Messe de Noël : le Pape invite à être transformé par Jésus

Crèche en sable des Dolomites sur la place Saint Pierre à Rome
Crèche en sable des Dolomites sur la place Saint Pierre à Rome

Le Pape François a présidé la liturgie de la messe de la minuit,  à 21h30, dans la basilique Saint-Pierre. Les cloches se sont mises à sonner ce lundi soir, lorsque le diacre a annoncé la naissance du Christ, à l’issue du chant traditionnel de la Kalenda qui résume l’attente universelle jusqu’à l’avènement du Seigneur. Au début de la messe, le Pape a alors dévoilé, embrassé et encensé la statue de l’Enfant Jésus, auquel des fillettes et garçons d’Italie, de Chine, du Panama, de RD du Congo, de la Roumanie et du Japon, ont apporté un hommage floral. Dans son homélie, il a proposé de monter vers Bethléem à la rencontre de l’Enfant Jésus qui « lance un nouveau modèle de vie » basé sur le partage et le don et non sur l’accaparement et l’avidité.

 

MESSE DE LA NUIT

SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR

CHAPELLE PAPALE

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique vaticane
Lundi 24 décembre 2018


Joseph, avec Marie son épouse, monta jusqu’à « la ville de David appelée Bethléem » (Lc 2, 4). Cette nuit, nous aussi, nous montons jusqu’à Bethléem pour y découvrir le mystère de Noël.

1. Bethléem : le nom signifie maison du pain. Dans cette ‘‘maison’’, le Seigneur donne aujourd’hui rendez-vous à l’humanité. Il sait que nous avons besoin de nourriture pour vivre. Mais il sait aussi que les aliments du monde ne rassasient pas le cœur. Dans l’Écriture, le péché originel de l’humanité est associé précisément au manger : « elle prit de son fruit, et en mangea » dit le livre de la Genèse (3, 6). Elle prit et elle mangea.

L’homme est devenu avide et vorace. Avoir, amasser des choses semble pour beaucoup de personnes le sens de la vie. Une insatiable voracité traverse l’histoire humaine, jusqu’aux paradoxes d’aujourd’hui ; ainsi quelques-uns se livrent à des banquets tandis que beaucoup d’autres n’ont pas de pain pour vivre.

Bethléem, c’est le tournant pour changer le cours de l’histoire. Là, Dieu, dans la maison du pain, naît dans une mangeoire. Comme pour nous dire : me voici tout à vous, comme votre nourriture. Il ne prend pas, il offre à manger : il ne donne pas quelque chose, mais lui-même. À Bethléem, nous découvrons que Dieu n’est pas quelqu’un qui prend la vie mais celui qui donne la vie.

À l’homme, habitué depuis les origines à prendre et à manger, Jésus commence à dire : « Prenez, mangez : ceci est mon corps » (Mt 26, 26). Le petit corps de l’Enfant de Bethléem lance un nouveau modèle de vie : non pas dévorer ni accaparer, mais partager et donner. Dieu se fait petit pour être notre nourriture. En nous nourrissant de lui, Pain de vie, nous pouvons renaître dans l’amour et rompre la spirale de l’avidité et de la voracité.

De la ‘‘maison du pain’’, Jésus ramène l’homme à la maison, pour qu’il devienne un familier de son Dieu et frère de son prochain. Devant la mangeoire, nous comprenons que ce ne sont pas les biens qui entretiennent la vie, mais l’amour ; non pas la voracité, mais la charité ; non pas l’abondance à exhiber, mais la simplicité à préserver.

Le Seigneur sait que nous avons besoin chaque jour de nous nourrir. C’est pourquoi il s’est offert à nous chaque jour de sa vie, depuis la mangeoire de Bethléem jusqu’au cénacle de Jérusalem. Et aujourd’hui encore sur l’autel, il se fait Pain rompu pour nous : il frappe à notre porte pour entrer et prendre son repas avec nous (cf. Ap 3, 20). À Noël, nous recevons sur terre Jésus, Pain du ciel : c’est une nourriture qui ne périme jamais, mais qui nous fait savourer déjà la vie éternelle.

À Bethléem, nous découvrons que la vie de Dieu court dans les veines de l’humanité. Si nous l’accueillons, l’histoire change à commencer par chacun d’entre nous. En effet, quand Jésus change le cœur, le centre de la vie n’est plus mon moi affamé et égoïste, mais lui qui naît et vit par amour. Appelés cette nuit à sortir de Bethléem, maison du pain, demandons-nous : quelle est la nourriture de ma vie, dont je ne peux me passer ? Est-ce le Seigneur ou quelque chose d’autre ?

