pas d’authentique vie chrétienne sans engagement ni conversion

Avant la prière de l’Angélus, le Saint-Père a commenté l’Évangile de ce 26e dimanche du temps ordinaire, la parabole dite “des deux fils” (Mt 21, 28-32). Jésus veut montrer que la religion n’est pas une «pratique extérieure», mais demande un engagement de toute la personne, qui est souvent le fruit d’une conversion, grâce à demander à Dieu.

« Aujourd’hui, nous célébrons la mémoire de Saint Vincent de Paul, patron de toutes les associations caritatives. Que l’exemple de Saint Vincent nous conduise tous à un service joyeux et désintéressé aux plus démunis, et nous ouvre à l’hospitalité et au don de la vie. » (Tweet du Pape François)

 

PAPE FRANÇOIS

ANGELUS

Place Saint Piere
Dimanche 27 septembre 2020

Chers frères et sœurs,

dans mon pays, ils disent: «Par mauvais temps, bonne figure». Avec cette « bonne figure » je vous dis: bonjour!

Avec sa prédication sur le Royaume de Dieu, Jésus s’oppose à une religiosité qui n’implique pas la vie humaine, qui ne défie pas la conscience et sa responsabilité face au bien et au mal. Il le démontre également avec la parabole des deux fils, qui est proposée dans l’Évangile de Matthieu (cf. 21, 28-32).

A l’invitation du père d’aller travailler à la vigne, le premier fils répond impulsivement « non, je n’y vais pas », mais se repent et y va; au lieu de cela, le deuxième enfant, qui répond immédiatement «oui, oui papa», en réalité ne le fait pas, ne part pas.

L’obéissance ne consiste pas à dire «oui» ou «non», mais toujours à agir, à cultiver la vigne, à réaliser le Royaume de Dieu, à faire le bien. Avec cet exemple simple, Jésus veut vaincre une religion comprise uniquement comme une pratique extérieure et habituelle, qui n’affecte pas la vie et les attitudes des gens, une religiosité superficielle, seulement «rituelle», dans le mauvais sens du mot.

Les tenants de cette  religiosité de »façade », que Jésus désapprouve, étaient à cette époque « les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple » (Mt 21, 23) qui, selon l’avertissement du Seigneur, dans le Royaume de Dieu seront dépassé par les collecteurs d’impôts et les prostituées (cf. v. 31).

Jésus leur dit: « Ce seront les collecteurs d’impôts, c’est-à-dire les pécheurs et les prostituées qui vous précéderont dans le Royaume des Cieux ». Cette affirmation ne doit pas nous amener à penser que ceux qui ne suivent pas les commandements de Dieu, ceux qui ne suivent pas la morale, et disent: « De toute façon, ceux qui vont à l’Église sont pires que nous! »

Non, ce n’est pas l’enseignement de Jésus, Jésus ne désigne pas les collecteurs d’impôts et les prostituées comme des modèles de vie, mais comme des « privilégiés de la grâce ». Et je voudrais souligner ce mot «grâce», car la conversion est toujours une grâce.

Une grâce que Dieu offre à tous ceux qui s’ouvrent et se convertissent à Lui. En effet, ces gens, écoutant sa prédication, se sont repentis et ont changé leur vie. Pensez à Matthieu, par exemple, à Saint Matthieu, qui était un percepteur d’impôts, un traître à sa patrie.

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, celui qui fait la meilleure impression est le premier frère, non pas parce qu’il a dit « non » à son père, mais parce qu’après le « non » il s’est converti au « oui », il s’est repenti. Dieu est patient avec chacun de nous: il ne se fatigue pas, il n’abandonne pas après notre «non»; cela nous laisse également libres de nous détourner de lui et de faire des erreurs. Penser à la patience de Dieu est merveilleux!

Comme le Seigneur nous attend toujours; toujours à nos côtés pour nous aider; mais respectez notre liberté. Et il attend avec impatience notre «oui», pour nous accueillir à nouveau dans ses bras paternels et nous combler de son infinie miséricorde.

