenir nostalgique de nos proches décédés. Ils nous ont laissé un jour avec la demande, tacite ou explicite, de notre aide spirituelle dans leur traversée vers l’au-delà ; comme vous le savez, nos mains en prière atteignent le Ciel, et ainsi nous pouvons les y accompagner, consolidant en eux et en nous-mêmes les liens qui nous unissent à l’éternité. Avec ce rappel que vous priez pour vos proches décédés, je vous délivre la Bénédiction Apostolique.

Je salue les fidèles arabophones. Saint Paul nous rappelle que nous ne pouvons nous permettre aucune lassitude à faire le bien. Nous devons avoir foi en l’Esprit Saint, qui vient toujours au secours de notre faiblesse et nous accorde le soutien dont nous avons besoin pour faire le bien. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal !

Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins polonais. La fête nationale de l’indépendance est demain en Pologne. En remerciant le Seigneur pour le don de la liberté, rappelons-nous que – comme l’a dit saint Jean-Paul II – « cette liberté doit être gérée sur la base de l’amour de Dieu, de la patrie et des frères » (13.11.2002).

« Aujourd’hui, le monde et la Pologne ont besoin d’hommes au grand cœur, qui servent avec humilité et amour, qui bénissent et ne maudissent pas, qui conquièrent la terre avec bénédiction » (Sopot, 5.06.1999). Avec le vœu de paix et de tout bien, je confie tous les Polonais à Dieu et je vous bénis de tout cœur.

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Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins de langue italienne. En particulier, je salue les Associations du Clergé et les Unions de Culte – Sacristains : j’exprime ma reconnaissance pour votre service, que je vous encourage à accomplir toujours avec une vive sensibilité pastorale.

Je salue les représentants de la Police Pénitentiaire, des Sapeurs-Pompiers et autres syndicats du secteur Sécurité et Défense : j’espère que votre profession sera comprise comme une « mission », à exercer avec compétence et responsabilité morale.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés. Aujourd’hui, la liturgie se souvient de saint Léon le Grand, Pape et Docteur de l’Église, qui a consacré son existence à la défense et à la diffusion de la vérité évangélique. Par son intercession, puissiez-vous vivre votre foi dans la joie et être des témoins sereins de l’amour du Seigneur.

Ma bénédiction à chacun de vous.


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celui qui offre tout trouve Dieu

Celui qui offre tout trouve Dieu

À la lumière de l’Évangile d’aujourd’hui, à l’Angélus, le Pape réfléchit sur l’attitude différente des scribes et d’une pauvre veuve qui offre tout ce qu’elle a.Un geste, celui de la femme, qui exprime « une foi sans atours extérieurs, mais sincère intérieurement, faite d’humble amour pour Dieu et pour les frères ».

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 24 octobre 2021

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Chers frères et sœurs, bonjour!

La scène décrite par l’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui se déroule à l’intérieur du Temple de Jérusalem. Jésus regarde, regarde ce qui se passe dans ce lieu, le plus sacré de tous, et voit comment les scribes aiment marcher pour être remarqués, salués, vénérés, et avoir des places d’honneur. Et Jésus ajoute qu’« ils dévorent les maisons des veuves et prient longtemps pour être vus » (Mc 12, 40).

En même temps, ses yeux entrevoient une autre scène : une pauvre veuve, une seule de celles exploitées par les puissants, jette dans le trésor du Temple « tout ce qu’elle avait pour vivre » (v. 44). Ainsi dit l’Évangile, Elle jette tout ce qu’elle avait pour vivre dans le trésor.

L’Évangile nous présente ce contraste saisissant : le riche, qui donne à voir le superflu, et une pauvre femme qui, sans paraître, offre tout le peu qu’elle a. Deux symboles des attitudes humaines.

Jésus regarde les deux scènes. Et c’est précisément ce verbe – « regarder » – qui résume son enseignement : de ceux qui vivent la foi avec duplicité, comme ces scribes, « il faut se garder » pour ne pas devenir comme eux ; tandis que la veuve il faut « regarder » pour la prendre comme modèle. Arrêtons-nous là-dessus : méfiez-vous des hypocrites et regardez la pauvre veuve.

Méfiez-vous d’abord des hypocrites, c’est-à-dire veillez à ne pas fonder votre vie sur le culte de l’apparence, de l’extériorité, sur le soin exagéré de son image. Et surtout, attention à ne pas plier la foi à nos intérêts.

Ces scribes ont couvert leur vaine gloire du nom de Dieu et, pire encore, ont utilisé la religion pour gérer leurs affaires, abusant de leur autorité et exploitant les pauvres. Ici, nous voyons cette attitude si mauvaise qu’aujourd’hui encore, nous voyons le cléricalisme dans de nombreux endroits, dans de nombreux endroits, celui-ci étant au-dessus des humbles, les exploitant, les « battant », se sentant parfaits.

