EUCHARISTIE MÉDITÉE 25

EUCHARISTIE MÉDITÉE 25

Marie et l’Eucharistie.

Venez, mangez le pain que je vous ai préparé. Proverbes 9, 6

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

25e ACTION DE GRÂCES.

Je vous adore, ô Agneau de Dieu immolé pour le salut du monde, gloire et splendeur du grand Dieu des éternités, Verbe divin qu’il engendre éternellement et qui lui êtes égal en toutes choses ; et c’est en moi que je vous adore, ô vous qui êtes celui qui est!… Vous l’immensité!… l’éternité!… la vie!…

Vous êtes descendu jusqu’à moi qui ne suis rien, moi que votre souffle a tiré hier du néant et qui demain ne serai plus, moi grain de poussière, atome perdu dans la chaîne des êtres, moi enfin, marqué par le péché et qui suis indigne même de vos regards.

O prodige, ô excès de l’amour de mon Dieu dans son Eucharistie ! Transporté par cet amour, vous oubliez, Seigneur, et ce que vous êtes et ce que je suis, vous vous abaissez, vous descendez jusqu’à moi. Que dis-je, vous vous donnez tout à moi, vous voulez ne plus faire qu’un avec moi.

Mais pourquoi tant d’anéantissements ? Que prétendez-vous faire, ô Jésus? Que venez-vous chercher dans une âme si indigne de vous, dans cet abîme d’imperfections et de misères? J’aime pour être aimé, me répondez-vous au fond du cœur.

Ce que je veux, c’est ton amour. J’ai soif d’être aimé, soif de l’amour des hommes ; cette soif me dévore, elle me consume, elle m’a attiré du ciel dans le sein de Marie, elle m’a conduit à Bethléem, de Bethléem au Calvaire, du Calvaire à l’autel. Mais quoi, Seigneur ! quel attrait a donc pour vous l’amour de l’homme, de cette créature déchue, souillée de tant de péchés, si fragile, si inconstante et si impuissante à vous payer d’un juste retour ?

En quoi cet amour peut-il ajouter à votre bonheur? Comment pouvez-vous en être glorifié ? Ne trouvez-vous pas au ciel bien plus que ce que vous êtes venu chercher sur la terre? Ne voyez-vous pas les légions innombrables des esprits célestes brûler pour vous des plus vives ardeurs et se consumer d’amour au pied du trône de votre éternité ?

C’est vrai, semblez-vous encore me répondre, ô mon adorable Sauveur, je n’ai besoin ni des anges ni des hommes; leur amour ne peut en rien accroître mon bonheur et ma gloire, mais l’homme souffre, il est petit, il est faible, et ce sont ses souffrances, c’est sa petitesse, sa faiblesse qui m’attirent vers lui.

Je veux le rendre grand en l’unissant à moi, être sa force, sa lumière, sa vie, et en lui demandant son amour, ce n’est pas mon bonheur que je cherche, mais le sien.

Car il poursuit en vain ce bonheur pour lequel il se sent créé, il le cherche dans les plaisirs des sens, dans les créatures, dans les jouissances de la terre, et il ne le trouve nulle part ; son cœur est fait pour moi, et seul je puis combler l’immensité de ses désirs et le rendre heureux.

O excès de la miséricorde et de l’amour du cœur de Jésus, pourquoi donc êtes-vous si peu connu ? Pourquoi vos ingrates créatures repoussent-elles les avances de votre miséricorde? Hélas ! vous les appelez et elles vous fuient, vous leur offrez le bonheur et elles le repoussent.

Vous voulez vous donner tout à elles dans votre Eucharistie, unir votre vie à leur vie, vous faire le compagnon de leur exil, être avec elles pour les consoler dans leurs peines, pour essuyer leur larmes, pour les soutenir dans leurs faiblesses, et en échange de tant de bienfaits, vous ne leur demandez que le don de leur cœur, qu’elles vous refusent avec obstination.

Mais que dis-je, Seigneur î non contentes de vous refuser leur cœur, elles vous outragent, elles vous méprisent, vous abandonnent, elles vous haïssent. O prodige d’ingratitude ! ô excès de perversité qui devrait faire descendre sur la terre tous les fléaux de votre colère, toutes les foudres de votre justice ! Comment est-il possible de ne pas aimer l’amour? comment est-il possible de le haïr ?

Ah ! qui me donnera, ô Jésus, assez de larmes pour pleurer sur les outrages dont on vous abreuve dans le sacrement de votre amour! Que puis-je faire? que puis-je vous offrir en réparation de l’ingratitude et des crimes de votre peuple? Où trouver un cœur assez pur, assez brûlant d’amour pour vous dédommager de celui qu’on vous refuse? Que mon propre cœur n’est-il ce cœur que je voudrais avoir pour vous l’offrir !

Que ne m’est-il possible de réunir en lui tout l’amour dont les neuf chœurs des anges vous aiment dans le ciel, tout celui des saints qui vous ont le plus aimé sur la terre! Mais, hélas ! ô mon Dieu, si je descends dans le fond de ce pauvre cœur, je le trouve froid, indifférent, glacé, sans ardeur à votre service, sans zèle pour votre gloire, sans générosité, sans courage dans les légers sacrifices que votre grâce me demande, en un mot sans amour.