La foi en Dieu demande de renouveler chaque jour le choix du bien sur le mal, le choix de la vérité sur le mensonge, le choix de l’amour du prochain sur l’égoïsme. Celui qui se convertit à ce choix, après avoir expérimenté le péché, trouvera les premières places dans le Royaume des Cieux, où il y a plus de joie pour un seul pécheur converti que pour quatre-vingt-dix-neuf justes (cf. Lc 15, 7).

Mais la conversion, changer le cœur, est un processus, un processus qui nous purifie des incrustations morales. Et parfois c’est un processus douloureux, car il n’y a pas de chemin vers la sainteté sans un certain renoncement et sans combat spirituel. Se battre pour le bien, lutter pour ne pas tomber dans la tentation, faire ce que nous pouvons de notre part, venir vivre dans la paix et la joie des Béatitudes.

L’Évangile d’aujourd’hui remet en question la manière de vivre la vie chrétienne, qui n’est pas faite de rêves et de belles aspirations, mais d’engagements concrets, afin de toujours nous ouvrir à la volonté de Dieu et d’aimer nos frères.

Mais cela, même le plus petit engagement concret, ne peut se faire sans grâce. La conversion est une grâce que nous devons toujours demander: «Seigneur, donne-moi la grâce de m’améliorer. Donne-moi la grâce d’être un bon chrétien.»

Que Marie Très Sainte nous aide à être dociles à l’action du Saint-Esprit. C’est Lui qui fait fondre la dureté des cœurs et les dispose à la repentance, afin d’obtenir la vie et le salut promis par Jésus.

Après l’angélus

Chers frères et sœurs!

Des affrontements inquiétants ont été signalés dans la région du Caucase. Je prie pour la paix dans le Caucase et je demande aux parties au conflit de faire des gestes concrets de bonne volonté et de fraternité, ce qui peut conduire à résoudre les problèmes non pas par le recours à la force et aux armes, mais par le dialogue et la négociation. Prions ensemble, en silence, pour la paix dans le Caucase.

Hier, à Naples, Maria Luigia du Saint-Sacrement a été proclamée bienheureuse, Maria Velotti, fondatrice de la Congrégation des adorateurs franciscains de la Sainte-Croix. Nous rendons grâce à Dieu pour cette nouvelle Bienheureuse, exemple de contemplation du mystère du Calvaire et infatigable dans l’exercice de la charité.

Aujourd’hui, l’Église célèbre la Journée mondiale des migrants et des réfugiés. Je salue les réfugiés et les migrants présents sur la place autour du monument intitulé «Des anges sans le savoir» (cf. He 13, 2), que j’ai béni il y a un an. Cette année, j’ai voulu dédier mon message aux personnes déplacées à l’intérieur du pays, qui sont forcées de fuir, comme cela est arrivé à Jésus et à sa famille.

«Comme Jésus forcé de fuir», les déplacés, les migrants le sont aussi. Notre mémoire et nos prières vont à eux d’une manière particulière et à ceux qui les assistent.

Aujourd’hui, c’est aussi la Journée mondiale du tourisme. La pandémie a durement frappé ce secteur, qui est si important pour tant de pays. J’adresse mes encouragements à ceux qui travaillent dans le tourisme, en particulier les petites entreprises familiales et les jeunes. J’espère que tout le monde se remettra bientôt des difficultés actuelles.

Et maintenant, je vous salue, chers fidèles romains et pèlerins de diverses régions d’Italie et du monde. Il y a tellement de drapeaux différents! Une pensée spéciale pour les femmes et toutes les personnes impliquées dans la lutte contre le cancer du sein. Que le Seigneur soutienne votre engagement! Et je salue les pèlerins de Sienne qui sont venus à pied à Rome.

Et à vous tous, je vous souhaite un bon dimanche, un dimanche en paix. N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.

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guérir le monde : 8. subsidiarité et vertu d’espérance

Le Pape François a poursuivi sa série de catéchèses sur le monde après la pandémie au cours de l’audience générale. Il a invité à se pencher sur le principe de subsidiarité, depuis longtemps mis en avant par l’Église pour que personne ne soit laissé au bord du chemin.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Cour Saint-Damase
Mercredi 23 septembre 2020

condensé


Catéchèse : guérir le monde : 8. subsidiarité et vertu d’espérance

Frères et sœurs,

pour sortir meilleurs de la crise que nous vivons, chacun de nous est appelé à assumer sa part de responsabilité. Aujourd’hui, le manque de respect pour le principe de subsidiarité s’est diffusé comme un virus. Pensons, par exemple, aux grandes mesures d’aide financière mises en place par les États : on écoute davantage les grandes compagnies financières que les gens, où ceux qui animent l’économie réelle.

