L’attention maternelle de Marie

Le signe de Cana Giotto Chapelle des Scrovegni Padoue
Le signe de Cana Giotto Chapelle des Scrovegni Padoue

Par sa sollicitude maternelle, la Vierge Marie nous aide à nous ouvrir à la grâce de Dieu, à nous débarrasser de tout ce qui nous ralentit dans notre marche vers le Christ, dans notre attention au prochain et notre service à son égard.

Dans l’exemple de Cana (Jean 2, 1-11), Jésus accomplit son premier signe grâce à l’intervention de sa Mère. Cela nous invite à nous confier à Jésus miséricordieux : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

Aux noces de Cana, Marie est la femme attentive qui s’aperçoit d’un embarras important pour les mariés : le vin manque, le vin, symbole de la joie, de la fête. Marie découvre la difficulté, la fait sienne et, avec discrétion, agit immédiatement. Elle ne reste pas là à regarder, mais elle s’adresse à Jésus et lui présente le problème tel qu’il est : « Ils n’ont pas de vin. »

Et quand Jésus lui répond que son heure n’est pas encore venue, elle dit aux serviteurs : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ». Alors Jésus accomplit le miracle, transformant une grande quantité d’eau en vin, un vin qui apparaît tout de suite le meilleur de toute la fête. Quel enseignement pouvons-nous tirer du mystère des noces de Cana ?

Marie participe à la joie des gens ordinaires et contribue à l’accroître ; elle intercède auprès de son Fils pour le bien des époux et de tous les invités, dont les disciples de Jésus. Ce dernier n’a pas refusé la demande de sa Mère. Que d’espérance pour nous dans cet événement !

Nous avons une Mère qui a les yeux attentifs et pleins de bonté, comme son Fils ; le cœur maternel et débordant de miséricorde, comme lui ; les mains qui veulent aider, comme les mains de Jésus qui rompaient le pain pour qui avait faim, les mains de Jésus qui touchaient les malades et les guérissaient.

Cela nous remplit de confiance et fait que nous nous ouvrons, par l’intercession attentionnée de Marie, à la grâce du Christ qui ne manquera pas de transformer nos efforts humains en quelque chose de divin. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

La prière est la lumière de l’âme

La prière est lumière de l'âme
La prière est lumière de l’âme

Le bien suprême, c’est la prière, l’entretien familier avec Dieu. Elle est communication avec Dieu et union avec lui. De même que les yeux du corps sont éclairés quand ils voient la lumière, ainsi l’âme tendue vers Dieu est illuminée par son inexprimable lumière.

La prière n’est donc pas l’effet d’une attitude extérieure, mais elle vient du cœur. Elle ne se limite pas à des heures ou à des moments déterminés, mais elle déploie son activité sans relâche, nuit et jour.

En effet, il ne convient pas seulement que la pensée se porte rapidement vers Dieu lorsqu’elle s’applique à la prière; il faut aussi, même lorsqu’elle est absorbée par d’autres occupations – comme le soin des pauvres ou d’autres soucis de bienfaisance -, y mêler le désir et le souvenir de Dieu, afin que tout demeure comme une nourriture très savoureuse, assaisonnée par l’amour de Dieu, à offrir au Seigneur de l’univers.

Et nous pouvons en retirer un grand avantage, tout au long de notre vie, si nous y consacrons une bonne part de notre temps.

La prière est la lumière de l’âme, la vraie connaissance de Dieu, la médiatrice entre Dieu et les hommes.

Par elle, l’âme s’élève vers le ciel, et embrasse Dieu dans une étreinte inexprimable; assoiffée du lait divin, comme un nourrisson, elle crie avec larmes vers sa mère. Elle exprime ses volontés profondes et elle reçoit des présents qui dépassent toute la nature visible.

Car la prière se présente comme une puissante ambassadrice, elle réjouit, elle apaise l’âme.

Lorsque je parle de prière, ne t’imagine pas qu’il s’agisse de paroles. Elle est un élan vers Dieu, un amour indicible qui ne vient pas des hommes et dont l’Apôtre parle ainsi: Nous ne savons pas prier comme il faut, mais l’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables.

Une telle prière, si Dieu en fait la grâce à quelqu’un, est pour lui une richesse inaliénable, un aliment céleste qui rassasie l’âme. Celui qui l’a goûté est saisi pour le Seigneur d’un désir éternel, comme d’un feu dévorant qui embrase son cœur.

Lorsque tu la pratiques dans sa pureté originelle, orne ta maison de douceur et d’humilité, illumine-la par la justice; orne-la de bonnes actions comme d’un revêtement précieux; décore ta maison, au lieu de pierres de taille et de mosaïques, par la foi et la patience.

Au-dessus de tout cela, place la prière au sommet de l’édifice pour porter ta maison à son achèvement. Ainsi tu te prépareras pour le Seigneur comme une demeure parfaite. Tu pourras l’y accueillir comme dans un palais royal et resplendissant, toi qui, par la grâce, le possèdes déjà dans le temple de ton âme.

