Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

L’écoute de la Parole et de l’Esprit dans la révélation cosmique

le Christ dans sa dimension cosmique – cathédrale de Monreale – Sicile

« Que toutes ses œuvres sont aimables, comme une étincelle qu’on pourrait contempler […] Nous pourrions nous étendre sans épuiser le sujet; en un mot:  « Il est toutes choses » […} Il est le Grand, au-dessus de toutes ses œuvres » (Si 42, 22; 43, 27-28). Ces paroles magnifiques de l’Ecclésiastique résument le chant de louange, élevé en toute époque et sous tous les cieux, au Créateur, qui se révèle à travers l’immensité et la beauté de ses œuvres.

Bien que sous une forme encore imparfaite, de très nombreuses voix ont reconnu dans le créé la présence de son Artisan et Seigneur. Un roi antique et poète égyptien, s’adressant à sa divinité solaire, s’exclamait:  « Comme tes œuvres sont nombreuses:  elles sont cachées à ton visage; toi, Dieu unique, en dehors duquel personne n’existe, tu as créé la terre selon ta volonté, lorsque tu étais seul » (Hymne à Aton, cf. J.B. Pritchard [ed], Ancient Near Estearn Texts, Princeton 1969, pp. 369-371).

Quelques siècles plus tard, un philosophe grec célèbre également à travers un hymne admirable la divinité qui se manifeste dans la nature et en particulier dans l’homme:  « Nous venons de ta souche, et nous possédons la parole comme reflet de ton esprit, seuls parmi tous les êtres animés qui ont vie et mouvement sur la terre » (Cleante, Hymne à Zeus, vv. 4-5). L’apôtre Paul recueillera cette élévation en la citant dans son discours à l’aréopage d’Athènes (cf. Ac 17, 28).

2. L’écoute de la parole que le Créateur a confiée aux œuvres de ses mains est exigée également du fidèle musulman:  « O hommes, adorez votre Seigneur qui vous a créés, ainsi que ceux qui sont venus avant vous, et craignez Dieu, qui a fait pour vous un tapis de la terre et un château du ciel et a fait descendre du ciel l’eau à travers laquelle il tire de la terre les fruits qui sont votre nourriture quotidienne » (Coran II, 21-23).

La tradition juive, fleurie sur le terrain fertile de la Bible, découvrira la présence personnelle de Dieu en tout angle du créé:  « Partout où je vais, Toi! Partout où je m’arrête, Toi! Toi seul! encore Toi, toujours Toi!… Ciel, Toi, terre, Toi, au-dessus, Toi, au-dessous, Toi! Où que j’aille, quoi que j’admire, Toi seul, encore Toi, toujours Toi! » (M. Buber, Les récits des Chassidim, Milan, 1979, p. 276).

3. La Révélation biblique s’insère bien dans cette vaste expérience de sens religieux et de prière de l’humanité, en y plaçant le sceau divin. En nous communiquant le mystère de la Trinité, celle-ci nous aide à cueillir dans la création elle-même non seulement la trace du Père, source de tout être, mais également celle du Fils et de l’Esprit.

C’est vers la Trinité tout entière que se tourne  désormais  le  regard  du  chrétien, lorsqu’il contemple les cieux avec le Psalmiste:  « Par la Parole de Yahvé, – c’est-à-dire de son Verbe éternel – les cieux ont été faits, par le souffle de sa bouche, – c’est-à-dire de son Esprit Saint – toute leur armée » (Ps 33 [32], 6).

Les « cieux » donc « racontent la gloire de Dieu et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce. Le jour au jour en publie le récit et la nuit à la nuit transmet la connaissance. Non point récit, non point langage, nulle voix qu’on puisse entendre, mais pour toute la terre en ressortent les lignes et les mots jusqu’aux limites du monde » (Ps 19[18], 2-5).

Il faut avoir l’oreille de l’âme libérée de tout bruit pour saisir cette voix divine qui résonne dans l’univers. Auprès de la Révélation proprement dite contenue dans les Écritures Saintes, il existe donc une manifestation divine dans l’éblouissement du soleil et la tombée de la nuit. La nature est elle aussi, en un certain sens, le « livre de Dieu ».

4. Nous pouvons nous demander comment peut se développer, dans l’expérience chrétienne, la contemplation de la Trinité à travers la création, en y découvrant non seulement de façon générique le reflet de l’unique Dieu, mais également la trace des personnes divines.

S’il est vrai, en effet, que « le Père, le Fils et l’Esprit Saint ne sont pas trois principes de la création, mais un seul principe » (Concile de Florence, DS 1331), il est également vrai toutefois que « chaque personne divine opère l’œuvre commune selon sa propriété personnelle » (C.E.C., n. 258).

Lorsque, alors, nous contemplons admiratifs l’univers dans sa grandeur et sa beauté, nous devons louer la Trinité tout entière, mais notre pensée va de façon spéciale au Père dont tout jaillit, comme la source de plénitude de l’être lui-même.

