LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 9 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 9 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE
par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire .  L. Grandmont Liège 1841

Sur la durée des souffrances du purgatoire et sur l’oubli des vivants à l’égard des morts.

Un mois avec les âmes du purgatoire
Un mois avec les âmes du purgatoire

Qu’il est redoutable, ô mon Dieu ! ce feu surnaturel allumé dans le purgatoire pour suppléer à la pénitence que n’ont pas faite les pécheurs convertis, et pour faire expier aux justes les péchés même les plus légers dont ils se sont rendus coupables !

Mais si, revenant sur les méditations précédentes, je jette un coup-d’œil sur les regrets que fait éprouver aux âmes du purgatoire l’abus des grâces sans nombre qu’elles ont reçues, et des moyens de sanctification qui leur ont été prodigués.

Si on joint à ce tableau la vue des péchés qu’elles ont commis ou fait commettre; si on y joint surtout, ô mon Dieu ! ce tourment de l’amour qu’elles ont pour vous, et qui leur fait désirer si ardemment de s’unir à vous, sans pouvoir l’obtenir ; quelles souffrances peuvent être comparées à celles d’une âme du purgatoire?

Il n’en est pas sur la terre, nous disent les saints Docteurs, et cependant on peut encore y ajouter la longueur du temps que durent ces peines, et l’oubli dont nous nous rendons coupables envers elles.

I.

Combien de temps doivent durer les souffrances des âmes du purgatoire? C’est le secret de la Divinité. Vous seul, ô mon Dieu ! pouvez connaître la juste proportion qu’il doit y avoir entre les dettes que nous avons contractées envers vous et la ferveur que nous avons mise à les payer.

L’enseignement de votre Église ne nous apprend rien sur cela ; mais sa conduite toujours sage, toujours dirigée par vous, a de quoi nous effrayer. Dès les premiers siècles, elle voulait qu’on fit des prières, qu’on chantât des psaumes, qu’on offrit le saint sacrifice de la messe, le troisième, le neuvième, le quarantième jour ; qu’on fit même l’anniversaire et qu’on le répétât plusieurs fois.

O vous ! qui gémissez depuis longtemps dans un lit de douleur, dites-nous s’ils passent vite les moments de souffrance; dites-nous combien elle paraît longue la nuit qui vous laisse en proie aux gémissements et aux larmes. Il n’est pas jusques au sommeil paisible qu’on voit goûter aux autres qui ne fasse sentir plus vivement la peine d’en être privé…

On compte les heures, on attend le jour avec impatience, et quand il est arrivé, que de nouveaux genres d’inquiétudes et de tourments semblent se donner rendez-vous autour du malade !… Mille soucis, mille préoccupations l’agitent; les jours lui paraissent des années, et les années, des siècles…

Que sera-ce donc dans le purgatoire, ô mon Dieu ! où les maux sont si cruels ! Que sera-ce d’y rester plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois, plusieurs années, et même plusieurs siècles !

Or, l’Église permet les anniversaires séculaires, et elle nous fait entendre par là qu’il y a des pécheurs qui, en compensation des peines de l’enfer qu’ils ont méritées par leurs péchés, feront pénitence dans le purgatoire pendant plusieurs siècles, et même jusqu es à la fin du monde.

Justice infinie de mon Dieu, que vous êtes redoutable, et que nous sommes aveugles d’y penser si peu! A quoi pensons-nous donc, et que peut-il y avoir qui soit plus digne de notre attention, qui demande de notre part plus de prévoyance?

Réveillez, Seigneur, toute mon attention sur ces vérités importantes et pratiques ; faites que je les médite pour moi, qui puis encore les mettre à profit, et pour les âmes du purgatoire que je puis soulager, et que j’ai trop oubliées jusqu’à présent : oubli que je dois me reprocher, pour l’éviter à l’avenir.

II.

Lés âmes du purgatoire savent, comme nous et mieux que nous, la facilité que nous avons de les soulager et d’abréger le temps de leurs souffrances ; elles voient de temps en temps des compagnes de leur malheur, qui sont délivrées par les prières des vivants . par le saint sacrifice de là messe, par toutes sortes de bonnes œuvres. Quel redoublement de peines elles doivent éprouver en voyant qu’on les oublie !

Écoutons le langage que leur prête l’Église dans ses offices : …. « Ayez pitié de nous» vous qui êtes nos amis, parce que la main redoutable du Tout-Puissant nous a frappés ; vous nous avez donné tant de marques d’attachement., d’intérêt et de tendresse pendant la vie, ne vous resterait-il aucun sentiment de compassion après notre mort, dans le moment où nous en aurions plus besoin ?…

Ayez pitié de nous, vous qui par vos conseils, vos exemples, vos négligences à veiller sur notre conduite, avez contribué à prolonger nos souffrances dans ce lieu d’expiation !.. .

Ayez pitié de nous, vous qui partagiez nos plus douces jouissances, nos fêtes brillantes, nos repas somptueux, ces plaisirs frivoles, s’ils n’étaient pas criminels, dont nous expions ici les fausses et coupables délices!…

Ayez pitié de nous, vous qui habitez nos maisons, qui possédez nos champs! Pourriez-vous nous oublier, tandis qu’il vous est impossible d’ouvrir les yeux, de faire un pas, d’entretenir une conversation sans que notre nom et nos bienfaits se présentent à vous?…

Ayez pitié de nous, vous qui avez hérité de notre fortune, et que nous avons spécialement chargés, par des legs et des fondations, de faire célébrer le saint sacrifice de la messe, et de distribuer des aumônes aux pauvres, pour obtenir le repos après lequel nous soupirons ! comment ne rougissez-vous pas de nous oublier, de nous refuser une si petite portion des biens que nous vous avons laissés,…

Ayez pitié de nous, vous qui pleurez encore notre mort, qui nous érigez des monuments couverts d éloges fastueux ! Eh ! que nous importent aujourd’hui ces vains arrangements de mots, ces monuments de marbre et d’airain? Ni vos larmes, fruits de la sensibilité, ni vos pompes funèbres, inspirées par l’amour propre, ni vos éloges mensongers, ne peuvent nous être utiles et soulager nos maux.

Quelques prières ferventes, quelques larmes de pénitence, quelques aumônes versées dans le sein des pauvres, mais principalement le saint sacrifice de la messe que vous feriez offrir pour nous, voilà ce qu’il nous faut, voilà ce qui nous consolerait, voilà ce qui adoucirait nos douleurs, voilà ce qui abrégerait le temps de nos souffrances.

Ai-je pensé, ô mon Dieu ! que les âmes qui m’adressent un langage si touchant sont celles de mes parents, de mes amis, de mes bienfaiteurs, de ce père et de cette mère qui m’étaient si chers ?…

Ai-je pensé que c’est tel N. ou tel N. morts depuis longtemps peut-être, dont j’habite la maison, dont je possède les biens, et envers lesquels j’use de prescription pour me délivrer des obligations qui m’ont été imposées?

Ai-je pensé que c’est l’âme de tel N. mort depuis peu, que j’aimais, que j’aime encore, qui cherche à remuer mon cœur, à réveiller ma foi, à invoquer ma générosité? pourrais-je négliger encore les sacrifices qu’ils me demandent? Non, Seigneur, je ne serai pas insensible à ces tendres reproches…

RÉSOLUTIONS.

Je vous remercie, ô mon Dieu ! de m’avoir rappelé des obligations qu’il est si facile de perdre de vue : cette octave des morts a fait sur moi une vive impression.