Et je comprends, ô Jésus, que moi-même je blesse votre cœur par ma tiédeur, mon insensibilité, mes négligences à votre service, et mes continuelles infidélités.

Oui, je sens qu’avant de vous faire réparation pour les fautes de mes frères, je dois vous la faire pour celles qui me sont personnelles, et me mettre au premier rang des pécheurs pour lesquels je viens solliciter votre infinie miséricorde, me reconnaissant en toute vérité comme le plus misérable et le plus coupable d’entre eux.

Souffrez donc, ô Jésus, que je vous fasse réparation et que je vous demande humblement pardon pour mes propres fautes, fautes qui doivent blesser d’autant plus profondément votre divin cœur que vous m’avez comblé de plus de bienfaits et de grâces plus grandes. Vous ne m’avez pas traité comme un serviteur, mais comme un ami, comme un tendre père traite un enfant chéri.

Ah ! si les pécheurs qui vous offensent le plus, avaient reçu de vous les mêmes grâces, ils y auraient sans doute correspondu mieux que moi, ils auraient été moins ingrats et vous offriraient aujourd’hui des cœurs brûlants d’amour et pénétrés de la plus vive reconnaissance.

Je rougis de mon ingratitude, ô mon aimable Sauveur, je la confesse et la déplore à vos pieds et je vous demande humblement pardon de la froideur avec laquelle je me suis si souvent approché de vous dans le sacrement de votre amour, du peu de préparation et des dispositions imparfaites que j’ai apportées à la sainte communion, du peu de fruit que j’en ai retiré, du peu d’empressement que j’ai eu à vous visiter dans l’adorable sacrement où l’amour vous retient captif, des égarements de mon esprit et des distractions auxquelles je me suis volontairement laissé aller en votre divine présence.

Je me repens de toutes ces fautes, ô mon bien-aimé Jésus, daignez me les pardonner et les effacer de votre souvenir, comme je voudrais pouvoir les effacer de ma vie. Lavez-les dans le sang adorable que vous venez de me donner, couvrez-les, couvrez ma vie toute entière de votre grande, de votre infinie miséricorde.

Mais ce n’est pas seulement pour moi, ô Jésus, que je dois implorer votre miséricorde; je dois également la solliciter pour mes frères, et vous faire amende honorable pour ceux qui n’y pensent pas.

Souffrez, Seigneur, qu’entrant dans les sentiments de miséricorde et de charité de votre divin cœur, je vous adresse pour eux la prière que vous adressâtes vous-même à votre Père pour les bourreaux qui venaient de vous attacher à la croix : « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. »

Oui, ô Jésus, pardonnez à tous ceux qui vous outragent, à tous ceux qui vous méprisent, à tous ceux qui vous abandonnent, à tous ceux qui vous haïssent Hélas! ils ne savent pas en réalité ce qu’ils font, ils ne vous connaissent pas. S’ils vous connaissaient, ils vous aimeraient.

Ah ! ouvrez-leur, ô mon Dieu, les trésors de votre miséricorde, dessillez les yeux de tous ces pauvres aveugles; qu’un rayon de votre lumière descende dans leur âme, qu’une grâce forte, puissante les amène à vos pieds contrits et repentants, et que l’amour enchaîne leurs cœurs à vos autels et les rive à la porte de votre tabernacle.

O Marie ! refuge assuré des pauvres pécheurs, vous dont le cœur est tout brûlant d’amour et consumé de zèle pour Jésus dans son Eucharistie, daignez être notre avocate, notre médiatrice auprès de lui.

Ah ! surtout soyez la réparatrice des crimes de vos malheureux enfants; offrez-lui la douleur si amère et si profonde qui brisait votre âme à la seule prévision des outrages auxquels il serait en butte dans le sacrement de son amour.

Que les vertus de votre cœur immaculé couvrent devant lui la multitude de nos iniquités. Que la voix de votre humilité demande pardon pour notre orgueil. Que votre pureté virginale, votre chasteté sans tache sollicitent sa miséricorde en faveur de tant d’âmes avilies par le vice impur.

Que votre amour delà pauvreté, votre détachement des biens de la terre répare notre cupidité, notre amour désordonné des richesses. Que les louanges que vous lui avez données soient la réparation des blasphèmes que l’hérésie et l’impiété ne cessent de vomir contre lui.

Offrez enfin à votre Jésus, ô tendre Mère, l’ardent amour que vous aviez pour lui dans son Eucharistie, en réparation de notre froideur, de notre indifférence, du mépris de tant d’ingrats pour cet adorable sacrement, et que la ferveur de vos actions de grâces supplée à l’impuissance où nous sommes de le remercier dignement de cet inestimable bienfait.

Augmentez encore, ô Marie, l’amour de l’Eucharistie dans toutes les âmes fidèles. Faites qu’elles redoublent de respect, de zèle et d’hommage pour l’hôte divin du tabernacle.

Que l’amour les enchaîne à ses pieds ; qu’elles s’y consument de ses brûlantes ardeurs ; qu’elles l’aiment pour ceux qui ne l’aiment pas ; qu’elles le visitent pour ceux qui le délaissent; et qu’heureuses de former autour de ses autels une garde d’honneur, elles le consolent et le dédommagent, par leurs adorations et leur dévouement, du mépris et de l’ingratitude de ceux qui l’abandonnent. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut