le Pape au sanctuaire de la Mère de Miséricorde de Vilnius

Le voyage du pape François dans les Pays baltes, du 22 au 25 septembre 2018, est  un message de proximité pour toute la région. Il veut accompagner la communauté catholique persécutée dans ces pays et confirmer les relations œcuméniques.

Le premier rendez-vous de l’étape lituanienne, ce samedi en fin de matinée, était la rencontre du Pape François avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique. Le Pape a rendu hommage au peuple lituanien, à son «âme forte», l’enjoignant de «puiser dans son passé» la force d’affronter les défis du présent et de l’avenir et à faire entendre sa voix sur l’accueil des différences.

 la Mère de Miséricorde de Vilnius
la Mère de Miséricorde de Vilnius

Après, le Pape s’est rendu ce samedi après-midi au sanctuaire de la Mère de Miséricorde de Vilnius pour un temps de prière, plaidant encore une fois pour une société accueillante qui construise des ponts, non des murs, et privilégie la miséricorde au jugement.

C’est pour protéger Vilnius des attaques tartares, qu’en 1503, le Grand-Duc de Lituanie Alexandre la fit ceindre de murailles protectrices, percées de plusieurs  portes. Celles-ci furent détruites au XVIIe siècle, lors d’une invasion.

Seule subsista la «Porte de l’Aurore», où se trouvait déjà alors l’image de la Vierge, «Mère de Miséricorde». Cette peinture, qui appartient à l’iconographie dite des «vierges noires», a toujours fait l’objet d’une grande dévotion parmi les catholiques lituaniens ; de nombreux témoignages de grâces particulières et de miracles y sont rattachés et sa popularité dépassent bien les frontières de la Lituanie.

Le visage de Jésus, imprimé en chaque homme et femme

La mère de Miséricorde fut d’un grand soutien durant les périodes sombres que vécut le pays, notamment lors des occupations nazie puis soviétique. «En ces jours-là, elle voulait nous enseigner que l’on peut protéger sans attaquer, qu’il est possible d’être prudents sans avoir le besoin malsain de se méfier de tout le monde», a commenté le Pape au pied de l’image sainte, accueilli par le métropolite orthodoxe.

La mère de Dieu arrive à voir en chacun le visage de son fils Jésus, et «du moment que l’image de Jésus est posée comme un sceau en chaque cœur humain, chaque homme et chaque femme nous offre la possibilité de rencontrer Dieu». Aussi, lorsque nous nous replions sur nous-mêmes «par peur des autres», «lorsque nous construisons des murs et des barricades», nous nous privons de la Bonne Nouvelle de Jésus.

Ce sanctuaire reçoit la visite de nombreuses personnes issus de plusieurs nationalités, cultures et confessions ; une chose possible grâce à la liberté de circulation entre les pays.

«Comme il serait beau si à cette facilité de se déplacer d’un lieu à un autre on ajoutait aussi la facilité d’établir des lieux de rencontre et de solidarité entre tous, de faire circuler les dons que gratuitement nous avons reçus, de sortir de nous-mêmes et de nous donner aux autres, en accueillant à notre tour la présence et la diversité des autres comme un don et une richesse dans notre vie».

La Mère de Miséricorde veut réunir la famille humaine

Alors que l’ouverture au monde est trop souvent synonyme de compétition et d’impitoyables rivalités, la Mère de Miséricorde tente, elle, de «réunir la famille et nous dit à l’oreille ‘cherche ton frère’», nous ouvrant ainsi à une aurore nouvelle.

«Aujourd’hui, des enfants et des familles aux plaies sanguinolentes nous attendent» ; ce sont celles de Jésus, «réelles et concrètes», qui réclament qu’on leur apporte la «lumière de la charité qui guérit». Car «la charité est la clé qui nous ouvre la porte du Ciel.»

Et le Pape a  enjoint de prier pour que nos communautés, spécialement celles de Lituanie, sachent annoncer Jésus afin de construire une patrie inclusive, accueillante, «qui choisisse de construire des ponts et non des murs, qui préfère la miséricorde et non le jugement.»

Le temps de prière s’est conclu par la récitation d’une dizaine de chapelet. Après avoir béni une couronne serti de pierres précieuses pour l’image de la Vierge et déposé devant elle un chapelet, le Pape a béni la foule de fidèles présents, parmi lesquels de nombreux enfants orphelins ou défavorisés, personnes âgées et malades.

Ensuite, place de la Cathédrale à Vilnius, le  Pape François a rencontré les jeunes du pays et les a conviés à parier sur la sainteté, à ne pas être «des jeunes de labyrinthe, mais des jeunes en chemin», et à ne jamais oublier les racines de leur peuple .

Enfin, il avait rendez-vous avec une soixantaine de religieuses et de prêtres âgés dans la cathédrale. Demain dimanche au Parc Sàntakos à Kaunas (Lituanie), il présidera la célébration eucharistique et la prière de l’Angélus.

