À Antioche les premiers chrétiens dociles à l’Esprit Saint

Ce furent les laïcs, «dispersés par la persécution déchaînée après le martyre d’Étienne», qui apportèrent «la parole aux païens d’Antioche», où «pour la première fois ils furent appelés ‘chrétiens’», obtenant ensuite la voie libre et l’encouragement de la communauté des apôtres de Jérusalem à travers Barnabé.

Sainte Louise de Marillac , fondatrice avec Saint Vincent de Paul des Filles de la Charité

Et le secret de cette première évangélisation extraordinaire a été «la docilité à l’Esprit Saint pour accueillir et annoncer la parole», a dit le Pape lors de la Messe dans la matinée du mardi 9 mai, en invitant à prier aujourd’hui aussi précisément «pour Antioche»(Syrie).

Il a offert la célébration «pour les sœurs de la Maison Sainte-Marthe» — les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul — qui rappellent «le jour de leur fondatrice, sainte Louise de Marillac.»

Une persécution, donc, après «le martyre d’Étienne» qui «a reproché tant de fois — tant de fois! — leur dureté de cœur aux chefs, aux docteurs de la loi.» Et «la parole la plus forte» qu’Étienne «répétait sans cesse» était précisément: «Vous avez résisté à l’Esprit Saint»: commis le péché, en somme, de «résister à l’Esprit Saint, de faire résistance à l’Esprit Saint.»

«Aujourd’hui les lectures nous parlent d’une autre attitude, une attitude contraire: la docilité à l’Esprit Saint, qui est l’attitude des chrétiens.» Et ainsi, d’après les Actes des apôtres, «je me demande: est-ce que ces personnes qui ont été jusqu’en Phénicie, à Chypre, à Antioche, “ne proclamaient la parole à personne en dehors des juifs”» parce qu’elles «avaient encore cette mentalité, que le salut était pour les juifs?»

On lit cependant dans le texte: «Mais certains d’entre eux, des gens de Chypre et de Cyrène, arrivés à Antioche, commencèrent à parler aussi aux Grecs, en annonçant que Jésus est le Seigneur. Et la main du Seigneur — l’Esprit du Seigneur — était avec eux». Et ainsi «un grand nombre crut et se convertit au Seigneur», comme le rapportent les Actes.

Ces chrétiens «ont fait le pas d’annoncer Jésus Christ aux païens avec naturel, parce qu’ils sentaient que l’Esprit poussait à cela: ils ont été dociles». Donc «ce sont des laïcs qui ont apporté la parole, après la persécution, parce qu’ils avaient cette docilité à l’Esprit Saint.»

A cet égard «je voudrais aujourd’hui dire quelque chose sur cette docilité». L’apôtre Jacques, «dans le premier chapitre de sa lettre, nous conseille d’accueillir avec docilité la parole, de la recevoir comme elle vient: la parole qui apporte l’Esprit». Ouvrir son cœur, la recevoir, la laisser entrer comme la semence qui ensuite germera.»

Une fois la parole accueillie, «on l’approfondit un peu» et «le deuxième pas est de connaître la parole: connaître la parole et connaître Jésus.» «Ils me connaissent et me suivent» dit le Seigneur, comme on le lit dans l’Évangile de Jean (10, 22-30) proposé par la liturgie.

«Et ensuite, un troisième pas est la familiarité avec la parole.» Il est en effet important «d’apporter toujours avec nous la parole, de la lire, d’ouvrir notre cœur à la parole, d’ouvrir le cœur à l’Esprit qui est celui qui nous fait comprendre la parole.»

La bonne voie est donc «de recevoir avec docilité la parole, de connaître la parole et de demander à l’Esprit la grâce de la faire connaître». Et «ensuite de faire place pour que cette semence germe et grandisse dans des attitudes de bonté, de douceur, de bienveillance, de paix, de charité, de maîtrise de soi: tout ce qui fait le style chrétien.»

Les Actes des apôtres nous disent que «quand la nouvelle de ces gens qui, venus de Chypre et de Cyrène, annonçaient la parole aux païens, parvint à Jérusalem, eux aussi eurent un peu peur et ils envoyèrent Barnabé à Antioche. Quand celui-ci arriva et vit la grâce de Dieu, il se réjouit et exhortait tout le monde à rester, d’un cœur résolu, fidèle au Seigneur.»

Barnabé, rapportent encore les Actes, était «un ‘homme vertueux et rempli d’Esprit Saint’.» Ainsi, «il y a l’Esprit qui nous guide pour ne pas nous tromper, à accueillir avec docilité l’Esprit, à connaître l’Esprit dans la parole et à vivre selon l’Esprit.»

Il convient de nous demander «si nous résistons à l’Esprit», si «nous lui faisons résistance ou si nous l’accueillons avec docilité, tel est le terme de Jacques: ‘accueillir avec docilité’.» On pourrait dire, en synthèse, «résistance contre docilité»  en demandant la grâce d’être dociles. «Cela s’est précisément passé dans la ville d’Antioche, où on nous a donné notre nom: c’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés ‘chrétiens’. C’est beau, mais prions pour Antioche.»