Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Édifier l’Église, en prendre soin et la purifier

«Le fondement de l’Église, c’est le Christ, l’Esprit Saint ne doit pas être un inconnu et les communautés ne doivent pas se réduire à un marché de mondanité, entre argent et vanité.»

Bénédiction du Pape Pie IX de la logia de la Basilique Saint Jean du Latran - Bonnet 1846
Bénédiction du Pape Pie IX de la logia de la Basilique Saint Jean du Latran – Bonnet 1846

«Édifier l’Église, prendre soin de l’Église et purifier l’Église» : trois indications sur lesquelles s’est développée aujourd’hui l’homélie du Pape François lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, au jour de la dédicace de la cathédrale de Rome, Saint-Jean-de-Latran, «mère de toutes les églises», un titre qui n’est pas à prendre comme «un motif d’orgueil mais de service et d’amour.»

Avant tout, «édifier l’Église». Mais quel est le fondement de l’Église ? C’est Jésus-Christ. «C’est Lui, la pierre d’angle, dans cet édifice. Sans Jésus-Christ, il n’y a pas d’Église. Pourquoi? Parce qu’il n’y a pas de fondement. Et si on construit une église, pensons à l’église matérielle, sans fondement, qu’est-ce qui se passe? Elle s’écroule. Tout s’écroule. S’il n’y a pas Jésus-Christ vivant dans l’Église, elle s’écroule.»

«Et nous, que sommes-nous?» «Nous sommes des pierres vivantes», non pas égales, mais chacune différente, parce que «c’est cela la richesse de l’Église. Chacun de nous construit selon le don que Dieu a donné. Nous ne pouvons pas penser à une Église uniforme : ceci, ce n’est pas l’Église.»

Donc, il faut «prendre soin de l’Église», en ayant conscience de l’Esprit de Dieu qui habite en nous. «Combien de chrétiens, aujourd’hui, savent qui est le Père ?» Et aussi beaucoup ne comprennent pas ce qu’est réellement l’Esprit Saint.

«L’Esprit Saint est la vie de l’Église, c’est ta vie, ma vie… Nous sommes le temple de l’Esprit Saint et nous devons cultiver l’Esprit Saint, au point que Paul conseille aux chrétiens de « ne pas attrister l’Esprit Saint », c’est-à-dire de ne pas avoir une conduite contraire à l’harmonie que l’Esprit Saint met à l’intérieur de nous et dans l’Église. Lui, il est l’harmonie, il fait l’harmonie de cet édifice.»

Enfin, «purifier l’Église». «Nous sommes tous pécheurs. Tous. Si quelqu’un parmi vous ne l’est pas, qu’il lève la main, parce que ce serait une belle curiosité. Nous le sommes tous. Et nous devons donc nous purifier continuellement. Et aussi purifier la communauté : la communauté diocésaine, la communauté chrétienne, la communauté universelle de l’Église. Pour la faire grandir.» 

l’Eucharistie, véritable théophanie

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 8 novembre 2017


Frères et sœurs, nous commençons aujourd’hui une nouvelle série de catéchèses sur le « cœur » de l’Église, à savoir l’Eucharistie. Nous ne pouvons pas oublier le grand nombre de chrétiens qui, dans l’histoire, ont résisté jusqu’à la mort pour vivre ce Sacrement et qui, aujourd’hui encore, risquent leur vie pour la Messe dominicale.

C’est un témoignage qui nous interpelle tous sur ce que signifie pour chacun de nous de participer au Sacrifice de la Messe et de nous approcher de la Table du Seigneur.

Le Concile Vatican II, sous la conduite de l’Esprit Saint, a voulu que les chrétiens comprennent mieux la grandeur de la foi et la beauté de la rencontre avec le Christ, à travers un renouveau approprié de la Liturgie et une nécessaire formation liturgique des fidèles.

C’est le but de ce cycle de catéchèses. Ainsi, l’Eucharistie est une véritable théophanie, un évènement merveilleux dans lequel Jésus Christ, notre vie, se rend présent. Il est vraiment important de redécouvrir ce qui est essentiel. Nous avons tous besoin, comme saint Thomas, de « toucher » Dieu pour pouvoir le reconnaître et croire en lui.

En rejoignant cette exigence humaine, les Sacrements, et l’Eucharistie en particulier, sont les signes de l’amour de Dieu, les voies privilégiées pour le rencontrer. Que la Vierge Marie nous accompagne sur ce chemin.

