Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Dieu est plus grand que nos rigidités

Psautier de Paris (grec 139) , folio 431, Jonas, prédication à Ninive, milieu 10e

La Liturgie nous fait à nouveau réfléchir sur la Livre de Jonas et sur la miséricorde de Dieu qui ouvre nos cœurs et gagne sur tout. Lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, ce mardi 10 octobre 2017, le Pape s’est penché sur l’histoire entière de ce prophète,

Ce récit sera continué dans la liturgie de mercredi: le Seigneur demande à Jonas de convertir de la ville de Ninive. La première fois, le prophète s’échappe, en refusant de le faire. Mais la deuxième fois il le fait et il «réussit bien», mais partout il reste en colère devant le pardon que le Seigneur accorde à la population qui, avec le cœur ouvert, s’est montrée repentie. Jonas était un «entêté», «mais plus qu’un entêté, il était un rigide», un «malade de rigidité», il avait «l’âme aseptisée».

«Les têtus d’âme, les rigides, ne comprennent pas ce qu’est la miséricorde de Dieu. Ils sont comme Jonas : « Nous devons prier cela, pour que ceux-ci soient punis parce qu’ils ont fait du mal et doivent aller en enfer… » Les rigides ne savent pas élargir le cœur comme le Seigneur. Les rigides sont pusillanimes, avec un petit cœur fermé, attachés à la seule justice. Et ils oublient que la justice de Dieu s’est faite chair en son Fils, elle s’est faite miséricorde, elle s’est faite pardon ; et que le cœur de Dieu est toujours ouvert au pardon.»

«La toute-puissance de Dieu se fait voir, se manifeste surtout dans sa miséricorde et dans le pardon».

«Ce n’est pas facile de comprendre la miséricorde de Dieu. Il nous faut beaucoup de prière pour la comprendre parce que c’est une grâce. Nous, nous sommes habitués au « tu ne l’as fait, je te le ferais », à cette justice « tu l’as fait, tu payes ». Mais Jésus a payé pour nous et il continue à payer.» Dieu est «le Dieu de la patience, le Dieu qui sait caresser, qui sait élargir les cœurs.»

«Voici le message de ce livre prophétique», «un dialogue entre la prophétie, la pénitence, la miséricorde et la pusillanimité, ou l’entêtement. Mais c’est toujours la miséricorde de Dieu qui l’emporte, parce que c’est sa toute-puissance qui se manifeste justement dans la miséricorde.»

«Moi je me permets de vous conseiller aujourd’hui de prendre la Bible et de lire ce Livre de Jonas- il est très petit, il y a trois pages-, et de regarder comment agit le Seigneur, comment est la miséricorde du Seigneur, comment le Seigneur transforme nos cœurs. Et remercier le Seigneur, parce que Lui, il est tellement miséricordieux.»

Le bon Samaritain manifeste le mystère du Christ

Le Pape François a exhorté, ce lundi matin 9 octobre 2017 lors de la messe à la Maison Sainte-Marthe, à aider et à soulager celui qui en a besoin, comme l’a fait le Christ lui-même qui «continue à payer pour nous».

Sa réflexion s’est basée sur l’Évangile d’aujourd’hui dans lequel Jésus raconte la parabole du Bon Samaritain qui, à la différence du prêtre et du lévite, s’arrête et apporte son secours à l’homme blessé à mort par les brigands.

La parabole du Bon Samaritain est la réponse que Jésus donne au docteur de la Loi, qui veut le mettre à l’épreuve, en lui demander que faire pour hériter de la vie éternelle. Jésus lui fait dire le commandement de l’amour envers Dieu et son prochain, mais le docteur de la Loi, qui ne savait pas sortir du «petit piège que Jésus lui avait tendu», lui demande qui est son prochain. Et alors Jésus répond avec cette histoire.

Dans la parabole, il y a six «acteurs» : les brigands, l’homme blessé à mort, le prêtre, l’aubergiste et le Samaritain, un païen qui ne venait pas du peuple juif. Le Christ répond toujours d’une façon plus haute, en expliquant son propre mystère.

Le Pape décrit un comportement fréquent. Les brigands s’en étaient allés heureux, parce qu’ils l’avaient dépouillé de nombreuses choses, et sa vie leur importait peu. Le prêtre, «qui devrait être un homme de Dieu», et le lévite, qui était proche de la Loi, sont passés outre face à l’homme blessé, presque en fin de vie :

«Une attitude habituelle entre nous : regarder une calamité, regarder une mauvaise chose, et passer outre. Et ensuite la lire dans les journaux, un peu dépeintes dans le scandale ou le sensationnalisme. Au contraire, ce païen, pécheur, qui était en voyage, a vu et n’est pas passé outre: il a eu compassion”. Et Luc le décrit bien : « Il l’a vu, il en a pris compassion, il s’en est fait proche, il ne s’est pas éloigné : il s’est rapproché. Il lui a pansé les plaies, en versant de l’huile et du vin. Mais il ne l’a pas laissé ici», en pensant, comme beaucoup, qu’il aurait fait sa part.

Non, il l’a ensuite pris en charge sur sa selle, l’a emmené dans une auberge et il a pris soin de lui, mais, le jour suivant, en devant s’en aller pour ses affaires, il a payé l’aubergiste pour qu’il prenne soin de lui, en lui disant aussi que ce qu’il aurait dépensé en plus «de ces deux deniers», il les lui paierait à son retour.

