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Le mystère de la Croix, révélation définitive de Dieu

ENVERS DE LA MÉDAILLE MIRACULEUSE
ENVERS DE LA MÉDAILLE MIRACULEUSE

Mystère de la Croix du Seigneur ! L’entretien de Jésus avec Nicodème que nous trouvons dans l’Évangile de ce jour nous oriente vers ce mystère. Jésus a devant lui un scribe, versé dans les Saintes Écritures, un membre du Sanhédrin et, en même temps, un homme de bonne volonté. C’est pourquoi il décide de l’initier au mystère de la Croix.

Il lui rappelle donc, pour commencer, que durant la marche de 40 années qui mena le peuple d’Israël de l’Égypte à la Terre Promise, Moïse éleva le serpent d’airain au désert. Or, si l’un des serpents du désert mordait un homme et que celui-ci regardait vers le serpent d’airain, il vivait ! (Nombres, 21, 6-9).

Le signe qu’était le serpent d’airain annonçait une autre élévation : « Ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme — dit Jésus qui parle ici de son érection sur la Croix — afin que tout homme qui croit ait par lui la vie éternelle » (Jn 3, 14-15). La Croix : non plus le signe annonciateur, mais la réalité même du salut!

Et voilà que Jésus explique à fond le sens de la Croix à son interlocuteur, stupéfait mais en même temps prêt à écouter et à poursuivre l’entretien : « Oui, dit Jésus, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).

La Croix est une nouvelle révélation de Dieu. C’est la révélation définitive. Sur le chemin de la pensée humaine vers Dieu, sur la voie de la compréhension de Dieu s’opère un renversement radical. Nicodème, l’homme honnête et noble, en même temps disciple et connaisseur de l’ancien Testament, dut éprouver une grande secousse intérieure.

Pour Israël, Dieu était surtout Majesté et Justice. Il voyait en lui un juge qui récompense et punit. Le Dieu dont parle Jésus est un Dieu qui n’a pas envoyé son Fils « pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3, 17). Il est un Dieu de l’Amour, le Père qui ne recule pas devant le sacrifice de son Fils pour sauver l’homme ».

Saint Paul, le regard fixé sur la même révélation de Dieu, répète par deux fois dans son épitre aux Éphésiens « C’est par grâce que vous êtes sauvés » (Ep 2, 5) et « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi » (Ep 2, 8). Et Paul était bien, jusqu’au moment de sa conversion, l’homme de la Loi Antique, tout comme Nicodème.

Jésus se révéla à lui sur le chemin de Damas et dès ce moment il comprit ce qu’il nous dit aujourd’hui de Dieu: « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont II nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ — c’est par grâce que vous êtes sauvés » (Ep 2, 4-5).

Qu’est-ce que la grâce ? « C’est un don de Dieu ». Le don qui s’explique par son Amour. Le don est là où est l’Amour. Et l’Amour se révèle moyennant la Croix. C’est ce que Jésus a dit à Nicodème. L’Amour qui se révèle moyennant la Croix, voilà ce qu’est réellement la grâce. En elle est révélée la figure la plus profonde de Dieu.

Il n’est pas seulement le juge. Il est un Dieu d’infinie majesté et d’extrême justice. Il est un Père qui veut que le monde soit sauvé, qu’il comprenne la signification de la Croix. Son éloquence transcende la signification de la Loi et de la peine. Elle est la parole qui parle de manière différente à la conscience humaine.

Elle est la parole qui oblige d’une autre manière que les paroles de la Loi et que la menace du châtiment. Pour comprendre cette parole il faut devenir un homme transformé. L’homme de la Grâce et de la Vérité. La grâce est un don qui engage ! Le don du Dieu Vivant qui engage l’homme pour la vie nouvelle !

C’est proprement en cela que consiste le jugement dont Jésus a encore parlé à Nicodème : La Croix sauve et, en même temps, elle juge. Elle juge autrement. Elle juge plus profondément. « En effet quiconque fait le mal, hait la lumière » … c’est-à-dire précisément cette extraordinaire lumière qui émane de la Croix ! « Mais celui qui agit dans la vérité vient à la lumière » (Jn 3, 20-21) vient à la Croix. Il se soumet aux exigences de la grâce.

Il veut être engagé par cet indicible don de Dieu. Que ce don façonne toute sa vie. Dans la Croix cet homme entend vraiment la voix de Dieu qui adresse la parole aux fils de notre terre, de la même manière qu’autrefois, il a parlé aux exilés d’Israël par la voix de Cyrus, roi de Perse, dans son invocation d’espérance. La Croix est une invocation d’espérance.

Nous devons nous poser ces questions fondamentales, qui de la Croix, affluent vers nous : Qu’avons-nous fait et que faisons nous pour mieux connaître Dieu ? Ce Dieu que le Christ nous a révélé, qui est-il pour nous ? Quelle place occupe-t-il dans notre conscience, dans notre vie ? Demandons-nous, de cet endroit-ci, pourquoi de si nombreux facteurs, de si nombreuses circonstances ont enlevé à Dieu cette place en nous.

