témoigner, c’est rompre avec une habitude pour faire connaître la miséricorde

Lors de la Messe de ce jeudi 8 novembre à la maison Sainte-Marthe, le Pape François a mis en garde contre le péché de médisance, «notre pain quotidien» au niveau personnel, familial, paroissial, et il a rappelé que la logique de l’Évangile est contraire à la logique du monde.

 

Son homélie s’est articulée autour de trois mots : la témoignage, la médisance et la demande. La réflexion est partie de l’Évangile du jour, extrait de saint Luc (15, 1-10), où Jésus donne le témoignage suivant : des publicains et des pécheurs s’approchent de Jésus pour l’écouter et lui mange avec eux, tandis que des scribes et des pharisiens murmures.

Le témoignage fait grandir l’Église

Le témoignage de Jésus constitue «une chose nouvelle pour cet époque-là», car «aller chez les pécheurs rendait impur, comme le fait de toucher un lépreux». C’est pour cette raison que les docteurs de la Loi s’en éloignent. «Le témoignage n’a jamais été dans l’Histoire quelque chose de commode, que ce soit pour les témoins – tant de fois ils l’ont payé par le martyr -, ou pour les puissants.»

Témoigner, c’est abandonner une habitude, une manière d’être. C’est pour cette raison que l’Église avance pour témoigner. Le témoignage attire et non les paroles. Bien sûr, celles-ci aident, mais le témoignage est ce qui attire et fait grandir l’Église. Jésus rend témoignage. C’est une chose nouvelle, mais pas si nouvelle, parce que la miséricorde de Dieu était présente aussi dans l’Ancien Testament.

Ces docteurs de la Loi n’ont jamais compris ce que signifiait : «Je veux la miséricorde et non les sacrifices». Ils le lisaient, mais ne comprenaient pas ce qu’était la miséricorde. Et Jésus proclame cette miséricorde par son témoignage. Le témoignage «casse toujours une habitude» et «te fait prendre un risque».

Au lieu de résoudre une situation conflictuelle, on murmure

Le témoignage de Jésus provoque en effet la médisance. Les pharisiens, les scribes, les docteurs de la Loi disaient : «Celui-ci accueille les pécheurs et mange avec eux». Ils ne disaient pas : «Mais regarde, cet homme semble bon parce qu’il cherche à convertir les pécheurs». Un comportement qui consiste toujours à faire un «commentaire négatif pour détruire le témoignage».

«Ce péché de médisance est quotidien.» Dans notre vie quotidienne, on trouve de quoi médire car «celui-ci et celui-là ne nous plaisent pas», et au lieu de dialoguer ou «de chercher à résoudre une situation conflictuelle, nous murmurons en cachette, toujours à voix basse, parce qu’on n’a pas le courage de parler clairement».

Cela se passe ainsi «dans les petites sociétés», «en paroisse». «Combien murmure-t-on dans les paroisses ? À propos de tant de choses » lorsqu’un «témoignage ne me plait pas ou une personne ne me plait pas, la médisance se déchaine immédiatement».

Le Pape a aussi dénoncé les «luttes internes dans les diocèses», ainsi que les manipulations et les médisances présentes au sein des systèmes politiques. «La médisance est notre pain quotidien, que ce soit au niveau personnel, familial, paroissial, diocésain, social… »

La demande de Jésus

Il s’agit d’un «échappatoire pour ne pas regarder la réalité, pour ne pas permettre que les gens pensent». Jésus le sait, mais dans sa bonté, «au lieu de les condamner pour les médisances», il pose une question. Pas comme les pharisiens, qui posaient des questions «avec une intention méchante», «pour le faire tomber».

Jésus leur demande : «Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?». Les pharisiens commencent alors à calculer. C’est la logique pharisienne, la logique des docteurs de la Loi. Ils choisissent le contraire de Jésus.

Pour eux, il ne faut pas parler avec les pécheurs et les publicains : «Mieux vaut ne pas se salir avec ces gens-là, c’est un risque. Gardons les nôtres». Jésus est intelligent en leur posant cette question : il entre dans leur casuistique, mais il les laisse dans une position différente du juste choix. «Qui de vous ?» : personne ne dit «oui, c’est vrai », mais tous disent «non, non, je ne le ferai pas ». Ils sont incapables de pardonner, d’être miséricordieux, de recevoir.

La logique de l’Évangile est contraire à la logique du monde

Le Pape François a conclu en rappelant ces trois mots-clés : «le témoignage», qui est provoquant et «fait grandir l’Église», «la médisance» qui est «comme un garde de mon for intérieur pour que le témoignage ne me blesse pas», et «la question» de Jésus.

Le Saint-Père a aussi rappelé d’autres mot : la joie, la fête, que ces gens-là ne connaissent pas : «tous ceux qui suivent la voie des docteurs de la Loi ne connaissent pas la joie de l’Évangile». «Que le Seigneur nous fasse comprendre cette logique de l’Évangile, contraire à la logique du monde.»

Tu ne voleras pas

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 7 novembre 2018

 

Frères et sœurs, le septième commandement, tu ne voleras pas, peut être compris d’une manière plus large que la seule interdiction de s’approprier le bien d’autrui. La doctrine sociale de l’Église parle de destination universelle des biens. En effet, la Providence divine a disposé que des différences de condition existent dans le monde, et que les uns puissent subvenir aux besoins des autres.

