Audience générale: seul le Christ apporte la justification

Audience générale: seul le Christ apporte la justification

Le Pape François a parlé ce mercredi sur le rôle de la Loi de Moïse dans le plan de Salut de Dieu, poursuivant le cycle de catéchèse qu’il consacre à la Lettre aux Galates. Si ce rôle est éducatif et disciplinaire, il est aussi limité dans le temps, car son autorité prend fin avec la foi en Jésus-Christ.
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PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 18 août 2021

Résumé :

Frères et sœurs, saint Paul, dans sa lettre aux Galates, explique le rôle de la loi de Moïse dans le plan de salut de Dieu. Avant la foi en Jésus Christ, la Loi a le rôle d’un pédagogue. Elle dit où se trouve la transgression et rend les personnes conscientes de leur péché. Ce rôle est assurément disciplinaire.

L’homme se trouve « sous la Loi » dans une situation de servitude. Mais elle est en même temps un don de Dieu pour son peuple, car, par elle, il le protège, l’éduque et le soutient dans sa faiblesse. Elle est donc une réalité positive mais devant être limitée dans le temps, le temps de la maturation et du choix de la liberté.

Par la foi au Christ, la Loi perd son rôle propédeutique et doit laisser la place à une autre autorité. Cet avant et après la conversion à Jésus Christ se rencontrent aussi dans la vie personnelle de tout chrétien. Après avoir eu besoin de la Loi, nous recevons la grâce de devenir enfants de Dieu pour vivre dans son amour.

Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 5. La valeur préparatoire de la Loi

Frères et sœurs, bonjour !
Saint Paul, amoureux de Jésus-Christ et qui a bien compris ce qu’était le salut, nous a enseigné que les « enfants de la promesse » (Ga 4,28) – c’est-à-dire nous tous, justifiés par Jésus-Christ – ne sont pas sous le lien de la loi, mais ils sont appelés au style de vie exigeant dans la liberté de l’Évangile. La loi, pourtant, existe.

Mais elle existe d’une autre manière : la même Loi, les Dix Commandements, mais d’une autre manière, car à elle seule elle ne peut pas justifier une fois que le Seigneur Jésus est venu. Et nous nous demandons : quel est, selon la Lettre aux Galates, le rôle de la Loi ? Dans le passage que nous venons d’entendre, Paul soutient que la Loi était comme un pédagogue.

C’est une belle image, celle du pédagogue dont nous avons parlé lors de la dernière audience, une image qui mérite d’être comprise dans son sens propre.

L’Apôtre semble suggérer aux chrétiens de diviser en deux l’histoire du salut, ainsi que son histoire personnelle. Il y a deux moments : avant d’être devenu croyant en Jésus-Christ et après avoir reçu la foi. Au centre se trouve l’événement de la mort et de la résurrection de Jésus, que Paul a prêché pour éveiller la foi dans le Fils de Dieu, source de salut et en Jésus-Christ nous sommes justifiés.

Nous sommes justifiés par la gratuité de la foi au Christ Jésus. Ainsi, à partir de la foi au Christ, il y a un « avant » et un « après » par rapport à la Loi elle-même, car la loi existe, les Commandements existent, mais il y a un attitude avant la venue de Jésus et ensuite après. L’histoire précédente est déterminée par le fait d’être « sous la loi ».

Et quiconque marchait sur le chemin de la Loi était sauvé, il était justifié ; la suivante – après la venue de Jésus – doit être vécue selon l’Esprit Saint (cf. Ga 5, 25). C’est la première fois que Paul utilise cette expression : être « sous la Loi ». Le sens sous-jacent implique l’idée d’un esclavage négatif, typique des esclaves : « être en dessous ».

L’Apôtre explique cela en disant que lorsqu’on est « sous la Loi », on est comme « gardé » et « emprisonné », une sorte de garde à vue. Ce temps, dit saint Paul, a duré longtemps – de Moïse à la venue de Jésus – et se perpétue tant que l’on vit dans le péché.

Le rapport entre la Loi et le péché sera exposé de manière plus systématique par l’Apôtre dans sa Lettre aux Romains, écrite quelques années après celle aux Galates. En résumé, la Loi conduit à une définition de la transgression et à faire prendre conscience aux gens de leur péché : « Vous avez fait cela, donc la Loi – les Dix Commandements – dit ceci : vous êtes dans le péché ».

En effet, comme l’enseigne l’expérience commune, le précepte finit par stimuler la transgression. Il écrit ainsi dans la Lettre aux Romains : « Lorsque nous étions dans la faiblesse de la chair, les passions pécheresses, stimulées par la Loi, se déchaînaient dans nos membres afin de porter du fruit pour la mort. Mais maintenant, étant morts de ce qui nous tenait prisonniers, nous sommes libérés de la Loi » (7,5-6).

Pourquoi? Parce que la justification de Jésus-Christ est venue. Paul fixe sa vision de la Loi : « L’aiguillon de la mort est le péché et la puissance du péché est la Loi » (1 Co 15, 56). Un dialogue : vous êtes sous la Loi, et vous êtes là avec la porte ouverte au péché.

Dans ce contexte, la référence au rôle pédagogique joué par le droit prend tout son sens. Mais la Loi est le pédagogue, qui vous mène, où ? A Jésus. Dans le système scolaire de l’antiquité, le pédagogue n’avait pas la fonction que l’on lui attribue aujourd’hui, à savoir celle de soutenir l’éducation d’un garçon ou d’une fille.

A l’époque, c’était plutôt un esclave qui avait pour tâche d’accompagner le fils du maître chez le maître puis de le ramener chez lui. Il devait donc le protéger des dangers, le surveiller pour qu’il ne se comporte pas de manière incorrecte. Sa fonction était plutôt disciplinaire.

Lorsque le garçon est devenu adulte, le pédagogue a cessé ses fonctions. Le pédagogue auquel Paul fait référence n’était pas le professeur, mais c’est lui qui l’accompagnait à l’école, surveillait le garçon et le ramenait à la maison.

Se référer à la Loi en ces termes permet à saint Paul de clarifier le rôle qu’elle a joué dans l’histoire d’Israël. La Torah, c’est-à-dire la Loi, avait été un acte de magnanimité de la part de Dieu envers son peuple. Après l’élection d’Abraham, l’autre grand acte fut la Loi : tracer la voie pour aller de l’avant.

Certes, il avait eu des fonctions restrictives, mais en même temps il avait protégé le peuple, il l’avait éduqué, discipliné et soutenu dans sa faiblesse, surtout à l’abri du paganisme ; il y avait beaucoup d’attitudes païennes à cette époque. La Torah dit : « Il n’y a qu’un seul Dieu et il nous a mis sur la route ». Un acte de bonté de la part du Seigneur.

Et certes, comme je l’ai dit, il avait eu des fonctions contraignantes, mais en même temps il avait protégé le peuple, il l’avait éduqué, l’avait discipliné, l’avait soutenu dans sa faiblesse. C’est pourquoi l’Apôtre s’arrête plus tard pour décrire l’étape de l’âge mineur.

Et il dit ainsi : « Tant que l’héritier est un enfant, il n’est pas du tout différent d’un esclave, bien qu’il soit maître de tout, mais il dépend de tuteurs et d’administrateurs jusqu’au terme fixé par son père. Alors aussi, quand nous étions enfants, nous étions esclaves des éléments du monde » (Ga 4 : 1-3).

Bref, la conviction de l’Apôtre est que la Loi a certes une fonction positive – donc de pédagogue dans la transmission -, mais c’est une fonction limitée dans le temps. Sa durée ne peut être prolongée au-delà de toute mesure, car elle est liée à la maturation des personnes et à leur choix de liberté. Une fois la foi atteinte, la Loi épuise sa valeur préparatoire et doit céder la place à une autre autorité.

Qu’est-ce que ça veut dire? Quand la Loi est terminée, nous pouvons dire : « Croyons-nous en Jésus-Christ et faisons-nous ce que nous voulons ? « Non! Les Commandements sont là, mais ils ne nous justifient pas. Ce qui nous justifie, c’est Jésus-Christ. Les Commandements doivent être observés, mais ils ne nous rendent pas justice ; il y a la gratuité de Jésus-Christ, la rencontre avec Jésus-Christ qui nous justifie librement.

Le mérite de la foi est de recevoir Jésus, le seul mérite : ouvrir le cœur. Et que faisons-nous des Commandements ? Nous devons les observer, mais comme une aide à la rencontre avec Jésus-Christ.