Dieu serait-il déjà devenu pour nous un être marginal ? Son nom n’a-t-il pas été enseveli en notre âme sous un amas d’autres paroles ? N’a-t-il pas été foulé aux pieds comme cette semence tombée « le long du chemin » (Mc 4, 4) ? N’avons-nous pas renoncé intérieurement à la rédemption moyennant la Croix du Christ, en mettant à sa place d’autres programmes temporels, partiels, superficiels ?

SAINT JEAN-PAUL II EXTRAIT DE SON HOMÉLIE LORS DE SA VISITE À LA PAROISSE ROMAINE SAINTE-CROIX-DE-JÉRUSALEM DU 25 MARS 1979

En regardant la Sainte Croix, contenue sur sa face cachée de notre Médaille Miraculeuse, nous sommes invités à faire ces demandes fondamentales, pour former avec les autres chrétiens une communauté ranimée par la Croix du Christ, auprès de notre Sainte Mère, pleine de grâce, à qui il nous à confiés.

Nicodème, disciple de Jésus

Rencontre de nuit entre Jésus et Nicodème - Crijn Hendricksz. Volmarijn, première moitié du XVIIe siècle
Rencontre de nuit entre Jésus et Nicodème – Crijn Hendricksz. Volmarijn, première moitié du XVIIe siècle

L’évangile de ce jour met en scène Jésus et un certain Nicodème. Contemporain de Jésus, dans les années 30, Nicodème est pharisien, c’est-à-dire notable juif. Il est l’un des rares représentants de l’élite juive à reconnaître l’autorité du Christ. De tous les pharisiens, docteurs de la Loi et membres du Grand Conseil, le Sanhédrin, c’est l’un de ceux qui inspirent le respect et l’amitié. Dès que Jésus parut, il vit en lui  » un envoyé de Dieu ». (Jean 3. 1 à 15)

À Jérusalem, retrouvant Jésus en cachette, la nuit, il est encore craintif, mais sa foi est si grande que le Christ lui révèle les splendeurs de la nouvelle naissance par la grâce du Baptême. Il a le courage après la fête des Tabernacles, quelques mois plus tard de défendre publiquement le Seigneur devant le Sanhédrin. Il dénonce courageusement le procès truqué qui condamne son Maître : « Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu’on l’ait entendu ? » (Jn 7,50) »

Plus tard,  Lui et son ami Joseph d’Arimathie participent à l’ensevelissement de Jésus. Le corps du Seigneur ne sera pas jeté dans la fosse commune des malfaiteurs et, pour l’embaumer, ils achètent ensemble cent livres de myrrhe et d’aloès, en l’attente de la résurrection trois jours plus tard.

Ayant écouté et médité les paroles de Jésus sur les sens de cette « élévation du Fils de l’homme », sur l’efficacité de sa mort, source de vie pour celui qui croit et accepte de renaître dans l’eau et dans l’Esprit, il demande et reçoit le baptême et participe à l’évangélisation des païens avec les apôtres après la Pentecôte.

Le culte de saint Nicodème se répand dans toute la chrétienté dès les premiers siècles. Une chapelle et une fontaine lui sont dédiées à Pluméliau, en Bretagne.

appel à la sainteté dans le monde actuel

« Gaudete et exsultate » :

Exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel

1. « Soyez dans la joie et l’allégresse » (Mt 5, 12), dit Jésus à ceux qui sont persécutés ou humiliés à cause de lui. Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance.

En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a, sous diverses formes, l’appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1).

2. Il ne faut pas s’attendre, ici, à un traité sur la sainteté, avec de nombreuses définitions et distinctions qui pourraient enrichir cet important thème, ou avec des analyses qu’on pourrait faire concernant les moyens de sanctification.

Mon humble objectif, c’est de faire résonner une fois de plus l’appel à la sainteté, en essayant de l’insérer dans le contexte actuel, avec ses risques, ses défis et ses opportunités. En effet, le Seigneur a élu chacun d’entre nous pour que nous soyons « saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Ep 1, 4)

l’Exhortation en entier (ici)

176. Je voudrais que la Vierge Marie couronne ces réflexions, car elle a vécu comme personne les béatitudes de Jésus. Elle est celle qui tressaillait de joie en la présence de Dieu, celle qui gardait tout dans son cœur et qui s’est laissée traverser par le glaive. Elle est la sainte parmi les saints, la plus bénie, celle qui nous montre le chemin de la sainteté et qui nous accompagne.

Elle n’accepte pas que nous restions à terre et parfois elle nous porte dans ses bras sans nous juger. Parler avec elle nous console, nous libère et nous sanctifie. La Mère n’a pas besoin de beaucoup de paroles, elle n’a pas besoin que nous fassions trop d’efforts pour lui expliquer ce qui nous arrive. Il suffit de chuchoter encore et encore : “Je vous salue Marie…’’.

177. J’espère que ces pages seront utiles pour que toute l’Église se consacre à promouvoir le désir de la sainteté. Demandons à l’Esprit Saint d’infuser en nous un intense désir d’être saint pour la plus grande gloire de Dieu et aidons-nous les uns les autres dans cet effort. Ainsi, nous partagerons un bonheur que le monde ne pourra nous enlever.

Pape François, exhortation apostolique, donnée à Rome, près de Saint-Pierre, le 19 mars, Solennité de Saint Joseph, de l’an 2018, sixième année de mon Pontificat.

son plan (page 2)