les pauvres qui sont à côté de nous

25-02-2015 source : Radio-Vatican

Le pauvre LazareLa vraie foi, c’est de prendre conscience des pauvres qui sont à côté de nous : c’est eux que Jésus pousse à la porte de notre cœur, voilà ce sur quoi le Pape François a insisté lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe.

Des chrétiens dans une bulle de vanité

Dans l’Évangile du jour, Jésus raconte la parabole de l’homme riche «qui endossait des robes de pourpre et de lin très fin, et chaque jour se consacrait à des banquets copieux», et ne se rendait pas compte qu’à sa porte il y avait un pauvre, nommé Lazare, couvert de plaies.  «Suis-je un chrétien sur la voie du mensonge, seulement du dire, ou un chrétien sur la voie de la vie, c’est-à-dire des œuvres, du faire?». Cet homme riche, en effet, «connaissait les commandements, et certainement tous les samedis allait à la synagogue, et une fois par an au Temple.»
Il avait «une certaine religiosité», mais «il était un homme fermé, fermé dans son petit monde, le monde des banquets, des vêtements, de la vanité, des amis… Un homme fermé, justement dans une bulle de vanité. Il n’avait pas la capacité de regarder au-delà, mais seulement son propre monde. Et cet homme ne se rendait pas compte de ce qui arrivait en-dehors de son monde fermé. Il ne pensait pas, par exemple, aux besoins de tant de gens ou aux besoins de compagnie des malades, il pensait seulement à lui, à ses richesses, à sa ‘bonne vie’ : il se livrait à la ‘bonne vie’.»

Le pauvre est le Seigneur qui frappe à la porte de notre cœur

Il était donc un «religieux apparent», «il ne connaissait aucune périphérie, il était totalement fermé en lui-même. La périphérie, qui était proche de lui, à la porte de sa maison, il ne la connaissait pas.» Il parcourait «la voie du mensonge», parce qu’il «se fiait seulement à lui-même, à ses choses, il ne se fiait pas à Dieu.» «Un homme qui n’a pas laissé d’héritage, qui n’a pas laissé de vie, parce qu’il était seulement fermé en lui-même.»  Et «c’est curieux» qu’il «ait perdu son nom». «L’Évangile ne dit pas comment il s’appelait, il disait seulement qu’il était un homme riche, et quand ton nom est seulement un adjectif, c’est parce que tu as perdu, tu as perdu la substance, tu as perdu la force.»
«’Celui-ci est riche, celui-ci est puissant, celui-ci peut tout faire, celui-ci est un prêtre de carrière, un évêque de carrière’… Combien de fois nous nommons les gens avec des adjectifs, mais pas avec des noms, parce qu’ils n’ont pas de substance. Mais je me demande : ‘Dieu, qui est Père, n’a pas eu miséricorde de cet homme ? Il n’a pas frappé à la porte de son cœur pour le faire bouger ?’ Mais si, il était à la porte, dans la personne de ce Lazare, qui lui, avait un nom. Et ce Lazare, avec ses besoins et ses misères, ses maladies, c’était justement le Seigneur qui frappait à la porte, pour que cet homme ouvre le cœur et que la miséricorde puisse entrer. Mais non, lui, il ne voyait pas, il était seulement fermé : pour lui, au-delà de la porte, il n’y avait rien.»

La grâce de voir les pauvres

Nous sommes dans le Carême et cela nous fera du bien de nous demander quelle voie nous sommes en train de parcourir : «Je suis sur la voie de la vie ou sur la voie du mensonge ? Combien de fermetures ai-je encore dans mon cœur ? Où est ma joie : dans le faire ou dans le dire? Dans le fait de sortir de moi-même pour aller à la rencontre des autres, pour aider, dans les œuvres de miséricorde ? Ou ma joie, c’est d’avoir bien tout géré, fermé en moi-même ? Demandons au Seigneur, la grâce de voir toujours les Lazare qui sont à notre porte, les Lazare qui frappent au cœur, et de sortir de nous-mêmes avec générosité, avec une attitude de miséricorde, pour que la miséricorde de Dieu puisse entrer dans notre cœur !»

vers un exercice miséricordieux du pouvoir

«La richesse et le pouvoir peuvent être utiles au bien commun si elles sont mises au service de tous.» Ce mercredi 24 février 2016, lors de l’audience générale place Saint-Pierre, le Pape François a insisté dans sa catéchèse sur le lien entre miséricorde et pouvoir, soulignant que la miséricorde divine est plus forte que le péché des hommes. La Bible aborde, dans divers passages, les abus des puissants, des rois, des personnes haut placées. Le Pape s’est appuyé sur l’histoire d’Achab, ce roi d’Israël qui veut s’emparer de la vigne de Nabot sous prétexte qu’elle avoisine son palais royal. Pour arriver à ses fins, Jézabel fera accuser et exécuter Naboth, à partir de faux témoignages, libérant ainsi la vigne tant désirée par le roi. Le Pape a cité un texte du prophète Isaïe dans lequel le Seigneur met en garde contre la cupidité de ceux qui veulent tout posséder, et finissent dans la solitude. Comme Achab qui comprendra son crime et demandera pardon.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 24 février 2016

