Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Noël et nos rapports avec Dieu

Encore Noël, un sujet de méditation sans fin, et, toujours inépuisablement riche de thèmes fondamentaux qui concernent nos rapports avec Dieu.

Nous prendrons congé de cette célébration du grand événement de Noël, en gardant sa particulière exemplarité qui est telle a pouvoir nous servir d’une part comme révélation de la pensée divine sur nos vicissitudes, et d’autre part, nous guider dans l’adaptation de notre existence présente à la forme qui permettra le mieux de la modeler sur celle de Dieu fait homme.

Avant même de nous instruire par la parole, le Seigneur nous a enseigné par l’exemple de ses actions, par l’Évangile de sa venue comme homme parmi nous.

Et le seul fait de soumettre à notre réflexion l’histoire de la vie du Christ soulève des problèmes que nous ne pourrons jamais réussir à résoudre complètement; mais nous constaterons toujours que la présence du Christ dans le monde fait rayonner une telle lumière de Vérité, un tel réconfort d’espérance que nous nous convaincrons qu’il est la lumière du monde et que c’est uniquement dans le cône lumineux de la doctrine que nous en donne l’Église que nous pouvons jouir de sa lumière et trouver notre salut.

Le verbe se fait chair - icône tradition copte éthiopienne
Le verbe se fait chair – icône tradition copte éthiopienne

Cela veut dire que notre foi doit avoir le regard fixé sur le Christ dans une totale adhésion de pensée et de vie. Souvenons-nous des paroles par lesquelles Saint Jean termine le prologue de son Évangile : « Et le Verbe s’est fait chair, et il est venu habiter parmi nous ; et nous avons contemplé sa gloire, la gloire que peut recevoir de son père, un fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1, 14).

Mais à ce point de notre contemplation fixée sur le Verbe de Dieu qui s’est fait chair, nous rencontrons, dans le cadre de la vie temporelle de Jésus, non pas sa gloire, mais son humilité, sa petitesse, son anéantissement; nous rencontrons, non la grandeur, mais la négation des valeurs de notre vie présente. La crèche nous le dit. L’humilité du Christ sera notre surprise.

Une humilité qui mortifie nos attentes messianiques et nous oblige à modifier et même à contredire l’estimation de ce que nous croyons être des biens nécessaires à notre existence naturelle. Et nous rappelons cela au sujet de deux vertus chrétiennes, c’est-à-dire de deux dimensions négatives caractéristiques de notre présence dans le monde; nous voulons dire l’humilité et la pauvreté.

Que Dieu ait voulu se manifester et qu’il ait voulu coexister avec nous sous un vêtement d’humilité absolue est chose qui nous bouleverse et transforme nos jugements sur nous-mêmes et sur nos rapports avec les biens et avec les événements du monde. « Apprenez, enseignera Jésus dans son Évangile, que je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29).

Et cette attitude d’humilité ne marque pas seulement les formes extérieures de la vie du Christ, mais aussi les formes essentielles de la vie, de la doctrine et de la mission du Dieu fait homme.

Ici il est nécessaire de citer une sentence très connue de Saint Paul : elle contient la synthèse – et nous offre la clé pour la comprendre – de la figure du Christ; il s’agit des termes relatifs à la Kénosis du Christ, c’est-à-dire de son abaissement dans l’accomplissement du dessein de notre rédemption.

Voici donc ce que dit Saint Paul dans son Épitre aux Philippiens : « Ayez en vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus: lui qui, possédant la nature divine, n’a pas considéré son égalité avec Dieu comme un trésor jalousement gardé; mais il s’est anéanti lui-même en prenant la nature de l’esclave et en devenant semblable aux autres hommes.

Et quand il fut bien constaté qu’il avait tous les dehors d’un homme, il s’humilia encore davantage en se faisant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur la croix. A cause de quoi Dieu l’a exalté en lui donnant un nom au-dessus de tout nom pour qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père (Ph 2; 5-11).

Ici notre méditation s’arrête et devient admiration sans limite. La mortification du Christ devient principe et modèle de notre exaltation. Ceci au sujet de l’humilité que l’Homme-Dieu a introduite dans son apparition dans le monde; mais de semblables observations peuvent se faire également au sujet de la pauvreté de la venue du Christ parmi les hommes.

De là naît un changement radical dans l’évolution des biens propres au milieu naturel de notre vie présente; ce changement qualifie le christianisme où l’humilité et la pauvreté trouveront des expressions qu’ignorent les conceptions naturelles de la manière humaine de vivre, mais, en compensation, nous aurons la conquête surnaturelle du Royaume de Dieu, de la vie nouvelle promise aux humbles de cœur et aux pauvres en esprit. Pensons-y bien ! c’est cela, l’Évangile.

PAUL VI AUDIENCE GÉNÉRALE mercredi 11 janvier 1978

le Gloria, chant de louange

 PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 10 janvier 2018


Frères et sœurs, de la rencontre entre la misère humaine et la miséricorde divine dans l’acte pénitentiel, naît la reconnaissance exprimée avec le « Gloria ». Cette hymne très ancienne reprend le chant des anges à la naissance de Jésus, la joyeuse annonce de l’étreinte du ciel et de la terre.

