Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Jésus présenté au Temple par ses parents

Duccio_di_Buoninsegna._Maesta_Face_de_la_predelle_Presentation_au_Temple._1308-11._Museo_dell_Opera_del_Duomo_Sienne._jpegQuarante jours après la naissance du Sauveur, la Vierge se rend à Jérusalem pour obéir au précepte du Lévitique, qui prescrivait la purification des mères et le rachat des premiers-nés. Sans doute, cette loi n’obligeait point Marie, car qu’y avait-il de commun entre la souillure, et la chaste épouse du Saint-Esprit ? Mais Marie, malgré sa haute intelligence, ne discute pas les lois de Moïse, elle les observe. Bien loin de manifester au monde le prodige étonnant de sa maternité virginale, elle le couvre d’un triple voile, et veut se perdre humblement dans la foule ; elle se souvient de ses devoirs comme fille de Sion, et néglige pour les remplir ses prérogatives de mère céleste. « La Grâce, dit Saint-Augustin, a élevé Marie au-dessus de la loi ; mais l’humilité l’assujettit à la loi. »

Au moment où Joseph et Marie pénètrent dans l’enceinte sacrée avec les sicles d’argent du rachat et les colombes du sacrifice, un saint vieillard nommé Siméon, auquel il a été divinement révélé qu’il ne mourrait pas qu’auparavant il n’ait vu le Christ, entre dans le parvis par un mouvement de l’esprit de Dieu. A la vue de la sainte Famille, l’œil de l’homme juste devient inspiré ; devinant le Roi Messie sous les pauvres langes de l’enfant du peuple, il le prend dans les bras de sa mère, l’élève à la hauteur de son visage, et se met à le contempler avec saisissement, tandis que des larmes de joie roulent sur ses joues vénérables. « C’est maintenant, Seigneur, s’écrie le pieux vieillard en levant son regard vers le ciel, c’est maintenant que tu laisseras mourir en paix ton serviteur selon ta parole, puisque mes yeux ont vu le Sauveur que tu nous donnes et que tu destines pour être exposé à la vue de tous les peuples, comme la lumière des nations et la gloire d’Israël. » En achevant ces mots, Siméon bénit solennellement les époux, et s’adressant ensuite à Marie après un silence triste et grave, il ajoute que cet enfant, né pour la perte et pour le salut de plusieurs, sera en butte à la perversité des hommes, et que la douleur descendra dans l’âme de sa mère comme la pointe acérée d’un glaive.

A cette lueur inattendue qui jette une clarté sombre sur la grande destinée du Christ, les ignominies, les souffrances et les agonies de la Croix se révèlent tout-à-coup à la Vierge Sainte. Les paroles sinistres de Siméon lui font courber la tête comme un vent d’orage, et son cœur, où se passe une scène muette de martyre, éprouve quelque chose de semblable au contact d’un fer rouge enfoncé lentement dans des chairs vives et saignantes. Mais Marie sait accepter sans murmure tout ce qui lui vient de Dieu et dit ensuite avec douceur en dévorant ses larmes : Seigneur, que ta volonté soit faite !

« Si elle l’avait pu, dit saint Bonaventure, elle eût accepté pour elle-même les tourments et la mort du Christ ; mais pour obéir à Dieu, elle lui fit la grande offrande de la vie de son Fils adoré, dominant, mais avec une souveraine douleur, la tendresse extrême qu’elle lui portait. » En ce moment, il survient une prophétesse nommée Anne, fille de Phanuel de la tribu d’Aser; cette chaste veuve se tenait continuellement dans le temple, servant Dieu nuit et jour, dans le jeûne et dans l’oraison. A la vue de l’Enfant divin, elle se met hautement à louer le Seigneur et à parler de lui à tous ceux qui attendent la Rédemption d’Israël.

« Non-seulement, dit à ce propos saint Ambroise, les anges, les prophètes et les bergers publient la naissance du Sauveur, mais les justes et les anciens d’Israël font éclater cette vérité. L’un et l’autre sexe, jeunes et vieux, autorisent cette croyance que tant de miracles confirment. Une Vierge engendre, une femme stérile enfante, un muet parle, Élisabeth prophétise, le Mage adore, un enfant, même avant de naître, fait sentir sa joie, une veuve confesse cet événement merveilleux, et le juste l’attend. »

Comme la dernière cour du temple est interdite à Marie, et que l’Enfant, à raison de son sexe, doit y être offert au Seigneur, Joseph le porte lui-même dans la salle des premiers-nés, en se demandant si les scènes qui viennent de se passer à l’entrée de Jésus dans la maison sainte se renouvelleront dans le parvis des pontifes hébreux. Mais rien ne décèle l’Enfant-Dieu dans cette partie privilégiée du temple, tout y reste morne sous le rayon naissant du jeune soleil de justice. Un sacrificateur inconnu à Joseph reçoit distraitement des mains calleuses de l’homme du peuple les oiseaux ordonnés par la Loi. Il prend les colombes de Joseph, monte la rampe douce de l’autel des holocaustes, et offre au Seigneur ce simple et pauvre sacrifice.

