
Hier, avec le Dimanche des Rameaux, nous sommes entrés dans la Semaine Sainte, et la Liturgie nous fait revivre les dernières journées de la vie terrestre du Seigneur Jésus. Aujourd’hui, il nous conduit à Béthanie, où, précisément « six jours avant la Pâque » – comme le notait l’évangéliste Jean – Lazare, Marthe et Marie offrirent un repas au Maître.
Le récit évangélique confère un intense climat pascal à notre méditation: le repas de Béthanie est un prélude à la mort de Jésus, sous le signe de l’onction que Marie accomplit en hommage au Maître et qu’Il accepta en prévision de sa sépulture (cf. Jn 12, 7). Mais c’est également l’annonce de la résurrection, à travers la présence même de Lazare ressuscité, témoignage éloquent du pouvoir du Christ sur la mort.
Outre l’importance de la signification pascale, le récit du repas de Béthanie porte en lui un écho déchirant, empli d’affection et de dévotion; un mélange de joie et de douleur: une joie festive pour la visite de Jésus et de ses disciples, pour la résurrection de Lazare, pour la Pâque désormais proche; une profonde amertume car cette Pâque pouvait être la dernière, comme le laissaient craindre les intrigues des Juifs qui voulaient la mort de Jésus et les menaces contre Lazare lui-même dont on projetait l’élimination.
Dans cet épisode évangélique, un geste attire notre attention, qui, aujourd’hui encore, parle de façon particulière à nos cœurs: à un certain moment, Marie de Béthanie, « prenant une livre de parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux » (Jn 12, 3).
C’est l’un des détails de la vie de Jésus que saint Jean a recueillis dans la mémoire de son cœur et qui contiennent une profondeur expressive inépuisable. Il parle de l’amour pour le Christ, un amour surabondant, prodigue, comme l’onguent « de grand prix » versé sur ses pieds. Un fait qui scandalisa de façon caractéristique Judas l’Iscariote: la logique de l’amour s’oppose à celle du profit.
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