Le sens chrétien de la « Règle d’or »

Le sens chrétien de la « Règle d’or »

« Donc, tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes. » (Mt 7, 12)

Sur les lèvres du Christ et dans le contexte du Sermon sur la montagne, la « Règle d’or » (Mt 7, 12 ; Lc 6, 31) ne peut être considérée comme le résumé de la Loi et des prophètes que parce qu’elle fonde sur le don de Dieu (qui est le Christ) ce que les membres du Christ peuvent attendre les uns des autres et s’assurer mutuellement. Elle dépasse donc la simple fraternité humaine pour englober l’échange interpersonnel de la vie divine.

1. La « Règle d’or » se trouve placée chez Matthieu et plus directement encore chez Luc dans le contexte des Béatitudes, du renoncement à une stricte justice distributive, de l’amour des ennemis, de l’exigence qui impose d’être « parfait » et « miséricordieux », comme le Père céleste. Le don reçu de lui est donc considéré comme contenant ce qu’un membre du Christ peut attendre des autres et ce qu’il doit leur assurer en retour. Par là se confirme une fois de plus que la « Loi » comme la « fraternité humaine » générale ont leur «fin» (Rm 10, 4) dans le Christ.

2. Déjà la « Loi » n’était pas une simple expression de la fraternité humaine. Elle manifestait la fidélité du Dieu sauveur qui voulait conclure une alliance avec son peuple (cf. thèse 6). Les « prophètes » ont cependant prédît un accomplissement de la Loi qui est seulement devenu possible quand Dieu eut aboli toute hétéronomie et gravé sa Loi par son Esprit dans le cœur des hommes (Jr 31, 33 ; Ez 36, 26 s).

3. Du point de vue chrétien, aucune éthique, ni personnelle ni sociale, ne peut faire abstraction de la Parole de Dieu qui agit et apporte ses dons. Pour être moralement valable, le dialogue entre les hommes présuppose, comme condition de sa possibilité, le « dialogue » entre Dieu et l’humanité, que l’homme en soit explicitement conscient ou non. En revanche, la relation avec Dieu renvoie ouvertement à un dialogue approfondi entre juif et païen, maître et serviteur, homme et femme, parents et enfants, riches et pauvres, etc.

Ainsi, toute éthique chrétienne est cruciforme : verticale et horizontale. Cette « forme » possède aussi son contenu concret dont on ne peut jamais l’abstraire : le Crucifié qui réunit Dieu et les hommes. Il se trouve présent, comme la norme unique, dans chaque relation particulière, dans chaque situation. « Tout m’est permis » (1 Co 6, 12; cf. Rm 14-15), pourvu que je me souvienne de ce que ma liberté résulte de mon appartenance au Christ (1 Co 6, 19 ; cf. 3, 21-23).

COMMISSION THÉOLOGIQUE INTERNATIONALE : LA MORALE CHRÉTIENNE ET SES NORMES (1974) – TROISIÈME DES NEUF THÈSES DE HANS URS VON BALTHASAR

Le Dieu des surprises

Le Dieu des surprises

«Un cœur qui aime la loi, parce que la loi est de Dieu», mais «qui aime également les surprises de Dieu», parce que sa «sainte loi n’est pas une fin en soi»: c’est un chemin, «c’est une pédagogie qui nous conduit à Jésus Christ». C’est ce que le Pape François invite à demander au Seigneur dans la prière.

le signe de Jonas
le signe de Jonas

[Aujourd’hui], dans le passage de l’Évangile de Luc (11, 29-32) , Jésus apostrophe les foules qui se pressaient en masse pour l’écouter comme «une génération mauvaise» parce qu’elle «demande un signe».  «Il est évident que Jésus parle aux docteurs de la loi», qui «souvent dans l’Évangile» lui demandent «un signe».  Pour quel motif les docteurs de la loi ne comprenaient pas, en invoquant un signe extraordinaire?

Plusieurs réponses possibles: la première est «parce qu’ils étaient enfermés. Ils étaient enfermés dans leur système, ils avaient très bien établi la loi, un chef d’œuvre. Tous les juifs savaient ce que l’on pouvait faire, ce que l’on ne pouvait pas faire, et jusqu’où on pouvait aller. Tout était établi».

Mais Jésus les déroute en faisant des «choses étranges», comme «aller avec les pécheurs, manger avec les publicains». Et, aux docteurs de la loi cela «ne plaisait pas, c’était dangereux; la doctrine que eux, théologiens, avaient élaborée au cours des siècles, était en danger».

