Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

deux disciples et la Cène d’Emmaüs

Le célèbre récit dit des « disciples d’Emmaüs » (cf. Lc 24, 13-35) parle de deux disciples du Christ qui, le jour après le sabbat, c’est-à-dire le troisième jour de sa mort, tristes et abattus, quittèrent Jérusalem en direction d’un village peu éloigné, appelé justement Emmaüs. Le long du chemin, Jésus ressuscité s’approcha d’eux, mais ils ne le reconnurent pas.

DISCIPLES D'EMMAÜS - REMBRANDT
DISCIPLES D’EMMAÜS – REMBRANDT

Les sentant découragés, il leur expliqua, sur la base des Écritures, que le Messie devait souffrir et mourir pour arriver à sa gloire. Entré avec eux dans la maison, il s’assit à table, bénit le pain et le rompit, et à ce moment-là, ils le reconnurent, mais lui disparut de leur vue en les laissant émerveillés devant ce pain rompu, nouveau signe de sa présence. Tous les deux retournèrent immédiatement à Jérusalem et racontèrent ce qui était arrivé aux autres disciples.

La localité d’Emmaüs n’a pas été identifiée avec certitude. Il y a différentes hypothèses, ce qui ne manque pas d’être assez évocateur, car cela nous permet de penser qu’Emmaüs représente, en réalité, chaque lieu : la route qui y conduit est le chemin de tout chrétien, et même de tout homme.

C’est sur nos routes que Jésus ressuscité se fait notre compagnon de voyage, pour rallumer dans nos cœurs la chaleur de la foi et de l’espérance, et rompre le pain de la vie éternelle. Dans la conversation des disciples avec le voyageur inconnu, on est frappé par l’expression que l’évangéliste Luc place sur les lèvres de l’un d’entre eux : « Nous espérions… » (Lc 24, 21).

Ce verbe au passé dit tout : Nous avons cru, nous avons suivi, nous avons espéré…, mais désormais tout est fini. Jésus de Nazareth, lui qui s’était montré un prophète puissant en œuvres et en paroles, a lui aussi échoué et nous avons été déçus. Ce drame des disciples d’Emmaüs apparaît comme un reflet de la situation de nombreux chrétiens de notre temps : il semble que l’espérance de la foi ait échoué.

La foi elle-même entre parfois en crise à cause d’expériences négatives qui font que nous nous sentons abandonnés par le Seigneur. Mais cette route d’Emmaüs, sur laquelle nous marchons, peut devenir un chemin de purification et de maturation de notre foi en Dieu. Aujourd’hui aussi, nous pouvons entrer en conversation avec Jésus et écouter sa Parole.

Aujourd’hui aussi, il rompt le pain pour nous et se donne lui-même comme notre Pain. Et ainsi, la rencontre avec le Christ ressuscité qui est possible aujourd’hui aussi, nous donne une foi plus profonde et authentique, trempée, pour ainsi dire, au feu de l’événement pascal; une foi robuste parce qu’elle se nourrit non d’idées humaines, mais de la Parole de Dieu, et de sa présence réelle dans l’Eucharistie.

Ce merveilleux texte évangélique contient déjà la structure de la messe : dans la première partie, l’écoute de la Parole à travers les Saintes Écritures ; dans la deuxième, la liturgie eucharistique et la communion avec le Christ présent dans le sacrement de son Corps et de son Sang.

En se nourrissant à cette double table, l’Église s’édifie sans cesse et se renouvelle de jour en jour dans la foi, dans l’espérance et dans la charité. Par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, nous prions afin que tout chrétien et toute communauté, en revivant l’expérience des disciples d’Emmaüs, redécouvre la grâce de la rencontre transformatrice avec le Seigneur ressuscité.

À l’exemple des disciples d’Emmaüs, puissiez-vous vous laisser conduire par Jésus, pour le reconnaître dans sa parole et dans l’Eucharistie, pain rompu pour que le monde ait la vie en abondance.

BENOÎT XVI – REGINA CÆLI, Place Saint-Pierre, 6 avril 2008

© Copyright 2008 – Libreria Editrice Vaticana

les rites de conclusion de la sainte messe

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 4 avril 2018

Frères et sœurs, avec cette catéchèse, nous concluons le cycle consacré à la Messe. Après la postcommunion, elle se termine par la bénédiction et le congé du peuple. Comme elle avait commencé par le signe de la Croix, c’est encore au nom de la Trinité qu’elle s’achève.

Toutefois, nous savons bien que la messe terminée, s’ouvre l’engagement du témoignage chrétien. Nous sortons de l’église pour « aller en paix » porter la bénédiction de Dieu dans nos activités quotidiennes, nos maisons, nos milieux de travail.

Nous allons donc de la célébration à la vie, conscients que la messe trouve un accomplissement dans nos choix concrets. Nous célébrons l’Eucharistie pour apprendre à laisser agir le Christ dans nos œuvres : que ses pensées soient nos pensées, ses sentiments les nôtres et ses choix aussi les nôtres.

Parce que la présence réelle du Christ dans le Pain consacré ne se termine pas avec la messe, l’Eucharistie est conservée dans le tabernacle pour la communion des malades et pour l’adoration silencieuse. Par ailleurs, les fruits de la messe sont destinés à murir dans la vie de chaque jour.

