Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Garder la foi malgré les guerres, la maladie et la haine dans le monde

La Résurrection du Christ – détail – par Carl Heinrich Bloch (1834-1890)

Ce dimanche 16 avril, Place Saint-Pierre, à Rome, le Pape François a présidé la Messe de Pâques, une célébration toute en solennité et en recueillement pour célébrer la Résurrection du Christ. Dans son homélie , le Pape a repris cette annonce de la Résurrection, que l’Église renouvelle depuis 2 000 ans.

Pierre, Jean et les saintes femmes sont allés au tombeau le cœur serré par la tristesse, la confusion, la défaite. «Leur maitre, celui qu’ils aimaient tant est mort. Et de la mort, personne ne revient». Mais l’Ange leur dit : «Il n’est pas ici, il est ressuscité !»

«Mais si le Seigneur est ressuscité, pourquoi de telles choses ? Pourquoi les maladies, le trafic d’êtres humains, l’esclavage, la destruction, les mutilations, la vengeance, la haine… Mais où est le Seigneur ?»

La souffrance demeure un mystère, mais «l’Église ne cesse jamais de dire, face à nos défaites, à nos cœurs fermés et effrayés,Arrêtez ! Jésus est ressuscité !’ Ce n’est pas une invention, une fête avec des fleurs. C’est le mystère de la pierre rejetée, et qui finit par devenir le fondement de notre existence», référence à un verset du psaume 117, «la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle.»

«Dans cette culture du rejet, où tout ce qui n’est pas utile est jeté, cette pierre rejetée -Jésus – est source de Vie, et nous, petits cailloux sur cette terre de douleur, de tragédies, avec la foi en Jésus ressuscité, nous devons regarder au-delà. Il n’y a pas un mur, mais un horizon qui s’ouvre devant vous. Il y a de la vie, il y a de la joie, il y a la croix au milieu de cette ambivalence. Regardez en avant, ne vous fermez pas sur vous-même. Les petits cailloux ont un sens», près de cette pierre angulaire qu’est le Christ.

Il ne s’agit pas d’évacuer les problèmes du quotidien, de ne pas penser à ceux de nos proches, aux guerres, mais de se dire tout simplement : «Je ne sais pas pourquoi cela arrive, mais je suis sûr que le Christ est ressuscité, et je parie sur cela.»

« Frères et sœurs, voilà ce que j’avais envie de vous dire. Rentrez chez vous et répétez dans votre cœur : ‘Christ est ressuscité’ ».

Le message Urbi et Orbi du Pape François pour Pâques 2017

Comme c’est la tradition à Noël et à Pâques, le Pape a prononcé ce dimanche midi la traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi, «à la Ville et au Monde», depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, pour que la Résurrection du Christ soit un signe de paix pour tous les peuples.

Message Urbi et Orbi

Dimanche de Pâques

16 avril 2017

Chers frères et sœurs,

Bonne fête de Pâques !

Aujourd’hui, dans le monde entier, l’Église renouvelle l’annonce pleine d’étonnement des premiers disciples : «Jésus est ressuscité ! »- «Il est vraiment ressuscité, comme il l’avait dit !»

L’antique fête de Pâques, mémorial de la libération du peuple hébreu de l’esclavage, atteint ici son accomplissement : par sa résurrection, Jésus Christ nous a libérés de l’esclavage du péché et de la mort et nous a ouvert le passage vers la vie éternelle.

Nous tous, quand nous nous laissons dominer par le péché, nous perdons la bonne route et nous allons errant comme des brebis égarées. Mais Dieu même, notre Pasteur, est venu nous chercher, et pour nous sauver, il s’est abaissé jusqu’à l’humiliation de la croix. Et aujourd’hui, nous pouvons proclamer : «Il est ressuscité le bon Pasteur qui pour son troupeau est allé à la rencontre de la mort, alléluia !» (Missel Romain, IV° dimanche de Pâques, Antienne de la communion).

À travers les temps, le Pasteur ressuscité ne se lasse pas de nous chercher, nous ses frères égarés dans les déserts du monde. Et par les signes de la Passion – les blessures de son amour miséricordieux – il nous attire sur son chemin, le chemin de la vie. Aujourd’hui aussi, Il prend sur ses épaules beaucoup de nos frères et sœurs opprimés par le mal sous ses différentes formes.

Le Pasteur Ressuscité va chercher celui qui est égaré dans les labyrinthes de la solitude et de la marginalisation ; il va à sa rencontre à travers des frères et des sœurs qui savent s’approcher avec respect et tendresse et faire entendre à ces personnes sa voix, une voix jamais oubliée, qui les rappelle à l’amitié avec Dieu.

Il prend en charge tous ceux qui sont victimes des anciens et des nouveaux esclavages : travaux inhumains, trafics illicites, exploitation et discrimination, graves dépendances. Il prend en charge les enfants et les adolescents qui sont privés de leur insouciance pour être exploités ; et qui a le cœur blessé par les violences subies à l’intérieur des murs de sa propre maison.

Le Pasteur Ressuscité se fait compagnon de route de tous ceux qui sont contraints de laisser leur terre à cause de conflits armés, d’attaques terroristes, de famines, de régimes oppressifs. A ces migrants forcés, il fait rencontrer des frères sous tous les cieux, pour partager le pain et l’espérance sur le chemin commun.

Dans les histoires complexes et parfois dramatiques des peuples, que le Seigneur Ressuscité guide les pas de qui cherche la justice et la paix ; et qu’il donne aux responsables des Nations le courage d’éviter l’expansion des conflits et d’arrêter le trafic des armes.

