le mystère de la Pentecôte

le mystère de la Pentecôte

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Chers frères et soeurs!

Le jour de la Pentecôte, l’Esprit Saint descendit avec puissance sur les Apôtres; ainsi commença la mission de l’Église dans le monde. Jésus avait lui-même préparé les Onze à cette mission en leur apparaissant plusieurs fois après sa résurrection (cf. Ac 1, 3).

Avant son ascension au Ciel, il leur donna l’ordre de « ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis » (cf. Ac 1, 4-5); il leur demanda en fait de demeurer ensemble pour se préparer à recevoir le don de l’Esprit Saint. Ils se réunirent en prière avec Marie au Cénacle, dans l’attente de l’événement promis (cf. Ac 1, 14).

Demeurer ensemble fut la condition posée par Jésus pour accueillir le don de l’Esprit Saint; la condition nécessaire pour l’harmonie entre eux fut une prière prolongée. Une formidable leçon pour toute communauté chrétienne est présentée ici. On pense parfois que l’efficacité missionnaire dépend essentiellement d’une programmation attentive, suivie d’une mise en œuvre intelligente à travers un engagement concret.

Le Seigneur demande certes notre collaboration, mais avant toute réponse de notre part, son initiative est nécessaire:  le vrai protagoniste de l’Église est son Esprit. Les racines de notre être et de notre action se trouvent dans le silence sage et prévoyant de Dieu.

Les images utilisées par saint Luc pour indiquer l’irruption de l’Esprit Saint – le vent et le feu – rappellent le Sinaï, où Dieu s’était révélé au peuple d’Israël et lui avait accordé son alliance (cf. Ex 19, 3sq). La fête du Sinaï, qu’Israël célébrait cinquante jours après Pâques, était la fête du Pacte.

En parlant de langues de feu (cf. Ac 2, 3), saint Luc veut représenter la Pentecôte comme un nouveau Sinaï, comme la fête du nouveau Pacte, dans lequel l’Alliance avec Israël est étendue à tous les peuples de la Terre. L’Église est catholique et missionnaire depuis sa naissance.

L’universalité du salut est démontrée de manière significative par la liste des nombreuses ethnies auxquelles appartiennent ceux qui écoutent la première annonce des Apôtres (cf. Ac 2, 9-11). Le Peuple de Dieu, configuré pour la première fois, au Sinaï, est aujourd’hui élargi au point de ne plus connaître aucune frontière de race, de culture, d’espace ou de temps.

Contrairement à ce qui s’était produit avec la tour de Babel (cf. Gn 11, 1-9), lorsque les hommes, désireux de construire de leurs mains un chemin vers le ciel, avaient fini par détruire leur capacité même de se comprendre les uns les autres, à la Pentecôte, l’Esprit, à travers le don des langues, montre que sa présence unit et transforme la confusion en communion.

L’orgueil et l’égoïsme de l’homme créent toujours des divisions, dressent des murs d’indifférence, de haine et de violence. L’Esprit Saint, en revanche, rend les cœurs capables de comprendre les langues de tous, car il rétablit le pont de la communication authentique entre la Terre et le Ciel. L’Esprit Saint est Amour.

Mais comment entrer dans le mystère de l’Esprit Saint, comment comprendre le secret de l’Amour? La page de l’Évangile nous conduit aujourd’hui dans le Cénacle où, la dernière Cène étant terminée, un sentiment de désarroi rend les Apôtres tristes.

La raison en est que les paroles de Jésus suscitaient en effet des interrogations inquiétantes:  Il parle de la haine du monde envers Lui et envers les siens, il parle de son mystérieux départ, et de nombreuses choses restent encore à dire, mais pour le moment les Apôtres ne sont pas en mesure d’en porter le poids (cf. Jn 16, 12).

Pour les réconforter, il explique la signification de son départ:  il partira, mais reviendra; en attendant, il ne les abandonnera pas, il ne les laissera pas orphelins. Il enverra le Consolateur, l’Esprit du Père, et ce sera l’Esprit qui fera savoir qu’une œuvre du Christ est une œuvre d’amour:  amour de Celui qui s’est offert, amour du Père qui l’a donné.