Pendant le reste de ce mois de Novembre, en m’instruisant de plus en plus sur la charité envers les morts, je continuerai à offrir mes prières, mes communions, le saint sacrifice de la messe auquel j’assisterai, l’indulgence que je gagnerai, et généralement toutes les bonnes œuvres que je ferai, pour le soulagement des âmes du purgatoire.

Tous les lundis je prierai spécialement pour elles. Le premier lundi de chaque mois surtout, je redoublerai de zèle et de ferveur pour obtenir leur délivrance. J’assisterai au saint sacrifice de la messe à cette intention ; je relirai une des méditations propres à me rappeler cet important devoir, et la résolution que je prends de le remplir avec plus de fidélité.

J’y trouverai le double avantage que je me suis promis pendant cette octave, celui de soulager mes frères, et celui de me préserver, du moins en partie, des souffrances que j’éprouverais dans ce séjour de douleur, si je n’avais pas fait pénitence de mes péchés.

PRIÈRE.

Bénissez, ô mon Dieu! les saintes et salutaires dispositions que vous m’inspirez. Et vous, Vierge sainte, Mère des affligés, obtenez-moi la grâce de les avoir sans cesse devant les yeux.

Mon bon Ange gardien, donnez-moi de temps en temps quelques-uns de ces avertissements intérieurs qui sont si intimes, si touchants, si efficaces quand on s y rend attentif. Mon saint Patron, Saints et Saintes du paradis, veillez sur nous, priez pour nous, afin que nous profitions de vos leçons et de vos exemples.

Âmes souffrantes dans le purgatoire, qui pouvez obtenir pour nous de nouvelles grâces et de nouvelles faveurs, quoique vos prières soient devenues sans mérite et sans force pour vous, priez pour nous au milieu de vos peines ; nous travaillerons sans relâche à les abréger, et à vous ouvrir les portes du ciel où nous avons la confiance que vous nous restituerez au centuple tout ce que nous aurons fait pour vous. Ainsi soit-il.

    Indulgence applicable aux morts. — Indulgence accordées par Pie VII ( Bref du 7 Février 1817), à tous les Fidèles qui réciteront pour le repos des âmes du purgatoire, avec un cœur contrit et en réfléchissant avec dévotion à la Passion de N.-S. J-C.

Indulgence pour tous ceux qui réciteront ces prières chaque jour du mois et, s’étant confessés et ayant communié le jour à leur choix, ils prieront pour les intentions de l’Église et pour le repos éternel des âmes du purgatoire.

PRIÈRE.

Cinq Pater et cinq Ave.

Nous vous supplions de venir au secours de vos serviteurs que vous avez rachetés par votre précieux sang. Donnez-leur, Seigneur, votre repos éternel, et que votre lumière luise à jamais sur eux ; qu’ils reposent en paix. Ainsi soit-il.

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 8 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 8 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE
par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire . L. Grandmont Liège

Sur la peine qu’on endure dans le purgatoire.

église Saint-Lazare de Marseille. Tableau représentant la délivrance des âmes du purgatoire par Gagliar
église Saint-Lazare de Marseille. Tableau représentant la délivrance des âmes du purgatoire par Gagliar

Le péché souille l’âme qui le commande, et le corps qui l’exécute. Il doit donc être éprouvé dans l’âme et dans le corps, et c’est là, ô mon Dieu ! ce qui s’accomplit par votre justice dans le purgatoire. L’âme spirituelle souffrira, par un effet de votre puissance infinie, des peines sensibles, pour expier les fautes  commises dans les sens qui lui auront servi d’organes.

« Celui dont les œuvres auront été imparfaites sera sauvé, dit le grand Apôtre, mais il sera sauvé comme par le feu (St Pau!, 1. Cor. 3, 15). » Et les Pères de l’Église, interprétant ce passage, entendent par ce feu celui qui purifie les justes dans le purgatoire, et nous enseignent que les tourments qu’on y endure surpassent tout ce qu’on peut souffrir de plus rigoureux ici- bas.

Je vais, Seigneur, descendre par la foi dans ces brasiers ardents, où mes amis et mes parents gémissent peut-être, afin de compatir aux souffrances de ceux qui les habitent, et de concevoir l’horreur que je dois avoir pour le péché qui vous a contraint de les créer.

I.

Le feu dé ce monde, ô mon Dieu! a été allumé par votre miséricorde afin de servir à nos besoins, et cependant nous le regardons, avec raison, comme le plus rigoureux de tous les supplices. Quelle doit donc être fa rigueur du feu allumé par votre justice, afin de punir nos offenses et de réparer l’injure faite à votre grandeur infinie ?

Oui, ce feu surnaturel aura des qualités bien différentes de celui que nous voyons sur la terre. Ce sera un feu qui agira sous votre divine influence, et qui participera en quelque sorte de votre puissance, de votre justice, de votre sainteté.

La violence de la douleur nous empêche quelquefois de la sentir dans toute son étendue t parce qu’elle nous fait perdre la connaissance ; un feu ardent se détruit bientôt lui-même, et il ne lui faut pas longtemps pour ôter à ceux qu’il consume le sentiment et la vie; mais il n’en sera pas ainsi de celui du purgatoire : ce feu participera de votre puissance, il ne se consumera pas lui-même.

. Son activité est toujours égale, et le sentiment de la douleur qu’il produit ne s’affaiblit point en se prolongeant. Il participe encore de votre justice ; il découvre dans l’âme jusqu’aux moindres souillures, et ne laisse rien sans contre-partie; il saisit dans la langue les paroles coupables qu’elle a prononcées; dans les yeux, tous les regards qui les ont profanés ; dans les oreilles, tout ce qu’elles ont écouté de contraire à votre loi.

Oh ! combien l’âme, tourmentée par ce feu terrible, regrette de n’avoir pas réduit son corps en servitude par une mortification générale ! comme elle se reproche d’avoir accordé à ses sens tout ce qui pouvait les satisfaire, au lieu de s’en servir pour pratiquer une pénitence par laquelle il lui était si aisé de se purifier !

Je n’attendrai pas, ô mon Dieu ! d’éprouver moi-même un si redoutable effet, pour réparer les fautes que j’ai commises par toutes les portes de mon âme. Je me mortifierai dans mes paroles, dans toute ma conduite t je ne me servirai plus de mes sens que pour votre gloire et pour l’accomplissement de votre volonté.

Soutenez-moi, Seigneur, i car ma faiblesse n’est capable de rien sans votre grâce. Je vous offre, pour l’expiation de mes offenses, et pour le soulagement des âmes qui se purifient dans les flammes, ces légers sacrifices que je suis résolu de m’imposer.

II.

Ce qu’il y a peut-être de plus terrible, ô mon Dieu ! dans le feu du purgatoire, c’est l’intelligence et le discernement que vous lui donnez pour reprocher à l’âme les fautes qui l’ont éloignée de vous.

Ce feu  de votre sainteté outragée distingue le nombre, les circonstances de toutes les infidélités qui ont été commises  il rappelle à l’esprit toutes les pensées déréglées, au cœur, toutes les affections coupables ; il porte avec lui une. lumière pénétrante qui montre à découvert tout ce qu’il y a d’affreux dans le péché, et en fait sentir toute la confusion.

Alors, l’âme est déchirée tout à la fois par le désir ardent qui la porte à s’élancer vers vous, et le sentiment de son indignité qui l’accable de honte.

Elle ne regarde plus comme de petites choses ces fautes qu’elle excusait avec tant de facilité, et si elle voulait encore se justifier sur la légèreté de la matière, sur sa jeunesse, sur le peu de temps qu’elle a passé sur la terre, le feu lui répondrait : « Tu n’en as été que plus coupable en refusant à ton Dieu, pendant ce peu de jours, des sacrifices si légers, qui doivent te procurer le bonheur de lui être uni pour l’éternité.

