Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

La foi se transmet avec le courage de la vérité

être sur terre le coeur de Dieu album Images du Sacré Coeur de Jésus
être sur terre le cœur de Dieu album Images du Sacré Cœur de Jésus

Trois mots à  identifier, selon le Pape, qui indiquent comment transmettre la foi: «folie», «témoignage» et «mère».

Dans la seconde lettre de saint Paul à Timothée (2 Tm 1,1-8), où l’apôtre évoque la «foi sans détours» de son disciple,  soulignons la «folie» de la prédication de Paul, qui lui permet de convertir Timothée. Certes, cette conversion ne se fait pas sans douleur, en témoignent les «larmes» de Timothée. Mais c’est justement parce que «Paul n’adoucit pas sa prédication de semi-vérités», qu’il devient le père de Timothée.

La bonne «folie» de la prédication

«La prédication donne une “gifle”.  C’est une gifle, une gifle qui t’émeut et te fait aller de l’avant. Et Paul, lui-même, parle de “la folie de la prédication.”»

Dire que Dieu s’est fait homme, a été crucifié, et est ressuscité, «c’est une folie». Notons le scepticisme auquel a pu faire face saint Paul à Athènes lorsqu’il annonçait la Bonne nouvelle. Ce «grain de folie» de la prédication contraste avec la «médiocrité» de la tentation et du faux bon sens, caractéristiques d’une foi «tiède».

Témoigner, ne pas calomnier

Deuxième mot-clé : le témoignage, qui donne force aux paroles. «Mais comme ils s’aiment», disait la foule en parlant des premiers disciples, reconnaissant dans cet amour leur appartenance chrétienne. Aujourd’hui, au contraire, un visiteur d’une quelconque paroisse s’exclamerait, «comme ils s’écorchent».

«La langue est un couteau pour écorcher l’autre! Et comment peux-tu transmettre la foi avec un air aussi pollué de potins, de calomnies?» À l’inverse, le témoignage dans les pas de Jésus –ne pas dire du mal des autres, faire des œuvres de charité, visiter des malades– interpelle. «C’est là que se transmet la foi», dans cette interrogation sur les origines des bonnes actions.

Le rôles des femmes

Enfin, la foi se transmet dans le giron maternel «parce que l’Église est mère», et que sa maternité se prolonge dans celle de toutes les mamans, des femmes.

Pour illustrer cette transmission, le Pape raconte l’histoire d’une sœur albanaise qu’il a connue. En prison durant la dictature, elle profitait de ses rares sorties pour marcher le long d’un fleuve. Dans l’eau de ce fleuve, elle baptisait alors, à l’insu de ses gardes, les enfants que lui portaient en secret les femmes des alentours. «Un bel exemple.»

En conclusion le Pape François s’interroge sur l’actualité de cette transmission de la foi par les mères et les grand-mères, comme ce fut le cas pour Timothée dans le passé. Il fait part de sa «tristesse» de voir des enfants ne pas savoir faire le signe de croix, faute d’une mère ou d’une grand-mère pour leur apprendre.

Le Saint-Père interroge également la préparation au mariage, se demandant si l’on informe les futurs mariées qu’elles devront transmettre la foi à leurs enfants.

De l’homélie du Pape, ce vendredi 26 janvier 2018, lors de la messe à la maison Sainte-Marthe

vêpres à Saint-Paul-hors-les-Murs pour l’unité des chrétiens

Le Seigneur est ma force et ma louange
Le Seigneur est ma force et ma louange

Le Pape a présidé les vêpres en la fête de la conversion de Saint-Paul, point d’orgue de la semaine de l’unité des chrétiens, dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs de Rome, comme chaque 25 janvier.

Une cérémonie présidée en présence notamment des représentants du patriarcat de Constantinople et de l’archevêché de Canterbury, mais aussi, cette année, d’une délégation évangélique luthérienne que la Pape François avait reçu ce jeudi matin au Vatican.

Il est parti dans son homélie du récit tiré du livre de l’Exode où Moïse, avec le peuple de Dieu, chante sa louange après avoir été libéré de l’Égypte. Moïse lui-même avait déjà été précédemment sauvé des eaux après que Pharaon avait ordonné de jeter au Nil «tous les fils qui naitront aux Hébreux».

Ce sauvetage de Moïse préfigure encore un sauvetage plus important, celui du peuple de Dieu qui a traversé à sec la Mer Rouge avant qu’elle ne se referme sur ses ennemis.

De nombreux pères antiques ont considéré ce passage comme une préfiguration du baptême : ce sont en effet nos péchés qui sont noyés dans les eaux vives baptismales. Beaucoup plus que l’Égypte, le péché nous menaçait de nous rendre à jamais esclaves, mais la force de l’amour divin l’a renversé.

Saint Augustin, de son côté, a interprété la Mer Rouge, où le peuple d’Israël a été sauvé, comme une préfiguration du sang du Christ crucifié, source de salut.

La liberté retrouvée

Nous tous chrétiens, nous sommes passés par les eaux du Baptême, et la grâce du sacrement a détruit nos ennemis, le péché et la mort. Sortis des eaux, nous avons retrouvé la liberté des fils, nous avons émergé comme un peuple, comme une communauté de frères et sœurs sauvés, comme des concitoyens des saints, et membres de la famille de Dieu (Eph, 2-19).

