Frères et sœurs, de la rencontre entre la misère humaine et la miséricorde divine dans l’acte pénitentiel, naît la reconnaissance exprimée avec le « Gloria ». Cette hymne très ancienne reprend le chant des anges à la naissance de Jésus, la joyeuse annonce de l’étreinte du ciel et de la terre.
Chant de louange à Dieu le Père et à son Fils Jésus-Christ, l’Agneau qui enlève les péchés du monde, le « Gloria » est aussi une supplication confiante de la bienveillance divine qui se conclut avec la doxologie trinitaire, caractéristique de toute la célébration eucharistique.
Après le « Gloria », ou après l’acte pénitentiel en fonction du temps liturgique, au moyen de l’invitation « prions », le prêtre exhorte le peuple à s’unir à lui dans un moment de silence qui ouvre à l’oraison dénommée « collecte ».
Le silence, dont le caractère dépend du moment où il intervient au cours de la Messe, permet, juste avant la collecte, de nous disposer à écouter la voix de notre cœur et surtout celle de l’Esprit Saint et de présenter au Seigneur nos intentions personnelles.
Après ce bref moment de silence, le prêtre, dans l’attitude de l’orant, les bras étendus pour imiter le Christ sur la Croix, exprime à Dieu, au nom de tous, la prière commune qui conclut les rites d’introduction, et dont le contenu va de la louange à la supplication.
Aussi, méditer ces textes, en dehors de la Messe, peut nous apprendre à mieux nous tourner vers Dieu.Que la liturgie devienne pour nous, avec l’aide de l’Esprit Saint, une véritable école de prière. Que Dieu vous bénisse !
Anne prie pour avoir un enfant (1250 environ), miniature de la Bible de Maciejowski
Lors de la messe à la Maison Sainte-Marthe, le Pape François, dans son homélie de ce mardi 9 janvier 2018, a insisté sur la cohérence que les pasteurs doivent avoir dans l’usage de leur autorité et exprimer par une proximité avec Dieu et avec les autres.
Dans l’évangile du jour (Marc 1, 21-28), Jésus s’exprime dans la synagogue «en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes». Nouveauté de l’enseignement du Christ: «le don de l’autorité».
Si les scribes, les docteurs de la loi, «disaient la vérité», leurs paroles «n’arrivaient pas au cœur» car ils parlaient «depuis les chaires et ne s’intéressaient pas aux gens».
Au contraire, Jésus «avait de l’autorité parce qu’il se rapprochait des gens», en comprenant les problèmes, les douleurs et les péchés.
C’est cette proximité qui «donne autorité» à Jésus, et nourrit son enseignement qui «provoque la stupeur, anime le cœur ».
S’émouvoir devant le don de Dieu et les problèmes des hommes
«Il comprenait parce qu’il était proche, il accueillait, il guérissait et il enseignait avec proximité. Ce qui confère au pasteur l’autorité ou ce qui ravive l’autorité venue du Père, c’est la proximité».
Cette proximité est double : une proximité à Dieu dans la prière, car «un pasteur qui ne prie pas, un pasteur qui ne cherche pas Dieu, est sorti de son rôle», et une proximité aux autres, puisque «le pasteur coupé des gens ne les rejoint pas avec son message». «Voilà l’onction du pasteur qui s’émeut devant le don de Dieu dans la prière, et peut s’émouvoir devant les péchés, les problèmes, les maladies des gens.»
Au contraire, les scribes avaient perdu la «capacité» de s’émouvoir justement parce qu’ils «n’étaient ni proches des gens, ni proches de Dieu». «Jésus est clair en cela: ‘Faites ce qu’ils disent” – ils disent la vérité – “mais pas ce qu’ils font’. »
Cette «incohérence» conduit les scribes, mais aussi certains pasteurs aujourd’hui, à mener une «double vie». «C’est une blessure dans l’Église . Les pasteurs malades, qui ont perdu l’autorité et continuent cette double vie.»
Jésus est très dur envers ces pasteurs, allant jusqu’à les qualifier de «sépulcres blanchis». Ils sont «très beaux du point de vue de la doctrine, de l’extérieur», mais ils pourrissent «de l’intérieur». «Voilà comment finit le pasteur qui n’est pas proche de Dieu dans la prière et des gens dans la compassion.»
