La nouveauté de l’Évangile n’admet pas de double vie

Il existe une différence entre les nouveautés du monde et la nouveauté portée par Jésus: c’est ce qu’a souligné le Pape François lors de la messe de ce lundi 10 septembre en la chapelle de la maison Sainte Marthe, affirmant que l’Évangile transforme l’homme entièrement, et n’admet pas l’hypocrisie.

 

«Frères, on entend dire partout qu’il y a chez vous un cas d’inconduite, une inconduite telle qu’on n’en voit même pas chez les païens (…). Vraiment, vous n’avez pas de quoi être fiers». C’est avec réprobation que, dans sa première lettre aux Corinthiens (5, 1-8), St Paul s’adresse à ces chrétiens, constatant que beaucoup parmi eux mènent une double vie.

L’apôtre est très en colère contre ces chrétiens «gonflés d’orgueil», qui se targuent d’être ouverts, et chez qui «la confession en Jésus Christ allait de pair avec une immoralité tolérée». Aussi, Paul rappelle-t-il que le levain fait fermenter toute la pâte, et qu’il faut du levain nouveau pour une pâte nouvelle.

L’Évangile transforme entièrement la personne

Jésus l’avait d’ailleurs affirmé à ses disciples: «à vins nouveaux, outres neuves» (Mc 2, 22). «La nouveauté de l’Evangile, la nouveauté du Christ, soutient le Pape, n’est pas seulement de transformer notre âme, c’est de tout transformer: âme, esprit et corps, tout, c’est-à-dire transformer le vin en outres neuves. La nouveauté de l’Evangile est absolue, totale. Elle nous transforme de l’intérieur vers l’extérieur: l’esprit, le corps et la vie quotidienne».

La nouveauté de l’Évangile et les nouveautés du monde

Les chrétiens de Corinthe n’avaient pas compris la nouveauté totale de l’Évangile, qui n’est pas une idéologie ou un mode de vie sociale cohabitant avec des habitudes païennes. La nouveauté de l’Évangile, c’est la résurrection du Christ, c’est l’esprit qui nous est envoyé pour nous accompagner durant notre vie.

Nous chrétiens, sommes des hommes et des femmes de nouveauté, non pas des nouveautés, pour qui il existe une «confrontation entre la nouveauté de Jésus et les nouveautés que le monde nous propose».

Etre faibles, oui, mais pas hypocrites

Les personnes que Paul condamne sont «tièdes, immorales (…), elles font semblant, elles sont formelles et hypocrites». L’appel de Jésus est un appel à la nouveauté.

«On peut me dire, ‘mais père, nous sommes faibles, nous sommes pécheurs’… Mais cela, c’est autre chose. Si tu acceptes d’être pécheur et faible, Lui te pardonne, parce que la nouveauté de l’Évangile, c’est justement de confesser que Jésus Christ est venu pour le pardon des péchés. Mais si tu dis que tu es chrétien et que tu vis avec ces nouveautés du monde, alors non, c’est de l’hypocrisie. Voilà la différence.»

Le chemin de Jésus est celui du martyre

Jésus ne leurre pas qui veut le suivre. Et à la question de savoir quel est le chemin de ceux qui vivent la nouveauté, et de ceux qui ne veulent pas la vivre, le Pape rappelle comment se termine le passage de l’Évangile proposé par la liturgie de ce jour : la décision des scribes et des docteurs de la Loi de tuer Jésus.

«Le chemin de ceux qui choisissent la nouveauté du Christ, est celui de Jésus : le chemin vers le martyre.» Pas forcément un martyre sanglant, mais celui de tous les jours. «Nous sommes en chemin et nous sommes regardés par le grand accusateur qui suscite les accusateurs d’aujourd’hui pour nous prendre en défaut». Mais il ne faut pas «négocier avec les nouveautés», ni «diluer l’annonce de l’Évangile.»

guérir de la peur du marginalisé

guérison d'un sourd-muet
guérison d’un sourd-muet

S’appuyant sur l’épisode de l’Évangile selon Saint-Marc – 7, 31-37 – qui raconte la guérison miraculeuse d’un sourd-muet par Jésus, le Pape François a délivré ce dimanche 9 septembre une réflexion sur la guérison, matérielle et spirituelle, lors de son Angélus dominical, place Saint-Pierre.

 

Lorsque Jésus guérit le sourd-muet, il ne le fait pas pour «impressionner» la foule, ni par recherche de popularité ou de succès.

«Il veut seulement faire du bien aux gens. À travers cette attitude, il nous enseigne que le bien doit être fait sans clameur et sans ostentation.»

S’ouvrir à la guérison

C’est par «Effata» «Ouvre toi» que Jésus parvint à guérir l’homme. Le récit évangélique met en relief deux types de guérison: «La guérison de la maladie et de la souffrance physique pour restaurer la santé du corps», et une autre guérison «plus difficile» à atteindre: «celle de la peur» qui nous pousse à marginaliser les malades, les souffrants ou les handicapés.

Les malades, exemples de solidarité  

Cette peur du marginalisé peut se traduire par une «pseudo-pitié» ou la volonté «de supprimer le problème.» Les malades ou les souffrants, par exemple, devraient plutôt «être l’occasion d’exprimer sollicitude et la solidarité d’une société envers les plus faibles».

Éviter égoïsme et fermeture de cœur

Le secret du miracle de Jésus réside en cette parole «Effata», ce mot «Ouvre toi». Il s’agit donc de s’ouvrir aux besoins des souffrants et des personnes dans le besoin «en évitant l’égoïsme et la fermeture du cœur». Car c’est précisément le cœur, c’est-à-dire le noyau profond de la personne, que Jésus est venu «ouvrir et libérer» pour nous permettre de vivre pleinement la relation avec Dieu et avec les autres.

Jésus s’est fait homme pour que l’homme, rendu intérieurement sourd et muet par le péché, soit bien en capacité d’entendre la voix de Dieu, la voix de l’Amour qui parle à son cœur, et d’apprendre ainsi à parler à son tour «le langage de l’amour», et «le traduire en gestes de générosité et de don de soi.»

À l’issue de la prière de l’Angélus, le Pape François a également eu quelques mots pour mère Alphonse Marie, fondatrice de la congrégation des sœurs du Très Saint Sauveur, béatifiée le 8 septembre en la cathédrale de Strasbourg. «C’était une femme courageuse qui, en souffrant, en se taisant et en priant, a témoigné de l’amour de Dieu surtout près de ceux qui étaient malades, de corps ou d’esprit.»

sur les scandales d’abus dans l’Église

L’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a publié une lettre à l’intention des fidèles de son diocèse, dont la Chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse,  rue du Bac, fait partie. Il nous détaille la portée du message qu’il nous adresse.

Chers frères et sœurs,

La fin de l’été a été marquée par la révélation d’une enquête de grande ampleur autour d’abus sexuels divers qui ont blessé profondément des personnes et qui ont fragilisé la confiance des fidèles envers l’Église.

Le pape François a choisi de s’adresser à tous dans une « Lettre au Peuple de Dieu ». Elle marque une étape supplémentaire dans un combat engagé résolument depuis le pontificat de Benoît XVI. J’ai demandé à tous les curés de Paris de bien vouloir vous transmettre ce message.

Comment allons-nous répondre à cet appel ?

« L’ampleur et la gravité des faits exigent que nous réagissions de manière globale et communautaire » (Pape François, Lettre au Peuple de Dieu, 2).

J’appelle chaque fidèle du diocèse, laïcs, prêtres, diacres et consacrés, à prendre le temps de lire attentivement cette lettre.

« Il est urgent de réaffirmer une fois encore notre engagement pour garantir la protection des mineurs et des adultes vulnérables » (Lettre au Peuple de Dieu, introduction).

Je voudrais vous redire combien le diocèse de Paris est pleinement engagé dans ce processus depuis des années, avec un dispositif renforcé pour l’écoute des personnes blessées, l’accompagnement, la pleine collaboration avec les autorités civiles et la prévention.

À la suite du pape François, j’appelle chacun à ne jamais choisir un silence complice avec le mal, en gardant toujours le sens de la responsabilité : « Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu » (Matthieu 10, 26).

« Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme. » (2, §4)

Voyons dans ces paroles du pape un appel à une conversion profonde pour en finir avec une « culture de l’abus » qui concerne aussi bien les abus sexuels, de pouvoir et de conscience.

Au mois de juin, lors de la messe d’ordination des nouveaux prêtres, je rappelais combien « ce qui nous est remis, c’est l’autorité qui consiste à faire grandir, en les respectant, ceux vers qui nous sommes envoyés » (Homélie du 24 juin 2018).

Le prêtre est au service de la vie des baptisés. Pasteurs et laïcs, en nous soutenant les uns les autres dans nos missions propres, puissions-nous porter au monde la vie du Christ, pauvre, chaste et obéissant.

Je demande aux conseils pastoraux et à tous les responsables de communautés, à partir de ce qui a déjà été mis en œuvre dans le diocèse, de travailler aux moyens concrets d’éviter de tels scandales.

En portant ensemble la souffrance des victimes, dans l’espérance invincible que Dieu nous donne, je vous bénis en cette rentrée et me confie à votre prière.

+ Michel Aupetit
Archevêque de Paris

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