C’est le mal du cléricalisme. C’est un avertissement pour tous les temps et pour tous, Église et société : ne profitez jamais de votre rôle pour écraser les autres, ne gagnez jamais sur la peau des plus faibles ! Et soyez vigilants, pour ne pas tomber dans la vanité, pour ne pas devenir obsédés par les apparences, perdre de la substance et vivre dans la superficialité.

Demandons-nous si cela nous aidera : dans ce que nous disons et faisons, voulons-nous être appréciés et gratifiés ou voulons-nous rendre un service à Dieu et à notre prochain, surtout le plus faible ? Veillons à la fausseté du cœur, à l’hypocrisie, qui est une dangereuse maladie de l’âme !

C’est une double pensée, un double jugement, comme le dit le mot lui-même : « juger en bas », apparaissant d’une manière et « hypo » en bas, ayant une autre pensée. Double, personnes à double âme, duplicité d’âme.

Et pour guérir de cette maladie, Jésus nous invite à regarder la pauvre veuve. Le Seigneur dénonce l’exploitation de cette femme qui, pour faire l’offre, doit rentrer chez elle privée même du peu qu’elle a à vivre. Comme il est important de libérer le sacré de ses liens avec l’argent ! Jésus l’avait déjà dit, ailleurs : on ne peut pas servir deux maîtres.

Soit vous servez Dieu – et nous pensons qu’il dit « soit le diable », non – soit Dieu soit l’argent. C’est un maître, et Jésus dit que nous ne devrions pas le servir. Mais, en même temps, Jésus loue le fait que cette veuve jette tout ce qu’elle a dans le trésor. Elle n’a plus rien, mais elle trouve tout en Dieu.

Elle n’a pas peur de perdre le peu qu’elle a, parce qu’elle a confiance en beaucoup de Dieu, et ce beaucoup de Dieu multiplie la joie de ceux qui donnent. Cela nous fait aussi penser à cette autre veuve, celle du prophète Élie, qui s’apprêtait à faire une focaccia avec la dernière farine qu’elle avait et la dernière huile ; Élie lui dit : « Donne-moi à manger » et elle donne ; et la farine ne diminuera jamais, un miracle (cf. 1 Rois 17, 9-16).

Le Seigneur, face à la générosité des gens, va toujours plus loin, il est plus généreux. Mais c’est Lui, pas notre avidité. Voici donc que Jésus la propose comme maîtresse de foi, cette dame : elle ne va pas au Temple pour se laver la conscience, elle ne prie pas pour être vue, elle n’affiche pas sa foi, mais donne avec son cœur, avec générosité et gratuité.

Ses pièces ont un son plus beau que les grandes offres des riches, car elles expriment une vie consacrée à Dieu avec sincérité, une foi qui ne vit pas sur les apparences mais sur une confiance inconditionnelle. Nous apprenons d’elle : une foi sans atours extérieurs, mais sincère intérieurement ; une foi faite d’amour humble pour Dieu et pour les frères.

Et maintenant, nous nous tournons vers la Vierge Marie, qui, avec un cœur humble et transparent, a fait de toute sa vie un don pour Dieu et pour son peuple.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

Je suis avec inquiétude les nouvelles en provenance de la région de la Corne de l’Afrique, notamment d’Éthiopie, secouée par un conflit qui dure depuis plus d’un an et qui a fait de nombreuses victimes et une grave crise humanitaire. J’invite chacun à prier pour ces peuples si durement éprouvés, et je renouvelle mon appel pour que prévalent l’harmonie fraternelle et la voie pacifique du dialogue.

Et j’assure également mes prières pour les victimes de l’incendie suite à une explosion de carburant à la périphérie de Freetown, la capitale de la Sierra Leone.

Hier à Manresa, en Espagne, trois martyrs de la foi ont été proclamés bienheureux, appartenant à l’Ordre des frères mineurs capucins : Benet de Santa Coloma de Gramenet, Josep Oriol de Barcelona et Domènech de Sant Pere de Riudebitlles.

Ils ont été tués pendant la période de persécution religieuse du siècle dernier en Espagne, se révélant être des témoins doux et courageux du Christ. Que leur exemple aide les chrétiens d’aujourd’hui à rester fidèles à leur vocation, même dans les moments d’épreuve. Une salve d’applaudissements à ces nouveaux bienheureux !

Je vous salue tous, chers fidèles de Rome et pèlerins de divers pays, en particulier ceux venus des États-Unis d’Amérique et du Portugal. Je salue les groupes de fidèles de Prato et de Foligno ; et les garçons de la Profession de Foi de Bresso.

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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