A travers ce nouveau cycle de catéchèses, que le Seigneur nous aide à redécouvrir la valeur et la signification de la Sainte Messe, pour vivre toujours plus pleinement notre relation avec Lui. Que Dieu vous bénisse !


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Ne perdons pas la capacité de nous sentir aimés

La parabole des invités à la noce et du grand festin
La parabole des invités à la noce et du grand festin

Dans l’Évangile de ce jour (Lc 14,15-24), Jésus est interpellé par un homme qui s’exclame: «Heureux celui qui participera au repas dans le royaume de Dieu!» Le Seigneur lui répond alors par une parabole, conseillant à qui organise un repas d’inviter ceux qui ne peuvent donner de contrepartie.

Dans cette parabole, un homme donne un grand dîner et y invite beaucoup de gens. Mais les premiers invités refusent d’y aller car ils se désintéressent du dîner, des gens, de l’invitation du Seigneur : ils sont pris par leurs propres intérêts, plus grands que l’invitation. Certains évoquent des paires de bœufs à essayer, un champ à aller voir, un mariage récent.

Ils se demandent ce qu’ils ont à y gagner. Ils sont «affairés», attachés à leurs intérêts au point d’un «esclavage de l’Esprit», c’est-à-dire d’être «incapables de comprendre la gratuité de l’invitation».

«Si on ne comprend pas la gratuité de l’invitation de Dieu, alors on ne comprend rien. L’initiative de Dieu est toujours gratuite. Mais pour aller à ce banquet, combien faut-il payer? Mais le billet d’entrée est d’être malade, d’être pauvre, d’être pécheur! Voilà ce qui te laisse passer, voilà le billet d’entrée: être dans le besoin, que ce soit un besoin corporel ou un besoin de l’âme. Mais pour la guérison, avoir besoin d’amour».

Accueillir la gratuité «sans limite» de Dieu

Il y a donc deux sortes de comportements. D’un côté celui de Dieu, qui ne fait rien payer et dit ensuite aux serviteurs de faire venir des pauvres, des estropiés, des bons et des méchants. Il s’agit d’une gratuité «sans limites», Dieu «reçoit tout le monde».

D’un autre côté, il y a l’attitude des premiers invités, qui à l’inverse ne comprennent pas la gratuité. Ils sont comme le frère ainé de la parabole du fils prodigue, qui ne veut pas aller au banquet organisé par son père pour son frère qui était parti: il ne comprend pas.

«’Mais il a dépensé tout l’argent, il a dépensé l’héritage en vices, en péchés, et toi tu lui organises une fête ?» Celui-ci ne comprend pas la gratuité du salut, pense que le salut et le fruit du ‘je paye et tu me sauves’. Je paye avec ça, je paye avec ça, je paye avec ça… Non : le salut est gratuit! Et si tu n’entres pas dans cette dynamique de la gratuité, tu n’as rien compris. Le salut est un don de Dieu auquel on répond par un autre don, le don de mon cœur.»

«Le salut ne s’achète pas»

Le Seigneur «ne demande rien en échange»: «juste de l’amour, de la fidélité, tout comme lui est amour et fidèle», «le salut ne s’achète pas». «Heureux celui qui participera au repas dans le royaume de Dieu» : voilà le salut. À l’inverse, quand on leur parle de dons, ils pensent tout de suite à la «contrepartie» : «je vais faire ça», et lui, ensuite, «en une autre occasion, il me le rendra».

Ceux qui ne sont pas prêts à venir au banquet, «se sentent en sécurité», «sauvés par leurs propres moyens, loin du banquet». «Ils ont perdu le sens de la gratuité, le sens de l’amour. Ils ont perdu une chose plus grande et plus belle encore et c’est très mauvais: ils ont perdu la capacité de se sentir aimer.»

«Et quand tu perds, non pas la capacité d’aimer, qui se récupère, mais la capacité de te sentir aimé, il n’y a plus d’espérances, tu as tout perdu. Cela fait penser à ce qui est écrit sur la porte de l’enfer de Dante:  ‘Laissez l’espérance’, tu as tout perdu»

Prions le Seigneur pour qu’il nous garde de perdre la capacité de se sentir aimés.

Le Pape François, durant la messe ce mardi 7 novembre 2017 en la chapelle de la maison Sainte-Marthe au Vatican
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