En ces temps, de façon particulière, qu’il soutienne les efforts de tous ceux qui s’emploient activement à apporter soulagement et réconfort à la population civile en Syrie martyrisée, victime d’une guerre qui ne cesse pas de semer horreur et mort. Encore hier, un dernier et ignoble attentat contre les réfugiés en fuite a provoqué de nombreux morts et blessés. Qu’il donne la paix à tout le Moyen Orient, à commencer par la Terre sainte, comme aussi en Irak et au Yémen.

Que la proximité du Bon Pasteur ne manque pas aux populations du Soudan du Sud, du Soudan, de la Somalie et de la République Démocratique du Congo, qui souffrent de conflits qui se perpétuent, aggravés par la très sérieuse famine qui frappe certaines régions de l’Afrique.

Que Jésus ressuscité soutienne les efforts de tous ceux qui, spécialement en Amérique latine, s’engagent à garantir le bien commun des sociétés, parfois marquées de tensions politiques et sociales qui dans certains cas aboutissent à la violence.

Qu’on puisse construire des ponts de dialogue, en persévérant dans la lutte contre la plaie de la corruption et dans la recherche de solutions valables et pacifiques aux controverses, pour le progrès et la consolidation des institutions démocratiques, dans le plein respect de l’État de droit.

Que le Bon Pasteur aide la bien-aimée terre d’Ukraine, encore affligée par un conflit sanglant, à retrouver la concorde et accompagne les initiatives en vue d’adoucir les drames de tous ceux qui en souffrent des conséquences.

Que le Seigneur ressuscité, qui ne cesse pas de combler le continent européen de sa bénédiction, donne espérance à tous ceux qui traversent des moments de crise et de difficultés, spécialement en raison du manque de travail surtout pour les jeunes.

Chers frères et sœurs, cette année comme chrétiens de toute confession, nous célébrons ensemble la Pâque. Ainsi, d’une seule voix dans chaque partie de la terre résonne l’annonce la plus belle : «Le Seigneur est vraiment ressuscité, comme il l’avait dit !». Il a vaincu les ténèbres du péché et de la mort, qu’il donne la paix à notre temps.

Bonne fête de Pâques !»

le frémissement du Ressuscité, Christ est vivant

Le Christ est ressuscité – couverture du livret de la Veillée Pascale 2017 à Saint Pierre de Rome

Le Pape François a présidé en la basilique Saint-Pierre la cinquième veillée pascale depuis son élection en 2013, ce samedi 15 avril 2017 en la basilique Saint-Pierre, à 20h30.

La lumière du Cierge pascal brille également dans la nuit de Rome à Jérusalem, en passant par tous les continents puisque les chrétiens du monde entier, catholiques, orthodoxes et protestants, fêtent la Résurrection du Christ le même jour cette année. C’était déjà le cas en 2014 mais ne se reproduira pas avant le 20 avril 2025.

« Voici ce que cette nuit nous appelle à annoncer: le frémissement du Ressuscité, Christ est vivant! »: c’est l’appel du pape François dans son homélie pour la veillée pascale.

« Comme avec (les saintes femmes), nous sommes entrés dans le sépulcre, ainsi avec elles, je vous invite à aller, à revenir en ville, à revenir sur nos propres pas, sur nos regards. Allons avec elles annoncer la nouvelle, allons… Partout où il semble que le tombeau a eu le dernier mot et où il semble que la mort a été l’unique solution. »

« Allons annoncer, partager, révéler que c’est vrai: le Seigneur est vivant. Il est vivant et veut ressusciter dans beaucoup de visages qui ont enseveli l’espérance, ont enseveli les rêves, ont enseveli la dignité. Et si nous ne sommes pas capables de laisser l’Esprit nous conduire par ce chemin, alors nous ne sommes pas chrétiens. »

« Allons et laissons-nous surprendre par cette aube différente, laissons-nous surprendre par la nouveauté que seul le Christ peut offrir. Laissons sa tendresse et son amour guider nos pas, laissons le battement de son cœur transformer notre faible frémissement. »

Cette dernière étape du Triduum pascal, qui marque l’apogée de la Semaine Sainte, est traditionnellement l’occasion de célébrer des baptêmes d’adultes ou d’enfants ayant accompli un parcours catéchuménal.

Au cours de la veillée le pape a  conféré le baptême à 11 catéchumènes, 5 femmes et 6 hommes, qui ont entre  9 et 50 ans, ils viennent de 8 pays différents: Chine (26 ans), Malaisie (21 ans), États-Unis (31 ans), Malte (12 ans), Albanie (deux frères de 24 et 31 ans), République Tchèque (50 ans), Espagne (19 ans), Italie (9, 22, et 35 ans). Il a aussi donné le sacrement de la Confirmation et la Première Communion aux 10 plus âgés : le petit garçon de 9 ans fera sa Première Communion plus tard, il recevra ensuite la Confirmation.

La célébration s’est achevée par la prière mariale du «Regina Caeli» – «Reine du Ciel, réjouis-toi» – qui caractérise le temps pascal.

En France, cette nuit, plus de 4500 personnes reçoivent aussi le baptême. C’est le signe de l’Église qui se régénère dans la joie de l’annonce de la Résurrection du Seigneur. La Veillée pascale, tout à fait centrale dans l’Année liturgique, est relativement récente sous sa forme actuelle. Cette célébration existait dans l’Église antique.  En 1951 le Pape Pie XII en a rétabli l’usage.

Le rite du passage de l’obscurité à la lumière est l’occasion d’une forme de rapprochement avec les Églises orientales qui accordent une grande importance à cette symbolique, notamment les coptes. Frappés par des attentats en Égypte dimanche 9 avril 2017, jour de la fête des Rameaux, les coptes sont particulièrement présents dans la prière des chrétiens en cette Veillée pascale, tout juste deux semaines avant la visite du Pape François au Caire.

Homélie compète du pape François
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