Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Marie, Mère de l’espérance

Blason de la ville de Fatima

«Pèlerins d’espérance et de paix : que vos mains unies en prière continuent de soutenir mes prières».

Place Saint-Pierre, ce mercredi 10 mai 2017, le Pape demande aux fidèles de langue portugaise de s’unir à lui. Vendredi et samedi, il se rendra en pèlerinage à Fatima, au Portugal «pour confier à la Vierge les sorts temporel et éternel de l’humanité et implorer, par son intercession, les bénédictions du Ciel.» Il prie pour que «la plus grande et la meilleure des Mères veille sur chacun, tous les jours jusqu’à l’éternité.»

Deux jours avant son déplacement dans le sanctuaire marial portugais, le Pape a dédié sa catéchèse, lors de l’audience générale et dans le cadre de son cycle sur l’espérance chrétienne, à la figure de Marie, la Mère de l’espérance. «Elle nous enseigne la vertu de l’attente confiante, même quand tout est privé de sens.»

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 10 mai 2017


 Frères et sœurs, dans notre itinéraire de catéchèse sur l’espérance chrétienne, aujourd’hui, nous regardons Marie, Mère de l’espérance. Marie a connu plus d’une nuit sur son chemin de mère.

Dès sa première apparition dans l’histoire des Évangiles, sa figure se profile comme celle d’un personnage de drame. Il était simple de répondre par « oui » à l’invitation de l’ange: mais elle, femme encore dans la fleur de la jeunesse, répond avec courage,  ne sachant rien du destin qui l’attendait.

Marie, en cet instant, nous apparaît comme une de toutes ces mères du monde, courageuses jusqu’à l’extrême quand il s’agit d’accueillir en elle l’histoire d’un homme nouveau qui naît.

Marie n’est pas une femme qui déprime face aux incertitudes de la vie, en particulier quand tout semble aller de travers. Ce n’est pas non plus une femme qui proteste avec violence, qui fulmine contre le destin de la vie quand il prend un tour hostile.

C’est une femme qui médite chaque parole et chaque évènement dans son cœur, qui écoute et qui accueille l’existence telle qu’elle se livre, avec ses jours heureux et avec ses drames.

Et, à l’heure de la nuit la plus extrême, quand son Fils est cloué sur le bois de la croix, les évangiles nous disent qu’elle « restait » là, au pied de la croix, par fidélité au projet de Dieu dont elle s’est proclamée la servante et avec son amour de mère qui souffre.

Elle est là encore pour accompagner les premiers pas de l’Église, dans la lumière de la Résurrection, au milieu des disciples tellement fragiles. C’est pour tout cela que nous l’aimons comme Mère, parce qu’elle nous enseigne la vertu de l’attente confiante, même quand tout semble privé de sens.

Que Marie, la Mère de l’espérance que Jésus nous a donnée à tous, puisse toujours soutenir nos pas, dans les moments difficiles. Qu’elle nous aide à garder confiance dans l’amour de Dieu, aux jours heureux comme aux jours plus douloureux et qu’elle puisse toujours s’adresser à nos cœurs en disant : lève-toi et regarde devant toi, regarde l’horizon. Que Dieu vous bénisse !


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À Antioche les premiers chrétiens dociles à l’Esprit Saint

Ce furent les laïcs, «dispersés par la persécution déchaînée après le martyre d’Étienne», qui apportèrent «la parole aux païens d’Antioche», où «pour la première fois ils furent appelés ‘chrétiens’», obtenant ensuite la voie libre et l’encouragement de la communauté des apôtres de Jérusalem à travers Barnabé.

Sainte Louise de Marillac , fondatrice avec Saint Vincent de Paul des Filles de la Charité

Et le secret de cette première évangélisation extraordinaire a été «la docilité à l’Esprit Saint pour accueillir et annoncer la parole», a dit le Pape lors de la Messe dans la matinée du mardi 9 mai, en invitant à prier aujourd’hui aussi précisément «pour Antioche»(Syrie).

Il a offert la célébration «pour les sœurs de la Maison Sainte-Marthe» — les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul — qui rappellent «le jour de leur fondatrice, sainte Louise de Marillac.»

Une persécution, donc, après «le martyre d’Étienne» qui «a reproché tant de fois — tant de fois! — leur dureté de cœur aux chefs, aux docteurs de la loi.» Et «la parole la plus forte» qu’Étienne «répétait sans cesse» était précisément: «Vous avez résisté à l’Esprit Saint»: commis le péché, en somme, de «résister à l’Esprit Saint, de faire résistance à l’Esprit Saint.»