On écoute plus les compagnies multinationales que les mouvements sociaux. Ainsi, on ne permet pas aux personnes d’être « protagonistes de leur propre relèvement ». Pour sortir meilleurs d’une crise, le principe de subsidiarité doit être mis en œuvre, en respectant l’autonomie et la capacité d’initiative de tous, spécialement des derniers.

Le faire donne espérance dans un avenir plus sain et plus juste. Et cet avenir, nous le construisons ensemble. Le chemin de la solidarité a besoin de la subsidiarité. Il n’y a pas de vraie solidarité sans participation sociale, sans participation des corps intermédiaires. Ces contributions sont stimulantes. L’espérance est audace !

Encourageons-nous à rêver en grand, en recherchant les idéaux de justice et d’amour qui naissent de l’espérance. Construisons un avenir où les dimensions locale et globale s’enrichissent mutuellement, où la beauté et la richesse des petits groupes puissent fleurir, où celui qui a plus s’engage à servir et à donner plus à celui qui a moins.

***

Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Nous sommes tous membres d’un seul corps, et toutes les parties d’un corps sont nécessaires, nous dit saint Paul ! Pour sortir meilleurs de la crise actuelle, je vous invite à prendre votre part de responsabilité, même si elle est petite, pour reconstruire un monde plus juste et plus fraternel. Que Dieu vous bénisse !

Je salue cordialement les fidèles de langue anglaise. Alors que l’été tire à sa fin, j’espère que ces jours de repos apporteront paix et sérénité à tous. Sur vous et vos familles, j’invoque la joie du Seigneur Jésus-Christ. Que Dieu vous bénisse!

Je souhaite une cordiale bienvenue aux frères et sœurs de langue allemande. Le Seigneur nous invite à contribuer avec les dons qu’il nous a donnés au bien de la société. Faisant confiance à son aide, nous voulons construire ensemble un avenir plein d’espoir, de justice et de paix. Que le Saint-Esprit nous accompagne toujours de sa force.

Je salue cordialement les fidèles de langue espagnole. Il y en a tellement aujourd’hui! Ces jours ont été cinq ans de mon voyage apostolique à Cuba. Je salue mes frères évêques et tous les fils et filles de cette terre bien-aimée. Je vous assure de ma proximité et de ma prière. Je demande au Seigneur, par l’intercession de Notre-Dame de la Charité d’El Cobre, de vous libérer et de vous soulager dans ces moments difficiles que vous traversez à cause de la pandémie. Et à nous tous, que le Seigneur nous accorde de construire ensemble, en tant que famille humaine, un avenir d’espérance, dans lequel la dimension locale et la dimension mondiale s’enrichissent mutuellement, la beauté s’épanouisse et un présent de justice se construise où chacun s’engage à servir et partager. Que Dieu vous bénisse tous.

Je salue cordialement les pèlerins et auditeurs de langue portugaise et je vous encourage à toujours rechercher le regard de Notre-Dame qui réconforte ceux qui sont dans l’épreuve et garde l’horizon de l’espérance ouvert. En confiant vous et vos familles à sa protection, j’invoque la Bénédiction de Dieu sur chacun.

Je salue les fidèles de langue arabe. Au milieu des difficultés dans lesquelles vit le monde d’aujourd’hui, la parole de Dieu reste le seul havre de paix, le guide et la source de la vigueur nécessaire, pour affronter, avec une espérance authentique, les défis de la vie et contribuer à la construction de la maison. commune. Le chrétien est donc appelé à la vie, non au désespoir, car le dernier mot est celui de Dieu et non celui des hommes. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement tous les Polonais. Il y en a tellement ici! Bientôt, je bénirai une cloche appelée « La voix de l’enfant à naître », commandée par la Fondation « Sì alla Vita ». Elle accompagnera les événements visant à se souvenir de la valeur de la vie humaine de la conception à la mort naturelle. Que sa voix éveille les consciences des législateurs et de tous les hommes de bonne volonté en Pologne et dans le monde. Que le Seigneur, le seul et unique vrai Donneur de vie, vous bénisse, vous et vos familles.

