Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

invités constamment à guérir

Croire en Jésus et prendre la vie comme elle est, et aller de l’avant avec joie, sans se lamenter, sans se laisser paralyser par le mauvais péché de l’acédie : Tel est le sujet de l’homélie du Pape lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, ce 28 mars 2017.

Au centre de l’homélie du Pape, l’Évangile du paralytique guéri par Jésus. Un homme malade depuis 38 ans gisait au bord d’une piscine à Jérusalem, appelée en hébreu Bethesda, avec cinq portiques sous lesquels il y avait un grand nombre de malades, aveugles, boiteux et paralytiques. On disait que quand un ange descendait et remuait les eaux, les premiers qui s’immergeaient étaient guéris. Jésus, en voyant cet homme, lui dit : « veux-tu guérir ? »

«C’est beau, Jésus nous dit toujours : « veux-tu guérir ? Veux-tu être heureux ? Veux-tu améliorer ta vie ? Veux-tu être rempli de l’Esprit Saint? Veux-tu guérir ? » Ces parole de Jésus…. Tous les autres qui étaient là, malades, aveugles, boiteux, paralytiques, auraient dit : “Oui, Seigneur, oui”. Mais celui-ci, un homme étrange, répond à Jésus : « Seigneur, je n’ai personne qui m’immerge dans la piscine quand l’eau s’agite, quand je suis sur le point d’y aller un autre descend avant moi. »»

Cet homme était comme l’arbre planté le long du cours d’eau, dont parle le premier Psaume, «mais qui avait les racines sèches», et «ces racines n’arrivaient pas à l’eau, ne pouvaient pas être sauvées par l’eau.»

«Ceci se comprend à partir de l’attitude, des lamentations, et aussi toujours en cherchant de donner la culpabilité à l’autre : « Mais ce sont toujours les autres qui passent avant moi, moi je suis un pauvre ici depuis 38 ans… » Ceci est un mauvais péché, le péché de l’acédie. Cet homme était malade non pas tellement de la paralysie mais de l’acédie, qui est pire que d’avoir le cœur tiède.» C’est vivre sans «avoir la volonté d’aller de l’avant, ne pas avoir la volonté de faire quelque chose dans la vie, avoir perdu la mémoire de la joie. Cet homme ne connaissait pas la joie, même pas de nom, il l’avait perdue. Ceci est le péché. C’est une mauvaise maladie. “Mais moi je suis bien comme ça, je me suis habitué…Mais la vie a été injuste avec moi. » Et on voit le ressentiment, l’amertume de ce cœur.»

«Jésus ne le réprouve pas, mais lui dit : « Relève-toi, prend ton grabat, et marche. » Le paralytique guérit, mais puisque c’est samedi, les docteurs de la Loi lui disent qu’il n’est pas licite de porter le grabat, et lui demandent qui l’a guéri en cette journée. « Cela va contre le code, cet homme n’est pas de Dieu. »» Le paralytique n’avait même pas dit merci à Dieu, il ne lui avait même pas demandé son nom. «Il s’est levé avec cette acédie» qui fait «vivre parce que l’oxygène est gratuit», qui fait «vivre toujours en regardant les autres qui sont plus heureux que moi», et «dans la tristesse», en oubliant la joie.

L’acédie est «un péché qui paralyse, qui nous rend paralytiques. Elle ne nous laisse pas cheminer. Aujourd’hui aussi le Seigneur regarde chacun de nous, nous tous nous avons des péchés, mais en regardant ce péché il nous dit : « Lève-toi. »»

«Aujourd’hui le Seigneur dit à chacun de nous : « Lève-toi, prend ta vie comme elle est, belle, mauvaise comme elle est, et va de l’avant. N’aie pas peur, avance avec ton grabat. » « Mais Seigneur, ce n’est pas le dernier modèle ! » « Mais avance! Peut-être avec ce grabat moche, mais avance! C’est ta vie, c’est ta joie. » “Veux-tu guérir ?”, première demande que nous fait aujourd’hui le Seigneur… “Oui, Seigneur. » « Lève-toi. »»