Naufrage en Tanzanie : condoléances du Pape

Le Pape François a exprimé sa solidarité suite au tragique naufrage d’un ferry sur le Lac Victoria en Tanzanie. On déplore pour l’heure plus de deux cents victimes.

 

Dans un télégramme de condoléances, signé par le cardinal Pietro Parolin et adressé aux autorités civiles et ecclésiastiques de Tanzanie, le Souverain Pontife se dit «attristé» par l’accident survenu jeudi après-midi. Le ferry «MV Nyerere» effectuait une navette entre deux iles du Lac, lorsqu’il a complètement chaviré, à quelques encablures seulement du débarcadère de son port de destination. En ce jour de marché, le bateau, d’une capacité initiale de cent personnes, transportait en réalité au moins le double.

Le Pape François fait part de sa «sincère solidarité» avec les familles des victimes et des disparus. Il invoque les bénédictions de «force et de consolation» sur toutes les personnes affectées par ce terrible drame ; encourage les autorités civiles et les équipes de secours déployées sur place, engagées dans une course contre la montre pour retrouver d’éventuels survivants. Plus de deux cents corps ont été repêchés. Seules une quarantaine de personnes a pu être secourue.

Matthieu, publicain et collecteur d’impôt

toujours se rappeler d’où nous avons été choisis

La liturgie de ce jour nous parle de l’appel de Matthieu le publicain, choisi par Dieu et constitué apôtre. Dans son homélie, prononcée lors de sa messe matinale à Sainte-Marthe, le Pape a mis en valeur trois paroles: choisir, se souvenir, et miséricorde.

 

Saint Matthieu
Saint Matthieu

Matthieu, publicain et collecteur d’impôt, était un corrompu, «parce qu’il trahissait sa patrie pour de l’argent. Un traitre au peuple : la pire des choses». Quelqu’un peut penser que Jésus «ne fait pas preuve de bon sens dans le choix des personnes». Outre Matthieu en effet, Jésus en a choisi tant d’autres, parmi les plus petits, les plus méprisés.

Ainsi en a-t-il été pour la samaritaine et tant d’autres pécheurs qu’il a constitués apôtres.

«Cette conscience que, nous chrétiens, devrions avoir, -d’où je viens et d’où j’ai été choisi pour être chrétien-, doit rester toute la vie» ; en d’autres termes, «garder en mémoire ses péchés, le fait que le Seigneur a eu pitié de mes péchés, et qu’Il m’a choisi pour être apôtre».

Matthieu n’a pas oublié ses origines

Le Pape décrit ensuite la réaction de Matthieu à l’appel du Seigneur : il ne s’habille pas avec luxe, il ne targue pas d’être le prince des apôtres, mais choisit de mettre sa vie au service de l’Évangile.

«Lorsque l’apôtre oublie ses origines et commence à faire carrière, il s’éloigne du Seigneur et devient un fonctionnaire qui fait beaucoup de bien peut-être, mais qui n’est pas apôtre. Il sera incapable de transmettre Jésus. Il mettra en place beaucoup de plans pastoraux, mais il ne sera qu’affairiste du Royaume de Dieu, car il a oublié d’où il a été choisi».

Pour cela, la mémoire de nos origines est importante et doit accompagner la vie de l’apôtre et de chaque chrétien.

Nous manquons de charité, pas le Seigneur

Au lieu de se regarder, c’est vers les autres que nous nous tournons, pour les regarder, eux et leurs péchés, et mal parler d’eux. C’est une habitude qui ne fait pas nous sentir bien. Il vaut mieux s’accuser soi-même et se rappeler d’où le Seigneur nous a tirés pour nous porter jusqu’ici.

Quand Dieu choisit, c’est pour quelque chose de grand : «être chrétien est une chose grande et belle. C’est nous qui nous nous éloignons pour rester à la moitié du chemin». Il nous manque la générosité, et nous négocions avec le Seigneur tandis que Lui nous attend.

Le scandale des docteurs de la Loi

A son appel, Matthieu renonce à son amour, à l’argent, pour suivre Jésus. Pour fêter le Maitre, il invite alors tous ses amis à partager un repas. C’est ainsi qu’à cette table, se trouvait «le pire du pire de la société de l’époque, et Jésus était avec eux».

«Les docteurs de la Loi en sont scandalisés. Ils interpellent les disciples et leur demandent ‘mais pourquoi votre maître fait-il cela ? Il devient impur !’. Alors Jésus prend la parole et leur dit : ‘Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice’. La miséricorde de Dieu cherche tout le monde, pardonne tout le monde. Il suffit de dire ‘oui, aide-moi’. »

Le mystère de la miséricorde est le cœur de Dieu

A ceux qui se scandalisent, Jésus répond que ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades, et «c’est la miséricorde que je veux, non les sacrifices». «Comprendre la miséricorde du Seigneur est un mystère : le mystère le plus grand, le plus beau, c’est le cœur de Dieu. Si tu veux arriver au cœur de Dieu, prends le chemin de la miséricorde, et laisse-toi traiter avec miséricorde.»

Voir aussi :

l’appel de Matthieu

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