devant le mystère de la mort

Résurrection, Fra Angelico © Museo San Marco, Florence
Résurrection, Fra Angelico © Museo San Marco, Florence

Si Dieu – écrit saint Jean – nous a aimés gratuitement, nous aussi pouvons, et donc devons, nous laisser impliquer par ce mouvement oblatif, et faire de nous-mêmes un don gratuit pour les autres.

De cette manière, nous connaissons Dieu comme il nous connaît; de cette manière, nous demeurons en Lui comme il a voulu demeurer en nous, et nous passons de la mort à la vie (cf. 1 Jn 3, 14) comme Jésus Christ, qui a vaincu la mort par sa résurrection, grâce à la puissance glorieuse de l’amour du Père céleste.

Chers frères et sœurs, cette Parole de vie et d’espérance nous est d’un grand réconfort devant le mystère de la mort, surtout quand il touche les personnes qui nous sont les plus chères.

Le Seigneur nous assure aujourd’hui que nos regrettés frères, pour qui nous prions lors de cette messe, sont passés de la mort à la vie parce qu’ils ont choisi le Christ, ils en ont accueilli le joug aisé (cf. Mt 11, 29) et se sont consacrés au service des leurs frères.

Aussi, même s’ils doivent expier leur part des peines dues à la fragilité humaine – qui nous marque tous, nous aidant à rester humbles -, leur fidélité au Christ leur permet d’entrer dans la liberté des enfants de Dieu.

Si donc nous sommes tristes d’avoir dû nous détacher d’eux, et si nous ressentons toujours leur absence, la foi nous remplit d’une assurance intime à l’idée que, comme cela fut pour le Seigneur Jésus, et toujours grâce à lui, la mort n’a plus de pouvoir sur eux (cf. Rm 6, 9).

En passant, dans cette vie, par le Cœur miséricordieux du Christ, ils ont « trouvé le repos » (Sg 4, 7). Et nous avons maintenant plaisir à les imaginer en compagnie des saints, finalement soulagés des amertumes de cette vie, et nous ressentons nous aussi le désir de pouvoir les rejoindre un jour en si heureuse compagnie.

Dans le Psaume, nous avons ces paroles réconfortantes:  « Oui, grâce et bonheur me pressent / tous les jours de ma vie; / ma demeure est la maison du Seigneur / en la longueur des jours » (Ps 23[22], 6). Oui, nous aimons espérer que le Bon Pasteur a accueilli nos frères, pour qui nous célébrons le Sacrifice divin, au crépuscule de leur journée terrestre et les a introduits dans sa bienheureuse intimité.

L’onction – à laquelle le Psaume fait référence (v. 5) – a été posée trois fois sur leur front et une fois sur leurs mains; la coupe (ibid.) glorieuse de Jésus Prêtre est aussi devenue leur coupe, qu’ils ont levé jour après jour, en louant le nom du Seigneur. Ils ont rejoint les pâturages du ciel, où les signes ont laissé place à la réalité.

Chers frères et sœurs, unissons notre prière commune et élevons-la au Père de toutes bonté et miséricorde afin que, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, la rencontre avec le feu de son amour purifie rapidement nos amis défunts de toute imperfection et les transforme en louange de sa gloire.

Prions également pour que nous, pèlerins sur la terre, conservions toujours le regard et le cœur tournés vers le but ultime auquel nous aspirons, la Maison du Père, le Ciel. Ainsi soit-il!

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI – Basilique Vaticane – 3 novembre 2008

© Copyright 2008 – Libreria Editrice Vaticana

Le Pape au cimetière militaire français de Rome

Le Pape au cimetière militaire français de Rome

Perché en haut de la colline de Monte Mario, sur la rive droite du Tibre, le cimetière militaire français surplombe la ville éternelle depuis bientôt 75 ans. Il est cette année le lieu choisi par le Pape François pour la célébration de la messe pour les défunts, ce mardi 2 novembre.
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CÉLÉBRATION DE LA SAINTE MESSE
POUR LA COMMÉMORATION DE TOUS LES FIDÈLES MORTS

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS

Cimetière militaire français à Rome
Mardi 2 novembre 2021

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Une écriture me vient à l’esprit, à la porte d’un petit cimetière, au nord : « Toi qui passes, pense à tes pas, et à tes pas pense au dernier pas ».