«Et dans l’antienne au début de la messe, il y avait ce début tellement beau : « Vous qui avez soif, venez vers les eaux – elles sont gratuites, il n’y a pas besoin de payer -, et désaltérez-vous avec joie. » Et si nous, nous disons au Seigneur « Oui, je veux guérir. Oui, Seigneur, aide-moi, moi qui veux me lever », alors nous saurons comment est la joie du salut.»

faire confiance à la vraie lumière du Christ

aveugle-né Basilique Saint-Apollinaire Ravenne Italie

Le Pape François, ce 26 mars quatrième dimanche du Carême, s’est adressé aux fidèles pour la prière de l’Angélus Place Saint-Pierre à Rome, les invitant à faire confiance à Jésus, vraie « lumière du monde », et non aux fausses lumières qui nous éloignent du prochain.

Il s’est concentré sur l’Évangile du jour dans lequel Jésus redonne la vue à un homme aveugle de naissance. À travers ce miracle, le Christ se manifeste comme la «lumière du monde».

Cet épisode pousse à réfléchir «à notre foi dans le Christ, fils de Dieu, et en même temps, fait référence au baptême, qui est le premier sacrement de la foi, celui qui fait venir la lumière», grâce à la «renaissance de l’eau et de l’Esprit saint». C’est ainsi que «chacun de nous est illuminé à travers le baptême.»

Cet homme aveugle de naissance, sans nom «nous représente nous-même, quand nous ne réalisons pas que Jésus est la lumière du monde, quand on regarde ailleurs, quand on préfère compter sur les petites lumières, quand on tâtonne dans l’obscurité.» «Nous aussi nous avons été éclairés par le Christ dans le baptême, et nous sommes appelés à nous comporter comme des enfants de lumière.»

Ce baptême exige de choisir «de marcher dans la lumière», c’est-à-dire d’abord d’abandonner les «fausses lumières, celles des préjugés qui déforment la réalité et provoquent de la haine contre ceux qui jugent sans pitié et condamnent sans appel. Ces bavardages sur les autres qui occupent les journées de chacun, c’est marcher dans l’ombre et non dans la lumière.»

«Si nous évaluons les gens et les choses en fonction du critère de notre propre utilité, notre plaisir, notre prestige, nous ne sommes pas dans la vérité dans les relations et les situations.» «La recherche du gain personnel, c’est marcher dans l’ombre.» Le Pape appelle à «un changement radical de mentalité, une capacité de juger les hommes et les choses selon une autre échelle de valeurs, celle qui vient de Dieu.»

«Que la Sainte Vierge, qui a d’abord accueilli Jésus, lumière du monde, nous accordes la grâce d’accueillir à nouveau la lumière de la foi en ce Carême et de redécouvrir le don inestimable du baptême que nous avons tous reçu. Que cette nouvelle illumination nous transforme dans les attitudes et les actions, pour que nous soyons, à partir de notre pauvreté, de notre petitesse, porteurs d’un rayon de la lumière du Christ.»

Après la prière de l’Angélus, devant les fidèles, le Pape a rappelé la béatification, ce samedi 25 mars en Espagne, de 115  martyrs de la guerre civile espagnole. « Ces prêtres, religieux et laïcs ont été les témoins héroïques du Christ et de son Évangile de paix et de réconciliation fraternelle. Leur exemple et leur intercession soutiennent l’engagement de l’Église dans l’édification de la civilisation de l’amour.»

De retour de Milan, le Saint-Père a aussi tenu, ce dimanche, à remercier les Milanais pour l’extraordinaire accueil qu’il a reçu ce samedi 25 mars avec ce dicton « Milan si riceve col coeur in man ! » «Vous m’avez vraiment fait sentir comme à la maison.»

Réjouis-toi, le Seigneur est avec toi

Réjouis-toi, le Seigneur est avec toi

Le Pape François est à Milan, ce samedi 25 mars, jour de l’Annonciation, pour une visite pastorale dans la capitale lombarde.  Il s’est d’abord rendu dans le quartier Forlanini où il a rencontré trois familles dans leurs appartements. Sur l’esplanade des « Case Bianche », un bloc d’immeubles en périphérie de la cité lombarde, le Saint-Père s’est adressé aux résidents.