Ceci est «le mystère du Christ» qui «s’est fait serviteur, s’est abaissé, s’est annihilé et est mort pour nous». Jésus «n’est pas passé outre, il est allé vers nous, blessés à mort, il a pris soin de nous, il a payé pour nous, et il continue à payer», et «il paiera, quand il viendra pour la deuxième fois», comme «il a déjà payé».

Avec ce mystère Jésus répond au docteur de la Loi, qui voulait le mettre à l’épreuve. Jésus est le Bon Samaritain qui invite cet homme à faire la même chose. «Ce n’est pas une histoire pour les enfants», a expliqué François aux fidèles présents à la Maison Sainte-Marthe, mais «le mystère de Jésus-Christ».

«Et en regardant cette parabole, nous comprendrons mieux la profondeur, la grandeur du mystère de Jésus-Christ. Le docteur de la loi s’en est allé sans rien dire, plein de honte, il n’a pas compris. Il n’a pas compris le mystère du Christ. Mais peut-être qu’il aura compris ce principe humain qui nous rapproche de la compréhension du mystère du Christ : le fait que chaque homme regarde un autre homme de haut en bas seulement quand il soit l’aider à se relever. Et si quelqu’un qui fait cela, il est en bon chemin, et sur la bonne voie, vers Jésus.»

Le Pape a fait référence aussi à l’aubergiste qui «n’a rien compris» mais a ressenti «de la stupeur», la stupeur de la rencontre avec quelqu’un qui faisait des choses dont il n’avait jamais entendu qu’elles puissent se faire. Cet étonnement de l’aubergiste traduit justement la surprise de la rencontre avec Jésus, en invitant à se glisser dans la peau des personnages de ce récit et à se situer selon leur comportement.

«Qu’est-ce que je fais, moi ? Est-ce que je suis un brigand, un manipulateur, un corrompu ? Est-ce que je suis un prêtre qui regarde, et qui s’en va ? Ou un dirigeant catholique qui fait la même chose ? Ou je suis un pécheur ? Quelqu’un qui doit être condamné pour ses propres péchés? Et je rapproche, je me fais proche, je prends soin de celui qui est dans le besoin ? Comme je fais moi, face à tellement de blessures, à tellement de personnes blessées que je rencontre tous les jours ? Je fais comme Jésus ? Je prend la forme d’un serviteur ? Cela nous fera du bien de faire cette réflexion, en lisant et relisant ce passage. Mais ici se manifeste le mystère de Jésus-Christ, qui est venu pour nous, pour nous guérir, et donner la vie pour nous.»

être, pour tous, un signe d’espérance.

Les vignerons homicides | DR

le Pape est revenu  sur «la grande nouveauté qu’offre le christianisme», en commentant l’Évangile de ce dimanche 8 octobre 2017 consacré à la parabole des vignerons (Mt 21, 33-43) sur la miséricorde. C’est l’histoire d’une vigne confiée par son propriétaire à des vignerons. Ces derniers manquent de loyauté et tuent les hommes venus récupérer les fruits de la vendange dont le fils du propriétaire, qui s’était pourtant montré patient. A l’issue de la prière de l’Angélus place Saint-Pierre, il a demandé aux chrétiens d’être, pour tous, un signe d’espérance.

«C’est une histoire qui nous appartient», il s’agit de «l’alliance que Dieu a voulu établir avec l’humanité et à laquelle il nous appelle nous aussi à pendre part». Une alliance qui, «comme toutes les histoires d’amour, connaît des moments positifs, mais est également marquée par des trahisons et des refus.» Face à ces comportements de rejet, quelle est la réponse de Dieu ? «Quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? (v40) ». Une question qui souligne combien «la déception de Dieu concernant le comportement mauvais des hommes n’est pas le dernier mot !»

C’est là que se trouve «la grande nouveauté du christianisme». «Un Dieu qui, même lorsqu’il est déçu de nos erreurs et péchés, ne manque pas à sa parole, il ne s’y arrête pas et surtout ne se venge pas (…) il continue de mettre en circulation le ‘bon vin’ de sa vigne, c’est-à-dire sa miséricorde

«Le christianisme n’est pas la somme de préceptes et de normes morales»

«Face à ces comportements qui ne produisent aucun fruit, la Parole de Dieu conserve toute sa force de reproche et de réprimande : ‘Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits’ (v43)».

«L’urgence de répondre à l’appel du Seigneur par de bons fruits» aide à comprendre «la nouveauté et l’originalité du christianisme». Ce n’est pas «la somme de préceptes et de normes morales, mais c’est avant tout une proposition d’amour que Dieu, à travers Jésus, a faite et continue de faire à l’humanité». C’est un appel à entrer dans cette histoire d’amour, en devenant «une vigne vivace et ouverte, riche de fruits et d’espérance pour tous». 

Nous sommes appelés à sortir de la vigne pour «nous mettre au service des frères qui ne sont pas avec nous, pour nous secouer et nous encourager les uns les autres, pour nous rappeler de devoir d’être la vigne du Seigneur dans tous les milieux, même les plus lointains et défavorisés». La vigne plantée par le Seigneur est pour le bien de tous.