«Il est toujours temps de se rapprocher» de Dieu et des autres
Dans la Première lecture, le «vieil Éli avait perdu la proximité, à Dieu et aux gens» (Samuel 1,9-20). Lorsqu’il voit Anne prier le Seigneur dans son cœur d’avoir un fils, en remuant seulement ses lèvres, Élie la prend pour une alcoolique. C’est elle qui va raconter que c’est «l’excès» de sa propre douleur et de son chagrin qui conduisent sa prière murmurée.
Et pendant qu’elle parlait Éli fut «capable de se rapprocher de ce cœur», jusqu’à lui dire d’aller en paix: «que le Dieu d’Israël t’accorde ce que tu lui as demandé». Il se rend compte «de s’être trompé» et fait jaillir de son cœur «la bénédiction et la prophétie», et Anne accouchera de Samuel.
L’autorité dans la parole, «don de Dieu», vient de la proximité avec Dieu et avec les gens. Aux pasteurs éloignés du Seigneur et du peuple, ce conseil : «Ne perdez pas l’espérance. C’est toujours possible. À celui-ci il a suffi de regarder, de se rapprocher d’une femme, de l’écouter et de ranimer l’autorité pour bénir et prophétiser ; cette prophétie s’est réalisée et la femme a eu un fils (…) Il est toujours temps de se rapprocher et de réveiller l’autorité et la prophétie».
Qu’y-a-t-il en nous qui nous pousse à nous moquer des plus faibles? Ce lundi 8 janvier 2018, dans l’homélie prononcée à la Maison Sainte-Marthe, c’est la question qu’a posée le Pape François, s’appuyant sur de nombreux épisodes de la Bible où le plus fort humilie le plus fragile . Pour lui, le diable, qui n’a pas de compassion, est à l’origine de ce comportement.
Enluminure du moyen-âge : Elkana et ses deux femmes.
Extraite du livre de Samuel, la Première lecture du jour raconte l’histoire d’Elcana et d’Anne, les parents du prophète. Elcana avait deux femmes: Anne, qui était stérile, et Peninna, qui avait deux enfants. Cette dernière, au lieu de consoler Anne, ne perdait pas une occasion pour l’humilier et la maltraiter durement en lui rappelant sa stérilité.
Le Pape François fait le parallèle entre cette situation et le cas des femmes d’Abraham, Agar et Sarah, qui étaient, elles aussi, stériles. Il évoque aussi d’autre passages bibliques où les hommes se comportent avec mépris et en se moquant des plus faibles: l’épisode de David contre Goliath ou encore les cas des femmes de Job et de Tobie, qui méprisent leurs maris souffrants.
«Qu’y-a-t-il en ces personnes? Qu’y-a-t-il en nous, qui nous pousse à mépriser, à maltraiter, à nous moquer des plus faibles?» Notant que la jalousie peut «à la limite» expliquer que l’on s’en prenne à plus fort que nous, il poursuit: «Mais les plus faibles? Qu’y-a-t-il en nous qui nous pousse à nous comporter ainsi? C’est une attitude habituelle, comme si j’avais besoin de mépriser l’autre pour me sentir en sécurité. Comme une nécessité…»
Les enfants aussi ont ce comportement, note alors le Pape, qui rappelle un souvenir de son enfance. Dans son quartier vivait une femme, Angiolina, qui souffrait d’une maladie mentale et parcourait les rues toutes la journée. Les femmes lui donnaient à manger et lui portaient quelques vêtements mais les enfants lui jouaient des tours. Ils se disaient «Allons chercher Angiolina pour nous amuser un peu.»
«Et aujourd’hui, nous le voyons en permanence, dans les écoles, avec le phénomène du harcèlement: attaquer le faible, parce que tu es gros, comme-ci, comme ça, parce que tu es étranger ou parce que tu es noir.» Quelque chose en nous nous porte à agresser les faibles. «Et je crois que c’est une des traces du péché original. C’est une œuvre de Satan.» Car en Satan, il n’y a pas de compassion.
«Quand nous avons un désir bon de faire le bien, une œuvre de charité, nous disons: “C’est l’Esprit-Saint qui me pousse à faire cela”. Quand nous nous rendons compte que nous avons en nous ce désir d’agresser plus faible que nous, ne doutons pas: le diable est là. Parce qu’agresser le faible est une œuvre du diable». En conclusion, le Pape incite alors les fidèles à demander à Dieu la grâce de la compassion.