* * *

J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones. J’encourage chacun à planifier son avenir comme un service généreux envers Dieu et son prochain.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Que le témoignage de foi et de charité qui animait saint Pio de Pietrelcina, dont nous nous souvenons aujourd’hui, soit une invitation pour chacun à toujours faire confiance à la bonté de Dieu, en abordant avec confiance le sacrement de la réconciliation, dont le saint du Gargano, infatigable dispensateur de miséricorde divine, était ministre assidu et fidèle.


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Ne pouvoir guérir ne dispense pas de soigner

Ne pouvoir guérir ne dispense pas de soigner

«Samaritanus bonus», la lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 14 juillet 2020, approuvée par le Pape, réitère la condamnation de toutes les formes d’euthanasie et de suicide assisté, compte tenu des cas de ces dernières années. Soutien aux familles et aux agents de santé.

«Ne pouvoir guérir ne dispense pas de soigner»: celui qui est atteint d’une maladie en phase terminale comme une personne née avec une prévision de survie limitée a le droit d’être accueilli, soigné, entouré d’affection.

L’Église s’oppose à la persévérance thérapeutique, mais réitère comme « enseignement définitif » que « l’euthanasie est un crime contre la vie humaine ». Et que «toute coopération formelle ou matérielle immédiate dans un tel acte est un péché grave» qu’aucune autorité «ne peut légitimement» imposer ou permettre.

C’est ce que nous lisons dans «Samaritanus bonus», une lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi «sur le soin des personnes dans les phases critiques et terminales de la vie», approuvée par le Pape François en juin dernier et publiée le 22 septembre 2020.

Pertinence du bon samaritain

Le texte, qui réaffirme la position déjà exprimée à plusieurs reprises par l’Église sur le sujet, est devenu nécessaire du fait de la multiplication des cas d’actualité et de l’avancement de la législation qui, dans un nombre croissant de pays, autorise l’euthanasie et le suicide assisté de personnes gravement malades mais aussi solitaires ou ayant des problèmes psychologiques.

Le but de la lettre est de fournir des indications concrètes pour actualiser le message du Bon Samaritain. Même lorsque «la guérison est impossible ou improbable, l’accompagnement médico-infirmier, psychologique et spirituel est un devoir incontournable, car le contraire constituerait un abandon inhumain du malade».

Ne pouvoir guérir ne dispense pas de soigner

«Guérissez si possible, faites toujours attention». Ces paroles de Jean-Paul II expliquent que ne pouvoir guérir ne dispense pas de soigner.

Le soin jusqu’au bout, «être avec» le patient, l’accompagner en l’écoutant, le faire se sentir aimé et voulu, c’est ce qui peut éviter la solitude, la peur de la souffrance et de la mort, et l’inconfort qui en résulte: ce sont des éléments qui aujourd’hui sont parmi les principales causes de demandes d’euthanasie ou de suicide assisté.

Dans le même temps, il est souligné que « les abus dénoncés fréquemment par les médecins eux-mêmes pour la suppression de la vie de personnes qui n’auraient jamais souhaité l’application de l’euthanasie pour eux-mêmes. »

L’ensemble du document se concentre sur le sens de la douleur et de la souffrance à la lumière de l’Évangile et du sacrifice de Jésus: «la douleur n’est existentiellement supportable que là où il y a de l’espérance» et l’espérance que le Christ transmet à la souffrance est «celle de sa présence de sa vraie proximité ».

Les soins palliatifs ne suffisent pas « s’il n’y a personne qui » se tient « à côté du patient et témoigne de sa valeur unique et irremplaçable. »

La valeur inviolable de la vie

« La valeur inviolable de la vie est une vérité fondamentale de la loi morale naturelle et un fondement essentiel de l’ordre juridique », déclare la lettre. « De même qu’il n’est pas possible d’accepter qu’un autre homme soit notre esclave, même s’il nous le demande, de même on ne peut pas choisir directement d’attaquer la vie d’un être humain, même s’il le demande. »

Supprimer un patient qui demande l’euthanasie ne signifie pas «reconnaître son autonomie et la valoriser», mais au contraire «renier la valeur de sa liberté, fortement conditionnée par la maladie et la douleur, et la valeur de sa vie». Ce faisant, «le moment de la mort est décidé à la place de Dieu».