Tel est le mystère de la Pentecôte:  l’Esprit Saint éclaire l’esprit humain et, en révélant le Christ crucifié et ressuscité, il indique la voie pour devenir davantage semblables à Lui, c’est-à-dire être « expression et instrument de l’amour qui émane de Lui » (Deus caritas est, n. 33).

Recueillie avec Marie, comme lors de sa naissance, l’Église prie aujourd’hui:  « Veni Sancte Spiritus! – Viens, Esprit Saint, remplis les cœurs de tes fidèles et embrase-les du feu de ton amour! » Amen.

SOLENNITÉ DE PENTECÔTE – HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI Place Saint-Pierre dimanche 4 juin 2006

© Copyright  – Libreria Editrice Vaticana 

L’esprit des moines de Tibhirine continue à infuser dans l’âme de l’Algérie

L’esprit des moines de Tibhirine continue à infuser en l’Algérie

Ce 21 mai marque le 25e anniversaire de l’exécution des moines de Tibhirine, selon la date retenue officiellement, qui reste un sujet de controverses. Leur enlèvement puis leur exécution suscita en 1996 un immense choc en Algérie et au-delà. Mais aujourd’hui, leur générosité et le don de leur vie demeurent gravés dans la mémoire de la population algérienne, comme en témoigne Leïla Tennci, universitaire à Oran.

Les moines de Tibhirine dans la bibliothèque de leur monastère entourant le père Armand Veilleux, alors abbé général de l'Ordre des Cisterciens
Les moines de Tibhirine dans la bibliothèque de leur monastère entourant le père Armand Veilleux, alors abbé général de l’Ordre des Cisterciens

Ce 21 mai marque le 25e anniversaire de l’annonce de l’assassinat des sept moines de Tibhirine, enlevés dans leur monastère dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, et finalement exécutés après de longues et infructueuses tractations impliquant les gouvernements français et algérien et certains groupes islamistes.

Ces moines figurent parmi les victimes de la décennie noire en Algérie, qui avait coûté la vie à plus de 150000 personnes, parmi lesquelles 19 religieux catholiques au total, qui ont été béatifiés le 8 décembre 2018 à Oran.

Enquêteurs et historiens débattent encore aujourd’hui de l’exactitude de cette date officielle du 21 mai 1996 : il est possible qu’en réalité, ils aient été exécutés plusieurs jours auparavant, et une grande confusion demeure sur les circonstances exactes de leur mort. Mais au-delà de ces zones d’ombre, c’est bien un souvenir lumineux qu’ils ont laissé aux Algériens qui les avaient connus, tout comme à ceux qui ont découvert leur parcours après leur mort.

Témoignage

Leïla Tennci est une femme algérienne musulmane, doctorante en philosophie et directrice du Centre de Documentation Économique et Sociale Sophia, un organisme rattaché au diocèse d’Oran, qui fournit aux étudiants des ressources dans le domaine des sciences humaines. Profondément bouleversée par le témoignage de vie de moines de Tibhirine, elle nous témoigne de son parcours personnel et de l’empreinte laissée par les moines dans la société algérienne actuelle.

« Moi, je n’ai pas connu les moines de manière physique durant leur vie, mais je les ai connus quelques années après, avec un mûrissement de personnalité, et l’effet de certains médias, d’une documentation, et la sortie également du fameux film Des Hommes et des Dieux. J’ai ressenti le besoin de découvrir ces personnes qui ont tout donné pour l’Algérie, pour leurs frères, et ça m’a tellement touchée que j’en étais malheureuse, j’ai vécu des moments très difficiles.

Je me suis dit que la solution serait de m’y rendre, d’aller à ce monastère qui pour moi était loin, un idéal, un exemple, une image… Donc j’ai décidé un jour de partir avec mon sac à dos sur cette montagne pour trois jours, en plein hiver, et j’ai vécu ces trois jours en cherchant les traces des moines. J’interpellais les villageois et les ouvriers qui travaillaient dans le monastère à cette période-là, et je recherchais ces moines, dans leur absence…

Il se passait des choses en moi, je n’arrêtais pas de pleurer, de leur parler, d’aller au cimetière, de leur dire des mercis sans issue… Il y avait en fait peut-être une sorte de culpabilité qui remontait à chaque fois, que je n’arrivais pas à résoudre, parce que ces personnes avaient choisi librement de vivre leur vocation de moine le plus simplement possible. Ils travaillaient la terre, ils partageaient la pauvreté et la vie des villageois, leur demeure. Ils étaient pour les Algériens chez eux, sur leur terre.