Toi qui passes. La vie est un voyage, nous sommes tous en chemin. Nous tous, si nous voulons faire quelque chose dans la vie, sommes sur le chemin. Ce qui n’est pas une promenade, même pas un labyrinthe, non, c’est une promenade. En chemin, nous passons devant tant de faits historiques, devant tant de situations difficiles. Et aussi devant les cimetières.

Le conseil de ce cimetière est : « Vous qui passez, arrêtez le pas et pensez, à vos pas, au dernier pas ». Nous aurons tous une dernière étape. Quelqu’un peut me dire : « Père, ne sois pas si triste, ne sois pas tragique ». Mais c’est la vérité.

L’important est que cette dernière étape nous trouve sur le chemin, pas seulement en nous promenant ; dans le voyage de la vie et non dans un labyrinthe sans fin. Être en chemin pour que le dernier pas nous trouve en train de marcher. C’est la première pensée que je voudrais dire et elle vient de mon cœur.

La deuxième pensée est  à propos des tombes. Ces gens – de bonnes personnes – sont morts à la guerre, ils sont morts parce qu’ils étaient appelés à défendre leur patrie, à défendre des valeurs, à défendre des idéaux et, bien d’autres fois, à défendre des situations politiques tristes et lamentables.

Et ce sont les victimes, les victimes de la guerre, qui mangent les enfants de la patrie. Et je pense à Anzio, à Redipuglia ; Je pense à la Piave du 14ème – beaucoup y sont restées – ; Je pense aux plages de Normandie : quarante mille, dans ce débarquement ! Mais ce n’est pas grave, ils sont tombés…

Je m’arrêtai là devant une tombe : « Inconnu. Mort pour la France. 1944″. Pas même le nom. Dans le cœur de Dieu est notre nom à tous, mais c’est la tragédie de la guerre. Je suis sûr que tous ceux qui sont partis de bonne volonté, appelés de leur patrie pour la défendre, sont avec le Seigneur.

Mais nous qui sommes en chemin, combattons-nous suffisamment pour qu’il n’y ait pas de guerres ? Pourquoi les économies des pays ne sont-elles pas fortifiées par l’industrie de l’armement ? Aujourd’hui, le sermon devrait regarder les tombeaux : « Morts pour la France » ; certains ont des noms, d’autres non. Mais ces tombes sont un message de paix : « Arrêtez, frères et sœurs, arrêtez ! Arrêtez, armuriers, arrêtez ! ».

Ces deux pensées je vous laisse. « Toi qui passe, pense, à tes pas, au dernier pas » : que ce soit en paix, en paix de cœur, en paix tout. La seconde pensée : ces tombeaux qui parlent, crient, crient à eux-mêmes, crient: « Paix ! ».

Que le Seigneur nous aide à semer et à garder ces deux pensées dans nos cœurs.


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

la sainteté est joie, pas seulement effort et renoncement

La sainteté est joie, pas seulement effort et renoncement

En la Solennité de la Toussaint, le Pape François a souligné que « sans joie, la foi devient un exercice rigoureux et oppressant, et risque de faire tomber malade de tristesse ». Et il a ajouté que la sainteté, c’est accueillir et mettre en pratique, avec l’aide de Dieu, la prophétie des Béatitudes « qui révolutionne le monde ».

Sur les saints aussi, le tweet de @pontifex : « Souvent aux yeux du monde ils comptent pour peu, en réalité ce sont eux qui le soutiennent, non pas avec les armes de l’argent et du pouvoir, mais avec les armes de la #prière ».

SOLENNITÉ DE TOUS LES SAINTS

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Lundì, 1 novembre 2021

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, nous célébrons la Toussaint et dans la liturgie résonne le message « programmatique » de Jésus, c’est-à-dire les Béatitudes (cf. Mt 5, 1-12a). Ils nous montrent le chemin qui mène au Royaume de Dieu et au bonheur : le chemin de l’humilité, de la compassion, de la douceur, de la justice et de la paix.

Être saint, c’est marcher sur ce chemin. Concentrons-nous maintenant sur deux aspects de ce mode de vie. Deux aspects typiques de ce style de vie de sainteté : la joie et la prophétie.