«Aujourd’hui les lectures nous parlent d’une autre attitude, une attitude contraire: la docilité à l’Esprit Saint, qui est l’attitude des chrétiens.» Et ainsi, d’après les Actes des apôtres, «je me demande: est-ce que ces personnes qui ont été jusqu’en Phénicie, à Chypre, à Antioche, “ne proclamaient la parole à personne en dehors des juifs”» parce qu’elles «avaient encore cette mentalité, que le salut était pour les juifs?»

On lit cependant dans le texte: «Mais certains d’entre eux, des gens de Chypre et de Cyrène, arrivés à Antioche, commencèrent à parler aussi aux Grecs, en annonçant que Jésus est le Seigneur. Et la main du Seigneur — l’Esprit du Seigneur — était avec eux». Et ainsi «un grand nombre crut et se convertit au Seigneur», comme le rapportent les Actes.

Ces chrétiens «ont fait le pas d’annoncer Jésus Christ aux païens avec naturel, parce qu’ils sentaient que l’Esprit poussait à cela: ils ont été dociles». Donc «ce sont des laïcs qui ont apporté la parole, après la persécution, parce qu’ils avaient cette docilité à l’Esprit Saint.»

A cet égard «je voudrais aujourd’hui dire quelque chose sur cette docilité». L’apôtre Jacques, «dans le premier chapitre de sa lettre, nous conseille d’accueillir avec docilité la parole, de la recevoir comme elle vient: la parole qui apporte l’Esprit». Ouvrir son cœur, la recevoir, la laisser entrer comme la semence qui ensuite germera.»

Une fois la parole accueillie, «on l’approfondit un peu» et «le deuxième pas est de connaître la parole: connaître la parole et connaître Jésus.» «Ils me connaissent et me suivent» dit le Seigneur, comme on le lit dans l’Évangile de Jean (10, 22-30) proposé par la liturgie.

«Et ensuite, un troisième pas est la familiarité avec la parole.» Il est en effet important «d’apporter toujours avec nous la parole, de la lire, d’ouvrir notre cœur à la parole, d’ouvrir le cœur à l’Esprit qui est celui qui nous fait comprendre la parole.»

La bonne voie est donc «de recevoir avec docilité la parole, de connaître la parole et de demander à l’Esprit la grâce de la faire connaître». Et «ensuite de faire place pour que cette semence germe et grandisse dans des attitudes de bonté, de douceur, de bienveillance, de paix, de charité, de maîtrise de soi: tout ce qui fait le style chrétien.»

Les Actes des apôtres nous disent que «quand la nouvelle de ces gens qui, venus de Chypre et de Cyrène, annonçaient la parole aux païens, parvint à Jérusalem, eux aussi eurent un peu peur et ils envoyèrent Barnabé à Antioche. Quand celui-ci arriva et vit la grâce de Dieu, il se réjouit et exhortait tout le monde à rester, d’un cœur résolu, fidèle au Seigneur.»

Barnabé, rapportent encore les Actes, était «un ‘homme vertueux et rempli d’Esprit Saint’.» Ainsi, «il y a l’Esprit qui nous guide pour ne pas nous tromper, à accueillir avec docilité l’Esprit, à connaître l’Esprit dans la parole et à vivre selon l’Esprit.»

Il convient de nous demander «si nous résistons à l’Esprit», si «nous lui faisons résistance ou si nous l’accueillons avec docilité, tel est le terme de Jacques: ‘accueillir avec docilité’.» On pourrait dire, en synthèse, «résistance contre docilité»  en demandant la grâce d’être dociles. «Cela s’est précisément passé dans la ville d’Antioche, où on nous a donné notre nom: c’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés ‘chrétiens’. C’est beau, mais prions pour Antioche.»

Le Dieu des surprises

Songe de Saint Pierre à Joppé – église Saint Pierre – Bordeaux

Il n’a pas manqué à Pierre le courage de se laisser surprendre par les nouveautés de l’Esprit Saint pour rompre les rigidités du «on a toujours fait comme cela», sans craindre de susciter le «scandale» ou de manquer à sa mission de «pierre». Mais avec la liberté de «ne pas empêcher la grâce de Dieu» et de ne pas « faire taire le vacarme que fait l’Esprit quand il vient dans l’Église. »

En suggérant de demander au Père « la grâce du discernement », le Pape François, lors de la Messe célébrée le lundi 8 mai à Sainte-Marthe au Vatican, a invité à ne pas commettre « le péché de résister à l’Esprit Saint. »