Pour cette raison, « l’avortement, l’euthanasie et le suicide volontaire eux-mêmes gâtent la civilisation humaine, déshonorent ceux qui se comportent de cette manière encore plus que ceux qui les subissent et portent gravement atteinte à l’honneur du Créateur ».

Obstacles qui obscurcissent la valeur sacrée de la vie

Le document mentionne certains facteurs qui limitent la capacité de saisir la valeur de la vie. Le premier est une utilisation équivoque du concept de «digne de mort» par rapport à celui de «qualité de vie», dans une perspective anthropologique utilitariste. La vie n’est considérée comme «digne» qu’en présence de certaines caractéristiques psychiques ou physiques.

Un deuxième obstacle est une mauvaise compréhension de la «compassion». La vraie compassion humaine «ne consiste pas à provoquer la mort mais à accueillir le malade, à le soutenir» en lui offrant de l’affection et les moyens de soulager sa souffrance.

Un autre obstacle est l’individualisme croissant, à l’origine de la «maladie la plus latente de notre temps: la solitude». Face aux lois qui légalisent les pratiques d’euthanasie, « surgissent parfois des dilemmes infondés sur la moralité des actes qui, en réalité, ne sont que des actes de simple soin de la personne, comme hydrater et nourrir un patient inconscient sans perspective de guérison ».

Le Magistère de l’Église

Face à la diffusion des protocoles médicaux en fin de vie, «l’abus désormais largement dénoncé d’une perspective d’euthanasie» est préoccupant sans consulter le patient ni les familles. Pour cette raison, le document réaffirme comme enseignement définitif que « l’euthanasie est un crime contre la vie humaine », un acte « intrinsèquement mauvais en toute occasion et circonstance. »

Par conséquent, toute coopération formelle ou matérielle immédiate est un péché grave contre la vie humaine qu’aucune autorité « ne peut légitimement » imposer ou permettre. « Ceux qui approuvent les lois sur l’euthanasie et l’aide au suicide sont donc complices de péchés graves » et sont « coupables de scandale car ces lois contribuent à déformer la conscience, même des fidèles. »

Aider le suicide est donc «une collaboration indue à un acte illégal». L’acte d’euthanasie reste inadmissible même si le désespoir ou l’angoisse peuvent diminuer et même rendre inexistante la responsabilité personnelle de ceux qui le demandent.

«C’est donc toujours un mauvais choix» et le personnel de santé ne peut jamais se prêter «à une quelconque pratique d’euthanasie même à la demande de l’intéressé, et encore moins de ses proches.» Les lois qui légalisent l’euthanasie sont donc injustes.

Les plaidoyers de patients très gravement malades qui invoquent la mort « ne doivent pas être » compris comme « l’expression d’une véritable volonté d’euthanasie » mais comme une demande d’aide et d’affection.
Non à la persistance thérapeutique

Le document explique que « protéger la dignité du mourant signifie exclure à la fois l’anticipation de la mort et la retarder avec la soi-disant persistance thérapeutique », rendue possible par les moyens de la médecine moderne, qui est capable de « retarder artificiellement la mort, sans dans certains cas, le patient reçoit un réel avantage ».

Et donc dans l’imminence d’une mort inévitable, « il est légitime de prendre la décision d’abandonner les traitements qui ne conduiraient qu’à une prolongation précaire et douloureuse de la vie », mais sans interrompre les soins normaux dus au patient.

Le renoncement à des moyens extraordinaires et disproportionnés exprime donc l’acceptation de la condition humaine face à la mort. Mais la nutrition et l’hydratation doivent être dûment assurées car « un soin de base dû à chaque homme est d’administrer la nourriture et les liquides nécessaires ».

Les paragraphes consacrés aux soins palliatifs, « un outil précieux et indispensable » pour accompagner le patient sont importants : l’application de ces traitements diminue drastiquement le nombre de ceux qui demandent l’euthanasie. Parmi les soins palliatifs, qui ne peuvent jamais inclure la possibilité d’euthanasie ou de suicide assisté, le document inclut également l’assistance spirituelle aux malades et à leurs familles.