Chant de louange à Dieu le Père et à son Fils Jésus-Christ, l’Agneau qui enlève les péchés du monde, le « Gloria » est aussi une supplication confiante de la bienveillance divine qui se conclut avec la doxologie trinitaire, caractéristique de toute la célébration eucharistique.

Après le « Gloria », ou après l’acte pénitentiel en fonction du temps liturgique, au moyen de l’invitation « prions », le prêtre exhorte le peuple à s’unir à lui dans un moment de silence qui ouvre à l’oraison dénommée « collecte ».

Le silence, dont le caractère dépend du moment où il intervient au cours de la Messe, permet, juste avant la collecte, de nous disposer à écouter la voix de notre cœur et surtout celle de l’Esprit Saint et de présenter au Seigneur nos intentions personnelles.

Après ce bref moment de silence, le prêtre, dans l’attitude de l’orant, les bras étendus pour imiter le Christ sur la Croix, exprime à Dieu, au nom de tous, la prière commune qui conclut les rites d’introduction, et dont le contenu va de la louange à la supplication.

Aussi, méditer ces textes, en dehors de la Messe, peut nous apprendre à mieux nous tourner vers Dieu.Que la liturgie devienne pour nous, avec l’aide de l’Esprit Saint, une véritable école de prière. Que Dieu vous bénisse !


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Que les pasteurs soient proches de Dieu et des autres

Anne prie pour avoir un enfant (1250 environ), miniature de la Bible de Maciejowski
Anne prie pour avoir un enfant (1250 environ), miniature de la Bible de Maciejowski

Lors de la messe à la Maison Sainte-Marthe, le Pape François, dans son homélie de ce mardi 9 janvier 2018, a insisté sur la cohérence que les pasteurs doivent avoir dans l’usage de leur autorité et exprimer par une proximité avec Dieu et avec les autres.

Dans l’évangile du jour (Marc 1, 21-28), Jésus s’exprime dans la synagogue «en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes». Nouveauté de l’enseignement du Christ: «le don de l’autorité».

Si les scribes, les docteurs de la loi, «disaient la vérité», leurs paroles «n’arrivaient pas au cœur» car ils parlaient «depuis les chaires et ne s’intéressaient pas aux gens».

Au contraire, Jésus «avait de l’autorité parce qu’il se rapprochait des gens», en comprenant les problèmes, les douleurs et les péchés.

C’est cette proximité qui «donne autorité» à Jésus, et nourrit son enseignement qui «provoque la stupeur, anime le cœur ».

S’émouvoir devant le don de Dieu et les problèmes des hommes

«Il comprenait parce qu’il était proche, il accueillait, il guérissait et il enseignait avec proximité. Ce qui confère au pasteur l’autorité ou ce qui ravive l’autorité venue du Père, c’est la proximité».

Cette proximité est double : une proximité à Dieu dans la prière, car «un pasteur qui ne prie pas, un pasteur qui ne cherche pas Dieu, est sorti de son rôle», et une proximité aux autres, puisque «le pasteur coupé des gens ne les rejoint pas avec son message». «Voilà l’onction du pasteur qui s’émeut devant le don de Dieu dans la prière, et peut s’émouvoir devant les péchés, les problèmes, les maladies des gens.»

Au contraire, les scribes avaient perdu la «capacité» de s’émouvoir justement parce qu’ils «n’étaient ni proches des gens, ni proches de Dieu». «Jésus est clair en cela: ‘Faites ce qu’ils disent” – ils disent la vérité – “mais pas ce qu’ils font’. »

Cette «incohérence» conduit les scribes, mais aussi certains pasteurs aujourd’hui, à mener une «double vie». «C’est une blessure dans l’Église . Les pasteurs malades, qui ont perdu l’autorité et continuent cette double vie.»

Jésus est très dur envers ces pasteurs, allant jusqu’à les qualifier de «sépulcres blanchis». Ils sont «très beaux du point de vue de la doctrine, de l’extérieur», mais ils pourrissent «de l’intérieur». «Voilà comment finit le pasteur qui n’est pas proche de Dieu dans la prière et des gens dans la compassion.»

«Il est toujours temps de se rapprocher» de Dieu et des autres 

Dans la Première lecture, le «vieil Éli avait perdu la proximité, à Dieu et aux gens» (Samuel 1,9-20). Lorsqu’il voit Anne prier le Seigneur dans son cœur d’avoir un fils, en remuant seulement ses lèvres, Élie la prend pour une alcoolique. C’est elle qui va raconter que c’est «l’excès» de sa propre douleur et de son chagrin qui conduisent sa prière murmurée.

Et pendant qu’elle parlait Éli fut «capable de se rapprocher de ce cœur», jusqu’à lui dire d’aller en paix: «que le Dieu d’Israël t’accorde ce que tu lui as demandé». Il se rend compte «de s’être trompé» et fait jaillir de son cœur «la bénédiction et la prophétie», et Anne accouchera de Samuel.

L’autorité dans la parole, «don de Dieu», vient de la proximité avec Dieu et avec les gens. Aux pasteurs éloignés du Seigneur et du peuple, ce conseil : «Ne perdez pas l’espérance. C’est toujours possible. À celui-ci il a suffi de regarder, de se rapprocher d’une femme, de l’écouter et de ranimer l’autorité pour bénir et prophétiser ; cette prophétie s’est réalisée et la femme a eu un fils (…) Il est toujours temps de se rapprocher et de réveiller l’autorité et la prophétie».

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