Du moins, Seigneur, si l’on pouvait se dire au milieu de ces terribles souffrances, ce que les Martyrs se disaient autrefois dans les supplices, ce que le chrétien infirme peut encore se dire aujourd’hui sur son lit de douleur : Les peines que j’endure me rendent plus agréable aux yeux de Dieu ; je lui donne des témoignages de mon amour ; je deviens semblable à Jésus-Christ, et mes souffrances unies aux siennes seront toutes récompensées par une gloire infinie.

Mais on ne peut plus tenir ce langage, quand on est entré dans le règne de votre justice. Les peines sont alors sans aucun mérite, parce qu’elles ne sont plus volontaires, et que Jésus-Christ ne souffre plus avec nous.

Cependant, Seigneur, votre miséricorde vous porte à désirer de trouver quelqu’un qui arrête votre bras, en satisfaisant pour ces âmes que vous ne frappez qu’à regret. Eh bien ! me voici prêt à embrasser tous les moyens que votre bonté me présente pour les soulager I les bonnes œuvres, les prières, les sacrements, les occasions de souffrir que votre Providence me ménage, et toutes les privations que je pourrai m’imposer.

PRIÈRE.

O Marie! vous que l’Église appelle avec tant de raison la consolatrice des affligés et le salut des infirmes, venez au secours de ces âmes souffrantes, et daignez employer en leur faveur votre puissante intercession. Saint Alphonse m’apprend que votre nom suffit pour leur procurer de la consolation lorsqu’il retentit dans le lieu de leurs douleurs, et que vos prières sont comme une douce rosée qui descend dans les flammes pour en tempérer les ardeurs.

J’invoquerai donc souvent votre nom, sainte Marie, je ne me lasserai point d’implorer votre bonté pour moi et pour ces âmes affligées ; je mettrai entre vos mains tout ce que je ferai pour leur soulagement.

Mes péchés me rendent indigne d’obtenir les grâces que je sollicite, mais vos vertus et vos glorieux privilèges vous donnent tout pouvoir auprès de votre Fils, et je serai toujours exaucé en vous prenant pour mon appui. Ainsi soit-il.

Indulgence applicable aux morts. — indulgence pour ceux qui prient avec dévotion et à genoux le De Profundis et le Requiem æternam, Cette prière doit se faire une heure après l’Angélus, c’est-à-dire à l’entrée de la nuit. — Ceux qui ne savent pas le De Profundis, peuvent dire un Pater et un Avé en ajoutant : «Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, et que votre lumière luise à jamais sur eux.»

Il y a indulgence pour ceux qui l’auront ainsi récité tous les jours, pourvu que s’étant confessés ils communient et prient selon les intentions de l’Église. (Bref du 14 Août 1736 et Rescrit du 18 Mars 1781.)

Texte ancien présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS 7 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS 7 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE
par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire . L. Grandmont Liège 1841

Sur la peine que les âmes du purgatoire endurent par la vue des bienfaits de Dieu.

La Libération des âmes du purgatoire, par Lodovico Carracci (1610).
La Libération des âmes du purgatoire, par Lodovico Carracci (1610).

J’adore, ô mon Dieu ! l’équité de vos juge­ments, qui éclate dans vos châtiments aussi bien que dans vos récompenses. Vous ne laisserez aucune de nos œuvres sans la punir ou la couronner dans la vie future. Tous nos pas, toutes nos paroles seront comptées : un verre d’eau donné pour l’amour de vous aura une gloire éternelle pour récompense, et toutes nos infidélités nous seront reprochées.

Ce n’est pas seulement sur les péchés que nous avons commis que vous exercerez votre ju­gement. Vous nous rappellerez le souvenir des grâces que vous nous aurez accordées, et vous nous demanderez compte des fruits qu’elles auront produits en nous. Les Saints conserveront dans le ciel ce précieux sou­venir, ils seront pénétrés d’un transport éternel d’amour et de reconnaissance, en con­sidérant vos miséricordes.

On conservera aussi dans le purgatoire la mémoire de vos bien­faits: mais cette vue, si douce pour les bien­heureux, ne sera qu’un sujet de regret et de douleur pour les âmes qui auront abusé de vos dons précieux. Je vais, ô mon Dieu ! méditer devant vous l’étendue de cette souf­france, afin de me l’épargner à moi-même, et de soulager les âmes qui l’éprouvent en ce moment.

I.

On méditera dans le purgatoire, et l’on méditera sans distraction, sur les faveurs qu’on aura reçues de Dieu, et sur l’ingratitude avec laquelle on les aura méprisées. Toutes les grâces reviendront à la pensée ; on comprendra alors combien l’on s’est rendu coupable, en dédaignant les trésors de la divine bonté.

Il me semble entendre, ô mon Dieu ! la voix d’une âme qui fut autrefois l’objet de votre prédilection, et qui gémit sur l’abus des grâces intérieures qui lui ont été prodiguées. Que sont devenus, s’écrie-t-elle dans sa douleur, ces temps heureux, où Dieu me parlait au cœur, comme un tendre père parle à l’enfant qu’il aime.

Avec quelle bonté il m’invitait à lui donner mon amour, à m’occuper de lui, à retrancher ce défaut, à lui faire ce sacrifice ! J’entendais ces inspirations et je reconnaissais la voix de sa grâce ; mais j’ai endurci mon cœur, et refusé de répondre à ses desseins.

A quoi ont servi tant de remords qui m’ont reproché mes fautes ? tant de bons désirs, de saints attraits que l’Esprit-Saint a formés en moi ? Je versais quelques larmes, je prenais des résolutions aux pieds du Seigneur, et je les oubliais presque aussitôt pour suivre mes penchants, sans être arrêté par la crainte de lui déplaire.

Combien de fois ne m’a-t-il pas invité à me livrer au saint exercice de l’oraison, pour entendre ses leçons, lui exposer mes besoins, puiser dans le trésor de ses grâces ! Je me suis rendu tous ces secours inutiles, par mon peu de ferveur, je n’ai pas voulu répondre à l’amour de mon Dieu, et maintenant je ne sens plus que le poids de son indignation.

C’est ainsi que la connaissance des bienfaits de Dieu, qui doit faire notre bonheur dans le ciel, devient dans le purgatoire le tourment des âmes qui n’ont pas voulu y correspondre. Prévenons ce tourment en disant à Dieu du fond de notre cœur : Dieu de bonté ! qui exercez depuis si longtemps sur moi votre clémence, vous me faites la grâce de recon­naître mon portrait dans ce tableau que votre lumière me découvre.

Et moi aussi j’ai souvent endurci mon cœur contre la voix de votre grâce. Attendrai-je, pour réparer ce malheur, le temps où les remords seront sans fruit, et les satisfactions sans mérite ? Non, mon Dieu, je veux m’appliquer dès ce mo­ment, par mon repentir, ma reconnaissance et ma fidélité à votre grâce, à réparer l’abus que j’ai fait de vos dons.

Pénétrez mon cœur du souvenir de vos bienfaits et de mon ingra­titude. Conservez-y toujours ce double sen­timent, pour me servir d’aiguillon dans votre service, et faites que je sois sans cesse occupé sur la terre à vous témoigner ma reconnais­sance, pour que je puisse encore chanter vos miséricordes dans l’éternité.

II.

On considérera dans le purgatoire toutes les grâces qu’on aura, reçues durant la vie ; grâces intérieures, qui n’auront été aperçues que par le cœur, ou plutôt, ô mon Dieu! qui n’auront été bien connues jusqu’alors que par votre miséricorde infinie ; car qui peut savoir tout ce que vous opérez dans une âme que vous voulez attirer à vous?