La participation régulière à l’Eucharistie approfondit notre lien avec la communauté chrétienne et nous engage à l’égard des pauvres. Remercions le Seigneur pour le chemin de redécouverte de la Messe qu’il nous a donné d’accomplir ensemble.

Que le Christ ressuscité soit toujours votre joie et vous donne sa force pour l’annoncer autour de vous. Que Dieu vous bénisse !


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rencontres de Jésus après sa résurrection

Nous nous retrouvons aujourd’hui, après les célébrations solennelles de la Pâque… Au cours de la Veillée pascale, l’annonce suivante a retenti :  « Le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia ! ». A présent, c’est lui-même qui nous parle :  « Je ne mourrai pas – proclame-t-il – je resterai en vie ».

Jésus ressuscité et Marie Madeleine
Jésus ressuscité et Marie Madeleine

Il dit aux pécheurs :  « Recevez la rémission des péchés. En effet, c’est moi qui suis votre rémission ». Enfin, il répète à tous:  « Je suis la Pâque du salut, l’Agneau immolé pour vous, moi votre rachat, moi votre vie, moi votre résurrection, moi votre lumière, moi votre salut, moi votre roi. Moi, je vous montrerai le Père. »

Ainsi s’exprime un écrivain du II siècle, Méliton de Sardes, en interprétant avec réalisme les paroles et la pensée du Ressuscité .

Au cours de ces journées, la liturgie rappelle plusieurs rencontres que Jésus eut après sa résurrection:  avec Marie-Madeleine et les autres femmes qui étaient allées au sépulcre de bon matin, le jour suivant le samedi; avec les Apôtres réunis incrédules au Cénacle; avec Thomas et les autres disciples.

Gerard van Honthorst l'incrédulitédeThomas
Gerard van Honthorst l’incrédulitédeThomas

Ces diverses apparitions constituent également pour nous une invitation à approfondir le message fondamental de la Pâque. Elles nous incitent à reparcourir l’itinéraire spirituel de ceux qui ont rencontré le Christ et qui l’ont reconnu lors des premiers jours après les événements pascals.

L’évangéliste Jean rapporte que Pierre et lui-même, ayant entendu la nouvelle annoncée par Marie-Madeleine, étaient accourus, presque en compétition, vers le sépulcre (cf. Jn 20, 3 et suivants).

Et que dire de Marie-Madeleine? En pleurs, elle reste à côté de la tombe vide avec l’unique désir de savoir où l’on a emporté son Maître. Elle le retrouve et le reconnaît lorsqu’Il l’appelle par son nom (cf. Jn 20, 11-18).

Nous aussi, si nous cherchons le Seigneur avec une âme simple et sincère, nous le rencontrerons, ce sera même Lui qui viendra à notre rencontre ; il se fera reconnaître, il nous appellera par notre nom, c’est-à-dire qu’il nous fera entrer dans l’intimité de son amour.

Le Seigneur a dit à Marie-Madeleine : « Cesse de me tenir, je ne suis pas encore monté vers le Père » (Jn 20, 17). C’est une expression, qui nous surprend, surtout si on la compare avec ce qui se passe, en revanche, avec Thomas l’incrédule.

Là, au Cénacle, ce fut le Ressuscité lui-même qui présenta ses mains et son côté à l’Apôtre pour qu’il les touche et en tire la certitude que c’était vraiment Lui (cf. Jn 20, 27). En réalité, les deux épisodes ne sont pas en opposition ; au contraire, l’un aide à comprendre l’autre.

Marie-Madeleine voudrait à nouveau avoir son Maître comme avant, considérant la croix comme un souvenir dramatique à oublier. Mais désormais il n’y a plus de place pour une relation avec le Ressuscité qui soit purement humaine…

C’est ce que souligne saint Bernard :  Jésus « nous invite tous à cette vie nouvelle, à ce passage… Nous ne verrons pas le Christ en nous tournant en arrière » (Discours sur la Pâque). C’est ce qui s’est passé pour Thomas. Jésus lui montre ses blessures non pour oublier la croix, mais pour la rendre inoubliable également à l’avenir.

En effet, c’est vers l’avenir que le regard est désormais tourné. Le devoir du disciple est de témoigner de la mort et de la résurrection de son Maître et de sa vie nouvelle. C’est pourquoi Jésus invite son ami incrédule à « le toucher » :  il veut en faire un témoin direct de sa résurrection.

Chers frères et sœurs, nous aussi, comme Marie Madeleine, Thomas et les autres apôtres, nous sommes appelés à être des témoins de la mort et de la résurrection du Christ. Nous ne pouvons pas garder la grande nouvelle pour nous. Nous devons l’apporter au monde entier :  « Nous avons vu le Seigneur! » (Jn 20, 25).

Que la Vierge Marie nous aide à goûter pleinement la joie pascale, pour que, soutenus par la force de l’Esprit Saint, nous devenions capables de la diffuser à notre tour partout où nous vivons et nous œuvrons. Encore une fois, Bonne Pâques à vous tous!

BENOÎT XVI AUDIENCE GÉNÉRALE Mercredi 11 avril 2007

© Copyright 2007 – Libreria Editrice Vaticana