La deuxième réponse à l’interrogation initiale doit être reconduite au fait qu’ils «avaient oublié qu’ils étaient un peuple en marche. Et quand on est en marche, on trouve toujours des choses nouvelles, des choses que l’on ne connaît pas. Et ils devaient assumer ces choses dans un cœur fidèle au Seigneur, dans la loi».

Mais, dans ce cas également, «un chemin n’est pas absolu en soi, c’est le chemin vers un objectif: vers la manifestation définitive du Seigneur». Du reste, toute «la vie est un chemin vers la plénitude de Jésus Christ, lorsque viendra la deuxième fois. C’est un chemin vers Jésus, qui reviendra dans la gloire, comme l’avaient dit les anges aux apôtres le jour de l’ascension».

En somme, selon les paroles du passage évangélique, «cette génération cherche un signe, mais aucun signe ne lui sera donné, sinon le signe de Jonas»: c’est-à-dire «le signe de la résurrection, de la gloire, de l’eschatologie vers laquelle nous sommes en marche».

C’est pour cette raison que Jésus les qualifie de «génération mauvaise», dans la mesure où ils «n’ont pas compris que la loi qu’ils conservaient et aimaient était une pédagogie à l’égard de Jésus Christ».

En effet, «si la loi ne conduit pas à Jésus Christ, si elle ne nous rapproche pas de Jésus Christ, elle est morte». D’où la consigne finale de réfléchir sur ce thème, de s’interroger sur deux aspects, en se demandant: «Suis-je attaché à mes possessions, à mes idées, enfermé? Ou suis-je ouvert au Dieu des surprises?»

PAPE FRANÇOIS MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE
Lundi 13 octobre 2014


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la merveilleuse parabole du jugement dernier

Rosace du jugement dernier - Chartres détail central
Rosace du jugement dernier – Chartres détail central

L’Évangile d’aujourd’hui est celui de la merveilleuse parabole du jugement dernier, que saint Matthieu a placée immédiatement avant le récit de la passion (Mt 25, 31-46).

Les images sont simples, le langage est populaire, mais le message est extrêmement important : c’est la vérité sur notre destin ultime, et sur le critère selon lequel nous serons évalués. « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25, 35) et ainsi de suite.

Qui ne connaît pas cette page ? Elle fait partie de notre civilisation. Elle a marqué l’histoire des peuples de culture chrétienne : la hiérarchie des valeurs, les institutions, les nombreuses œuvres de bienfaisance et sociales. En effet, le royaume du Christ n’est pas de ce monde, mais il porte à son accomplissement tout le bien qui, grâce à Dieu, existe dans l’homme et dans l’histoire.

Si nous mettons en pratique l’amour du prochain, selon le message évangélique, alors nous laissons place à la seigneurie de Dieu, et son royaume se réalise au milieu de nous. Si, au contraire, chacun ne pense qu’à ses propres intérêts, le monde ne peut qu’aller à sa ruine.

Chers amis, le royaume de Dieu n’est pas une question d’honneurs et d’apparences, mais, comme l’écrit saint Paul, il est « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14, 17). Le Seigneur a notre bien à cœur, c’est-à-dire que tout homme ait la vie, et en particulier que ses enfants les plus « petits » puissent accéder au banquet qu’il a préparé pour tous.

C’est pourquoi il ne sait que faire de ces formes d’hypocrisie de celui qui dit « Seigneur, Seigneur » et puis néglige ses commandements (cf. Mt 7, 21). Dans son royaume éternel, Dieu accueille ceux qui s’efforcent jour après jour de mettre sa parole en pratique.

C’est pour cela que la Vierge Marie, la plus humble de toutes les créatures, est la plus grande à ses yeux et qu’elle siège en Reine à la droite du Christ Roi. Nous voulons nous confier une fois encore à son intercession céleste avec une confiance filiale, pour pouvoir réaliser notre mission chrétienne dans le monde.

Aujourd’hui, prenons le temps de contempler le Christ. En s’identifiant au plus pauvre et au plus petit d’entre-nous, Il est le pasteur qui veille sur nous pour nous aider à grandir dans la foi et dans l’amour, dans la justice et dans la charité. Laissons-nous conduire vers le Père, en lui offrant dans la prière, par l’intercession de Notre-Dame, nos vies, nos joies et nos peines.

BENOÎT XVI ANGÉLUS – Place Saint-Pierre – dimanche 23 novembre 2008


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