Grâces extérieures : c’est ce qu’il me reste à consi­dérer en votre présence, afin de mieux com­prendre les regrets qu’on se prépare quand on ne profite pas de vos dons. Quelle longue suite de bienfaits se pré­sente à ma pensée t divin Jésus ! lorsque je me représente les moyens que vous avez établis pour nous appliquer les mérites de votre précieux sang !

A peine m’aviez-vous accordé le bienfait de l’existence que vous m’avez rendu par le baptême l’enfant de Dieu et de l’Église, votre frère, votre membre , et le cohéritier de votre gloire; des parents chrétiens, des maîtres zélés ont dirigé mes pas dans la voie de vos commandements ; vous m’avez donné dès ma jeunesse un con­fesseur charitable, dont les avis auraient dû opérer en moi les plus heureux effets.

Vous me prodiguiez des instructions qui auraient produit des fruits au centuple dans une terre moins ingrate; la voix de vos ministres, de saintes lectures, des exemples édifiants, des conseils salutaires me pressaient continuellement de vous servir avec plus de fidélité, et j’ai résisté à toutes ces invitations.

Com­bien de communions qui devaient enrichir mon âme des vertus renfermées dans votre cœur adorable, et qui me sont devenues inu­tiles par mon peu de préparation et de re­cueillement !

Vous me conduisiez dans la retraite pour me faire entendre votre voix avec plus de force : tantôt vous me ménagiez des occasions de me recueillir, et vous com­muniquiez à ceux que vous m’aviez donnés pour guides des lumières plus pénétrantes sur mes besoins, un zèle ardent pour me retirer de ma langueur.

Et moi, je me dé­robais à leur vigilance, afin de me perdre plus aisément ; j’arrêtais votre main bienfai­sante, en persévérant dans ce défaut qui vous fermait mon cœur.

Où serais-je, ô mon Dieu ! si votre bonté n’avait surpassé ma malice ; ces flammes dévorantes auraient- elles suffi pour me faire expier mon ingratitude, si vous m’aviez retiré, comme je le méritais, les grâces qui m’ont retenu sur le bord de l’abime éternel ?

Ah ! comment ai-je pu vous aimer si peu, vous qui ne cessiez de me combler des marques de votre bonté et de votre miséricorde ? Comment ai-je pu, pour une légère satisfaction pour ne pas m’imposer un peu de contrainte, un faible sacrifice, consentir à vous déplaire et me mettre dans la nécessité de demeurer éloigné de vous !

Tels sont, dans le purgatoire, les regrets d’une âme juste qui n’a pas toujours été fidèle aux grâces dont Dieu l’a comblée. Mais il faudrait aimer comme elle pour con­cevoir la douleur que ces remords lui font éprouver.

PRIÈRE.

Faites-moi sentir, Seigneur, autant que j’en suis capable, cet amour qui pénétrera nos cœurs, lorsque nous connaîtrons vos perfections adorables dans la vie future, afin que je puisse aussi gémir, comme je le dois, sur les ingratitudes dont je me suis rendu coupable envers vous.

Il me sera doux de pleurer maintenant l’abus de vos bienfaits et de l’expier en portant votre croix, parce que ma pénitence unie à la vôtre me rendra plus agréable à vos yeux, et plus digne de vos récompenses.

Aidez-moi donc à prévenir des regrets stériles, par un repentir efficace, et purifiez-moi entièrement dans ce monde par la mortification, par l’amour, par la reconnaissance, afin que je ne sois point séparé de vous quand je sortirai de cet exil , et que les effets de votre miséricorde ne soient jamais le sujet de ma condamnation. Ainsi soit-il.

Indulgence applicable aux morts. Ceux qui prient le Veni Creator, ou la prose de la Pentecôte Veni, sancte Spiritus, obtiennent l’indulgence, s’ils l’ont récité tous les jours et font la sainte commu­nion après s’être confessés.

site officiel en France