Aider les familles

Dans le traitement, il est essentiel que le patient ne se sente pas un fardeau, mais qu’il «ait la proximité et l’appréciation de ses proches. Dans cette mission, la famille a besoin d’aide et de moyens adéquats ». Il est donc nécessaire que les États «reconnaissent la fonction sociale première et fondamentale de la famille et son rôle irremplaçable, également dans ce domaine, en fournissant les ressources et les structures nécessaires pour la soutenir.»

Soins prénatals et pédiatriques

Dès la conception, les enfants souffrant de malformations ou de pathologies de toute nature «sont de petits patients que la médecine aujourd’hui est toujours en mesure d’assister et d’accompagner dans un mode de vie respectueux.»

« Dans le cas de pathologies prénatales qui conduiront sûrement à la mort dans un court laps de temps – et en l’absence de thérapies capables d’améliorer les conditions de santé de ces enfants, en aucun cas elles ne doivent être abandonnées sur le plan du bien-être, mais ils doivent être accompagnés jusqu’à la mort naturelle. « sans interrompre la nutrition et l’hydratation.

Des mots qui peuvent également être renvoyés à plusieurs cas d’actualité récents. Le «recours parfois obsessionnel au diagnostic prénatal» et l’émergence d’une culture hostile au handicap qui conduisent souvent au choix de l’avortement, qui «n’est jamais légal», sont condamnés.

Sédation profonde

Pour soulager la douleur du patient, la thérapie analgésique utilise des médicaments qui peuvent provoquer une suppression de la conscience. L’Église « affirme la légalité de la sédation dans le cadre des soins offerts au patient, afin que la fin de vie puisse se produire dans la plus grande paix possible ».

Ceci est également vrai dans le cas des traitements qui «approchent du moment du décès (sédation palliative profonde en phase terminale), toujours, dans la mesure du possible, avec le consentement éclairé du patient». Mais la sédation est inacceptable si elle est administrée pour «causer directement et intentionnellement la mort».

L’état végétatif ou minimalement conscient

Il est toujours trompeur « de penser que le manque de conscience, chez les sujets qui respirent de manière autonome, est un signe que le malade a cessé d’être une personne humaine avec toute la dignité qui lui est propre. »

Même dans cet état de « manque de conscience persistant, état dit végétatif ou minimalement conscient », le patient « doit être reconnu dans sa valeur et assisté de soins adéquats », a droit à la nutrition et à l’hydratation.

Même si, reconnaît le document, «dans certains cas, ces mesures peuvent devenir disproportionnées», parce qu’elles ne sont plus efficaces ou parce que les moyens de les administrer créent un poids excessif. Le document indique qu’il est nécessaire de fournir « un soutien adéquat aux membres de la famille pour qu’ils supportent le fardeau prolongé de l’assistance aux malades en état végétatif. »

Objection de conscience

Enfin, la lettre demande des positions claires et unifiées de la part des Eglises locales sur ces questions, invitant les établissements de santé catholiques à témoigner, s’abstenant de tout comportement «d’illégitimité morale évidente».

Les lois qui approuvent l’euthanasie « ne créent pas d’obligations de conscience » et « soulèvent une obligation sérieuse et précise de s’y opposer par l’objection de conscience .» Le médecin « n’est jamais un simple exécuteur de la volonté du patient» et conserve toujours «le droit et le devoir de se retirer à volonté discordant du bien moral vu par sa conscience. »

D’autre part, il est rappelé qu’il n’y a pas de « droit de disposer arbitrairement de sa vie, de sorte qu’aucun agent de santé ne peut être le tuteur exécutif d’un droit inexistant ». Il est important que les médecins et les agents de santé soient formés à l’accompagnement chrétien des mourants, comme l’ont montré les récents événements dramatiques liés à l’épidémie de Covid-19.

Quant à l’accompagnement spirituel et sacramentel de ceux qui demandent l’euthanasie, « une proximité qui invite toujours à la conversion est nécessaire », mais « aucun geste extérieur n’est admissible qui puisse être interprété comme une approbation de l’euthanasie, comme rester présent à l’instant de sa réalisation. Cette présence ne peut être interprétée que comme une complicité. »

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