Je peux dire que les Algériens n’imaginaient jamais, à aucun moment les chasser ou les voir partir. Au contraire, les Algériens avaient énormément besoin de leur présence surtout durant ces moments difficiles, parce que les moines étaient à leur écoute. Le fait qu’ils aient vécu la même tragédie, qu’ils soient morts pour nous, les Algériens, car ils ont refusé de partir, de nous abandonner, ça a beaucoup compté pour moi, ça a été une preuve d’amour.

Et je suis partie en quelque sorte les chercher, me ressourcer chez eux, pour ensuite les emporter et emporter leur amour avec moi, où j’allais, chez moi ou ailleurs, à Oran ou dans le monde aussi. Je voulais leur dire aussi au nom tous les Algériens un grand merci, même si ce merci ne suffisait pas et j’ai compris que ce merci, il ne fallait pas seulement le dire mais le faire dans le quotidien dans la vie de tous les jours, peu importe le temps et l’espace et le semer aussi à notre tour.

Je suis partie sur leurs pas pour continuer à marcher non seulement sur le chemin de gravier du monastère, mais aussi sur nos routes d’Oran, d’Algérie et partout dans le monde. Quand je suis allée dans ce monastère, j’ai retrouvé ces jardins -le mot «Tibhirine» veut dire «les jardins » en berbère-, et j’ai retrouvé ces pommiers, ces arbres, cet environnement, ce silence, et ces personnes qui font partie de cette nature et qui n’arrêtent pas de sourire, pour moi, oui, ça ne peut être qu’une présence de Dieu.

Et c’est une terre qui a vu également l’enlèvement de personnes qui ont aimé Dieu sur cette terre, qui ont aimé des Algériens différents d’eux dans leur culture, dans leur religion, qui ont tout partagé avec eux, qui ont refusé de partir, pour eux. Et quand ce sont des terres où les sangs se sont mêlés, dans l’innocence, dans l’amour, Dieu est encore plus présent que jamais.

Le jour de l’enlèvement des moines, il y avait dans le monastère un groupe qui était présent, qui a été sauvé de justesse grâce à un clin d’œil, un geste de la part d’un certain Mohamed qui a dit au groupe de faire attention et de rester dans les chambres, pour ne pas se faire massacrer. C’était le groupe Ribat al-Salam, qui veut dire en français, le groupe du lien de la Paix. Ce groupe a continué par la suite. Il regroupe des musulmans et des chrétiens pour vivre un moment ensemble, un moment convivial ou un moment spirituel.

Mais aujourd’hui nous avons dépassé cette simple relation islamo-chrétienne: c’est plus que ça, c’est une relation fraternelle dans laquelle personne ne peut vivre sans l’autre. Ce qui touche aujourd’hui les chrétiens à Oran ou ailleurs en Algérie, touchera les Algériens, les musulmans, et vice-versa. Les relations se sont consolidées, se sont soudées. Ce qui touche le chrétien me touchera, ce qui touchera l’Algérien ou le musulman touchera les chrétiens.

Pour ceux qui ont entendu parler de cette histoire grâce aux médias et au cinéma, il y a un regard de regret. Ils ne se reconnaissent pas dans le geste de ceux qui ont assassiné les moines, parce que, tout simplement, leur religion leur interdit de faire du mal à des gens qui aiment Dieu. Quand j’en ai parlé avec les jeunes, j’ai vu des jeunes pleurer.

Ces jeunes-là sont aujourd’hui avec nous pour une belle Algérie, une Algérie fraternelle, une Algérie plurielle, pour un monde meilleur. Notre jeunesse, comme toutes les jeunesses du monde, aspire à une liberté et à une écoute, et ça les moines savaient le faire. Les moines, dans les années 90, et bien avant, ils ont su écouter la jeunesse de cette époque-là.

La jeunesse d’aujourd’hui, elle a transféré sur d’autres personnes de l’Église. J’en suis témoin parce que je les côtoie tous les jours. Ils viennent demander au diocèse par exemple à Oran, des services, des aides, des conseils, des études, des livres, de la musique, de la culture, de l’art, parce qu’aujourd’hui l’Église est une Église citoyenne, elle est actrice dans la société de tous les jours, elle participe aux activités de tous les jours. Donc du coup, les jeunes, ils viennent à l’église parce qu’ils savent qu’ils vont avoir une écoute, comme l’écoute que les moines donnaient à la jeunesse d’autrefois.

Aujourd’hui l’Église ce ne sont plus seulement des espaces, des terres agricoles, des arbres fruitiers d’un monastère seulement, mais pour la jeunesse algérienne d’aujourd’hui, ce sont des relations d’amour, de fraternité. Nous pourrons vivre encore et toujours avec d’autres chrétiens, à la manière des moines, et avec leur héritage. Car ils ont laissé un héritage grandiose, et pas seulement les moines, mais tous les acteurs de l’Église. Et s’il n’y avait pas cet amour, je crois qu’on n’en serait pas là aujourd’hui !

La béatification, le 8 décembre 2018, a été un événement mondial extraordinaire, il a laissé un impact jusqu’à aujourd’hui je pense. Personne ne s’était imaginé à cette époque-là que cette cérémonie pourrait se faire en Algérie, et en particulier à Oran ma ville, qui a vu l’assassinat de l’évêque de notre diocèse (Mgr Pierre Claverie, le 1er août 1996, ndr), qui fut mon employeur pour un petit temps. Il a été assassiné avec Mohamed, son ami.

Du côté des musulmans, personne ne savait ce que signifie le mot « béatification ». Il ne fait pas partie de la culture musulmane, donc il fallait organiser des conférences pour expliquer le mot. Ensuite, cet évènement a permis que ce concept et cette action rentrent dans l’imaginaire social et dans le quotidien algérien.

Par la suite, quand nous avons mis en place les démarches pour assister à l’évènement, il fallait toute une organisation, c’était dingue ! Nous nous sommes retrouvés avec la communauté algérienne et chrétienne en train de préparer un semblant de mariage. En Algérie quand on prépare un mariage c’est tout un « tralala » ! C’était énorme, c’était grandiose ! Mais ça faisait dans la joie, dans le stress aussi, mais dans la joie.

Bien sûr il s’est passé des choses après, l’Algérie vit aujourd’hui un changement. Nous avons comme toute la planète, eu la pandémie, malheureusement. Mais les gens n’ont pas oublié, et dès que l’occasion se présente, ils aimeraient bien en parler encore une fois. En tout cas, ça a été un moment fort en émotions. Des imams et des prêtres se sont embrassés sur une esplanade qui s’appelle maintenant «l’Esplanade du Vivre-ensemble», dans la basilique de Santa Cruz à Oran, en haut d’une montagne, comme à Tibhirine.

On n’a pas arrêté d’en parler, d’en pleurer, de s’embrasser, jusqu’à ce que la pandémie arrive et nous interdise de nous embrasser. Mais on continue à vivre cette béatification dans notre quotidien. »

Propos recueillis par Cyprien Viet – Cité du Vatican

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Surmonter les difficultés de la prière

Surmonter les difficultés de la prière

Lors de l’audience générale dans la cour San Damaso, le Pape François nous exhorte à adresser aussi la prière du «pourquoi» au Père, comme un enfant le fait avec son père, et à marcher avec persévérance même dans les moments difficiles.

Catéchèse – 34. Distraction, aridité, acédie

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Cour Saint-Damase
Mercredi 19 mai 2021


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, nous consacrons notre catéchèse sur la prière et quelques-unes de ses difficultés. Le premier obstacle dans la prière est la distraction. Dans le patrimoine de notre foi, la vertu de la vigilance, présente dans l’Évangile, permet de l’affronter. Jésus appelle souvent ses disciples à une vie sobre.