Saint Jean Chrysostome: Homélie du Ve siècle

8e centenaire de la rencontre entre St François et le Sultan

Lettre du Pape pour le 8e centenaire
de la rencontre entre St François et le Sultan Al-Malik

Rencontre de St François d'Assise et du Sultan Al-Kamil, en 1219.
Rencontre de St François d’Assise et du Sultan Al-Kamil, en 1219.

Ne pas céder à la violence, notamment sous des prétextes religieux, mais promouvoir la paix et le dialogue: c’est le cœur de la lettre du Pape adressée au cardinal Sandri, son envoyé spécial aux commémorations du 8e centenaire de la rencontre entre St François d’Assise et le Sultan Al-Malik.

 

Dans cette lettre publiée originellement en latin, le Pape rappelle que le Poverello d’Assise était un homme de paix et qu’il incitait ses frères à saluer les personnes comme le Christ l’enseigne: «que le Seigneur te donne la paix». Saint François, écrit le Pape, avait compris que toute chose a été créée par un seul créateur, bon et père de tous les hommes.

Il désirait par conséquent apporter à tous les hommes, «avec une âme joyeuse et ardente», la nouvelle de l’amour ineffable d’un «Dieu puissant et miséricordieux»,  qui «veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité» (1 Tim 2, 3-4). C’est pour cela qu’il envoya plusieurs de ses frères vers les Sarrasins et d’autres non-chrétiens, en dépit du danger.

Le Poverello d’Assise devant le sultan

François lui-même, raconte le Pape, prenant avec lui un compagnon répondant au nom de frère Illuminé,  prit la route de l’Égypte en 1219. A Damiette, dans le delta du Nil, il rencontra le Sultan.

Face aux questions du chef des Sarrasins, «le serviteur de Dieu répondit qu’il avait été envoyé d’au-delà des mers non par un homme mais par le Dieu très-haut pour lui indiquer, à lui et à son peuple, la voie du salut et leur annoncer l’Évangile qui est la vérité». Et le Sultan, «émerveillé du courage et de l’ardeur de François, l’écoutait avec plaisir». (saint Bonaventure, Legenda Maior, 7-8).

«Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée»

Le Pape enjoint le cardinal Sandri à porter son «salut fraternel à tous», chrétiens et musulmans; souhaitant que personne ne cède à la violence sous quelque motif religieux, mais que soient plutôt réalisés des «projets de dialogue, de réconciliation et de coopération» qui «portent les hommes à la communion fraternelle», en répandant la paix et le bien selon les paroles du prophète Isaïe : «Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée; ils n’apprendront plus la guerre» (Isaïe 2, 4).

Le Pape conclut sa lettre en bénissant tous ceux qui prendront part à cet «événement mémorable», ainsi qu’à «tous les promoteurs du dialogue interreligieux et de la paix».

La visite aux Émirats, 800 ans après la rencontre de Damiette

Début février, la visite du Pape aux Émirats arabes unis a coïncidé avec le 8e centenaire de cette rencontre; ce voyage a notamment été marqué par la signature , aux côtés de l’imam d’Al-Azhar Ahmed Al-Tayyeb, d’un document sur la «Fraternité humaine pour la paix mondiale et  la coexistence commune».

Durant la rencontre interreligieuse au Founder’s Memorial, le Souverain Pontife avait affirmé: «avec un esprit reconnaissant au Seigneur, en ce huitième centenaire de la rencontre entre Saint François d’Assise et le sultan al-Malik al-Kāmil, j’ai accueilli l’opportunité de venir ici comme croyant assoiffé de paix, comme frère qui cherche la paix avec les frères. Vouloir la paix, promouvoir la paix, être instruments de paix : nous sommes ici pour cela».

Le chrétien, armé de sa seule foi et de son amour

Alors que la cinquième Croisade faisait rage, François n’hésita pas à entreprendre un long voyage, armé uniquement d’un Évangile, pour se rendre auprès de ceux qui étaient alors les ennemis jurés des chrétiens. Huit siècles plus tard, cette audacieuse initiative reste un geste prophétique pour toute l’humanité.

Dans la messe qu’il a célébrée au Zayed Sports City d’Abou Dhabi le 5 février dernier, le Pape est longuement revenu sur la béatitude de la douceur, rappelant les instructions prodiguées par François aux frères qui allaient à la rencontre des non-chrétiens : «Ne faire ni procès ni disputes, être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu et confesser simplement qu’ils sont chrétiens » (Première Règle, XVI).

Et le Pape avait ainsi conclu: «à cette époque, tandis que beaucoup partaient revêtus de pesantes armures, saint François a rappelé que le chrétien part armé seulement de sa foi humble et de son amour concret. Elle est importante la douceur : si nous vivons dans le monde à la manière de Dieu, nous deviendrons des canaux de sa présence ; autrement, nous ne porterons pas de fruit».

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