Cet enseignement sur la valeur de la loi est très important et mérite d’être mûrement réfléchi pour ne pas tomber dans l’incompréhension et faire de faux pas. Cela nous fera du bien de nous demander si nous vivons encore à l’époque où nous avons besoin de la Loi, ou si au contraire nous avons bien conscience d’avoir reçu la grâce d’être devenus enfants de Dieu pour vivre dans l’amour.

Comment je vis? Dans la peur que si je ne fais pas ça, j’irai en enfer ? Ou est-ce que je vis aussi avec cette espérance, avec cette joie de la gratuité du salut en Jésus-Christ ? C’est une bonne question. Et aussi la seconde : est-ce que je méprise les Commandements ? Non. Je les observe, mais pas de manière absolue, car je sais que ce qui me justifie, c’est Jésus-Christ.

Salutations

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes de la paroisse de Bondy. Je forme le vœu que ce temps d’été, soit pour chacun l’occasion de prendre le temps de nourrir ses relations familiales et amicales, et de se ressourcer dans sa vie spirituelle avec le Seigneur. Que Dieu vous bénisse.

Je salue cordialement les fidèles anglophones. Que ces paisibles journées d’été soient pour vous et vos familles un moment privilégié de grâce et de renouveau spirituel. Que Dieu vous bénisse!

Bienvenue cordiale aux frères et sœurs germanophones ! Nous remercions le Seigneur pour ce temps de vacances, une occasion de consacrer plus de temps à nos proches. Que la Bienheureuse Vierge Marie vous protège et vous accompagne toujours.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Je vous encourage à vous laisser interroger par cette question que Saint Paul nous a posée : Sommes-nous encore sous la Loi, comme des esclaves, ou sommes-nous déjà arrivés à maturité pour embrasser Jésus avec conviction et le projet d’amour que le Père nous réserve pour chacun d’entre nous ? Que Dieu vous bénisse. Merci beaucoup.

J’adresse un salut cordial aux fidèles lusophones. Chers frères et sœurs, n’oubliez pas que tout baptisé est appelé à vivre dans la liberté des enfants de Dieu, c’est l’Esprit Saint qui vous permettra de vivre et de témoigner de votre foi avec joie et générosité. Que Notre-Dame vous accompagne et vous protège tous et vos proches !

Je salue les fidèles arabophones. Demandons-nous si nous vivons encore à l’époque où nous avons besoin de la Loi, ou si au contraire nous sommes bien conscients d’avoir reçu la grâce d’être devenus enfants de Dieu pour vivre dans l’amour. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal !

Je souhaite la bienvenue aux pèlerins polonais. En particulier, je salue les fidèles du Sanctuaire marial du diocèse de Kalisz. Que la Mère de Dieu et notre Mère vous accompagnent, vous, vos familles et tous ceux qui viennent à elle avec amour pour se confier à sa maternelle et tendre protection. Merci de prier pour moi aussi. Je vous bénis de tout cœur.

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Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins de langue italienne. Enfin, mes pensées vont, comme d’habitude, aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés.

Chères personnes âgées et chers malades, puissiez-vous avoir le réconfort de la présence maternelle de Marie dans la vieillesse et la souffrance, signe d’une espérance certaine. Et vous, chers jeunes, dans la construction de votre avenir, accordez toujours la priorité à l’appel du Christ. A vous, chers jeunes mariés, j’espère que votre amour est un miroir de l’amour infini et éternel de Dieu.


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comme Marie, tous arriver au Paradis

Mialet (Dordogne) église vitrail

Nous sommes encore dans la lumière de la fête de l’Assomption qui est une Fête de l’espérance. Marie est arrivée au Paradis et telle est notre destination: nous pouvons tous arriver au Paradis. La question est de savoir comment. Marie y est arrivée; Elle est — nous dit l’Évangile — «Celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur» (Lc 1, 45).

Marie a donc cru, elle s’est fiée à Dieu, elle est entrée de sa pleine volonté dans la volonté du Seigneur et ainsi, elle était véritablement sur le chemin tout droit, sur le chemin vers le Paradis. Croire, se confier au Seigneur, entrer dans sa volonté: tel est l’objectif essentiel.

Aujourd’hui, je ne voudrais pas parler de tout ce chemin de la foi, mais uniquement d’un aspect limité de la vie de la prière qui est la vie du contact avec Dieu, c’est-à-dire la méditation. Et que signifie la méditation? Cela signifie «faire mémoire» de ce que Dieu a fait et ne pas oublier ses nombreux bienfaits (cf. Ps 103, 2b).

Souvent, nous ne voyons que les choses négatives; nous devons garder en mémoire également les choses positives, les dons que Dieu nous a faits, être attentifs aux signes positifs qui viennent de Dieu et nous en souvenir. Nous parlons donc d’un type de prière qui, dans la tradition chrétienne, est appelé «oraison mentale».

Nous connaissons d’ordinaire l’oraison à travers les paroles, et naturellement, l’esprit et le cœur doivent également être présents dans cette oraison, mais nous parlons aujourd’hui d’une méditation qui n’est pas faite de paroles, mais qui est une prise de contact de notre esprit avec le cœur de Dieu.

Et Marie est ici un modèle très réel. L’évangéliste Luc répète plusieurs fois que «quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur» (2, 19; cf. 2, 51b). Gardienne qui n’oublie pas, Elle est attentive à tout ce que le Seigneur lui a dit et fait, et médite, c’est-à-dire qu’elle prend contact avec diverses choses, elle les approfondit dans son cœur.

Celle, donc, qui «a cru» à l’annonce de l’Ange et s’est faite instrument afin que la Parole éternelle du Très-Haut puisse s’incarner, a également accueilli dans son cœur l’admirable prodige de la naissance humaine-divine, elle l’a méditée, elle s’est arrêtée dans sa réflexion sur ce que Dieu était en train d’opérer en Elle, pour accueillir la volonté divine dans sa vie et y répondre.

Le mystère de l’incarnation du Fils de Dieu et de la maternité de Marie est si grand qu’il exige un processus d’intériorisation de la part de Marie, qui cherche à en approfondir la compréhension, à en interpréter le sens, à en comprendre les aspects et les implications.

Ainsi, jour après jour, dans le silence de la vie ordinaire, Marie a continué de conserver dans son cœur les admirables événements successifs dont elle a été le témoin, jusqu’à l’épreuve extrême de la Croix et la gloire de la Résurrection.

Marie a vécu pleinement son existence, ses devoirs quotidiens, sa mission de Mère, mais elle a su maintenir en elle un espace intérieur pour réfléchir sur la parole et sur la volonté de Dieu, sur ce qui avait lieu en Elle, sur les mystères de la vie de son Fils.

A notre époque, nous sommes absorbés par de nombreuses activités et occupations, préoccupations et problèmes; on tend souvent à remplir les espaces de la journée, sans avoir un moment pour s’arrêter et réfléchir et nourrir la vie spirituelle, le contact avec Dieu.

Marie nous enseigne qu’il est nécessaire de trouver dans nos journées, avec toutes nos activités, des moments pour nous recueillir en silence et méditer sur ce que le Seigneur veut nous enseigner, sur la façon dont il est présent et agit dans le monde et dans notre vie: être capables de s’arrêter un moment et de méditer.

Saint Augustin compare la méditation des mystères de Dieu à l’assimilation de la nourriture et utilise un verbe qui revient dans toute la tradition chrétienne: «ruminer»; c’est-à-dire que les mystères de Dieu doivent constamment résonner en nous-mêmes afin qu’ils deviennent familiers, qu’ils orientent notre vie, qu’ils nous nourrissent comme cela a lieu avec la nourriture nécessaire pour nous alimenter.

Et saint Bonaventure, en se référant aux paroles de l’Écriture Sainte, dit qu’elles «doivent toujours être ruminées pour pouvoir être goûtées en y appliquant ardemment notre esprit.» Méditer signifie donc créer en nous une situation de recueillement, de silence intérieur, pour réfléchir, assimiler les mystères de notre foi et ce que Dieu opère en nous; et pas seulement les choses qui vont et viennent.

Nous pouvons «ruminer» de diverses façons, en prenant, par exemple, un bref passage de l’Écriture Sainte, en particulier les Évangiles, les Actes des Apôtres, les Lettres des apôtres, ou encore une page d’un auteur de spiritualité qui nous rapproche des réalités de Dieu, et les rend plus présentes de nos jours, en se faisant éventuellement conseiller par un confesseur ou par un directeur spirituel.

Nous pouvons lire et réfléchir sur ce que l’on a lu, en s’y arrêtant, en nous efforçant de le comprendre, de comprendre ce que cela nous dit, ce que cela dit aujourd’hui, d’ouvrir notre âme à ce que le Seigneur veut nous dire et nous enseigner.

Le chapelet est lui aussi une prière de méditation: en répétant le Je vous salue Marie, nous sommes invités à repenser et à réfléchir sur le Mystère que nous avons proclamé. Mais nous pouvons également nous arrêter sur une expérience spirituelle intense, sur des paroles qui nous ont marqués en participant à l’Eucharistie du dimanche.

Vous voyez donc qu’il existe de nombreuses façons de méditer et ainsi, de prendre contact avec Dieu, de nous approcher de Dieu et, de cette façon, d’être en chemin vers le Paradis.

Chers amis, la constance de donner du temps à Dieu est un élément fondamental pour la croissance spirituelle; ce sera le Seigneur lui-même qui nous donnera le goût de ses mystères, de ses paroles, de sa présence et de son action, de sentir comme cela est beau lorsque Dieu parle avec nous; cela nous fera comprendre de façon plus profonde ce qu’il attend de nous.

A la fin, tel est précisément l’objectif de la méditation: nous remettre toujours plus entre les mains de Dieu, avec confiance et amour, certains que ce n’est qu’en faisant sa volonté que nous sommes à la fin véritablement heureux.

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Je vous invite à confier votre pèlerinage à la Vierge Marie dont nous venons de célébrer l’Assomption auprès de son Fils. Que Dieu vous bénisse tous!

Le Pape émérite Benoît XVI – Audience – 17 août 2011

© Copyright 2011 – Libreria Editrice Vaticana

Angélus de l’Assomption : Marie, un modèle d’humilité

Angélus de l’Assomption : Marie, un modèle d’humilité

En ce dimanche 15 août 2021, Solennité de l’Assomption, le Pape François a médité sur l’humilité de la Vierge Marie.

SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche, 15 août 2021

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Chers frères et sœurs, bonjour, bonne fête !

Aujourd’hui, solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie au Ciel, le Magnificat se démarque dans la liturgie. Ce cantique de louange est comme une « photographie » de la Mère de Dieu : Marie « se réjouit en Dieu, parce qu’elle a regardé l’humilité de sa servante » (cf. Lc 1, 47-48).

L’humilité est le secret de Marie. C’est l’humilité qui a attiré sur elle le regard de Dieu. L’œil humain cherche toujours la grandeur et se laisse éblouir par ce qui est tape-à-l’œil. Dieu, par contre, ne regarde pas l’apparence, Dieu regarde le cœur (cf. 1 S 16,7) et est enchanté par l’humilité : l’humilité du cœur enchante Dieu.

Aujourd’hui, en regardant Marie en son Assomption, nous pouvons dire que l’humilité c’est le chemin qui mène au Ciel. Le mot « humilité » vient du terme latin humus, qui signifie « terre ». C’est paradoxal : pour monter haut, au Ciel, il faut rester bas, comme la terre ! Jésus l’enseigne : « Quiconque s’abaissera sera élevé » (Lc 14,11).

Dieu ne nous exalte pas pour nos dons, pour nos richesses, pour notre habileté, mais pour notre humilité ; Dieu est amoureux de l’humilité. Dieu élève ceux qui s’humilient, ceux qui servent. En effet, Marie ne s’attribue que le « titre » de servante : elle est « la servante du Seigneur » (Lc 1, 38). Il ne dit rien d’autre sur lui-même, il ne cherche rien d’autre pour lui-même.

Aujourd’hui, nous pouvons donc nous demander, chacun de nous, dans notre cœur : comment suis-je dans l’humilité ? Est-ce que j’essaie d’être reconnu par les autres, de m’affirmer et d’être loué ou est-ce que je pense à servir ? Est-ce que je sais écouter, comme Marie, ou est-ce que je veux juste parler et recevoir de l’attention ?

Puis-je me taire, comme Marie, ou est-ce que je discute toujours ? Puis-je prendre du recul, désamorcer les querelles et les disputes ou est-ce que j’essaie toujours d’exceller ? Réfléchissons à ces questions : Comment suis-je dans l’humilité ?

Marie, dans sa petitesse, conquiert d’abord les cieux. Le secret de sa réussite réside précisément dans le fait de se reconnaître petite, de se reconnaître dans le besoin. Avec Dieu, seuls ceux qui se reconnaissent comme rien peuvent recevoir le tout. Seul celui qui se vide est comblé par lui et Marie est « pleine de grâce » (v. 28) précisément à cause de son humilité.

Pour nous aussi, l’humilité est toujours le point de départ, le début de notre foi. Il est fondamental d’être pauvre en esprit, c’est-à-dire d’avoir besoin de Dieu. Celui qui est plein de lui-même ne laisse pas de place à Dieu – et bien souvent nous sommes pleins de nous-mêmes – mais celui qui reste humble permet au Seigneur de faire de grandes choses (cf. v. 49).

Le poète Dante définit la Vierge Marie comme « humble et supérieure à une créature » ​​(Paradiso XXXIII, 2). Il est agréable de penser que la créature la plus humble et la plus élevée de l’histoire, la première à conquérir les cieux avec toute elle-même, corps et âme, a passé sa vie la plupart du temps à la maison, dans l’ordinaire, dans l’humilité.

Les jours de la Pleine de Grâce n’avaient pas beaucoup d’éclat. Ils se succédaient souvent dans le même silence : à l’extérieur, rien d’extraordinaire. Mais le regard de Dieu est toujours resté sur elle, admirant son humilité, sa disponibilité, la beauté de son cœur jamais touché par le péché.

C’est un grand message d’espoir pour chacun de nous ; pour vous, qui vivez les mêmes journées, fatigantes et souvent difficiles. Marie vous rappelle aujourd’hui que Dieu vous appelle aussi à ce destin de gloire. Ce ne sont pas de belles paroles, c’est la vérité.

Ce n’est pas une fin heureuse astucieusement créée, une illusion ou une fausse consolation. Non, c’est la pure réalité, aussi vivante et vraie que Notre-Dame est entrée au Ciel. Célébrons-la aujourd’hui avec l’amour des enfants, célébrons-la joyeuse mais humble, animée par l’espoir d’être un jour avec elle, au Ciel !

Et prions-la maintenant, pour qu’elle nous accompagne sur le chemin qui mène de la Terre au Ciel. Tu nous rappelles que le secret du chemin est contenu dans le mot humilité, n’oublions pas ce mot. Et que la petitesse et le service sont les secrets pour atteindre le but, pour atteindre le Ciel.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

Je me joins à la préoccupation unanime pour la situation en Afghanistan. Je vous demande de prier avec moi le Dieu de paix pour que cesse la clameur des armes et que les solutions soient trouvées à la table du dialogue. Ce n’est qu’ainsi que la population meurtrie de ce pays – hommes, femmes, personnes âgées et enfants – pourra rentrer chez elle, vivre en paix et en sécurité dans le plein respect mutuel.

Au cours des dernières heures, un violent tremblement de terre s’est produit en Haïti, faisant de nombreux morts, blessés et d’importants dégâts matériels. Je tiens à exprimer ma proximité avec ces chères populations durement touchées par le séisme.

En élevant mes prières pour les victimes vers le Seigneur, j’adresse ma parole d’encouragement aux survivants, en espérant que l’intérêt participatif de la communauté internationale se portera vers eux. Que la solidarité de tous atténue les conséquences du drame ! Prions ensemble Notre-Dame pour Haïti. Ave Maria….

Je vous salue tous, Romains et pèlerins de divers pays : familles, associations et fidèles individuels. Je voudrais également adresser une pensée à ceux qui passent ces journées d’août dans les différents lieux de villégiature : je leur souhaite sérénité et paix.

Cependant, je ne peux pas oublier ceux qui ne peuvent pas partir en vacances, ceux qui restent au service de la collectivité et aussi ceux qui sont dans des conditions défavorisées, aggravées par les fortes chaleurs et la fermeture de certains services pour les vacances. Je pense surtout aux malades, aux personnes âgées, aux détenus, aux chômeurs, aux réfugiés et à tous ceux qui sont seuls ou en difficulté.

Que Marie étende à chacun sa protection maternelle. Je vous invite à faire un beau geste aujourd’hui : allez dans un sanctuaire marial pour vénérer la Madone ; ceux de Rome pouvaient aller prier devant l’icône du Salus Populi Romani dans la Basilique de Sainte Marie Majeure.

Je souhaite à tous un bon dimanche et une bonne fête de l’Assomption ! Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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