Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

La Sainte Trinité récapitule la révélation de Dieu advenue dans les mystères pascals

Après le temps pascal, que nous avons conclu dimanche dernier avec la Pentecôte, la liturgie est revenue au « temps ordinaire ». Mais cela ne signifie pas que l’engagement des chrétiens doit diminuer. Au contraire, entrés dans la vie divine à travers les sacrements, nous sommes appelés à nous ouvrir chaque jour à l’action de la Grâce divine pour progresser dans l’amour envers Dieu et notre prochain.

Ce dimanche de la Très Sainte Trinité récapitule en quelque sorte la révélation de Dieu advenue dans les mystères pascals : la mort et la résurrection du Christ, son ascension à la droite du Père et l’effusion de l’Esprit Saint.

L’esprit et le langage humain ne sont pas adaptés pour expliquer la relation qui existe entre le Père, le Fils et le Saint Esprit, et pourtant, les Pères de l’Église ont cherché à illustrer le mystère de Dieu Un et Trine, en le vivant dans leur existence avec une foi profonde.

La divine Trinité, en effet, vient demeurer en nous le jour du baptême : « Je te baptise – dit le ministre – au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Chaque fois que nous traçons sur nous le signe de la croix, nous rappelons le nom de Dieu, dans lequel nous avons été baptisés.

Le théologien Romano Guardini observe à propos du signe de la croix : « Nous le faisons avant la prière, afin qu’il … nous mette spirituellement en ordre; il nous concentre en Dieu, imagination, cœur et volonté ; après la prière, afin que demeurent en nous ce que Dieu nous a donné… Il embrasse tout l’être, corps et âme,… et tout est consacré au nom du Dieu Un et Trine » (Lo spirito della liturgia. I santi segni, Brescia 2000, 125-126).

On trouve donc dans le signe de la croix et dans le nom du Dieu vivant l’annonce qui engendre la foi et inspire la prière. Et, comme l’Évangile de Jésus promet aux Apôtres que « quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière » (Jn 16, 13), ainsi en est-il dans la liturgie dominicale, quand les prêtres dispensent, de semaine en semaine, le pain de la Parole et de l’Eucharistie.

Le saint curé d’Ars le rappelait aussi à ses fidèles : « Qui est-ce qui a reçu notre âme à son entrée dans la vie ? – disait-il. Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à paraître devant Dieu, en lavant cette âme pour la dernière fois dans le sang de Jésus Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre » (Lettre d’indiction de l’Année sacerdotale).

Chers amis, faisons nôtre la prière de saint Hilaire de Poitiers : « Conserve pure cette foi droite qui est la mienne et donne-moi également, jusqu’à mon dernier soupir, cette voix de ma conscience, afin que je reste toujours fidèle à ce que j’ai professé dans ma régénération lorsque j’ai été baptisé dans le Père, dans le Fils et dans l’Esprit Saint » (De Trinitate, XII, 57, CCL 62/A, 627).

En invoquant la bienheureuse Vierge Marie, la première créature pleinement habitée par la Très Sainte Trinité, demandons sa protection pour bien poursuivre notre pèlerinage terrestre.

La solennité de la Sainte Trinité nous rappelle que Dieu est Amour et qu’il nous appelle à une vie de communion avec Lui et entre nous. Je confie aujourd’hui à la Très Sainte Trinité nos difficultés.

Puisse la Vierge Marie vous aider à contempler le mystère de la grandeur et de la beauté de notre Dieu et à reconnaître sa présence dans le prochain. Que Marie intercède pour nous et nous aide à lire les desseins de la Providence de Dieu.

Gardons en nous les paroles du livre de Job : « Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur ? » (Jb 2, 10). Tout est dans le plan divin du salut. Que Dieu Un et Trine vous réconforte.

BENOÎT XVI SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE TRINITÉ ANGÉLUS Place Saint-Pierre Dimanche 30 mai 2010

Le livre de Tobie : l’espérance que Dieu nous écoute

9 juin 2017

Tobie disant adieu à son Père, William-Adolphe Bouguereau trompe l’œil sur toile (1860)

Un conseil pour «ce week-end»: il n’y a besoin que d’«un quart d’heure» pour le lire en entier, mais cela vaut la peine de le faire, car le livre de Tobie «nous enseigne comment nous comporter sur le chemin de la vie», que ce soit «dans les nombreux bons moments» ou «dans les nombreux mauvais moments.»

Et «il nous enseigne également à discerner», pour ne pas «nous laisser tromper» par les «feux d’artifice», ni non plus par le désespoir le plus sombre, qui doit être affronté en ayant recours à la prière, à la patience et à l’espérance.

Ce sont précisément les histoires parallèles des personnages bibliques de Tobie et Sara — présentés, précisément, dans le livre de Tobie — que le Pape François a proposé au cours de la Messe célébrée vendredi matin 9 juin à Sainte-Marthe, suggérant à la lumière de ces événements un examen de conscience personnel.

«Chez ces deux personnes — prenons Tobie et Sara — il y a de mauvais moments et de bons moments, comme dans toute vie.» Tout d’abord, «il y a de mauvais moments: Tobie est persécuté, il est moqué, il est insulté» et même «insulté par sa femme» Anne, qui certes «n’était pas une femme méchante, elle travaillait pour mener de l’avant leur foyer parce qu’il était aveugle, il était devenu aveugle.»

C’est «un mauvais moment qui ne s’explique pas.» Et ainsi, aussi bien Anne que Sara souffraient, parce qu’«elle aussi avait été insultée» et, bien qu’étant très jeune, elle voulait même se pendre. «Toutes les deux, dans ces mauvais moments, ont demandé la mort»: Tobie lui-même l’a fait, constatant combien tout était «noir, obscur, sombre.»

«Nous sommes tous passés par de mauvais moments, forts: pas aussi forts que celui-ci, mais nous savons ce que l’on ressent dans un moment sombre, dans un moment de douleur, dans un moment de difficultés». Mais «Sara pense: “Si je me pends, est-ce que je ferai souffrir mes parents?” et elle s’arrête et prie.»

A son tour, «Tobie dit: “C’est ma vie, allons de l’avant” et il prie». Voilà précisément «l’attitude qui nous sauve dans les moments difficiles: la prière». Ainsi que «la patience, car ils sont tous les deux patients avec leur propre douleur.»

Et également «l’espérance que Dieu nous écoute et fasse passer ces mauvais moments.» Mais «il y a également de beaux moments dans l’histoire de ces deux personnes». En effet, leur histoire, «avons-nous entendu, finit bien.»

L’attitude de Tobie et Sara a donné à François l’occasion de proposer un examen de conscience personnel. «Je me demande, et cette question nous la posons à nous tous: est-ce que, dans les mauvais moments et dans les bons moments je sais discerner ce qui se passe dans mon âme, est-ce que je sais comprendre ce qui arrive? Et dans les mauvais moments, est-ce que je sais que c’est la croix et qu’il n’y a pas d’explication, même si cela semble une malédiction?»

Précisément «dans ces moments, est-ce que je réussis à prier, à prendre patience et à avoir au moins un peu d’espérance?» Et aussi : «Dans les bons moments, est-ce que je laisse entrer la joie dans mon cœur, mais cette joie qui appartient à Dieu, qui te conduit à remercier Dieu, ou est-ce que je tombe dans la vanité et je crois que toute la vie est ainsi ?»

«Lorsque nous lirons ce livre pendant le week-end, demandons la grâce de savoir discerner ce qui se passe dans les mauvais moments de notre vie, et comment aller de l’avant, et ce qui se passe dans les bons moments, et de ne pas nous laisser tromper par la vanité.»

le Notre Père, prière chrétienne par excellence

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 7 juin 2017


Frères et sœurs,

Il y avait quelque chose de fascinant dans la prière de Jésus, si fascinant qu’un jour ses disciples ont demandé à y être introduits. Les Évangélistes ont documenté ce mystère du Christ.Les disciples de Jésus ont été impressionnés par ce fait que lui, surtout le matin et le soir, il se réfugiait dans la solitude et «plongeait» dans la prière. Et pour cela, un jour, ils lui ont demandé de leur enseigner aussi à prier. (cf. Lc 11,1)

C’est alors que Jésus a transmis ce qui est devenu par excellence la prière chrétienne : le « Notre Père ». En fait, Luc, par rapport à Matthieu, nous donne la prière de Jésus d’une manière un peu raccourcie, qui commence par la simple prière : « Père » (v. 2).

Jésus nomme Dieu du nom de « Père », résumé de toute prière chrétienne. Nous serions tentés d’utiliser un titre plus élevé et plus conforme à la transcendance divine. Mais le mot « Père » nous établit dans une relation de confiance avec lui ; comme un enfant qui se sait aimé de lui.

C’est la grande révolution que le christianisme introduit dans la psychologie religieuse de l’homme. Le mystère de Dieu, devant qui nous sommes si petits, ne nous fait plus peur ; mais nous avons parfois du mal à l’accepter. Dieu est Père, mais à sa manière, un père bon, sans défense face au libre arbitre de l’homme, qui n’applique pas les critères de la justice humaine, mais qui a besoin de pardonner, capable seulement de décliner le mot « aimer ».

Ainsi, que nous soyons au loin, hostiles ou que nous nous proclamions sans Dieu, nous ne sommes jamais seuls. Cette certitude est la source de notre espérance : en toute circonstance nous avons un Père qui nous regarde avec amour et ne nous abandonne pas.

Maintenant, je vais vous faire une proposition : tout le monde a tant de problèmes et tant de besoins. Réfléchissons un peu en silence à ces problèmes et ces besoins. Pensons aussi au Père, à notre Père, qui ne peut être sans nous, et qui en ce moment nous regarde. Et tous ensemble, avec confiance et espérance, prions: « Notre Père, qui es aux cieux … »

***

Que l’Esprit-Saint nous introduise dans la prière de Jésus. Osons entrer dans une véritable relation filiale, d’amour et de confiance avec Dieu notre Père, une relation qui exclue toute crainte et toute angoisse : nous ne nous sentirons plus jamais seuls et notre vie en sera transformée.

Que Dieu vous bénisse !


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