la miséricorde est le vrai visage de l’amour

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 14 juillet 2019


Le bon Samaritain Jean Restout 1692-1768 Angers musée des beaux-arts
Le bon Samaritain Jean Restout 1692-1768 Angers musée des beaux-arts

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, l’Évangile présente la célèbre parabole du « bon Samaritain » (voir Lc 10, 25-37). Interrogé par un docteur de la Loi sur ce qui est nécessaire pour hériter de la vie éternelle, Jésus l’invite à trouver la réponse dans les Écritures et lui dit: « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » (v. 27).

Qui est mon prochain ?

Cependant, il y avait différentes interprétations de qui devrait être compris comme « prochain« . En fait, cet homme demande encore : « Et qui est mon prochain? » (V. 29). À ce stade, Jésus répond par la parabole, cette belle parabole : je vous invite tous à prendre l’Évangile d’aujourd’hui, Évangile de Luc, chapitre dix, verset 25.

C’est l’une des plus belles paraboles de l’Évangile. Et cette parabole est devenue paradigmatique de la vie chrétienne. C’est devenu le modèle de la manière dont un chrétien doit agir : grâce à l’évangéliste Luc, nous avons ce trésor.

Le protagoniste de la nouvelle est un Samaritain, qui rencontre un homme volé et battu par des brigands en cours de route et qui prend soin de lui. Nous savons que les Juifs ont traité les Samaritains avec mépris, en les considérant comme des étrangers au peuple élu.

Ce n’est donc pas un hasard si Jésus a choisi un Samaritain comme personnage positif de la parabole. Il veut ainsi vaincre les préjugés, montrant ainsi que même un étranger, même ne connaissant pas le vrai Dieu et ne fréquentant pas son temple, peut se comporter selon sa volonté, ressentir de la compassion pour son frère dans le besoin et l’aider par tous les moyens à sa disposition.

Sur cette même route, avant le Samaritain, un prêtre et un lévite étaient déjà passés, c’est-à-dire des personnes vouées au culte de Dieu, mais, voyant le pauvre homme à terre, ils étaient allés plus loin sans s’arrêter, probablement pour ne pas être contaminés par son sang. Ils avaient mis devant eux une règle humaine – ne pas se contaminer  par le sang – liée au grand commandement de Dieu, qui exige avant tout la miséricorde.

Vrai religiosité et pleine humanité

Jésus propose donc le Samaritain comme modèle, précisément celui qui n’a pas la foi ! Nous pensons également à tant de personnes connues, peut-être agnostiques, qui font du bien. Jésus a choisi comme modèle celui qui n’était pas un homme de foi. Et cet homme, aimant son frère comme lui-même, montre qu’il aime Dieu de tout son cœur et de toute sa force – le Dieu qu’il n’a pas connu ! -, et exprime à la fois la vraie religiosité et la pleine humanité.

Après avoir raconté cette belle parabole, Jésus se tourne vers le docteur de la Loi qui lui avait demandé : « Qui est mon prochain? » Et il lui dit: « Laquelle de ces personnes est selon toi proche de celui qui est tombé entre les mains des brigands? « (v. 36). De cette façon, il renverse la question de son interlocuteur, ainsi que la logique de chacun d’entre nous.

Avoir de la compassion

Cela nous fait comprendre que ce n’est pas nous qui, selon nos critères, définissons qui est le prochain et qui ne l’est pas, mais la personne dans le besoin qui doit être capable de reconnaître qui est son prochain, c’est «qui a eu de la compassion envers lui « (v. 37). Pouvoir avoir de la compassion: c’est la clé. Ceci est notre clé.

Si vous ne ressentez pas de pitié devant une personne dans le besoin, si votre cœur ne bouge pas, alors quelque chose ne va pas. Soyez prudent, soyez prudent. Nous ne nous laissons pas emporter par l’insensibilité égoïste. La capacité de compassion est devenue la pierre de touche du chrétien, voire même de l’enseignement de Jésus, qui est lui-même compassion du Père envers nous.

La miséricorde, vrai visage de l’amour

Si vous allez dans la rue et que vous voyez un sans-abri couché là et passez sans le regarder, ne pensez pas : « Mais, effet du vin. C’est un homme ivre « , demandez-vous si cet homme est ivre, demandez-vous si votre cœur ne s’est pas raidi, si votre cœur n’est pas devenu glacé. Cette conclusion indique que la miséricorde envers une vie humaine dans le besoin est le véritable visage de l’amour.