Puis, en entrant dans la grotte, flairant dans la tendre pauvreté de l’Enfant un nouveau parfum de vie, celle de la simplicité, demandons-nous : ai-je vraiment besoin de beaucoup de choses, de recettes compliquées pour vivre ? Est-ce j’arrive à me passer de tant de garnitures superflues, pour mener une vie plus simple ?

À Bethléem, à côté de Jésus, nous voyons des gens qui ont marché, comme Marie, Joseph et les pasteurs. Jésus est le Pain de la route. Il n’aime pas des digestions paresseuses, longues et sédentaires, mais il demande qu’on se lève en hâte de table pour servir, comme des pains rompus pour les autres. Demandons-nous : à Noël, est-ce je partage mon pain avec celui qui n’en a pas ?

2. Après Bethléem maison du pain, réfléchissons sur Bethléem maison de David. Là, David, jeune garçon, faisait le pasteur et à ce titre il a été choisi par Dieu, pour être pasteur et guide de son peuple. À Noël, dans la ville de David, pour accueillir Jésus, il y a précisément les pasteurs. Dans cette nuit « ils furent saisis d’une grande crainte, nous dit l’Évangile » (Lc 2, 9), mais l’ange leur dit : « Ne craignez pas » (v. 10).

Dans l’Évangile revient tant de fois ce ne craignez pas : c’est comme un refrain de Dieu à la recherche de l’homme. En effet, l’homme depuis les origines, encore à cause du péché, a peur de Dieu : « j’ai eu peur […], et je me suis caché » (Gn 3, 10), a dit Adam après le péché. Bethléem est le remède à la peur, parce que malgré les ‘‘non’’ de l’homme, là Dieu dit pour toujours ‘‘oui’’ : pour toujours il sera Dieu-avec-nous.

Et pour que sa présence n’inspire pas la peur, il s’est fait un tendre enfant. Ne craignez pas : cela n’est pas dit à des saints, mais à des pasteurs, des gens simples qui en même temps ne se distinguent pas par la finesse ni par la dévotion. Le Fils de David naît parmi les pasteurs pour nous dire que personne n’est jamais seul ; nous avons un Pasteur qui surmonte nos peurs et nous aime tous, sans exceptions.

Les pasteurs de Bethléem nous disent aussi comment aller à la rencontre du Seigneur. Ils veillent dans la nuit : ils ne dorment pas, mais font ce que Jésus demandera à plusieurs reprises : veiller (cf. Mt 25, 13 ; Mc 13, 35 ; Lc 21, 36). Ils restent éveillés, attendent éveillés dans l’obscurité ; et Dieu « les enveloppa de sa lumière » (Lc 2, 9).

Cela vaut aussi pour nous. Notre vie peut être une attente, qui également dans les nuits des problèmes s’en remet au Seigneur et le désire ; alors elle recevra sa lumière. Ou bien une prétention, où ne comptent que les forces et les moyens propres : mais dans ce cas, le cœur reste fermé à la lumière de Dieu. Le Seigneur aime être attendu et on ne peut pas l’attendre dans le divan, en dormant.

En effet, les pasteurs se déplacent : « ils se hâtèrent » dit le texte (v. 16). Ils ne restent pas sur place comme celui qui sent qu’il est arrivé et n’a besoin de rien, mais ils s’en vont ; laissant le troupeau sans surveillance, ils prennent des risques pour Dieu. Et après avoir vu Jésus, sans même être des experts de discours, ils vont l’annoncer, à telle enseigne que « tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leurs racontaient les bergers » (v. 18).

Attendre éveillé, aller, risquer, raconter la beauté : ce sont des gestes d’amour. Le bon Pasteur, qui à Noël vient donner la vie aux brebis, à Pâques adressera à Pierre et, à travers lui à nous tous, la question finale : « M’aimes-tu » (Jn 21, 15). C’est de la réponse que dépendra l’avenir du troupeau. Cette nuit, nous sommes appelés à répondre, à lui dire nous aussi : ‘‘Je t’aime’’. La réponse de chacun est essentielle pour le troupeau tout entier.

« Allons jusqu’à Bethléem » (Lc 2, 15) : c’est ce qu’ont dit et fait les pasteurs. Nous aussi, Seigneur, nous voulons venir à Bethléem. Aujourd’hui également la route est ascendante : on doit dépasser le sommet de l’égoïsme, il ne faut pas glisser dans les ravins de la mondanité et du consumérisme. Je veux arriver à Bethléem, Seigneur, parce que c’est là que tu m’attends.

Et me rendre compte que toi, déposé dans une mangeoire, tu es le pain de ma vie. J’ai besoin du parfum tendre de ton amour pour être, à mon tour, pain rompu pour le monde. Prends-moi sur tes épaules, bon Pasteur : aimé par toi, je pourrai moi aussi aimer et prendre mes frères par la main. Alors, ce sera Noël quand je pourrai te dire : ‘‘Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime’’ (cf. Jn 21, 17).


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Comme Marie, vivre Noël dans la foi et la charité

Le Pape François s’est arrêté sur l’épisode de la Visitation prenant pour modèle «la foi et la charité» de Marie, à l’approche de la naissance du Christ.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 23 décembre 2018

«La liturgie de ce quatrième dimanche de l’Avent met l’accent sur la figure de Marie, la Vierge Mère, qui attend de donner naissance à Jésus, le Sauveur du monde.Fixons notre regard sur elle, modèle de foi et de charité; et demandons-nous : quelles ont été ses pensées pendant les mois d’attente ?»

«La réponse provient du passage évangélique d’aujourd’hui, de l’histoire de la visite de Marie à sa parente âgée, Élisabeth (cf. Lc 1, 39-45). L’ange Gabriel lui avait dit qu’Elizabeth attendait un fils et était déjà dans le sixième mois (cf. Lc 1, 26.36). Et puis la Vierge, qui venait de concevoir Jésus par le travail de Dieu, est partie en hâte de Nazareth, en Galilée, pour atteindre les montagnes de Judée et retrouver son cousin.»

Heureux ceux qui croient

«L’Évangile dit : ‘Entrée dans la maison de Zacharie, elle salua Élisabeth’ (v. 40).Elle était sûrement heureuse avec elle pour sa maternité, alors qu’Elizabeth salua à son tour Marie en disant : « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni! A quoi dois-je avoir la mère de mon Seigneur venir à moi ? « (Vv. 42-43).

«Et il loue immédiatement sa foi: « Heureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce que le Seigneur lui a dit » (v. 45). Il est évident que le contraste entre Marie, qui avait la foi, et Zacharie, le mari d’Élisabeth, qui avait douté et qui n’avait pas cru la promesse de l’ange, est donc resté silencieux jusqu’à la naissance de Jean.C’est un contraste.»

Rencontrer Dieu est permis par la foi et la charité

«Cet épisode nous aide à lire avec une lumière toute particulière le mystère de la rencontre de l’homme avec Dieu, rencontre qui ne se fait pas sous le signe de prodiges étonnants, mais bien au nom de la foi et de la charité. En fait, Marie est bénie parce qu’elle a cru : la rencontre avec Dieu est le fruit de la foi. Zacharie en revanche, qui doutait et ne croyait pas, restait sourd et muet pour grandir dans la foi pendant le long silence.»

Sans foi, ni consolation ni espoir

«Sans foi, nous restons inévitablement sourds à la voix consolante de Dieu; et nous restons incapables de prononcer des mots de consolation et d’espoir pour nos frères. Et nous le voyons tous les jours : des gens qui n’ont pas la foi ou qui ont une toute petite foi, quand ils doivent s’approcher d’une personne qui souffre, leur disent des paroles de circonstances, mais ne peuvent pas atteindre le cœur parce qu’ils n’ont pas la force… Et les mots qui atteignent le cœur des autres ne viennent pas.»

«La foi, à son tour, se nourrit de charité. L’évangéliste nous dit que ‘Marie s’est levée et est allée vite’ (v. 39) auprès d’Élisabeth : pressée, pas inquiète, pas inquiète, mais pressée, en paix. ‘Elle s’est levée’ : un geste plein d’inquiétude. Elle aurait pu rester à la maison pour préparer la naissance de son fils. Au lieu de cela, il se soucie d’abord des autres plus que d’elle-même, démontrant ainsi qu’elle est déjà une disciple de ce Seigneur qu’elle porte en son sein.»