Si nous nous arrêtons, ensuite, sur l’ordre qui soutient le cosmos et que nous admirons la sagesse avec laquelle le Père l’a créé en le dotant de loi qui en règlementent l’existence, nous remontons spontanément au Fils éternel, que l’Écriture nous présente comme Parole (cf Jn 1, 1-3) et Sagesse divine (cf. 1 Co 1, 24.30).

Dans l’admirable chant que la Sagesse entonne dans le livre des Proverbes et qui a été proposé au début de notre rencontre, celle-ci apparaît « dès l’éternité, […] établie dès le principe » (Pr 8, 23). La Sagesse est présente au moment de la création « comme architecte » prête à placer ses délices « parmi les enfants des hommes » (cf. Pr 8, 30.31).

Sous ces aspects, la tradition chrétienne a vu en elle le visage du Christ, « image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature […] tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui » (Col 1, 15-17; cf. Jn 1, 3).

5. A la lumière de la foi chrétienne, la création évoque ensuite de façon particulière l’Esprit Saint dans le dynamisme qui distingue les rapports entre les choses, à l’intérieur du macrocosme et du microcosme, et qui se manifeste surtout là où naît et se développe la vie.

En vertu de cette expérience, également dans des cultures éloignées du christianisme a été perçue d’une certaine façon la présence de Dieu comme « esprit » qui anime le monde. Dans ce sens, l’expression de Virgile est célèbre:  « spiritus intus alit », « l’esprit est alimenté de l’intérieur » (Enéide, VI, 726).

Le chrétien sait bien qu’une telle évocation de l’Esprit serait inacceptable, si elle se réfère à une sorte d' »anima mundi » entendue dans un sens panthéiste. Mais, excluant cette erreur, il reste vrai que toute forme de vie, d’animation, d’amour, renvoie en dernière analyse à l’Esprit, dont la Genèse dit qu’il « tournoyait sur les eaux » (Gn 1, 2) à l’aube de la création et dans lequel les chrétiens, à la lumière du Nouveau testament, reconnaissent une référence à la Troisième Personne de la Très Sainte Trinité.

En effet, la création, dans son concept biblique, « comporte non seulement l’appel à l’existence de l’être même du cosmos, c’est-à-dire le don de l’existence, mais aussi la présence de l’Esprit de Dieu dans la création, c’est-à-dire le commencement du don que Dieu fait de lui-même pour leur salut aux choses qu’il a créées. Cela vaut avant tout pour l’homme, qui a été créé  à  l’image  et  à  la  ressemblance de  Dieu »  (Dominum  et  vivificantem, n. 12).

Face au déploiement de la révélation cosmique, nous annonçons l’œuvre de Dieu à travers les paroles du Psalmiste:  « Tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre » (Ps 104 [103], 30).

JEAN-PAUL II AUDIENCE GÉNÉRALE mercredi 2 Août 2000

© Copyright 2000 – Libreria Editrice Vaticana

trouver le trésor du Royaume de Dieu

Lors de la prière de l’Angélus ce dimanche midi, le Pape François est revenu sur les images utilisées dans l’Évangile du jour (Saint-Matthieu 13) : le «trésor caché» et la «perle précieuse». À travers ces deux paraboles, Jésus invite ses disciples à renoncer à leur confort et à leurs biens pour le suivre et découvrir un plus grand bien encore : l’amour infini de Dieu.

PAPE FRANÇOIS

ANGELUS

Place Saint Pierre
Dimanche, 30 Juillet 2017

Chers frères et sœurs, bonjour !

Le discours parabolique de Jésus, qui réunit sept paraboles dans le treizième chapitre de l’Évangile de Matthieu, se termine aujourd’hui avec trois points communs: le trésor caché (v. 44), la perle précieuse (v 45-46.) et le filet de pêche (v. 47-48). Les deux premiers soulignent la décision des protagonistes de tout vendre pour obtenir ce qu’ils ont trouvé.

Dans le premier cas, c’est un agriculteur qui bute accidentellement sur un trésor caché dans le champ où il travaille. Il n’est pas sur un terrain qu’il possède, il doit l’acheter s’il veut mettre la main sur le trésor, alors il décide de risquer tous ses biens pour ne pas perdre cette occasion vraiment exceptionnelle.

Dans le second cas, nous trouvons un marchand de perles fines qui, en tant qu’expert, il a identifié une perle de grand prix. Il a également décidé de tout miser sur cette perle, il suffit de vendre tous les autres.

Ces similitudes mettent en lumière deux caractéristiques liées à la possession du Royaume de Dieu: la recherche et le sacrifice. Il est vrai que le Royaume de Dieu est offert à tous – c’est un don, un cadeau, une grâce – mais il n’est pas disponible sur un plateau d’argent, il nécessite un dynamisme: c’est de chercher, de marcher, de se mettre au travail .

L’approche de la recherche est la condition sine qua non pour trouver; il faut que le cœur soit brûlant du désir d’obtenir ce bien précieux, à savoir le Royaume de Dieu qui est présent dans la personne de Jésus. C’est le trésor caché, c’est la perle de grand prix. C’est la découverte fondamentale, ce qui peut donner un impact décisif sur nos vies, la remplir de sens.