En effet, ne sachant pas le jour et l’heure de son retour, chaque instant de notre vie est précieux et ne doit pas être dispersé dans la distraction. La deuxième difficulté est l’aridité où, comme l’écrit le Catéchisme, « le cœur est sevré, sans goût pour les pensées, les souvenirs et les sentiments, même spirituels. »

Les maîtres spirituels décrivent l’expérience de la foi comme une alternance continue de temps de consolation et de désolation. La troisième difficulté est l’acédie, « une forme de dépression due au relâchement de l’ascèse, à la baisse de la vigilance, à la négligence du cœur. »

Le vrai progrès de la vie spirituelle ne consiste pas à multiplier des extases, mais à être capable de persévérer dans les moments difficiles. Tous les saints sont passés par cette “vallée obscure”. Cependant, chez les croyants, la prière ne s’éteint jamais, et elle ressemble parfois à celle de Job.

Et nous qui sommes moins saints et moins patients que Job, nous savons qu’au terme de ce temps de désolation, Dieu nous répondra. Il recueillera avec l’amour d’un père nos expressions les plus dures et les plus amères et les considérera comme un acte de foi, une prière.

***

La catéchèse

Chers frères et sœurs, bonjour!

En suivant le modèle du Catéchisme, au cours de cette catéchèse, nous nous référons à l’expérience vécue de la prière, en tentant d’en indiquer certaines difficultés, très communes, qui doivent être identifiées et surmontées. Prier n’est pas facile : il y a de nombreuses difficultés qui se présentent dans la prière. Il faut les connaître, les identifier et les surmonter.

Le premier problème qui se présente à celui qui prie est la distraction (cf. CEC, n. 2729). Tu commences à prier, puis ton esprit erre, erre, dans le monde entier ; ton cœur est là, l’esprit est là… La distraction de la prière. La prière coexiste souvent avec la distraction.

En effet, l’esprit humain a du mal à s’arrêter longtemps sur une seule pensée. Nous faisons tous l’expérience de ce tourbillon constant d’images et d’illusions en mouvement constant, qui nous accompagne même pendant notre sommeil. Et nous savons tous qu’il n’est pas bon de céder à ce penchant désordonné.

Lutter pour gagner et maintenir la concentration ne concerne pas seulement la prière. Si l’on n’atteint pas un degré suffisant de concentration, on ne peut pas étudier avec profit ni même bien travailler. Les athlètes savent que les compétitions ne se remportent pas seulement avec l’entraînement physique, mais aussi avec la discipline mentale : surtout avec la capacité de rester concentrés et de maintenir vive l’attention.

Les distractions ne sont pas coupables, mais elles doivent être combattues. Dans le patrimoine de notre foi, il existe une vertu qui est souvent oubliée, mais qui est très présente dans l’Évangile. Elle s’appelle « vigilance ». Et Jésus le dit tant : « Veillez. Priez ». Le Catéchisme la cite de façon explicite dans son instruction sur la prière (cf. n. 2730).

Souvent, Jésus rappelle les disciples au devoir d’une vie sobre, guidée par la pensée que tôt ou tard, Il reviendra, comme un époux des noces ou un maître d’un voyage. Mais ne connaissant ni l’heure, ni le jour de son retour, toutes les minutes de notre vie sont précieuses et ne doivent pas être perdues en distractions.

A un moment que nous ignorons, la voix de notre Seigneur retentira : ce jour-là, bienheureux ces serviteurs qu’Il trouvera occupés, encore concentrés sur ce qui compte véritablement. Ils ne se sont pas dispersés en courant après toutes les attractions qui leur venaient à l’esprit, mais ils ont cherché à marcher sur la juste voie, en faisant le bien et en faisant leur devoir.

Voilà la distraction : quand l’imagination tourne en rond, tourne en rond, tourne en rond… Sainte Thérèse appelait cette imagination qui erre, erre dans la prière, « la folle de la maison » : c’est comme une folle qui te fait tourner en rond, tourner en rond… Il nous faut l’arrêter et la mettre en cage, avec attention.

Le temps de la sécheresse mérite un discours à part. Le Catéchisme le décrit en ces termes : « Le cœur est sevré, sans goût pour les pensées, souvenirs et sentiments, même spirituels. C’est le moment de la foi pure qui se tient fidèlement avec Jésus dans l’agonie et au tombeau » (n. 2731).

La sécheresse nous fait penser au Vendredi Saint, à la nuit et au Samedi Saint, toute la journée : Jésus n’est pas là, il est dans la tombe ; Jésus est mort : nous sommes seuls. Et cela est la pensée-mère de la sécheresse. Souvent, nous ne savons pas quelles sont les causes de la sècheresse : cela peut dépendre de nous-mêmes, mais aussi de Dieu, qui permet certaines situations de la vie extérieure ou intérieure.

Ou, parfois, ce peut être un mal à la tête ou un mal au foie qui t’empêche d’entrer dans la prière. Souvent, nous ne connaissons pas bien la raison. Les maîtres spirituels décrivent l’expérience de la foi comme une alternance constante de temps de consolation et de désolation ; des moments où tout est facile, tandis que d’autres sont marqués par une grande pesanteur.

Souvent, quand nous rencontrons un ami, nous disons : « Comment vas-tu ? » – « Aujourd’hui je suis déprimé ». Souvent, nous sommes « déprimés », c’est-à-dire que nous n’éprouvons pas de sentiments, nous ne trouvons pas de consolations, nous n’y arrivons pas. Ce sont ces jours gris… Et il y en a beaucoup, dans la vie ! Mais le danger est d’avoir le cœur gris : quand cette « déprime » arrive au cœur et le rend malade…

Il y a des gens qui vivent avec le cœur gris. C’est terrible : on ne peut pas prier, on ne peut pas sentir la consolation avec le cœur gris ! Et on ne peut toujours avoir une sécheresse spirituelle avec un cœur gris. Le cœur doit être ouvert et lumineux, afin que la lumière du Seigneur y entre. Et si elle n’entre pas, il faut l’attendre avec espérance. Mais ne pas l’enfermer dans le gris.

Puis, une chose différente est l’acédie, un autre défaut, un autre vice, qui est une véritable tentation contre la prière et, plus généralement, contre la vie chrétienne. L’acédie est « une forme de dépression due au relâchement de l’ascèse, à la baisse de la vigilance, à la négligence du cœur » (CEC, n. 2733). C’est l’un des sept « péchés capitaux » parce que, alimenté par la présomption, il peut conduire à la mort de l’âme.

Comment faire, donc, dans cette succession d’enthousiasmes et de découragements ? Il faut apprendre à marcher toujours. Le véritable progrès de la vie spirituelle ne consiste pas à multiplier les extases, mais à être capables de persévérer dans les moments difficiles :  marche, marche, marche… Et si tu es fatigué, arrête-toi un peu et recommence à marcher.

Mais avec persévérance. Rappelons la parabole de saint François sur la joie parfaite : ce n’est pas dans les fortunes infinies qui pleuvent du Ciel que l’on mesure la capacité d’un frère, mais dans le fait de marcher avec constance, même lorsque l’on n’est pas reconnu, même lorsque l’on est maltraité, même lorsque tout a perdu le goût des débuts.

Tous les saints sont passés par cette « vallée obscure », et ne nous scandalisons pas si, en lisant leur journal, nous écoutons le compte-rendu de soirées de prière sans entrain, vécue sans goût. Il faut apprendre à dire : « Même si Toi, mon Dieu, sembles faire de tout pour que je cesse de croire en Toi, moi au contraire je continue à te prier ». Les croyants n’éteignent jamais la prière !

Parfois, elle peut ressembler à celle de Job, qui n’accepte pas que Dieu le traite de façon injuste, proteste et le prend à parti. Mais souvent, même protester devant Dieu est une façon de prier ou, comme disait cette petite vieille, « se mettre en colère contre Dieu est aussi une façon de prier », parce que souvent, le fils se met en colère contre son père : c’est un mode de relation avec le père ; parce qu’il le reconnaît comme « père », il se met en colère…

Et nous aussi, qui sommes beaucoup moins saints et patients que Job, nous savons qu’à la fin, au terme de ce temps de désolation, au cours duquel nous avons élevé au Ciel des cris muets et de nombreux « pourquoi ? », Dieu nous répondra.