La charité authentique, source de joie

L’événement de la naissance de Jésus a commencé comme cela, par un simple geste de charité ; du reste, la charité authentique est toujours le fruit de l’amour de Dieu. L’Évangile de la visite de Marie à Élisabeth, que nous avons entendu aujourd’hui à la messe, nous prépare à bien vivre Noël, nous communiquant le dynamisme de la foi et de la charité.Ce dynamisme est l’œuvre de l’Esprit Saint : l’Esprit d’Amour qui a fécondé le sein virginal de Marie et qui l’a exhortée à venir au service de sa parente âgée.»

Se détourner de soi et regarder les autres

«Un dynamisme plein de joie, comme nous le voyons dans la rencontre entre les deux mères, hymne de joie et d’exultation dans le Seigneur, qui fait de grandes choses avec les petits qui lui font confiance.»

«Que la Vierge Marie nous obtienne la grâce de vivre un Noël extraverti, mais non dispersé. Au centre, il n’y a pas notre « moi », mais le Toi de Jésus et des frères, en particulier ceux qui ont besoin d’un coup de main. Ensuite, nous laisserons une place à l’amour qui, même aujourd’hui, veut devenir chair et venir vivre parmi nous...»

Après l’Angélus

«Beaucoup de personnes n’ont pas la possibilité d’être en famille, pour différentes raisons; et aujourd’hui, je voudrais m’adresser d’une manière particulière à tous ceux qui sont loin de leur famille et de leurs terres. Notre Père céleste ne vous oublie pas et ne vous abandonne pas», «les portes de la communauté chrétienne sont ouvertes, Jésus est né pour tous et donne à tous l’amour de Dieu».

Proximité spirituelle avec les Indonésiens

Le Pape François a prié pour les Indonésiens, frappés par un funeste tsunami volcanique dans la soirée du samedi 22 décembre. Il a invité tout le monde à se joindre à sa prière pour ces victimes et leurs proches.

 «Mes pensées vont aux populations d’Indonésie, touchées par de violentes catastrophes naturelles, qui ont provoqué de nombreuses pertes en vies humaines, de nombreux disparus, des personnes sans abri et des dégâts matériels considérables.»

«Je suis spirituellement proche de ces déplacés et de toutes les personnes qui ont été éprouvées. J’implore Dieu de les soulager dans leurs souffrances. Je lance un appel pour que notre solidarité et le soutien de la communauté internationale ne manquent pas à ces frères et sœurs.»

Le mystère de Noël, un saut de qualité dans l’histoire du salut

Georges de la Tour - le nouveau-né 1648  musée des beaux-arts de Rennes
Georges de la Tour – le nouveau-né 1648 musée des beaux-arts de Rennes

1. En ce temps de préparation immédiate aux Fêtes de Noël, la liturgie nous repropose souvent l’invocation:  « Viens, Seigneur Jésus ». C’est comme un refrain, qui s’élève du cœur des croyants de tous les angles de la terre et qui retentit sans cesse dans la prière de l’Église.

Nous avons également invoqué l’Avent du Christ il y a quelques instants, avec le chant de l’Antienne « O » d’aujourd’hui. Dans celle-ci, le Messie est appelé par des titres plus beaux et plus significatifs que jamais, tirés de la tradition biblique. « Roi des nations », « Attendu par toutes les nations », « Pierre d’angle, qui réunit les peuples ».

2. A Noël, nous contemplerons le grand mystère de Dieu, qui se fait homme dans le sein de la Vierge Marie. Il naît à Bethléem pour partager notre fragile condition humaine! Il vient parmi nous et apporte le salut au monde entier. Sa mission sera de rassembler les hommes et les peuples dans l’unique famille des fils de Dieu.

Nous pouvons dire que, dans le Mystère de Noël, il nous est donné de contempler un « saut de qualité » dans l’histoire du salut. A l’homme, qui s’était éloigné du Créateur en raison du péché, est à présent offert dans le Christ le don d’une communion nouvelle et plus pleine avec Lui. C’est ainsi que l’espérance se réveille dans son cœur, alors que les portes du paradis s’ouvrent à nouveau pour l’humanité.

3. Très chers frères et sœurs! Que la célébration de Noël désormais proche constitue pour tous une occasion propice pour vivre en profondeur la valeur et la signification du grand événement de la naissance de Jésus.

SAINT JEAN-PAUL II – AUDIENCE GÉNÉRALE – Mercredi 22 décembre 2004


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