Face à leur découverte inattendue, l’agriculteur et le marchand se rendent compte qu’ils ont d’avance une occasion unique à ne pas manquer, donc ils vendent tout ce qu’ils possèdent. L’évaluation du trésor inestimable, conduit à une décision qui implique le sacrifice, le détachement et le renoncement.

Lorsque le trésor et la perle ont été découverts, ce qui est quand nous avons trouvé le Seigneur, nous ne devons pas laisser cette découverte stérile, mais lui sacrifier tout. Cela ne veut pas mépriser le reste, mais c’est le subordonner à Jésus, mettre le Christ en premier. La grâce d’abord.

Le disciple du Christ est celui qui s’il est privé de quelque chose d’essentiel, est celui qui a trouvé beaucoup plus: il a trouvé la joie complète que Dieu seul peut donner. C’ est la joie évangélique des malades guéris; des pécheurs pardonnés, du voleur à qui est ouverte la porte du paradis.

La joie de l’Évangile remplit le cœur et la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont affranchis du péché, de la douleur, du vide, de l’isolement. Avec Jésus-Christ naît et renaît toujours la joie(cf. Evangelii Gaudium, n. 1).

Aujourd’hui, nous sommes invités à contempler la joie de l’agriculteur et du marchand des paraboles. C’est la joie de nous tous quand nous découvrons la proximité et la présence réconfortante de Jésus dans nos vies. Une présence qui transforme le cœur et nous ouvre aux besoins et à la réception des frères, en particulier les plus faibles.

Prions, par l’intercession de la Vierge Marie, pour que chacun d’entre nous sache comment, par la parole et par les actes de tous les jours, témoigner la joie d’avoir trouvé le trésor du Royaume de Dieu, c’est-à-dire  l’amour que le Père nous a donné par Jésus.

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui c’est la Journée mondiale contre la traite des personnes, promue par les Nations Unies. Chaque année, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont des victimes innocentes du travail et de l’exploitation sexuelle et du trafic d’organes, et il semble que nous sommes habitués, à considérer cela comme normal. C’est mauvais, c’ est cruel, c’est criminel!

Je tiens à rappeler l’engagement de tous pour que ce fléau aberrant, cette forme d’esclavage moderne, soit suffisamment contré. Prions ensemble avec la Vierge Marie pour soutenir les victimes de la traite et convertir les cœurs des trafiquants. Prions ensemble la Vierge:

Ave Maria …


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Sur quelles fondations faut-il construire la nouvelle époque de l’histoire ?

Chers Associés de la Médaille Miraculeuse, il est bon de revenir sur quelques textes de nos Papes qui nous parlent encore et sont là pour fortifier notre foi et notre engagement en Église à la suite notamment de notre Sainte Mère, la Vierge Marie. En voici un de Jean-Paul II, lors de JMJ en 2002.

Chers Jeunes,

1. Lorsqu’en l’année 1985, désormais lointaine, j’ai voulu lancer les Journées mondiales de la Jeunesse, j’avais dans le cœur les paroles de l’Apôtre Jean que nous avons écoutées ce soir: «Ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c’est le Verbe de la vie… nous vous l’annonçons à vous aussi» (1 Jn 1, 1.3).

Et j’imaginais les Journées mondiales comme un temps fort au cours duquel les jeunes du monde pourraient rencontrer le Christ, éternellement jeune, et apprendre de Lui à devenir les évangélisateurs des autres jeunes.

Ce soir, avec vous, je bénis le Seigneur, lui rendant grâce pour le don fait à son Église à travers les Journées mondiales de la Jeunesse. Des millions de jeunes y ont participé, trouvant ainsi des motifs d’engagement et de témoignage chrétiens.

Je vous remercie en particulier vous qui, accueillant mon invitation, vous êtes rassemblés ici à Toronto pour «dire au monde votre joie d’avoir rencontré le Christ Jésus, votre désir de le connaître toujours mieux, votre engagement à annoncer son Évangile de salut jusqu’aux extrémités de la terre» (Message pour la 17ème Journée mondiale de la Jeunesse, n. 5).

2. Le nouveau millénaire a commencé avec deux événements contradictoires: celui de la foule des pèlerins venus à Rome au cours du grand Jubilé pour franchir la Porte sainte qui est le Christ, Sauveur et Rédempteur de l’homme; et celui du terrible attentat terroriste de New York, icône d’un monde dans lequel semble prévaloir la dialectique de l’inimitié et de la haine.

La question qui se pose est dramatique: sur quelles fondations faut-il construire la nouvelle époque de l’histoire qui émerge des grandes transformations du vingtième siècle?

Sera-t-il suffisant de parier sur la révolution technologique en cours, qui semble être guidée uniquement par des critères de productivité et d’efficacité, sans référence aucune à la dimension religieuse de l’homme et sans un discernement éthique universellement partagé? Est-il juste de se contenter de réponses provisoires aux problèmes de fond et de laisser la vie aux prises de pulsions instinctives, de sensations éphémères, d’enthousiasmes passagers?

La question se pose à nouveau: sur quelles bases, sur quelles certitudes édifier son existence et celle de la communauté à laquelle on appartient?

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