Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

le repas de Béthanie

Marie verse le parfum sur les pieds de Jésus, vitrail des studios de Meyer, Munich 1899
Marie verse le parfum sur les pieds de Jésus, vitrail des studios de Meyer, Munich 1899

Hier, avec le Dimanche des Rameaux, nous sommes entrés dans la Semaine Sainte, et la Liturgie nous fait revivre les dernières journées de la vie terrestre du Seigneur Jésus. Aujourd’hui, il nous conduit à Béthanie, où, précisément « six jours avant la Pâque » – comme le notait l’évangéliste Jean – Lazare, Marthe et Marie offrirent un repas au Maître.

Le récit évangélique confère un intense climat pascal à notre méditation:  le repas de Béthanie est un prélude à la mort de Jésus, sous le signe de l’onction que Marie accomplit en hommage au Maître et qu’Il accepta en prévision de sa sépulture (cf. Jn 12, 7). Mais c’est également l’annonce de la résurrection, à travers la présence même de Lazare ressuscité, témoignage éloquent du pouvoir du Christ sur la mort.

Outre l’importance de la signification pascale, le récit du repas de Béthanie porte en lui un écho déchirant, empli d’affection et de dévotion; un mélange de joie et de douleur:  une joie festive pour la visite de Jésus et de ses disciples, pour la résurrection de Lazare, pour la Pâque désormais proche; une profonde amertume car cette Pâque pouvait être la dernière, comme le laissaient craindre les intrigues des Juifs qui voulaient la mort de Jésus et les menaces contre Lazare lui-même dont on projetait l’élimination.

Dans cet épisode évangélique, un geste attire notre attention, qui, aujourd’hui encore, parle de façon particulière à nos cœurs:  à un certain moment, Marie de Béthanie, « prenant une livre de parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux » (Jn 12, 3).

C’est l’un des détails de la vie de Jésus que saint Jean a recueillis dans la mémoire de son cœur et qui contiennent une profondeur expressive inépuisable. Il parle de l’amour pour le Christ, un amour surabondant, prodigue, comme l’onguent « de grand prix » versé sur ses pieds. Un fait qui scandalisa de façon caractéristique Judas l’Iscariote:  la logique de l’amour s’oppose à celle du profit.

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condoléances du Pape après attentats en France et incendie en Sibérie

condoléances du Pape après attentats en France

Le Pape François rend notamment hommage au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui s’était substitué à une otage et a été égorgé par le terroriste.

Message du Pape François, adressé ce 26 mars 2018 à Mgr Alain Planet, évêque de Carcassonne et Narbonne, suite aux attentats survenus vendredi à Carcassonne et Trèbes :

«Ayant appris les tragiques attentats survenus à Carcassonne et à Trèbes, faisant plusieurs victimes, je vous fais part de ma tristesse et je confie à la miséricorde de Dieu les personnes qui ont perdu la vie, m’associant par la prière à la peine de leurs proches. Je salue particulièrement le geste généreux et héroïque du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qui a donné sa vie en voulant protéger des personnes. J’exprime ma sympathie aux blessés et à leurs familles, ainsi qu’à toutes les personnes touchées par ce drame, demandant au Seigneur de leur apporter réconfort et consolation. Je condamne à nouveau de tels actes de violence aveugle qui engendrent tant de souffrances, et demandant avec ferveur à Dieu le don de la paix, j’invoque sur les familles éprouvées et sur tous les Français le bienfait des Bénédictions divines.»

et incendie en Sibérie

Le Pape adresse aussi ses condoléances suite à l’incendie survenu dans un supermarché de Kemerovo, en Sibérie, faisant au moins 64 morts.

«En confiant les défunts, spécialement les nombreux enfants qui ont perdu leurs vies, à l’amour miséricordieux de Dieu tout-puissant, Sa Sainteté offre l’assurance de ses prières pour tous ceux qui pleurent leur perte. Avec l’assurance de sa proximité spirituelle pour les autorités et les services d’urgence qui prêtent assistance aux blessés et continuent leur recherche des disparus, le Pape François invoque sur tous les bénédictions divines de paix et de consolation.»

Des civils et un prêtre ont été assassinés à Seko Centrafrique

Trois cris retentissent au récit de la Passion

Trois cris retentissent au récit de la Passion. Le cri hostile du crucificateur, le cri d’amour du crucifié, et le cri d’espérance des jeunes. Une polyphonie expliquée par le Pape François dans son homélie lors de la messe du dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, sommet de l’année liturgique, qu’il a célébrée place Saint-Pierre à Rome.

Le récit est autant radieux que douloureux. La lecture de la Passion du Christ, «ses histoires de joie et de souffrances, d’erreurs et de succès», sont à rapprocher de nos existences propres.

Les Très Riches Heures du Duc de Berry - Entrée de Jésus à Jérusalem - Limbourg brothers - 1416
Les Très Riches Heures du Duc de Berry – Entrée de Jésus à Jérusalem – Limbourg brothers – 1416

Ombres et lumières d’une fragile humanité

Tout comme Judas ou Pierre, femmes et hommes de notre temps, nous sommes capables «d’aimer autant que de haïr»…, conflit permanent qui sévit au sein de l’homme.

D’un côté, l’homme est capable «de courageux sacrifices», de l’autre, il sait «se laver les mains» au moment opportun ; d’un côté il est capable «de fidélité», de l’autre de «grands abandons et de grandes trahisons».

Parmi de telles batailles intérieures, différents cris résonnent. Un arsenal de sonorités qui laisse entendre «le cri de celui dont la voix ne tremble pas pour hurler: ‘’Crucifie-le !’’»

Ce cri issu du vacarme hiérosolymitain accompagnant l’entrée du Christ dans la ville, n’est assurément pas spontané, avance le Souverain Pontife, proposant une réflexion sur «l’arrogance, l’autosuffisance et l’orgueil de la calomnie»,  associée à ce mauvais cri.

Le poison des réalités truquées

«Crucifie-le», cet ordre lapidaire venu de la foule, est «artificiel, construit, fait de mépris, de calomnie et de faux témoignages suscités». Une voix manipulatrice et sans scrupules qui présente des réalités truquées pour défigurer les visages, en l’occurrence celui du Christ, et les transformer en «malfaiteurs.»

Des intrigues fabriquées et préfabriquées qui tuent les rêves, détruisent l’espérance, suppriment la joie. Résultat: les cœurs se blindent, la charité se refroidit, la solidarité s’endort, les idéaux s’éteignent. Un tableau bien sombre auquel seule la Croix peut redonner des couleurs.

«Le meilleur antidote, c’est de regarder la croix du Christ» pour demeurer dans la joie. Une joie, «motif de gêne et d’agacement pour certains», parce qu’un jeune joyeux est «difficile à manipuler».

«La décision de crier appartient aux jeunes»

Ainsi se distingue un troisième cri, après celui du crucificateur et du crucifié: le cri des jeunes, empreint d’un ton prophétique s’appuyant sur saint Luc: «Si eux se taisent, les pierres crieront» (Lc 19, 39-40).

Le Pape tient particulièrement à réveiller une jeunesse parfois «endormie ou anesthésiée» -contre ou de son plein gré-. L’objectif est d’éviter de tomber dans la vocifération du crucificateur, fausse et manipulatrice. «Tous les jeunes doivent donc se décider à crier» a dit le Pape qui à l’issue de la messe a reçu des mains d’un jeune le document final de la réunion pré-synodale tenue à ce sujet toute la semaine à Rome.

Ce sursaut doit se faire «avant que les pierres ne crient». «Si les autres se taisent, si nous, les aînés et les responsables, sommes silencieux, si le monde se tait et perd la joie, je vous le demande : vous, est-ce que vous crierez ?»