C’est ainsi que l’on devient un véritable disciple de Jésus et que se manifeste le visage du Père: « Sois miséricordieux comme ton père est miséricordieux » (Lc 6, 36). Et Dieu, notre Père, est miséricordieux, parce qu’il a compassion; il est capable d’avoir cette compassion, d’approcher notre douleur, notre péché, nos vices, nos misères.

Prions la Vierge Marie

Que la Vierge Marie nous aide à comprendre et surtout à vivre de plus en plus le lien indissoluble qui existe entre l’amour pour Dieu notre Père et l’amour concret et généreux pour nos frères, et nous donne la grâce d’avoir compassion et de grandir dans la compassion.

Après l’angélus

Chers frères et sœurs,

Une fois de plus, je souhaite exprimer ma proximité avec le peuple vénézuélien bien-aimé, qui a tout particulièrement prouvé sa persistance dans la crise. Nous prions le Seigneur d’inspirer et d’éclairer les parties en cause, afin qu’elles puissent parvenir le plus rapidement possible à un accord mettant fin aux souffrances de la population pour le bien du pays et de la région tout entière.

Messe pour les migrants

Offrir la miséricorde à ceux qui «crient vers le Seigneur»

Le Pape François a célébré ce matin 8 juillet une messe pour les migrants à la basilique Saint-Pierre, à l’occasion du 6e anniversaire de sa visite à Lampedusa. Cette liturgie en petit comité s’est tenue comme l’an dernier à l’autel de la Chaire de Saint-Pierre, en présence de migrants et réfugiés, mais aussi des sauveteurs et des  invités par la Section “Migrants et Réfugiés” du Dicastère pour le service du développement humain intégral.

Sur les paroles «de salut et de libération» proposées aujourd’hui par la liturgie, le Pape a tout d’abord expliqué le sens symbolique de l’échelle de Jacob, évoquée dans l’extrait du livre de la Genèse.

«L’échelle est une allégorie de l’initiative divine qui précède tout mouvement humain. Elle est l’antithèse de la tour de Babel, construite par les hommes qui, de leurs propres forces, voulaient atteindre le ciel pour devenir des dieux. Ici, au contraire, c’est Dieu qui descend, c’est le Seigneur qui se révèle, c’est Dieu qui sauve.»

«Face à cette révélation, Jacob demande au Seigneur de le protéger dans le difficile voyage qu’il devra faire et il dit : “Le Seigneur sera mon Dieu”». Le Psaume du jour nous invite à garder l’espérance en proclamant «Mon Dieu, en toi je me confie». Dans nos plus grandes épreuves, «notre prière devient plus pure, lorsque nous nous apercevons que les sécurités que nous donne le monde ne valent pas grand-chose et qu’il ne nous reste que Dieu.»

Jésus met les derniers en premiers

Le chef de la Synagogue, bouleversé par la mort de sa fille, et la femme malade de l’Évangile partagent cette confiance totale et ultime. «Tous les deux s’approchent de Jésus pour obtenir de lui ce que personne d’autre ne peut leur donner : la libération de la maladie et de la mort. Jésus ne fait pas de différences : la libération est donnée généreusement dans les deux cas.»

Jésus révèle à ses disciples la nécessité d’une option préférentielle pour les derniers qui doivent être mis à la première place dans l’exercice de la charité. «Les ‘pauvres’, dans les multiples dimensions de la pauvreté, ce sont les opprimés, les marginaux, les personnes âgées, les malades, les petits, tous ceux qui sont considérés et traités comme les “derniers” dans la société», écrivait saint Jean-Paul II dans son exhortation apostolique Vita consecrata.

Écouter le cri des pauvres

En ce sixième anniversaire de sa visite à Lampedusa, le Pape a donc orienté sa pensée «vers les ‘derniers’ qui, chaque jour, crient vers le Seigneur, demandant d’être libérés des maux qui les affligent. Ce sont les derniers abusées et abandonnés qui meurent dans le désert ; ce sont les derniers torturés, maltraités et violentés dans les camps de détention ; ce sont les derniers qui défient les flots d’une mer impétueuse ; ce sont les derniers abandonnés dans des camps pour un accueil trop long pour être appelé provisoire.»

«Les périphéries existentielles de nos villes sont peuplées de personnes exclues, marginalisées, opprimées, discriminées, abusées, exploitées, abandonnées, pauvres et souffrantes. Dans l’esprit des Béatitudes nous sommes appelés à les consoler de leurs maux et à leur offrir la miséricorde ; à assouvir leur faim et leur soif de justice ; à leur faire sentir la prévenante paternité de Dieu ; à leur montrer le chemin du Règne des Cieux.»

Comme les anges, prendre en charge les plus petits

«Monter les échelons de cette échelle [de Jacob] demande engagement, fatigue et grâce. Les plus faibles et les plus vulnérables doivent être aidés. J’aime alors penser que nous pourrions être ces anges qui montent et descendent, en prenant sous le bras les petits, les boiteux, les malades, les exclus : les derniers qui, autrement, resteraient en arrière et verraient seulement les misères de la terre, sans percevoir dès maintenant quelque lueur du Ciel.»

«Il s’agit d’une grande responsabilité dont personne ne peut s’exonérer si nous voulons achever la mission de salut à laquelle le Seigneur lui-même nous a appelés à collaborer.» Le Pape a remercié les migrants qui eux-mêmes prêtent assistance à leurs frères et sœurs en difficultés.

Nous devons toujours prier le maître de la moisson

Nous devons toujours prier le maître de la moisson

. Priez le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers - détail d'une toile de Van Gogh
. Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers – détail d’une toile de Van Gogh

Avant la prière de l’Angélus, ce dimanche 7 juillet, le Pape François a commenté l’envoi en mission par Jésus de soixante-douze disciples, rapporté par l’Évangéliste Luc, en plus des douze apôtres.

La mission est toujours la même aujourd’hui : annoncer à tous que Dieu nous aime, qu’il veut nous sauver et qu’il nous appelle à faire partie de son Royaume.

Mission et prière

Cet envoi «préfigure la mission de l’Église d’annoncer l’Évangile à toutes les nations». Quand Jésus dit à ses disciples que «la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux», il leur demande de «prier le maître d’envoyer des ouvriers pour sa moisson».

«Cette demande de Jésus est toujours valable.» «Nous devons toujours prier le « maître de la moisson« , c’est-à-dire Dieu le Père, d’envoyer des ouvriers travailler dans son champ qui est le monde. Et chacun de nous doit le faire avec un cœur ouvert, avec une attitude missionnaire ; notre prière ne doit pas se limiter à nos besoins, à nos nécessités : une prière est vraiment chrétienne si elle a aussi une dimension universelle.»

Les caractéristiques de la mission

En envoyant les soixante-douze disciples, Jésus leur donne des instructions précises, Les caractéristiques de la mission : prier, aller, ne porter ni bourse ni sac, rester dans les maisons, guérir les malades…

«Des impératifs qui montrent que la mission est fondée sur la prière, qu’elle est itinérante, qu’elle exige détachement et pauvreté, qu’elle apporte paix et guérison, signes de la proximité du Royaume de Dieu, qu’elle n’est pas prosélytisme mais proclamation et témoignage, et qu’elle exige aussi franchise et liberté évangélique pour s’en aller en soulignant la responsabilité d’avoir refusé le message du Salut, sans condamnation ni malédiction.»

Marcher avec Jésus

Le disciple est un missionnaire qui «marche en compagnie du Seigneur Jésus», qui «apprend de lui à se dépenser sans réserve pour les autres, libre de lui-même et de ses biens.» Si elle est vécue authentiquement, la mission de l’Église  sera caractérisée par la joie :

« Les soixante-douze sont rentrés pleins de joie » (v. 17). Ce n’est pas une joie éphémère qui découle du succès de la mission; au contraire, c’est une joie enracinée dans la promesse qui, dit Jésus, « vos noms sont inscrits dans les cieux » (v. 20).

Une joie intérieure et indestructible

La joie intérieure et indestructible vient de la conscience d’avoir été appelé par Dieu à suivre son Fils, c’est-à-dire, la joie d’être ses disciples. Chacun de nous peut penser au nom qu’il a reçu le jour de son baptême, un nom « «inscrit dans les cieux».

«C’est la joie de ce don qui fait de chaque disciple un missionnaire, celui qui marche en compagnie du Seigneur Jésus, qui apprend de Lui à se dépenser sans réserve pour les autres, libre de lui-même et de ses propres biens.»

Invocation à Marie

Enfin, le Saint-Père nous exhorte à invoquer « la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, afin qu’elle puisse partout soutenir la mission des disciples du Christ. » La mission d’annoncer « à tout ce que Dieu nous aime, veut nous sauver et nous appelle à faire partie de son royaume. »

Prière pour les victimes d’attaques et de massacres récents

Après avoir prié l’Angélus, le pape François a invité fidèles et pèlerins à prier pour les personnes tuées ou blessées à la suite de l’attaque aérienne qui a frappé un centre de détention pour migrants en Libye ces derniers jours. Il a également rappelé toutes les victimes des récents massacres en Afghanistan, au Mali, au Burkina Faso et au Niger.

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