Or, beaucoup vivent aujourd’hui dans une indigence scandaleuse. Ce ne sont pas les biens qui manquent mais une libre et prévoyante action qui assure leur production adéquate, et leur distribution équitable. L’homme devrait considérer que les choses qu’il possède légitimement peuvent aussi profiter à d’autres, et que la propriété d’un bien fait de celui qui le possède un administrateur de la Providence.

Si je ne parviens pas à donner quelque chose, c’est parce que celle-ci me possède et que j’en suis esclave. La possession des biens est donc une occasion de grandir dans la charité et dans la liberté. Le Christ est notre modèle lui qui ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais qui s’est anéanti lui-même, pour nous enrichir de sa pauvreté. Riches, nous le sommes désormais, non pas de biens, mais en amour.

Notre vie n’est pas faite pour posséder mais pour aimer. Efforçons-nous, frères et sœurs, de faire du bien, autant que possible, avec les biens que nous possédons. Notre vie sera bonne et nos biens deviendront un don pour tous.

Je confie vos démarches à la Vierge Marie, au service de la croissance de la dignité humaine et divine de nos frères et sœurs. Que sur vous et sur vos familles, la bénédiction du Seigneur descende.


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Jésus nous invite au banquet du Royaume

les invités à la noce et du grand festin
les invités à la noce et du grand festin

Le Royaume de Dieu est souvent représenté comme un banquet. Jésus nous invite à faire fête avec Lui, mais, souvent nous nous inventons des excuses pour refuser son invitation.

 

L’extrait de l’Évangile de ce 6 novembre est tiré du chapitre 14 de l’Évangile selon saint Luc. Il tourne autour d’un déjeuner, d’un banquet, que le chef des pharisiens a organisé et auquel il a invité aussi Jésus.

À cette occasion, Jésus avait guéri un malade et avait remarqué que de nombreux invités cherchaient à occuper les premières places. Il avait donc recommandé aux pharisiens d’inviter à déjeuner plutôt les derniers, ceux qui ne pouvaient pas rendre la pareille.

Le double refus

À un certain moment du banquet, l’un des convives s’est exclamé : «Heureux celui qui participera au repas dans le royaume de Dieu !». Jésus raconte alors l’histoire d’un homme qui avait organisé un grand repas avec de nombreux invités. Ses serviteurs disent aux invités : «Venez, c’est prêt !»

Mais tous ont commencé à trouver des excuses pour ne pas venir. L’un parce qu’il avait acheté un champ, l’autre parce qu’il venait de se marier… «Toujours des excuses. Ils s’excusent. S’excuser, c’est la parole éduquée pour ne pas dire : “Je refuse”. Ils refusent, mais d’une façon éduquée.» Alors, le maître envoie les serviteurs dans la rue pour appeler les pauvres, les malades, les boiteux, et ils arrivent à la fête.

Le Maître exprime par contre un refus définitif concernant les premiers invités. «Et ce refus doit nous faire penser à nous, aux fois où Jésus nous appelle, nous appelle à faire la fête avec Lui, à être proche de Lui, à changer de vie. Pensez qu’il cherche ses amis les plus intimes, et ils refusent! Ensuite il cherche les malades… et ils y vont.»

«Tant de fois nous entendons l’appel de Jésus pour aller vers Lui, pour faire une œuvre de charité, pour prier, pour le rencontrer, et nous disons : “Mais, excuse-moi Seigneur, je suis affairé, je n’ai pas le temps. Oui demain, je ne peux pas…” Et Jésus reste là.»

Tant de fois nous nous inventons des excuses avec Jésus

Le Pape se demande combien de fois nous aussi nous demandons à Jésus de nous excuser quand Lui «nous appelle à nous rencontrer, à parler, à faire une belle discussion». Aussi nous, nous refusons l’invitation de Jésus.

«Que chacun de nous pense : dans ma vie, combien de fois j’ai entendu l’inspiration de l’Esprit Saint pour faire une œuvre de charité, pour rencontrer Jésus dans cette œuvre de charité, pour aller prier, pour changer de vie sur tel ou tel aspect qui ne va pas bien ? Et j’ai toujours trouvé un motif pour m’excuser, pour refuser.»

Jésus est bon, mais juste

Quant à Jésus, «oui, il est bon, il est miséricordieux, mais il est juste. Et si tu fermes la porte de ton cœur de l’intérieur, Lui, Il ne pourra pas l’ouvrir, parce qu’Il est très respectueux de notre cœur. Refuser Jésus, c’est fermer la porte de l’intérieur et Lui, Il ne peut pas entrer. Et aucun de nous, à partir du moment où il refuse Jésus, ne pense à cela : ‘Moi je ferme la porte avec Jésus à l’intérieur.‘»

C’est avec sa mort que Jésus a payé le banquet

Mais il y a un autre élément, c’est la question de savoir qui a payé le banquet… C’est Jésus ! L’apôtre Paul, dans la première Lecture, «nous fait voir la facture de cette fête» en parlant de Jésus qui «s’est vidé lui-même, en assumant une condition de serviteur et en s’humiliant lui-même jusqu’à mourir sur la croix. Avec sa vie, Jésus a payé la fête.»

Et si nous avons tendance à dire «Je ne peux pas venir», alors, «que le Seigneur nous donne la grâce de comprendre ce mystère de la dureté de cœur, d’obstination, de refus, et la grâce de pleurer.»

Extraits de l’homélie du Pape François durant la messe de ce 6 novembre 2018 à la Maison Sainte Marthe au Vatican

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