« Après que Joseph et Marie eurent accompli ce qui était ordonné par la loi du Seigneur, dit saint Luc, ils s’en retournèrent en Galilée, à Nazareth leur ville. »

D’après Matthieu Orsini

Jamais seuls devant la mort

25 janvier 2014 source : L’Osservatore Romano

Les évêques français et le débat sur l’euthanasie

L’expérience de la mort est un moment de la vie qui doit rester, jusqu’à la fin, inséré dans un lien social, solidaire, avec d’autres êtres humains. Légiférer en cette matière doit sauvegarder cet objectif. C’est pourquoi nous devons abandonner l’idée d’une réponse technique à donner à un problème “à résoudre”.

Une loi n’évitera pas — le contraire serait dramatique pour la condition humaine — le débat moral entre personnel soignant,  souffrance des familles. La confrontation avec la mort est, quoi qu’il en soit, une souffrance, pour le patient mais aussi pour qui l’accompagne. Nous devons donc essayer de regarder en face une douloureuse vérité : quelles que soient les mesures prises pour accélérer la mort ou pour soulager l’agonie, nous ne pouvons pas nous débarrasser de la souffrance de la mort, qui n’est pas seulement constituée par la douleur physique, mais aussi par ce deuil intérieur et par le rapport avec l’autre que nous devons tous vivre». Lire la suite →

Sans Dieu, le pire des péchés devient futilité

31 -01-2014 source : Radio Vatican

Si nous perdons le sens de Dieu, le pire des péchés nous apparaît comme une futilité

Lorsque la présence de Dieu vient à manquer parmi les hommes, « le sens du péché se perd » et ainsi, il peut arriver de faire payer aux autres le prix de notre «médiocrité chrétienne ». C’est ce qu’a affirmé ce vendredi le Pape François lors de son homélie célébrée dans la chapelle de la maison Sainte-Marthe. Nous demandons à Dieu que la grâce qui se trouve en nous ne fasse jamais diminuer la présence de son royaume.

Le Pape a rappelé le sens de la première lecture, où le roi David tombe amoureux de Bethsabée, la femme d’Urie, un de ses généraux. Il la lui prend et envoi son mari au front durant la bataille, provoquant sa mort et de fait, commettant un meurtre. Pourtant, l’adultère et l’homicide ne l’émeut pas plus que cela. « David se trouve devant un gros péché, mais lui, ne ressent pas le péché », observe le Pape. « Il ne lui est pas venu à l’esprit de demander pardon. Ce qui lui vient à l’esprit, c’est : « Comment puis-je résoudre cela ? ».

Cela peut arriver à tout le monde explique le Saint-Père: nous sommes tous pécheurs, nous sommes tous tentés, et la tentation est notre pain quotidien. Si l’un d’entre nous dit :  » Mais moi, je n’ai jamais eu de tentations « , ou vous êtes un ange ou vous êtes un peu stupide, non ?» a lancé le Pape. La lutte est normale dans la vie, a t-il poursuivi, et le diable n’est pas tranquille, il veut sa victoire. Mais le problème le plus grave dans ce passage, a souligné François, ce n’est pas tant la tentation et le péché commis contre le neuvième commandement, mais la manière dont David agit. Lorsque le royaume de Dieu vient à manquer, lorsque le royaume de Dieu s’évanouit, l’un des signes est que l’on perd le sens du péché.

Le Salut viendra de la grâce de Dieu

Chaque jour, en récitant le « Notre Père », nous demandons à Dieu « Que ton règne vienne… », ce qui veut dire « Que ton règne grandisse ». Mais lorsque l’on perd le sens du péché, l’on perd aussi « le sens du royaume de Dieu ». « Le salut ne viendra pas de nos ruses, de nos astuces, de notre intelligence à faire des affaires, il viendra de la grâce de Dieu et de l’entrainement que nous faisons quotidiennement de cette grâce dans la vie chrétienne ».

« Le plus grand péché, aujourd’hui, est que les hommes aient perdu le sens du péché » (célèbre phrase de Pie XII). Urie est devenu l’emblème de toutes les victimes de notre suffisance inavouée : « lorsque je vois ces injustices, cette suffisance humaine et aussi lorsque je vois le danger que cela puisse m’arriver, le danger de perdre le sens du péché, cela me fait du bien de penser à tous les Urie de l’histoire, aux nombreux Urie qui, aujourd’hui aussi, souffrent de notre médiocrité chrétienne, lorsque nous perdons le sens du péché, lorsque nous laissons tomber le royaume de Dieu…»

Ces Urie sont «les martyrs de nos péchés non reconnus» a dit le Pape en demandant que le Seigneur donne toujours la grâce de ne pas perdre le sens du péché, «pour que le royaume de Dieu ne diminue pas en nous».