Frères et sœurs, dans plusieurs passages des Saintes Écritures, il est question de personnes puissantes et aussi de leur arrogance et de leurs abus. En effet, la richesse et le pouvoir sont des réalités qui peuvent être bonnes et utiles au bien commun si elles sont mises au service des pauvres et de tous, avec justice et charité. Mais si elles sont vécues comme un privilège, avec égoïsme et arrogance, elles se transforment en instruments de corruption et de mort. C’est ce qui arrive dans l’épisode biblique où le roi Akab veut s’emparer de la vigne de Nabot sous prétexte qu’elle voisine le palais royal. Cependant, Dieu est plus grand que la méchanceté et que les jeux sales des humains. Dans sa miséricorde, il invite à la conversion. La miséricorde peut guérir les blessures, et changer l’histoire. La miséricorde divine est plus forte que le péché des hommes. Nous en connaissons la puissance quand nous rappelons la venue du Fils de Dieu qui s’est fait homme pour détruire le mal par son pardon.

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Je suis heureux de saluer les pèlerins francophones, venus de Belgique et de France, en particulier les séminaristes de Bayonne et les pèlerins des diocèses d’Agen et de Pontoise, avec leurs évêques, ainsi que de Corse et de plusieurs autres régions. Au cours de ce temps du Carême, je vous invite à accueillir la miséricorde de Dieu dans vos vies, et à suivre Jésus à la rencontre des plus faibles et des plus petits. Que Dieu vous bénisse !

Je vous invite tous à être d’authentiques missionnaires de la miséricorde pour que l’Évangile puisse toucher le cœur des personnes et les ouvrir à la grâce de l’amour de Dieu. Que Dieu vous bénisse !

 


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une religion concrète qui fait le bien

La religion chrétienne est une religion concrète, qui agit en faisant le bien, non une «religion du dire», faite d’hypocrisie et de vanité. Le Pape François l’a répété en commentant les textes liturgiques de ce mardi 23 février 2016, lors de la messe matinale à la maison Sainte-Marthe.

La vie chrétienne est concrète, «Dieu est concret», mais beaucoup de chrétiens le sont en faisant semblant : ceux qui font de l’appartenance à l’Église une décoration sans engagement, une occasion de prestige plutôt qu’une expérience de service envers les plus pauvres.

Le Pape a parcouru l’extrait du livre du prophète Isaïe, et le passage de l’Évangile de Matthieu, pour expliquer encore une fois la «dialectique évangélique entre le dire et le faire». Il insiste sur les paroles de Jésus, qui démasque l’hypocrisie des scribes et des pharisiens, en invitant les disciples et la foule à observer les consignes de ceux qui leur enseignent, mais à ne pas se comporter comme eux.

«Le Seigneur nous enseigne la voie du faire. Et tant de fois nous trouvons des gens dans l’Église qui disent : “moi je suis très catholique”… Mais qu’est-ce que tu fais? Tant de parents se disent catholiques, mais n’ont jamais le temps pour parler avec leurs enfants, pour jouer avec leurs enfants, pour écouter leurs enfants. Peut-être qu’ils ont leurs parents dans une maison de retraite, mais ils sont toujours occupés et ne peuvent pas aller les voir, et les laissent abandonnés. “Mais moi je suis très catholique, hein! J’appartiens à cette association, etc…”. Ça, c’est la religion du dire : je dis que je suis comme ça, mais je fais de la mondanité.»

La religion du dire et non pas du faire est un mensonge. Les paroles d’Isaïe indiquent ce que Dieu préfère. «Cessez de faire le mal, essayez de faire le bien.» «Portez secours à l’opprimé, rendez justice à l’orphelin, défendez la cause de la veuve.» Ces efforts démontrent l’infinie miséricorde de Dieu, qui dit à l’humanité : «Venez ici et discutons. Même si vos péchés étaient comme écarlates, ils deviendront blancs comme neige.»

«La miséricorde du Seigneur va à la rencontre de ceux qui ont le courage de discuter avec Lui, pour discuter sur la vérité, sur les choses que je fais et celles que je ne fais pas, pour me corriger. Et ceci est le grand amour du Seigneur, dans cette dialectique entre le dire et le faire. Être chrétien signifie faire : faire la volonté de Dieu. Et le dernier jour, parce que tous nous en aurons un, qu’est-ce que le Seigneur nous demandera? Il nous dira “Qu’est-ce que vous avez dit sur moi » ? Non ! Il nous demandera « qu’est-ce que nous avons fait ».»

Le Pape a alors cité le chapitre de l’Évangile de Matthieu sur le jugement dernier, quand Dieu demandera à l’homme ce qu’il aura fait pour les affamés, les prisonniers, les étrangers… «Cela, c’est la vie chrétienne. En revanche, le seul « dire » porte à la vanité, à faire semblant d’être chrétien. Mais non, on n’est pas chrétien comme ça.»

«Que le Seigneur nous donne cette sagesse de bien comprendre où est la différence entre le « dire » et le « faire », et nous enseigne la voie du « faire », et qu’il nous aide à aller sur cette voie, parce que la voie du « dire » nous porte à la position où étaient ces docteurs de la loi, ces clercs, auxquels il plaisait de se vêtir comme s’ils étaient des majestés… Ceci n’est pas la réalité de l’Évangile.»

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