N’oubliez pas la prière du « pourquoi ? » : c’est la prière que font les enfants quand ils commencent à ne pas comprendre les choses et les psychologues l’appellent « l’âge des pourquoi », parce que l’enfant demande à son père : « Papa, pourquoi… ? Papa, pourquoi… ? Papa, pourquoi… ? Mais attention : l’enfant n’écoute pas la réponse du père. Le père commence à répondre et l’enfant arrive avec un autre pourquoi.

Il veut seulement attirer le regard de son père sur lui ; et quand nous nous mettons un peu en colère contre Dieu, et que nous commençons à demander des pourquoi, nous sommes en train d’attirer le cœur de notre Père vers notre misère, vers notre difficulté, vers notre vie. Mais oui, ayez le courage de dire à Dieu : « Mais pourquoi… ? »

Parce que parfois, se mettre un peu en colère fait du bien, parce que cela réveille ce rapport de fils à Père, de fille à Père, que nous devons avoir avec Dieu. Et Il recueillera même nos expressions les plus dures et les plus amères, avec l’amour d’un père et les considérera comme un acte de foi, comme une prière.

Salutations

Je suis heureux de saluer les personnes de langue française ! Dans l’attente de la Pentecôte, comme les Apôtres réunis au Cénacle avec la Vierge Marie, demandons au Seigneur avec ferveur l’Esprit de consolation et de paix pour les peuples meurtris qui vivent dans des situations difficiles. A tous, ma bénédiction !

Je salue cordialement les pèlerins et visiteurs anglophones. Alors que nous nous préparons à célébrer la fête de la Pentecôte, j’invoque sur vous et vos familles les dons du Saint-Esprit. Que Dieu vous bénisse!

Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins germanophones. En ces jours de la neuvaine de Pentecôte, nous prions pour que le Saint-Esprit vienne et remplisse le cœur des fidèles, et qu’il nous donne aussi la force de persévérer lorsque la prière devient difficile. Que le Saint-Esprit nous guide sur notre chemin.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. En ces jours de préparation à la solennité de la Pentecôte, demandons au Seigneur de nous envoyer les dons du Saint-Esprit afin que nous puissions persévérer dans notre vie de prière avec humilité et joie, surmontant les difficultés avec sagesse et persévérance. Que Dieu te bénisse. Merci beaucoup.

J’adresse un salut cordial aux fidèles lusophones. En ces jours de préparation pour la fête de la Pentecôte, nous demandons au Seigneur de répandre en nous l’abondance des dons de son Esprit, afin que, inébranlables dans la prière, nous trouvions la force d’en haut qui fait de nous des témoins de Jésus pour les extrémités de la terre. Merci.

Je salue les fidèles arabophones. Au mois de mai, mois dédié à Notre-Dame, le Saint Rosaire est récité, un recueil de toute l’histoire de notre salut. Le Saint Rosaire est une arme puissante contre le mal et un moyen efficace d’obtenir la vraie paix dans nos cœurs. Le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement les Polonais. Chers frères et sœurs, nous approchons de la solennité de la Pentecôte. Invoquons le Saint-Esprit avec un cœur ouvert. Il est – comme le proclame la séquence liturgique – un véritable « père des pauvres, donateur de cadeaux, lumière des cœurs, doux hôte de l’âme ».

Prions-le pour qu’il apporte «repos et abri» au milieu des efforts, du travail des armes et des esprits, au milieu des angoisses et des dangers du monde contemporain. La puissance du Saint-Esprit soit votre force!

* * *

J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones. La fête de la Pentecôte, maintenant proche, m’offre l’occasion de vous encourager à implorer le Saint-Esprit avec plus de ferveur, afin qu’il remplisse le cœur des gens de son amour, fasse briller sa lumière dans le monde et suscite en chacun des résolutions et des actions de paix.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. J’invoque le Saint-Esprit sur chacun, afin qu’avec ses dons de grâce, il puisse être un soutien et une consolation sur le chemin de la vie.


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