EUCHARISTIE MÉDITÉE 6

EUCHARISTIE MÉDITÉE 6

Notre ami le plus vrai.

Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, mais mes amis. (Jean XV, 15.)

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

6e Action de grâces – Jésus a élevé l’amitié au rang des vertus chrétiennes

Mon âme tressaille de joie et de bonheur, et mon esprit est ravi en vous, ô Jésus, mon céleste, mon divin ami ! Oh ! c’est bien maintenant que je puis m’écrier comme l’épouse des Cantiques : Mon bien-aimé est tout à moi et je suis tout à lui.

Oui, vous êtes à moi, ô Dieu prodigue de vous-même ; votre chair nourrit mon âme, votre sang l’abreuve, la lave, la purifie, votre esprit l’anime, votre cœur l’embrase des saintes ardeurs de votre amour, votre divinité l’élève au-dessus d’elle-même, au-dessus de tout ce qui est créé, et la fait jouir par anticipation des délices du ciel.

Je suis également à vous, ô Jésus, mon Sauveur adoré ! Oui, je suis à vous, tout à vous ; j’y suis par toutes les forces de ma volonté, par tout l’amour de mon cœur. Mon corps, mon âme et toutes ses puissances, mon esprit, mon sang, ma vie, tout est à vous, tout vous appartient sans retour…

Je vous consacre mon esprit pour penser à vous, pour méditer sans cesse vos grandeurs et vos miséricordes. Mon cœur, je vous l’offre pour que vous en fassiez votre temple et votre autel, pour que vous le consumiez comme un holocauste au feu brûlant de la charité. Mon sang, je voudrais pouvoir le répandre pour vous.

Ma vie, je la sacrifierais avec joie à votre gloire et pour la défense de la foi que vous m’avez donnée ; mais puisque je suis indigne d’un aussi grand bonheur, je veux au moins l’employer tout entière à votre service et vous en consacrer tous les instants. Je vous sens au fond de mon âme, ô bien-aimé Jésus !

Votre voix se fait entendre, vous lui parlez et tout se tait en elle ; tremblante de bonheur, elle écoute dans le silence de l’adoration et de l’amour les accents de cette voix chérie. Ah ! vous lui dites, Seigneur, que la vie n’est qu’un songe, le monde une figure, le bonheur qu’il promet une eau fangeuse qui ne saurait étancher sa soif.

Vous lui dites encore que les larmes de la pénitence sont plus douces que les joies des pécheurs, que l’humiliation est préférable aux honneurs dont la vaine fumée enivre les enfants du siècle, que la pauvreté vaut mieux que les richesses, qu’elle est un trésor sans prix quand on l’embrasse ou qu’on la supporte pour votre amour.

Vous lui révélez enfin le bonheur caché dans la souffrance et dans les larmes. Et mon âme, qui comprend la sagesse et la sublimité de vos leçons, vous répond à son tour qu’aidée de votre grâce, ô Jésus, elle veut désormais fuir le monde, aimer l’obscurité d’une vie humble et cachée, supporter les humiliations avec courage, les rechercher même et les aimer, si vous l’appelez jusqu’à ce degré de perfection.

Elle vous répond encore qu’avec vous la pauvreté, les larmes, la croix lui deviennent douces, parce que vous êtes sa richesse, sa joie, son unique bonheur.

Mais pourquoi faut-il, ô mon Dieu, voir s’écouler si vite ces trop courts instants de bonheur ? pourquoi faut-il déjà m’éloigner de vous et cesser d’entendre votre voix ? Non, non, mon Dieu, ne vous éloignez pas de moi. Vous le voyez, mon cœur, pour vous retenir, voudrait vous enlacer mille fois des liens de son amour.

Comme les disciples d’Emmaüs, je vous ai reconnu à la fraction du pain ; aussi heureux qu’eux, je vous ai senti vivre dans mon cœur. Vous y vivez encore dans ce cœur tout rempli de votre présence, vous y vivez et vous êtes sa vie ; souffrez donc que je vous dise aussi : Demeurez avec moi, Seigneur, car il se fait tard ; déjà le soleil de ma vie pâlit et décline, déjà il commence à baisser vers l’horizon de mon éternité.

Oh ! demeurez avec moi, vous qui êtes le soleil qui ne décline jamais, le jour qui n’a pas de soir ; vous qui êtes l’ami par excellence, l’ami toujours fidèle, demeurez avec moi jusqu’à la fin du jour, jusqu’au moment heureux où j’irai pour jamais me reposer sur votre sein.

Demandez pour moi cette grâce, ô Marie, Vierge toujours fidèle, Vierge bénie entre toutes les vierges ; dites, oh ! dites à Jésus que ma misère réclame sa miséricorde, que mon esprit a besoin de sa lumière, mon cœur de son amour, mon âme de sa présence ; dites-lui qu’il faut Jésus à ma pensée, Jésus à mon cœur, Jésus à ma vie tout entière, Jésus dans le temps, Jésus dans l’éternité.

Mais, pour aller à Jésus, il me faut aussi Marie, vous le savez, ô tendre Mère ; ne me refusez donc pas la protection que je sollicite ; soyez mon avocate, ma médiatrice, mon introductrice auprès de votre Fils ; soyez enfin le lien qui m’unisse à lui comme vous avez été le canal par lequel il est venu à nous. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut