Ce caractère inépuisable du
passé donne sa profondeur
à l’œuvre de Jésus qui,
semblant fermer devant lui
l’avenir même, en passant
par la mort sur la Croix
(14 septembre), a fait de
la recherche du temps
perdu un temps retrouvé,
une véritable expérience
de l’éternité.
Nul n’a
mieux vécu que lui cette
miraculeuse transfiguration,
cette lumière surnaturelle
qui éclaire notre passé
dès que nous essayons
de le saisir en lui-même
et que nous le détachons
de tout intérêt présent.
Grâce a Lui désormais le
moindre événement devient
chargé de signification
et nous découvre une
infinité toujours présente
et toujours nouvelle.
Vivons-le en cette reprise
de septembre où le cycle
du temps déjà par la
Nativité de Marie nous
permet de méditer sur le
commencement de celle qui
a amené le Sauveur à la vie
pour que nous retrouvions le
Paradis de la Vie éternelle. ■
P. Jean-Daniel Planchot cm
Aumônier et directeur national
de l’Association de la Médaille Miraculeuse
En ces veilles du 8 septembre, la Nativité de Marie, méditons cette page de Mère Teresa sur la Mère du Christ, sur notre Sainte Mère.
Qu’il m’advienne selon ta parole ! Luc 1,38.
La Vierge de l’Annonciation Pompeo Girolamo Batoni 1742
Marie nous enseigne l’humilité – pleine de grâce tout en n’étant que la servante du Seigneur, elle se tient au pied de la croix comme l’un de nous, comme un pécheur qui attend la rédemption.
Comme elle, servons les mourants, les pauvres, les solitaires et les indésirables, selon les dons que nous avons reçus; ne rougissons pas de faire les travaux les plus humbles, et ne tardons pas à les accomplir. Combien nous avons à apprendre de Notre Dame! Si elle était si humble, c’est qu’elle était toute à Dieu. Elle était pleine de grâce, et elle se servait de la toute-puissance qui était en elle – la grâce de Dieu.
Le plus émouvant chez Notre Dame, c’est que, lorsque Jésus arriva dans sa vie, immédiatement elle se rendit en hâte chez Élisabeth pour lui donner Jésus, à elle et à son fils. Nous lisons dans l’Évangile que l’enfant «tressaillit d’allégresse» à ce premier contact avec le Christ. Notre Dame était le plus merveilleux des fils conducteurs.
Elle permit à Dieu de la remplir totalement, et par son abandon – «Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit»-, elle devint pleine de grâce, qu’elle alla transmettre à Jean. Aussi demandons à Dieu de se servir de nous maintenant, de nous envoyer par le monde entier et en particulier dans nos propres communautés, pour continuer à mettre en contact les fils conducteurs que sont les cœurs humains avec le courant qui est Jésus.
Marie peut nous enseigner le silence, comment garder toutes choses dans nos cœurs ainsi qu’elle le fit, comment prier dans le silence de nos cœurs.
Marie peut nous enseigner la bonté, elle qui se rendit en hâte chez Élisabeth pour la servir. «Ils n’ont pas de vin», dit-elle à Jésus aux noces de Cana. Soyons conscients, comme elle, des besoins des pauvres, que ces besoins soient matériels ou spirituels, et, comme elle, partageons généreusement l’amour et la grâce qui nous ont été accordés.
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Seigneur, dans son humilité, Marie a reconnu ta sagesse toute-puissante. Bien que troublée par le message de l’ange, et ignorante de sa pleine signification, elle l’a accepté comme la «servante du Seigneur».
Mais qu’en est-il de moi, Seigneur?
Est-ce que j’écoute ce que tu as à me dire, ou suis-je trop occupé à parler?
Est-ce que je cherche à savoir quel est ton dessein pour moi, ou suis-je trop soucieux de donner forme à ma propre destinée?
Et lorsque je reçois la réponse à mes prières, est-ce que je m’y dérobe et fuis, ou est-ce que je m’abandonne entre tes mains, et dispense sans compter les dons que tu m’as accordés?
Seigneur, entre tes mains, je remets mon esprit.
Mère Teresa, Dans le silence du cœur, Éditions du Cerf, 2003
Dans son homélie matinale ce jeudi lors de la messe à Sainte-Marthe, le Pape François est parti de l’épisode de Simon-Pierre qui, après avoir jeté les filets à l’appel de Jésus, reconnaît ses faiblesses.
Masaccio Saint Pierre, Cappella Brancacci, Santa Maria del Carmine, Florence – début XVe siècle
Il faut se reconnaitre pécheurs. Sans apprendre à s’accuser soi-même, on ne peut cheminer dans la vie chrétienne : tel est le cœur de l’homélie.
Dans l’Évangile de Luc Jésus demande à Simon-Pierre de monter sur la barque et de jeter les filets. S’en suit une pêche miraculeuse. L’épisode rappelle celui après la Résurrection, quand Jésus demande aux disciples s’ils avaient quelque chose à manger.
Dans les deux cas, « Il y a une onction de Pierre »: il est d’abord un pécheur d’hommes, puis un pasteur. Jésus change son nom de Simon à Pierre, qui comme « tout bon Juif » de l’époque savait qu’un tel changement signifiait changer de mission. Pierre se sentait ainsi fier parce qu’il aimait vraiment Jésus, et cette pêche miraculeuse représentait un pas en avant dans sa vie.
Se reconnaitre pécheurs
Après avoir constaté que les filets étaient prêts à rompre devant la quantité de poissons, Pierre se jette aux pieds de Jésus et lui dit : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». C’est le premier pas décisif de Pierre comme disciple de Jésus, il s’accuse lui-même, reconnait qu’il est pécheur.
Ce premier pas doit aussi être le nôtre, si nous voulons avancer dans la vie spirituelle, dans la vie avec Jésus. « Sans s’accuser soi-même, on ne peut cheminer dans la vie spirituelle. »
Il y a néanmoins un risque, nous savons tous que se reconnaître pécheurs n’est pas chose facile. Cette démarche nous invite pourtant à ressentir notre propre misère, nous aide à être miséreux devant le Seigneur. Il s’agit de ressentir de la honte.
C’est une chose qui ne se fait pas avec les mots mais dans le cœur, et qui est une expérience concrète comme quand Pierre demande à Jésus de s’éloigner de lui : « il s’est senti vraiment pécheur, et puis sauvé ». Le salut apporté par Jésus a ainsi besoin de cette confession sincère, parce que ce n’est pas une chose « cosmétique », qui nous remaquille, mais qui au contraire nous transforme en profondeur.
Le Salut du Christ transforme en profondeur
Le premier pas de la conversion est donc ainsi de reconnaître ses péchés et d’éprouver la stupeur d’être sauvé. « Nous devons nous convertir, nous devons faire pénitence. »
« Il y a ceux qui vivent en disant du mal des autres, qui accusent les autres et ne pensent jamais à eux. Et quand je vais me confesser, comment cela se passe-t-il ? Je me confesse comme un perroquet ?Est-ce le cœur qui parle quand tu te confesses ? Tant de fois non. Tu mets du maquillage pour sortir et te faire beau, mais tu n’es pas complètement descendu dans ton cœur, parce que tu n’as pas fait de place, parce que tu n’as pas été capable de t’accuser toi-même. »
Le premier pas est donc une grâce : celle d’apprendre chaque jour à regarder ses fautes plutôt que celle des autre. « Un signe qu’un chrétien ne sait pas s’accuser lui-même est quand il est habitué à accuser les autres, à tirer sur eux, à mettre le nez dans la vie d’autrui. Est-ce que je fais cela ? C’est une bonne question pour arriver au cœur. » Demandons au Seigneur la grâce de nous trouver devant Lui comme Pierre qui s’est senti pécheur.