« En ces semaines, dans les Actes des Apôtres (11, 1-8), on voit la communauté chrétienne en mouvement ; et ce qui pousse la communauté est l’Esprit Saint. »

« L’Esprit est le don de Dieu, de ce Dieu, notre Père, qui nous surprend toujours : le Dieu des surprises. » Et cela « parce que c’est un Dieu vivant, c’est un Dieu qui habite en nous, un Dieu qui meut notre cœur, un Dieu qui est dans l’Église et qui marche avec nous ; et sur ce chemin, il nous surprend toujours. »

C’est pourquoi, « de même qu’il a eu la créativité de créer le monde, ainsi, il a la créativité de créer des choses nouvelles tous les jours. » Mais « les apôtres, les frères qui étaient en Judée apprirent que les païens également avait accueilli la parole de Dieu. »

« Comment cela peut-il se faire ? On voit que Pierre et les autres se sont trompés, ils sont allés trop loin en cherchant une nouveauté ! » Et ainsi « a commencé la méfiance. » Au point que « quand Pierre est monté à Jérusalem, les fidèles circoncis le réprimandaient en disant : ‘tu es entré dans une maison d’hommes non circoncis et tu as mangé avec eux !’ »

Pour sa part, lit-on dans les Actes, « Pierre raconte ce qui est arrivé et, en toute simplicité, cette vision du ciel ». Puis, il parle également de ces « hommes qui lui demandent d’aller dans la maison de ce païen. »

Et précisément « quand il parlait avec eux, l’Esprit descendit, bouleversa tout et Pierre baptise : il comprend le signe de Dieu, il est capable de prendre une décision courageuse, il est capable d’accueillir la surprise de Dieu. »

« Si donc Dieu leur a donné le même don qu’il nous a donné à nous, pour avoir cru dans le Seigneur Jésus Christ, qui étais-je moi pour empêcher Dieu ? » Cela « est précisément la parole de l’instrument apostolique, de l’apôtre qui se sent instrument de Dieu : mais qui suis-je pour arrêter la grâce de Dieu, pour faire taire le vacarme que fait l’Esprit, lorsqu’il vient dans l’Église ? »

Ainsi, précisément « devant tant de surprises du Seigneur – après cela, les apôtres doivent se réunir et discuter et parvenir à un accord pour faire le pas en avant que le Seigneur veut – devant tant de choses », le Pape François a proposé « deux mots », que « j’ai envie de dire. »

« Toujours, depuis l’époque des prophètes à aujourd’hui, il existe le péché de résister à l’Esprit Saint : la résistance à l’Esprit » Et « cela est le péché que reproche Étienne précisément aux membres du sanhédrin : la résistance à l’Esprit Saint », précisément « la fermeture à la voix de Dieu. »

« La fermeture, la résistance à l’Esprit Saint » a lieu à travers également « cette phrase qui ferme toujours, qui te ferme : ‘On a toujours fait comme cela’. » Mais cette façon de faire « tue : elle tue la liberté, elle tue la joie, elle tue la fidélité à l’Esprit Saint qui agit toujours en avant, en menant l’Église de l’avant. »

Du reste, « comment puis-je savoir si une chose est de l’Esprit Saint ou est de la mondanité, de l’esprit du monde ou est de l’esprit du diable ? »

L’unique façon est « demander la grâce du discernement ». En effet, « l’instrument que l’Esprit même donne est le discernement : discerner, en tout cas, comment on doit faire ». Et « c’est ce qu’ont fait les apôtres : ils se sont réunis ont parlé et ont vu que c’était la voie de l’Esprit Saint. »

« On pourrait penser que ces païens étaient des pécheurs et damnés et puis ils ont changé, la foi change ? » Non, est la réponse, « la foi ne change jamais, la foi est la même, mais elle est en mouvement, elle croît, elle s’étend. »

A ce propos, « un vieux moine du Ve siècle, saint Vincent de Lérins, a dit ce mot : ‘Les vérités de l’Église vont de l’avant, elles se consolident avec les années, elles se développent avec le temps, elles s’approfondissent avec l’âge. » Et cela « afin qu’elles soient plus fortes avec le temps, avec les années, qu’elles s’étendent avec le temps et qu’elles soient plus élevées avec l’âge de l’Église. »

En conclusion, le Pape a invité à demander « au Seigneur la grâce du discernement pour ne pas se tromper de chemin et ne pas tomber dans l’immobilité, dans la rigidité, dans la fermeture du cœur. »

Source : Osservatore Romano