Puis il s’est rendu au Duomo, la cathédrale, pour s’adresser aux prêtres et séminaristes du diocèse. il a poursuivi sa visite pastorale par la prière de l’Angélus, sur le parvis de la cathédrale et est ensuite allé en fin de matinée à la prison San Vittore où il a déjeuné avec une centaine de détenus. Le repas avait été préparé par les prisonniers. En fin de journée, il a rencontré 45 000 confirmands au stade San Siro, un des plus grands stades d’Europe, soit près de 80 000 personnes avec parents et catéchistes.

Plus tôt en milieu d’après-midi, le Pape a été accueilli par une foule très nombreuse – près d’un million de personnes – pour une messe au parc de Monza. Sous un grand soleil, il y a présidé une concélébration eucharistique en la solennité de l’Annonciation.

Dans son homélie, il a appelé les fidèles à se réjouir, comme Marie, de la venue de Dieu parmi nous, dans notre quotidien. «Nous venons d’écouter l’annonce la plus importante de notre histoire : l’annonciation à Marie.» Il a expliqué comment l’Ange Gabriel nous donne les clés pour propager cette joie, sans crainte.

 le Pape a expliqué dans son homélie que «rien ni personne ne laisse Dieu indifférent», . «La joie du salut a débuté dans la vie quotidienne de la maison d’une jeune de Nazareth» et encore aujourd’hui c’est «dans nos villes, nos écoles et universités que s’accomplit l’annonce la plus belle que nous puissions entendre : “Réjouis-toi, le Seigneur est avec toi !”».

Mais le «rythme vertigineux» auquel nous sommes soumis peut nous voler cette espérance et cette joie,  surtout en ces temps de spéculation. « Comme Marie, nous pouvons nous aussi être pris de désarroi. ‘Comment cela va-t-il se faire’ en des temps si pleins de spéculation ?  On spécule sur la vie, sur le travail, sur la famille. On spécule sur les pauvres et sur les migrants ; on spécule sur les jeunes et sur leur avenir. Tout semble se réduire à des chiffres… Alors que la souffrance frappe à de nombreuses portes, alors qu’en beaucoup de jeunes grandit l’insatisfaction faute de réelles opportunités, la spéculation abonde partout.»

«Quand tout s’accélère pour construire – en théorie – une société meilleure, finalement on n’a de temps pour rien ni pour personne. Nous perdons le temps pour la famille, le temps pour la communauté, nous perdons le temps pour l’amitié, pour la solidarité et pour la mémoire.»

«Comment alors, est-il possible de vivre la joie de l’Évangile aujourd’hui ?» En regardant le présent «avec audace». Il est d’abord nécessaire de «faire mémoire, de regarder notre passé pour ne pas oublier d’où nous venons», tout comme l’Ange évoqua «la promesse faite à David».

Cette mémoire permet à Marie de s’approprier son appartenance au Peuple de Dieu, un «peuple formé de milles visages, histoires et provenances, un peuple multiculturel et multiethnique qui n’a pas peur d’accueillir celui qui en a besoin.»

Voici « trois clés » données par l’Ange Gabriel pour ne pas se décourager : 

La mémoire, pour « ne pas rester prisonniers des discours qui sèment fractures et divisions comme unique façon de résoudre les conflits.

L’appartenance au Peuple de Dieu, « qui n’a pas peur d’embrasser les limites, les frontières… d’accueillir celui qui en a besoin parce qu’il sait que c’est là que son Seigneur est présent.»

Et croire à «la possibilité de l’impossible» : «Quand nous croyons que tout dépend exclusivement de nous, nous restons prisonniers de nos capacités… Quand au contraire nous sommes disposés à nous laisser aider, à nous laisser conseiller, quand nous nous ouvrons à la grâce, il semble que l’impossible commence à devenir réalité.» Car, comme le dit l’Ange : «Rien n’est impossible à Dieu.»