La vie est le cadeau le plus précieux ; lorsque entre nos mains tremblantes nous tenons ce nouveau-né, nous faisons l’expérience du merveilleux et c’est comme si Dieu nous demandait, comme à Adam au jardin d’Éden, “Ayéka ?” (Gen., III, 9), où es-tu ?
Où es-tu face à ce petit être qui ouvre grand ses yeux pour plonger dans les tiens comme dans une mer profonde et transparente où il n’y a que confiance et espoir, où es-tu face à cette respiration qui répond à la tienne comme un dialogue d’âme à âme, mélodie douce du je et du tu, où es-tu face à ces mains qui s’agrippent à tes doigts tels des oiseaux au fil de leur vie ?
Qu’allons-nous apprendre à celui qui déjà nous apportent la chaleur de son amour, et surtout qu’allons-nous apprendre de Lui ? Allons-nous nous laisser transformer par ses questions, sa vie, ses exigences ?
Un être humain naît petit mais il n’est pas de la glaise que l’on transforme au gré de nos envies, il n’est pas une sculpture qui doit se plier à nos rêves et à nos ambitions, il a ses propres rêves et tandis que nous l’élevons, il nous élève.
D’après Pauline BEBE, le temps d’un nuage Actes Sud
Saint Étienne, Protomartyr, a été le premier à verser son sang pour le Christ. Il fut élu avec 6 autres diacres en tant que collaborateur des apôtres et mourut lapidé. L’Église le célèbre le 26 décembre. Il est le patron des tailleurs de pierre et les maçons.
« Et je le voyais s’incliner sous la mort
Qui l’accablait déjà, vers la terre,
Mais toujours il faisait de ses yeux des portes (ouvertes) sur le ciel,
Et au sein d’un tel combat il priait le Roi suprême
Qu’il pardonnât à ses persécuteurs,
Avec cette attitude qui ouvre (le cœur à) la pitié. » (Purgatoire Chant XV)
Dans la Divine Comédie Dante raconte avoir été témoin d’une scène touchante: celle de la lapidation d’un jeune homme qui, mourant, invoque le pardon pour ses persécuteurs. Ce qui a frappé le poète florentin, c’est la douceur d’Étienne qui émerge en fait dans toute sa force dans le récit des actes des apôtres. «Seigneur, ne leur compte pas ce péché», s’écria fortement Étienne, pliant les genoux quelques instants avant d’expirer.
Le jeune homme rempli de l’Esprit Saint
Étienne fut l’un des premiers à suivre les apôtres. On l’a supposé grec ou hébreu éduqué dans la culture hellénistique.
Ce qui est sûr, c’est qu’il était très apprécié dans la communauté de Jérusalem, de sorte que son nom apparaît dans les Actes comme le premier parmi les sept qui ont été élus pour aider les Apôtres dans leur mission. «homme rempli de foi et d’Esprit Saint», il faisait des prodiges et des miracles, mais certaines personnes de la synagogue incitèrent le peuple, les anciens et les scribes disant qu’ils l’ont entendu proférer des expressions blasphématoires contre Moïse et contre Dieu.
C’était la période après la Pentecôte. Étienne fut traîné devant le sanhédrin, de faux témoins se présentèrent pour l’accuser de l’avoir entendu dire que Jésus le Nazaréen détruirait le temple et subvertirait les coutumes transmises par Moïse.
La lapidation et le pardon
Alors Étienne prononça le plus long discours des Actes des apôtres, un discours fort, dans lequel il retrace l’histoire du Salut. Dieu avait préparé la venue du Juste, mais eux ils avaient opposé la résistance à l’Esprit Saint, comme leurs pères avaient persécuté les prophètes. «Voici, je contemple le ciel ouvert et le Fils de l’homme qui se tient à la droite de Dieu», conclut Étienne. Des mots qui lui coûteront cher.
Ceux qui étaient là poussèrent de grands cris. Il fut alors traîné hors par la fureur du peuple et l’on commença à le lapider. Parmi ceux qui approuvèrent son assassinat il y avait Saul qui de persécuteur féroce des chrétiens deviendra ensuite l’Apôtre des païens, Saint Paul. À ses pieds, ils déposèrent le manteau d’Étienne et, tandis que les pierres le frappaient, le jeune homme demanda à Jésus d’accueillir son esprit et de pardonner à ses assassins.
Forte dévotion pour le Protomartyr
La place du martyre de St. Étienne à Jérusalem est traditionnellement placée juste à l’extérieur de la porte de Damas, où est maintenant située l’église Saint-Étienne. Dans le christianisme la dévotion à Saint Étienne fut immédiatement très forte et les récits sur ses reliques datent de 400 A.D.
L’écho de sa vie, en particulier de son martyre, a profondément marqué l’art. Il est souvent représenté avec des pierres décoratives ou avec la palme. Une curiosité: rien qu’en Italie, jusqu’à 14 municipalités portent son nom.
Bénédiction Urbi et Orbi de Noël :
«La paix est une responsabilité»
Dans son message de Noël adressé ce jeudi depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, le Pape a évoqué les nombreux conflits qui déchirent la planète. «Si chacun au lieu d’accuser les autres, reconnaissait d’abord ses propres fautes et demandait pardon à Dieu, et en même temps se mettait à la place de ceux qui souffrent, se montrait solidaire des plus faibles et des opprimés, alors le monde changerait».
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MESSAGE URBI ET ORBI
DU PAPE LÉON XIV
NOËL 2025 Loggia centrale de la basilique Saint-Pierre
Jeudi 25 décembre 2025
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Chers frères et sœurs !
« Tous ensemble, réjouissons-nous dans le Seigneur : notre Sauveur est né sur terre ! Aujourd’hui, pour nous, descend du ciel la paix véritable » (Antienne d’ouverture de la messe de la nuit de Noël).
Ainsi chante la liturgie dans la nuit de Noël, et ainsi résonne dans l’Église l’annonce de Bethléem : l’Enfant né de la Vierge Marie est le Christ Seigneur, envoyé par le Père pour nous sauver du péché et de la mort. Il est notre paix, Celui qui a vaincu la haine et l’inimitié par l’amour miséricordieux de Dieu. C’est pourquoi « la Nativité du Seigneur est une Nativité de paix » (Saint Léon le Grand, Sermon 26).
Jésus est né dans une étable, car il n’y avait pas de place pour Lui dans le logement. À sa naissance, sa mère Marie « l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire » (cf. Lc 2, 7). Le Fils de Dieu, par qui tout a été créé, n’est pas accueilli et son berceau est une pauvre mangeoire d’animaux.
Le Verbe éternel du Père, que les cieux ne peuvent contenir, a choisi de venir au monde ainsi. Par amour, il a voulu naître d’une femme, afin de partager notre humanité ; par amour, il a accepté la pauvreté et le rejet et il s’est identifié à ceux qui sont mis au rebut et exclus.
Dans la Nativité de Jésus se profile déjà le choix fondamental qui guidera toute la vie du Fils de Dieu, jusqu’à sa mort sur la croix : le choix de ne pas nous faire porter le poids du péché, mais de le porter Lui-même pour nous, d’en assumer la charge. Lui seul pouvait le faire. Mais Il a montré en même temps ce que nous seuls pouvons faire, c’est-à-dire assumer chacun notre part de responsabilité.
Oui, car Dieu, qui nous a créés sans nous, ne peut nous sauver sans nous (cf. saint Augustin, Discours 169, 11. 13), sans notre libre volonté d’aimer. Celui qui n’aime pas n’est pas sauvé, il est perdu. Et celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas (cf. 1 Jn 4, 20).
Sœurs et frères, voici le chemin de la paix : la responsabilité. Si chacun – à tous les niveaux –, au lieu d’accuser les autres, reconnaissait d’abord ses propres fautes et demandait pardon à Dieu, et en même temps se mettait à la place de ceux qui souffrent, se montrait solidaire des plus faibles et des opprimés, alors le monde changerait.
Jésus-Christ est notre paix avant tout parce qu’Il nous libère du péché, ensuite parce qu’Il nous montre la voie à suivre pour surmonter les conflits, tous les conflits, des conflits interpersonnels aux conflits internationaux.
Sans un cœur libéré du péché, un cœur pardonné, on ne peut être un homme ou une femme pacifique, artisan de paix. C’est pour cela que Jésus est né à Bethléem et qu’il est mort sur la croix : pour nous libérer du péché. Il est le Sauveur. Avec sa grâce, nous pouvons et devons tous faire notre part pour rejeter la haine, la violence, la confrontation et pratiquer le dialogue, la paix, la réconciliation.
En ce jour de fête, je souhaite adresser un salut chaleureux et paternel à tous les chrétiens, en particulier à ceux qui vivent au Moyen-Orient que j’ai voulu rencontrer récemment lors de mon premier Voyage apostolique. J’ai écouté leurs craintes et je connais bien leur sentiment d’impuissance face à des dynamiques de pouvoir qui les dépassent.
L’Enfant qui naît aujourd’hui à Bethléem est le même Jésus qui dit : « Ayez la paix en moi. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde ! » (Jn 16, 33). Nous L’invoquons, pour la justice, la paix et la stabilité pour au Liban, en Palestine, en Israël et en Syrie, confiants dans ces paroles divines : « L’œuvre de la justice sera la paix, et la pratique de la justice, le calme et la sécurité pour toujours » (Is 32, 17).
Nous confions au Prince de la Paix tout le continent européen, en Lui demandant de continuer d’y inspirer un esprit communautaire et de collaboration, fidèle à ses racines chrétiennes et à son histoire, un esprit solidaire et accueillant envers ceux qui sont dans le besoin.
Nous prions tout particulièrement pour le peuple ukrainien meurtri : que le bruit des armes cesse et que les parties impliquées, soutenues par l’engagement de la communauté internationale, trouvent le courage de dialoguer de manière sincère, directe et respectueuse.
Nous supplions l’Enfant de Bethléem d’accorder la paix et la consolation aux les victimes de toutes les guerres en cours dans le monde, en particulier celles qui sont oubliées, et pour tous ceux qui souffrent à cause de l’injustice, de l’instabilité politique, de la persécution religieuse et du terrorisme.
Je pense en particulier à nos frères et sœurs du Soudan, du Soudan du Sud, du Mali, du Burkina Faso et de la République Démocratique du Congo.
En ces derniers jours du Jubilé de l’Espérance, prions le Dieu-fait-homme pour le cher peuple d’Haïti, afin que cesse toute forme de violence dans le pays et qu’il puisse progresser sur la voie de la paix et de la réconciliation.
Que l’Enfant Jésus inspire tous ceux qui, en Amérique latine, ont des responsabilités politiques afin que, face aux nombreux défis, la place soit donnée au dialogue pour le bien commun et non pas aux préjugés idéologiques et partisans.
Nous demandons au Prince de la Paix d’éclairer le Myanmar de la lumière d’un avenir de réconciliation. Qu’Il redonne espérance aux jeunes générations, qu’Il guide le peuple birman sur les chemins de la paix et qu’Il accompagne ceux qui sont privés de logement, de sécurité ou de confiance en l’avenir.
Nous Lui demandons de rétablir l’ancienne amitié entre la Thaïlande et le Cambodge et que les parties concernées continuent à œuvrer pour la réconciliation et la paix.
Nous Lui confions également les populations d’Asie du Sud et d’Océanie, durement éprouvées par de récentes et dévastatrices catastrophes naturelles qui ont frappé durement des populations entières. Face à ces épreuves, j’invite chacun à renouveler avec conviction l’engagement commun à venir en aide à ceux qui souffrent.
Chers frères et sœurs,
dans l’obscurité de la nuit, « la vraie Lumière qui éclaire tout homme » est venue au monde (Jn 1, 9), mais « les siens ne l’ont pas reçue » (Jn 1, 11). Ne nous laissons pas gagner par l’indifférence envers ceux qui souffrent, car Dieu n’est pas indifférent à nos misères.
En se faisant homme, Jésus prend sur Lui notre fragilité, Il s’identifie à chacun de nous :
à ceux qui n’ont plus rien et ont tout perdu, comme les habitants de Gaza ;
à ceux qui sont en proie à la faim et à la pauvreté, comme le peuple yéménite ;
à ceux qui fuient leur terre pour chercher un avenir ailleurs,
comme les nombreux réfugiés et migrants
qui traversent la Méditerranée ou parcourent le continent américain ;
à ceux qui ont perdu leur emploi et ceux qui en cherchent un,
comme tant de jeunes qui peinent à trouver un travail ;
à ceux qui sont exploités, comme les trop nombreux travailleurs sous-payés ;
à ceux qui sont en prison et vivent souvent dans des conditions inhumaines.
Au cœur de Dieu parvient l’invocation de paix qui monte de chaque terre, comme l’écrit un poète :
« Non pas la paix d’un cessez-le-feu, ni même la vision du loup et de l’agneau, mais plutôt comme dans le cœur quand l’excitation est passée et qu’on ne peut parler que d’une grande fatigue. […]
Qu’elle vienne comme les fleurs sauvages, à l’improviste, car le champ en a besoin : une paix sauvage ». [1]
En ce jour saint, ouvrons notre cœur à nos frères et sœurs qui sont dans le besoin et dans la peine. Ce faisant, nous l’ouvrons à l’Enfant Jésus qui nous accueille à bras ouverts et nous révèle sa divinité : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12).
Dans quelques jours, l’année jubilaire prendra fin. Les portes saintes se fermeront, mais le Christ, notre espérance, restera toujours avec nous ! Il est la Porte toujours ouverte qui nous introduit dans la vie divine.
Telle est la bonne nouvelle de ce jour : l’Enfant qui est né est Dieu –fait-homme ; Il ne vient pas pour condamner mais pour sauver ; son apparition n’est pas éphémère, Il vient pour rester et se donner Lui-même. En Lui, chaque blessure est guérie et chaque cœur trouve repos et paix. « La Nativité du Seigneur est une Nativité de paix ».
Je souhaite de tout cœur à chacun un serein et saint Noël !
[1] Y. Amichai, « Wildpeace », dans The Poetry of Yehuda Amichai, Farrar, Straus and Giroux, 2015.