Nous partageons l’expérience fondamentale : la grâce de Dieu, sa miséricorde puissante qui nous sauve. Et c’est justement parce que Dieu a opéré cette victoire en nous que nous pouvons chanter ensemble ses louanges.

Dans la vie, nous expérimentons la tendresse de Dieu, qui chaque jour nous sauve avec amour du péché, de la peur et de l’angoisse, des expériences précieuses qui sont gardées dans le cœur et la mémoire.

L’histoire du salut

Comme pour Moïse, les expériences individuelles sont liées à une histoire qui nous dépasse, celle du salut de tout le peuple de Dieu. Quand les Hébreux élèvent leur chant vers Dieu, chacun se rend compte qu’il n’est pas seul sur les rives de la Mer Rouge, mais entouré de frères et de sœurs qui ont reçu la même grâce et proclament la même louange.

Saint Paul avait lui aussi fait l’expérience de la grâce, qui de persécuteur des chrétiens, l’a fait devenir apôtre. Cette grâce de Dieu l’a poussé lui aussi à chercher la communion avec les autres chrétiens, d’abord à Damas, puis à Jérusalem.

Quand nous grandissons dans la vie spirituelle, nous comprenons toujours mieux que la grâce nous rejoint en même temps que les autres et qu’elle est à partager avec les autres. Les différentes confessions chrétiennes ont fait cette expériences. Au siècle dernier, nous avons finalement compris que nous étions ensemble sur les rives de la Mer Rouge.

Le baptême des autres chrétiens reconnus

Dans le baptême, nous avons été sauvés, et le chant reconnaissant de la louange, que les autres frères et sœurs entonnent, nous appartient, parce qu’il est aussi le nôtre.

Lorsque nous disons reconnaître le baptême des chrétiens des autres traditions, nous confessons qu’eux aussi ont reçu le pardon du Seigneur et sa grâce qui œuvre en eux et nous accueillons leur culte comme une expression authentique de louange pour tout ce que Dieu fait.

Nous désirons alors prier ensemble, en unissant encore plus nos voix. Et même quand les divergences nous séparent, nous reconnaissons appartenir au peuple de des croyants, à la même famille de frères et sœurs aimés de l’unique Père.

Déserts spirituels et persécutions

Après la libération, le Peuple de Dieu a entrepris un long et difficile voyage à travers le désert, souvent en vacillant, mais en puisant la force dans le souvenir de l’œuvre salvifique de Dieu et de sa présence toujours proche.

Les chrétiens d’aujourd’hui rencontrent aussi sur le chemin de nombreuses difficultés, entourés de tant de déserts spirituels, qui font se tarir l’espérance et la joie.

Sur le chemin existent aussi de graves périls, qui mettent la vie en danger : combien de frères subissent aujourd’hui les persécutions au nom de Jésus !  Quand leur sang est versé, même appartenant à des confessions diverses, ils deviennent ensemble des témoins de la foi, des martyrs, unis dans le lien de la grâce baptismale.

Les chrétiens, aux côtés d’amis d’autres traditions religieuses affrontent également des défis qui avilissent la dignité humaine : ils fuient des situations de conflit ou de misère, sont victimes de la traite d’êtres humains et d’autres esclavages modernes, ils ont faim dans un monde toujours plus riche de moyens et pauvre d’amour, où augmentent toujours plus les inégalités.

Mais, comme les Hébreux de l’Exode, les chrétiens sont appelés à garder ensemble le souvenir de ce que Dieu a réalisé pour eux.

1617 Mission naissante en sol Picard

Sermon de Folleville, aquarelle - J. Bernal
Sermon de Folleville, aquarelle – J. Bernal

S’approcher de ses 36 ans et se voir confirmer enfin sa véritable vocation à travers un événement conséquent, c’est ce qui est arrivé à ce prêtre dans la force de l’âge qu’était Vincent de Paul, alors précepteur dans la famille  noble des Gondi.

Mais que s’est-il donc passé à Gannes en Picardie ? “Un jour, on m’appela pour aller confesser un pauvre homme dangereusement malade, qui était réputation d’être le plus homme de bien, ou au moins un des plus hommes de bien de son village. Il se trouva néanmoins qu’il était chargé de péchés qu’il n’avait jamais osé déclarer en confession, ainsi qu’il le déclara lui-même tout haut par après en présence de feu madame la générale des galères lui disant : ‘Madame, j’étais damné, si je n’eusse fait une confession générale, à raison des gros péchés que je n’avais osé confesser.’ Cet homme mourut ensuite, et madite dame, ayant reconnu par là la nécessité des confessions générales désira que je fisse le lendemain une prédication sur ce sujet.”
                                                                                                                                             (Entretiens aux missionnaires du 17 mai 1658)

Vincent, le 25 janvier 1617, jour de la conversion de saint Paul, à Folleville, va prêcher sur la confession générale pour réconcilier avec Dieu, avec soi-même et avec son prochain. C’est un vrai succès et beaucoup désirent recevoir le sacrement de réconciliation. Madame de Gondi lui demandera d’en faire autant en plusieurs autres endroits sur ses terres. Toujours avec le même succès.

En 1625, avec la collaboration de quelques prêtres, il va instituer la Congrégation de la Mission dont le but premier est de porter l’évangile aux pauvres gens des champs. Ainsi donc voilà 400 ans a débuté la Mission en sol picard, étendue ensuite en France, en Europe et dans des contrées lointaines, Vincent confiant souvent cette Mission à l’intercession de la première missionnaire qu’est la Sainte Mère de Dieu. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm