Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

migrants et réfugiés : accueillir l’autre en surmontant les peurs

Dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, ce 14 janvier 2018, le Pape a présidé une messe pour la 104ème Journée mondiale du migrant et réfugié. Des migrants et réfugiés originaires de 49 pays y étaient présents.

Dans son homélie, le Pape a réfléchi sur l’accueil et sur la charité réciproque qui doivent émaner tant des nouveaux arrivés que des communautés accueillantes. Il l’a fait aussi sur les peurs et les craintes, invitant chacun à les dépasser à travers la rencontre de l’autre.

L’accueil de l’étranger, du migrant, du réfugié, est «à chaque fois l’occasion d’une rencontre avec Jésus». Il a invité les communautés locales et les nouveaux arrivants «à surmonter leurs peurs pour aller à la rencontre de l’autre, l’accueillir, le connaître et le reconnaître».

Respecter les traditions pour les uns, s’ouvrir à la diversité pour les autres

 «Pour les nouveaux arrivés, accueillir, connaître et reconnaître signifie connaître et respecter les lois, la culture et les traditions des pays où ils sont accueillis.»

«Pour les communautés locales, cela signifie s’ouvrir à la richesse de la diversité sans préjugés, comprendre les potentialités et les espérances des nouveaux arrivés, de même que leur vulnérabilité.»

Avoir peur n’est pas un péché

«Il n’est pas facile d’entrer dans la culture des autres.» Les communautés locales «élèvent souvent des barrières pour se défendre.»

Les nouveaux arrivés, eux aussi ont des peurs : «ils craignent la confrontation, le jugement, la discrimination ou l’échec.»

Mais «ce n’est pas un péché d’avoir des doutes et des craintes». En effet, «le péché, c’est de laisser ces peurs déterminer nos réponses, c’est de renoncer à la rencontre avec l’autre.»

«Nous confions à l’intercession maternelle de la Très Sainte Vierge Marie les espérances de tous les migrants et de tous les réfugiés du monde, ainsi que les aspirations des communautés qui les accueillent pour que, conformément au commandement divin le plus élevé de la charité et de l’amour du prochain, nous apprenions tous à aimer l’autre, l’étranger, comme nous nous aimons nous-mêmes.»

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Dans le contexte de la Journée mondiale du migrant et du réfugié, les évêques de France ont publié un dossier et une tribune présentant des pistes d’action pour l’État et les fidèles sur la question des réfugiés. Un appel en plein débat sur la loi « asile et immigration« .

«La situation des migrants est très préoccupante en France aujourd’hui», a dit Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France.

La protection des réfugiés est «impératif légal et civilisationnel». «Les personnes contraintes de fuir leur pays ont le droit de requérir une protection sans qu’il leur faille pour cela ajouter aux risques initiaux, ceux d’un parcours incertain».

Les évêques ont plaidé pour un élargissement des voies d’accès légales des demandes d’asile en France via un octroi plus conséquent de visas humanitaires et de programmes de réinstallation.

Ils demandent également aux responsables politiques la construction d’un dispositif global pour permettre aux réfugiés «un accès immédiat à l’apprentissage du français».

L’intégralité de l’homélie du Saint-Père (page 2)

foi en Jésus et courage caractérisent la prière chrétienne

prière chrétienne avec foi et courage
prière chrétienne avec foi et courage

la prière chrétienne se caractérise par la foi en Jésus et le courage pour surmonter les difficultés, comme l’ont fait beaucoup de saints. Comment se déroule, dans l’Évangile, la prière de ceux qui réussissent à obtenir du Seigneur ce qu’ils lui demandent ? La réflexion du Pape s’est basée sur cette question dans l’homélie de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, ce vendredi 12 janvier 2018.

La prière dans la foi

L’Évangile de Marc hier comme aujourd’hui, raconte deux guérisons, celle du lépreux et celle du paralytique. Les deux prient avec foi : le lépreux défie Jésus avec courage, en lui disant : «Si tu le veux, tu peux me purifier». Et la réponse du Seigneur est immédiate : «Je le veux». Tout est donc «possible à celui qui croit», comme il est écrit dans l’Évangile.

«Toujours, quand nous nous rapprochons du Seigneur pour demander quelque chose, on doit partir de la foi et le faire dans la foi, “Moi, j’ai foi que tu puisses me guérir, moi je crois que tu peux faire ceci”, et avoir le courage de le mettre au défi, comme ce lépreux d’hier, cet homme d’aujourd’hui, ce paralytique d’aujourd’hui. La prière dans la foi.»

L’Évangile nous amène donc à nous interroger sur notre façon de prier. Ne le faisons pas sans intérêt réel sur ce que nous demandons, mais supplions plutôt le Seigneur d’aider «notre peu de foi», aussi face aux difficultés.

Il y a en effet de nombreux épisodes de l’Évangile durant lesquels se rapprocher du Seigneur est difficile pour celui qui est dans le besoin, et ceci sert d’exemple à chacun de nous. Le paralytique, dans l’Évangile d’aujourd’hui, est carrément descendu par le toit pour que son brancard rejoigne le Seigneur qui est en train de train de prier avec la foule immense.

«La volonté fait trouver une solution», elle fait «aller au-delà des difficultés»«Le courage pour lutter, pour arriver vers le Seigneur. Le courage pour avoir la foi, au début : “si tu veux, tu peux me guérir. Si tu veux, moi je crois.” Et le courage pour me rapprocher du Seigneur, quand il y a des difficultés. Ce courage… Tant de fois, il faut de la patience et savoir attendre les temps mais ne pas mollir, aller toujours de l’avant.»

prière sans courage, prière non chrétienne

Sainte Monique, la mère d’Augustin, a prié, «elle a beaucoup pleuré» pour la conversion de son fils, et elle a réussi à l’obtenir. Elle est un exemple, parmi les nombreux saints qui ont eu un grand courage dans leur foi.

Le courage pour poser un défi au Seigneur, le courage pour «se mettre en jeu», même si l’on obtient pas tout de suite ce que l’on demande, parce que dans la prière «on joue gros», et que «si la prière n’est pas courageuse, elle n’est pas chrétienne».

«La prière chrétienne naît de la foi en Jésus, et va toujours avec la foi au-delà des difficultés. Une phrase pour la porter aujourd’hui dans notre cœur nous aidera, de notre père Abraham, auquel était promise l’hérédité, c’est-à-dire d’avoir un fils à 100 ans.»

«L’apôtre Paul dit : ‘croyez’, et avec ceci il fut justifié. La foi s’est mise en chemin : la foi, et tout faire pour arriver à cette grâce que je suis en train de demander. Le Seigneur nous a dit : ‘demandez et il vous sera donné’. Prenons aussi cette Parole et ayons confiance, mais toujours avec foi et en nous mettant en jeu. Ceci est le courage de la prière chrétienne. Si une prière n’est pas courageuse, elle n’est pas chrétienne

Noël et nos rapports avec Dieu

Encore Noël, un sujet de méditation sans fin, et, toujours inépuisablement riche de thèmes fondamentaux qui concernent nos rapports avec Dieu.

Nous prendrons congé de cette célébration du grand événement de Noël, en gardant sa particulière exemplarité qui est telle a pouvoir nous servir d’une part comme révélation de la pensée divine sur nos vicissitudes, et d’autre part, nous guider dans l’adaptation de notre existence présente à la forme qui permettra le mieux de la modeler sur celle de Dieu fait homme.

Avant même de nous instruire par la parole, le Seigneur nous a enseigné par l’exemple de ses actions, par l’Évangile de sa venue comme homme parmi nous.

Et le seul fait de soumettre à notre réflexion l’histoire de la vie du Christ soulève des problèmes que nous ne pourrons jamais réussir à résoudre complètement; mais nous constaterons toujours que la présence du Christ dans le monde fait rayonner une telle lumière de Vérité, un tel réconfort d’espérance que nous nous convaincrons qu’il est la lumière du monde et que c’est uniquement dans le cône lumineux de la doctrine que nous en donne l’Église que nous pouvons jouir de sa lumière et trouver notre salut.

Le verbe se fait chair - icône tradition copte éthiopienne
Le verbe se fait chair – icône tradition copte éthiopienne

Cela veut dire que notre foi doit avoir le regard fixé sur le Christ dans une totale adhésion de pensée et de vie. Souvenons-nous des paroles par lesquelles Saint Jean termine le prologue de son Évangile : « Et le Verbe s’est fait chair, et il est venu habiter parmi nous ; et nous avons contemplé sa gloire, la gloire que peut recevoir de son père, un fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1, 14).

Mais à ce point de notre contemplation fixée sur le Verbe de Dieu qui s’est fait chair, nous rencontrons, dans le cadre de la vie temporelle de Jésus, non pas sa gloire, mais son humilité, sa petitesse, son anéantissement; nous rencontrons, non la grandeur, mais la négation des valeurs de notre vie présente. La crèche nous le dit. L’humilité du Christ sera notre surprise.

Une humilité qui mortifie nos attentes messianiques et nous oblige à modifier et même à contredire l’estimation de ce que nous croyons être des biens nécessaires à notre existence naturelle. Et nous rappelons cela au sujet de deux vertus chrétiennes, c’est-à-dire de deux dimensions négatives caractéristiques de notre présence dans le monde; nous voulons dire l’humilité et la pauvreté.

Que Dieu ait voulu se manifester et qu’il ait voulu coexister avec nous sous un vêtement d’humilité absolue est chose qui nous bouleverse et transforme nos jugements sur nous-mêmes et sur nos rapports avec les biens et avec les événements du monde. « Apprenez, enseignera Jésus dans son Évangile, que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29).

Et cette attitude d’humilité ne marque pas seulement les formes extérieures de la vie du Christ, mais aussi les formes essentielles de la vie, de la doctrine et de la mission du Dieu fait homme.

Ici il est nécessaire de citer une sentence très connue de Saint Paul : elle contient la synthèse – et nous offre la clé pour la comprendre – de la figure du Christ; il s’agit des termes relatifs à la Kénosis du Christ, c’est-à-dire de son abaissement dans l’accomplissement du dessein de notre rédemption.

Voici donc ce que dit Saint Paul dans son Épitre aux Philippiens : « Ayez en vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus: lui qui, possédant la nature divine, n’a pas considéré son égalité avec Dieu comme un trésor jalousement gardé; mais il s’est anéanti lui-même en prenant la nature de l’esclave et en devenant semblable aux autres hommes.

Et quand il fut bien constaté qu’il avait tous les dehors d’un homme, il s’humilia encore davantage en se faisant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur la croix. A cause de quoi Dieu l’a exalté en lui donnant un nom au-dessus de tout nom pour qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père (Ph 2; 5-11).

Ici notre méditation s’arrête et devient admiration sans limite. La mortification du Christ devient principe et modèle de notre exaltation. Ceci au sujet de l’humilité que l’Homme-Dieu a introduite dans son apparition dans le monde; mais de semblables observations peuvent se faire également au sujet de la pauvreté de la venue du Christ parmi les hommes.

De là naît un changement radical dans l’évolution des biens propres au milieu naturel de notre vie présente; ce changement qualifie le christianisme où l’humilité et la pauvreté trouveront des expressions qu’ignorent les conceptions naturelles de la manière humaine de vivre, mais, en compensation, nous aurons la conquête surnaturelle du Royaume de Dieu, de la vie nouvelle promise aux humbles de cœur et aux pauvres en esprit. Pensons-y bien ! c’est cela, l’Évangile.

PAUL VI AUDIENCE GÉNÉRALE mercredi 11 janvier 1978