Joie. Jésus commence par le mot « Bienheureux » (Mt 5, 3). C’est l’annonce principale, celle d’un bonheur sans précédent. Béatitude, la sainteté n’est pas un programme de vie fait uniquement d’efforts et de renoncements, mais c’est avant tout la joyeuse découverte d’être des enfants aimés de Dieu.Et cela vous remplit de joie.

Ce n’est pas une conquête humaine, c’est un don que nous recevons : nous sommes saints parce que Dieu, qui est le Saint, vient habiter notre vie. C’est Lui qui nous donne la sainteté. Pour cela, nous sommes bénis !

La joie du chrétien n’est donc pas l’émotion d’un instant ou un simple optimisme humain, mais la certitude de pouvoir affronter chaque situation sous le regard aimant de Dieu, avec le courage et la force qui viennent de lui. au milieu de nombreuses tribulations, ils ont connu cette joie et en ont été témoins. Sans joie, la foi devient un exercice rigoureux et oppressant, et risque de tomber malade de tristesse.

Prenons ce mot : tomber malade de tristesse. Un Père du désert disait que la tristesse est « un ver du cœur », qui ronge la vie (cf. Evagrio Pontico, Les huit esprits du mal, XI). Demandons-nous ceci : sommes-nous des chrétiens joyeux ? Suis-je un chrétien joyeux ou non ? Répandons-nous la joie ou sommes-nous des gens ternes et tristes avec un visage funèbre ? Souvenons-nous qu’il n’y a pas de sainteté sans joie !

Le deuxième aspect : la prophétie. Les Béatitudes s’adressent aux pauvres, aux affligés, aux affamés de justice. C’est un message à contre-courant. En fait, le monde dit que pour avoir le bonheur, vous devez être riche, puissant, toujours jeune et fort, profiter de la gloire et du succès.

Jésus renverse ces critères et fait une annonce prophétique – et c’est la dimension prophétique de la sainteté – : la vraie plénitude de vie s’atteint en suivant Jésus, en pratiquant sa Parole. Et cela signifie une autre pauvreté, c’est-à-dire être pauvre à l’intérieur, se vider pour faire place à Dieu.

Celui qui se croit riche, prospère et sûr, fonde tout sur lui-même et se ferme à Dieu et à ses frères et sœurs, tandis que ceux qui savoir qu’ils sont pauvres et non autosuffisants reste ouvert à Dieu et au prochain. Et trouver la joie.

Les Béatitudes sont donc la prophétie d’une nouvelle humanité, d’une nouvelle manière de vivre : se faire petit et se confier à Dieu, au lieu d’émerger sur les autres ; être doux, plutôt que d’essayer de s’imposer ; pratiquer la miséricorde, plutôt que de ne penser qu’à soi-même ; s’engager pour la justice et la paix, au lieu de nourrir, même avec connivence, les injustices et les inégalités.

La sainteté, c’est accueillir et mettre en pratique, avec l’aide de Dieu, cette prophétie qui révolutionne le monde. Nous pouvons donc nous demander : est-ce que je témoigne de la prophétie de Jésus ? Est-ce que j’exprime l’esprit prophétique que j’ai reçu au baptême ?

Ou est-ce que je m’adapte au confort de la vie et à ma paresse, en pensant que tout va bien si ça me va ? Est-ce que j’apporte la nouveauté joyeuse de la prophétie de Jésus dans le monde ou les plaintes habituelles sur ce qui ne va pas ? Des questions qui nous feront du bien de nous poser.

Que la Sainte Vierge nous donne quelque chose de son âme, cette âme bienheureuse qui magnifiait joyeusement le Seigneur, qui « renverse les puissants de leurs trônes et exalte les humbles » (cf. Lc 1,52).

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

Je vous salue chaleureusement, Romains et pèlerins. Un salut particulier va aux participants de la Course des Saints, organisée par la Fondation « Don Bosco nel Mondo ». Il est important de promouvoir la valeur éducative du sport. Merci aussi pour votre initiative en faveur des enfants de Colombie.

Demain matin, j’irai au cimetière militaire français de Rome : ce sera l’occasion de prier au suffrage pour tous les morts, en particulier pour les victimes de la guerre et de la violence. En visitant ce cimetière, je me joins spirituellement à ceux qui vont prier sur les tombes de leurs proches dans toutes les parties du monde ces jours-ci.

Je vous souhaite à tous une bonne fête des saints, en compagnie spirituelle de tous les saints. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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